Soutenons un peu la ponctualité de Bullzor qui se le sera procuré le jour même de la sortie du fameux tome 10. Plus d'un an et demi qu'on l'attendait ? Vingt mois en fait. En bon pirate illégale que je suis, voulant ôter le pain de la bouche à Glénat, cinq mois d'attente pour ma part.
Qu'à cela ne tienne, il faut quand même souligner la lenteur qui a séparé la fin du Flash-Back de Vilma avec la reprise des évènements entre Jéru et Zalem. Mais dans le fond, je ne pense pas qu'on puisse se plaindre, car la scission entre les deux tomes est claire, et que cela permet une sortie rapprochée du tome 11, ce qui n'est pas plus mal pour ceux qui ont une conscience concernant l'éditeur français.
J'avoue avoir eu du mal pendant longtemps avec Gunnm : Last Order, sans doute parce que Gunnm est un manga qui a su bercer mon enfant (miam, cervelle !) et que je me suis attaché profondément à la mixture qui y avait été créé : son héroïne, son rythme, son univers. Et là, c'était comme si on écornait l'un de mes cultes. Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, que n'ai-je tant vécