Burn the House Down - tomes 6, 7 & 8 (fin)

Suite et fin de cette quête de la vérité, mêlant famille, secret, trahison et amour, le tout dans un maëlstrom d'émotions et d'énigmes parfaitement ficelé jusqu'à la conclusion fracassante. Un polar pur et dur, à la mécanique implacable mais surtout passionnant à lire.
Clap de fin pour ce thriller domestique avec une dernière ligne droite qui ne manque ni de rebondissements ni de retournements de situation jusqu’à la toute dernière page. Rappelons rapidement le contexte : afin de prouver l’innocence de sa mère, accusée il y a 13 ans d’avoir mis le feu à la demeure familiale, Anzu s’est rapprochée de la nouvelle femme de son père, qui n’est autre que l’ancienne amie de sa mère : Makiko Mitarai. Une opportuniste diabolique, qui ne vit qu’à travers le mensonge et s’est bâtie une importante réputation en tant qu’influenceuse « mère au foyer ».
Après bien des péripéties, Anzu poursuit tant bien que mal son infiltration auprès de Makiko Mitarai, qui n’a toujours pas découvert sa véritable identité. Anzu travaille désormais pour elle en tant que secrétaire particulière et se charge de quelques basses œuvres pour son compte. En parallèle, le récit s’intéresse de nouveau à la relation entre Yuzu, la jeune sœur d’Anzu qui a été démasquée par Makiko Mitara et Shinji, le plus jeune fils de cette dernière, au caractère doux, qui espère encore arranger les choses.
Les réseaux sociaux jouent un rôle essentiel dans l’histoire et les secrets derrière le fameux « Blog d’Elise » sont enfin dévoilés, amenant presque à un dénouement. C’est là le tour de force de l’intrigue : même si Makiko s’avère finalement démasquée, cela ne change rien dans un premier temps. La diabolique « mère au foyer » a la peau dure et son emprise sur les siens est totale, même s’ils la détestent tous.
La manga s’achève en démêlant les différentes sous-intrigues, que ce soit entre les sœurs et leur ennemie jurée, entre les anciennes amies, entre les sœurs et les frères ou encore entre le mari et ses épouses (ancienne et actuelle). Les mystères se révèlent bien à tiroirs, avec plusieurs fausses fins jusqu’à la véritable, celle autour du fameux incendie. Mais même si le rebondissement final s’avère bien ficelé, on comprend que ce n’était que l’élément déclencheur du grand malheur : toutes les autres pièces avaient déjà été posées et la désintégration de la cellule familiale était inévitable.
L’épilogue est intéressant car il joue le mélange des genres, comme tout au long de la série : il se montre cruel par certains aspects, surtout envers les parents (et pas forcément dans le sens attendu), mais offre tout de même une lueur d’espoir avec les enfants. La mangaka assume une touche de romance très fleur bleue qui constitue, il faut l’admettre, une belle conclusion à cette histoire de passions tristes.
Une excellente série dont l’attrait, plus que la résolution du mystère original, repose sur la dimension psychologique et plus précisément l’affrontement mental entre les deux partis, à base de tromperie, de manipulation et de tension permanente. La moindre petite erreur ou action impulsive pouvait être fatale, et c’est ce qui a été le cas au bout du compte. Une lecture passionnante et vivement recommandée.

Heart Program - tomes 3 & 4 (fin)

Suite et fin de cette jolie et tendre romance, où les sentiments impossibles à avouer tiennent une place centrale. De nouveau Hinata Nakamura signe une très belle oeuvre, entre mélancolie et bonheur.
À l’occasion du grand feu d’artifice qu’ils sont allés voir ensemble, Ai a avoué ses sentiments à Kyû. Le garçon qui ne savait que penser jusqu’à présent des sentiments qu’il l’habitait décide de répondre à ceux d’Ai. C’est ainsi que les deux amis d’enfance commencent à sortir ensemble. Une petite révolution, surtout parmi leurs camarades de classe. Les choses se passent relativement bien, Kyû se montrant aussi attentionné qu’il le peut.
De son côté Ichiko reste égale à elle-même, continuant de vivre dans leur famille comme elle l’a toujours fait. En retrait, l’anniversaire de Kyû lui offre cependant un moment particulier. En effet elle se lance dans le projet de lui tricoter une écharpe. Une petite histoire qui sert d’intermède avant une autre plus importante : la perte de mémoire temporaire de Ichiko suite à un problème technique.
L’inquiétude pour Kyû de perdre Ichiko, qu’il connaît depuis des années, le bouleverse au point qu’Ai comprend qu’elle ne pourra jamais lutter contre la jeune fille robot. Néanmoins, si, suite à cet évènement, le couple se sépare et le récit nous entraîne rapidement vers l’année suivante, celle de l’entrée au lycée, le statu quo entre les deux protagonistes ne bouge pas d’un pouce.
Le manga continue dans cette ambiance jusqu’à son dénouement doux-amer, à la fin ouverte qui fait réaliser au lecteur le véritable thème de l’oeuvre de Hinata Nakamura. Nous l’avions évoqué lors de notre précédente chronique : davantage que la question de l’intelligence artificielle, c’est la façon dont naît et se développe le sentiment amoureux qui semble constituer le sujet de la première partie de Heart Program.
Dans cette seconde et dernière partie, c’est la difficulté d’avouer ses sentiments qui sert de fil rouge. D’un côté nous avons Ichiko qui pense n’avoir pas le droit d’aimer le garçon de sa famille d’accueil, car cela troublerait leur situation. De l’autre, Kyû a trop peur de faire le premier pas : nous l’avons vu avec Ai, où il s’est avéré passif dans leur relation. Et lorsqu’il doit finalement faire face à ses sentiments au lycée, il trouve toutes sortes de raison pour se dire que c’est impossible.
Mais au bout du compte, peu importe l’origine de ces situations, que ce soient les robots ou les peurs de l’adolescence, le manga explore la naissance du sentiment amoureux et la question, aussi triviale qu’essentielle, de vivre avec et de décider quoi en faire. En ce sens Heart Program constitue une fable universelle, douce et mélancolique, qui dépasse largement son propos sur l’intelligence artificielle, qui sert avant tout de cadre. Une très belle oeuvre d’une mangaka qui mérite sans aucun doute d’être davantage connue du grand public.

A Sign of Affection - tomes 10 & 11

Yuki et Itsuomi emménagent enfin ensemble. Ils sont bien évidemment sur leur petit nuage mais ce changement de vie est également l'occasion de régler quelques affaires : leur relation avec Ôshi et le passé d'Itsuomi, que celui-ci décide enfin de révéler à sa bien-aimée.
Yuki et Itsuomi ont déménagé avec l’aide de Rin et Kyôya. Le couple prend ses marques petit à petit dans son nouveau cocon, installant par exemple un système lumineux à distance pour l’interphone. Tout se passe ainsi pour le mieux. Toutefois, la jeune fille s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles d’Ôshi. Itsuomi s’interroge également et décide d’aller le voir au restaurant où il travaille.
Une rencontre qui permet de faire avancer le sujet autour de l’ami d’enfance de Yuki, mais pas forcément dans le sens qu’espérait Itsuomi. En effet, il fait venir Shin au restaurant et celui-ci sympathise immédiatement avec Ôshi. Qu’est-ce qui les rapproche ? Le fait qu’Itsuomi les insupporte à ignorer leur animosité et s’entête coûte que coûte à être leur ami.
Outre la dimension humoristique et de faire dialoguer deux personnages qui ne s’étaient jamais rencontrés jusqu’à présent, pour Ôshi c’est le moment ou jamais d’être enfin honnête sur sa relation avec Yuki. Après un flashback sur leur jeunesse, le jeune homme décide donc de parler à Yuki à cœur ouvert...
Cependant, il faudra attendre encore un peu cette discussion très importante car Suu Morishita propose au lecteur un intermède qui s’avère en réalité être un autre moment très attendu. En effet, Itsuomi prend lui aussi une grande décision : raconter enfin à Yuki l’épisode fondateur et tragique de son enfance.
Un long moment intense et émouvant, qui permet de comprendre la passion du voyage d’Itsuomi qui cachait un engagement auprès d’associations d’aide aux enfants défavorisés. Depuis longtemps il a pour projet de consacrer sa vie à cet engagement, qui le ferait vivre loin du Japon, mais sa rencontre avec Yuki l’amène désormais à se poser des questions.
Dans l’ensemble il s’agit d’épisodes calmes et attendrissants où la mangaka prend le prend d’installer la nouvelle situation de ses protagonistes. Elle commence également à solder les dernières sous-intrigues et mystères, surtout liés aux garçons. En effet, Yuki est un peu plus effacée que de coutume dans cette partie. Mais suite aux révélations d’Itsuomi et à la future discussion avec Ôshi, nous attendons avec impatience ses réactions.

Insomniaques - Tome 13 & 14 (fin)

Clap de fin de cette très jolie comédie scolaire, où l'expression « la rencontre de deux solitudes » n'a jamais aussi bien porté son nom. Une conclusion douce et poignante, à l'image d'une série qui aura narré le temps de l'adolescente avec simplicité et malice.
Ganta, Isaki et leurs amis sont désormais en dernière année de lycée. Les activités du club d’astronomie et les sorties « photographie » sont mises de côté pour se concentrer sur la question de l’avenir. Après quelques désaccords au sein du jeune couple sur le choix de leurs universités, toute la bande décide de partir à Osaka pour les journées portes ouvertes de plusieurs universités.
Un moment convivial où nos héros réalisent qu’ils restent de grands enfants et qu’ils viennent de la campagne. C’est drôle, riche en questionnements, et Haida profite même de cette occasion unique pour déclarer sa flamme à Anamizu.
La suite nous ramène à leur univers quotidien avec la longue période de révision des examens. Le récit retranscrit parfaitement l’écoulement du temps, alternant entre des moments intenses et d’autres plus anodins, empreints de petits riens. Cependant, pour la dernière ligne droite du manga la question de l’état de santé d’Isaki revient sur le devant de la scène : elle doit de nouveau se faire opérer du cœur, ce qui signifie une hospitalisation de deux mois. Elle risque d’être juste pour les examens, et pour Ganta, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase après avoir aperçu sa mère de loin, sur un quai de gare.
Ganta révèle enfin à Isaki l’histoire de son abandon par sa mère. Un moment fort, mais qui ne délivre pas pour autant le garçon de sa névrose. En effet, l’opération d’Isaki se passe bien, mais il se montre incapable de lui répondre lorsqu’elle lui envoie une photo. C’est l’ultime nœud à résoudre pour Ganta qui pense être maudit et apporter le malheur autour de lui. Un écho à Isaki, qui de son côté a fini par croire à son futur, justement grâce à Ganta.
Une conclusion qui se recentre sur les angoisses de nos héros, qui les empêchaient de dormir et les avaient ainsi réunies. Qu’on se rassure, tout finit bien : L’histoire se veut porteuse d’espoir, et c’est avec un réel attachement que nous avons suivi ce petit monde à travers 14 tomes riches en émotions. Les expériences et les aventures se sont enchaînées, avec leurs succès et leurs échecs, mais chacun a appris et grandi, porté par l’amitié ou l’amour.
Une série finement écrite qui a suivi le quotidien ordinaire de lycéens, entre peine et joie, maladresse et audace, sans oublier les premiers émois amoureux. Après La Fille du Temple aux Chats, Makoto Ojiro signe de nouveau une très belle oeuvre, juste et touchante, sans effusion excessive en dépit des sujets graves abordés. Une magnifique ode à la jeunesse et à l’avenir, portée avec brio.

Les Promeneuses de l’Apocalypse - Tome 6

Le circuit touristique de nos héroïnes se poursuit avec une halte dans un célèbre lac pour pêcher, puis la visite d'une ville réputée pour ses feux d'artifices qu'elles vont tenter de faire revivre. Des moments simples toujours aussi plaisants et poétiques.
Quatre étapes composent ce nouveau tome où nous retrouvons un certain train-train quotidien après les évènements intenses et dramatiques du précédent. Tout d’abord nous avons droit à un épisode spécial : la découverte de l’époque où Yôko et Airi vivaient dans leur abri, isolées du monde. Un environnement qui apparaît comme un doux cocon, où Yôko a été formée à tout ce qu’elle avait besoin de savoir, et qui interroge une nouvelle fois sur ses origines - elles n’ont aucun souvenir d’avant l’abri.
Le récit reprenant son cours, elles font halte dans la ville de Iwaki, célèbre pour ses fossiles et les activités de recherche proposées aux touristes. Notre duo décide de creuser dans l’espoir de trouver des restes de dinosaures, mais bien évidemment, ce sont surtout des coquilles qu’elles déterrent. Il y a bien une petite surprise, mais rien d’extraordinaire. C’est surtout l’occasion de disserter une nouvelle fois sur le temps qui passe et le cycle de la vie.
Ensuite Yôko et Airi profitent des charmes du Lac Inawashiro, l’un des plus grands du Japon, pour s’adonner à la pêche. Mais c’est un poisson très précis qu’elles recherchent, à l’origine d’une légende moderne. Une fantaisie pour Airi, mais Yôko a bien l’intention de prouver son existence. Cette fois-ci, nous aurons droit à une surprise de plus grande taille, dans tous les sens du terme.
Enfin la dernière étape de ce lot d’épisodes les amène à Nagaoka, dans le département de Niigata, célèbre pour ses immenses feux d’artifices du mois d’août. Comme toujours, notre duo décide de faire revivre le lieu en organisant un spectacle avec les bombes d’artifice trouvées çà et là dans les ruines. Le moment est joli et fait renaître un court instant un passé aujourd’hui disparu. Et cerise sur le gâteau, une autre surprise attend le lecteur à la fin, encore plus importante que les précédentes.
En résumé, un tome classique de la série, sans surprise, mais extrêmement plaisant grâce à ses personnages attachants et à son ambiance à la fois mélancolique et joyeuse. Les dernières pages nous promettent de retrouver un peu d’intensité dans le prochain tome, mais une autre nouvelle vient égayer ce volume : l’annonce d’une adaptation en animé du manga, prévue pour cette année !

Komi cherche ses mots - Tome 17

Grâce au sacro-saint festival culturel du lycée et à la pièce de théâtre jouée par la classe de nos héros, les sentiments amoureux de Komi et de Manbagi s'expriment enfin. Mais plus que la question des sentiments du principal intéressé, c'est l'amitié des deux jeunes filles qui occupe ce tome aussi surprenant qu'émouvant.
La fête du lycée bat son plein et la première représentation de la pièce a été un succès. Komi y a joué l’héroïne amoureuse du prince au cœur glacé, interprété par Tadano. Évidemment la scène la plus attendue du lecteur est celle de la déclaration. Et lorsque Komi avoue ses sentiments, tout le monde y voit ceux de son personnage, à l’exception d’une personne dans la salle qui comprend la vérité : Manbagi.
C’est le grand sujet de ce tome : Manbagi se rend compte que Komi est amoureuse de Tadano, tout comme elle, et ne sait pas comment réagir. Elle fait comme si de rien n’était devant ses amis mais finit par s’isoler. Fidèle à sa perspicacité, Tadano comprend que quelque chose ne va pas, mais c’est finalement Komi qui décide d’aller chercher et retrouver son amie.
La discussion à cœur ouvert a donc lieu entre les deux jeunes filles, mais ce qui marque le plus, c’est Komi qui parle comme jamais vue. Le débit n’est pas fluide, mais elle est déterminée, et même un peu en colère, de voir son amie prête à s’effacer. Elle aime Tadano, mais aussi sa meilleure amie. C’est pourquoi elle refuse que Manbagi souffre. Et elle explique tout cela dans un flot de mots que rien ne semble pouvoir arrêter.
Un moment fort et intense, sans doute l’un des plus remarquables depuis le début du manga. Enfin Komi communique ses pensées et ses sentiments à une personne, et celle-ci est donc Manbagi, la gyaru timide au bon cœur. Une petite révolution, même si elle reste cantonnée pour le moment à l’interaction avec une seule personne.
Mais Tomohito Oda n’oublie pas pour autant la dimension comique avec quelques petites péripéties burlesques qui ponctuent également le festival : Tadano provoque quelques émois en se travestissant en fille pour les besoins de leur pièce, la nouvelle présidente des élèves et l’ancienne s’affrontent sur la question des bonnes mœurs, ou encore une critique spécialisée dans le théâtre vient assister à la fameuse pièce qui fait tant parler d’elle.
Un tome de toute beauté, à la fois drôle et touchant, issu d’une série culte qui s’est terminée récemment au Japon, au tome 37 (tout de même). C’est grâce à son vaste panel de personnages exubérants, mais aussi souffrant parfois de troubles (de la communication, de mysophobie, de mégalomanie, etc.), évoluant dans une légèreté bienveillante, que Komi cherche ses mots s’avère être une lecture extrêmement amusante et touchante, hautement recommandée aux amateurs de comédie scolaire.

Magus of the Library - Tome 8

La menace latente sort enfin de l'ombre : l'organisation mystérieuse, qui convoite le livre confié par Sedona à Shio, lance une opération de grande envergure dans la cité de la Grande Bibliothèque pour récupérer le fameux ouvrage. Les combats et les machinations prennent le pas dans ce tome qui secoue la routine de la série.
Nous avions laissé Shio et les autres apprentis à leur quotidien, sans conscience de la menace qui surgissait en ville, mais aussi au sein de la bibliothèque. Ce huitième tome est ainsi entièrement consacré à cette attaque à la fois de grande envergure et chirurgicale. L’objectif des ennemis des Kahunas est simple : déstabiliser politiquement la Grande Bibliothèque tout en récupérant un ouvrage qui romprait l’équilibre du monde si son contenu était dévoilé.
Cependant, le tome ne débute pas sur les chapeaux de roue : le premier chapitre s’attarde sur la situation ici et là des apprentis, dont le groupe de Shio qui visite le centre culturel de l’ouest de la ville. D’ailleurs, le plan des conspirateurs n’est pas particulièrement destructeur : ils font surgir au milieu de la ville un esprit de la terre gigantesque, mais celui-ci reste immobile. Ils comptent sur la peur qu’il va susciter pour provoquer la panique et le désordre.
Et cela fonctionne : l’apparition gigantesque entraîne d’importants mouvements de foule, mais les gardiens de la Grande Bibliothèque hésitent à intervenir car ils devinent le piège. Sedona ordonne cependant d’intervenir, tandis que lui reste sur place pour protéger la bibliothèque. Une décision qui coupe la poire en deux et permet, dans une certaine mesure, des confrontations.
Il y a ainsi la bataille des « dortoirs », où une personne masquée s’est emparée du fameux ouvrage que Shio cachait. Les subordonnés de Sedona l’affrontent dans une longue passe d’armes, qui met en scène moultes techniques. Du côté de la ville, l’affaire de l’esprit de la terre apparaît finalement comme une périphérie mineure. C’est la rencontre de Shio avec un mystérieux mage du ciel, à la tête de l’organisation ennemie, qui constitue l’élément central.
Le « chef des vilains », portant un masque, apparaît comme une sorte d’excentrique idéaliste aux méthodes extrêmes. Il n’est pas hostile aux habitants et aide même Shio à secourir des blessés, tandis que notre héros n’a aucune conscience de son identité. Une séquence intéressante, qui fait se rencontrer deux futurs adversaires, aux tempéraments proches mais aux idées politiques assez différentes.
Un tome fort réussi, qui a réduit pour une fois ses nombreux points de vue pour se concentrer sur une bataille, deux terrains et quelques personnages. Le manga souffre toujours d’un monde extrêmement vaste présenté au compte-goutte et de façon désordonnée (un peu de religion ici, un peu de géographie là, etc.), nous privant d’une vue d’ensemble claire. Mais il n’en reste pas moins que l’univers et les personnages créés par Izumi Mitsu s’avèrent attachants et fascinants. De plus, l’approche « culturelle » de l’intrigue, faisant des livres des armes plus redoutables que la magie ou les esprits, apporte une grille de lecture tout à fait passionnante.

Beast King and Medicinal Herb - Tome 1

Combinant deux thèmes modernes, « Le récit après la défaite du Roi des Démons » et « Les donjons en tant qu'écosystème », ce nouveau titre nous plonge dans une histoire dans l'air du temps, efficace et prometteuse. Les amateurs devraient apprécier même si le début demeure très classique.
Vingt ans se sont écoulés depuis que la troupe du héros a vaincu le Roi des Démons. La paix est revenue dans le monde mais les donjons érigés par les démons demeurent. Devenus des lieux d’exploration, à la fois pour l’extermination des monstres que pour les richesses qu’ils renferment, ils ont donné naissance à une nouvelle génération d’aventuriers qui rêvent de fortune et de gloire.
Appartenant à ces aventuriers n’ayant pas connu la guerre, Tina débute sa carrière mais elle dispose déjà d’un statut intermédiaire qui lui permet d’initier les apprentis aventuriers. Un jour, alors qu’elle guide un groupe de novices, ils tombent sur un puissant monstre dans un donjon conquis et totalement exploré. Aux portes de la mort, elle est sauvée par Galon, le Roi des Bêtes, un général de l’armée des démons censé être mort.
Acceptant de se mettre à son service en échange de soins, Tina va le suivre dans sa mission qui consiste à parcourir les donjons pour soigner les monstres et maintenir leur écosystème. Un nouvel univers qu’elle ne soupçonnait pas s’ouvre à notre héroïne qui découvre en quelque sorte l’envers du décor, où ceux qu’elle craignait ne sont pas forcément les menaces qu’elle imaginait.
Publié depuis 2023 au Japon chez Shôgakukan, et comptant 5 volumes pour l’heure, Beast King and Medicinal Herb est une œuvre de fantaisie centrée sur les donjons, mais du côté de leur fonctionnement. Suivant une mode moderne, mais qui commence à avoir de l’âge, il s’agit de passer de l’autre côté du miroir. Ici le récit prend le point de vue d’une aventurière, tout ce qu’il y a d’ordinaire, pour découvrir un monde sauvage qui n’a en réalité rien de monstrueux.
Le manga a le privilège d’être recommandé par Kanehito Yamada, le scénariste du célébrissime Frieren. Les points communs entre les deux œuvres sont effectivement évidents, mais là où Frieren prend à contre-pied la vision moderne des démons, le manga de Tatsukazu Konda joue la carte désormais classique du malentendu culturel, faisant des démons un peuple incompris des humains.
Un premier tome de facture classique mais extrêmement efficace : l’histoire propose une terre de mystères et d’explorations prometteuse, portée par le trait d’Asahi Sakano à la fois rond et féroce, seyant parfaitement bien au propos. Un nouveau titre de genre qui devrait donc ravir les amateurs de donjons et de monstres, à la mode soignant et écologiste.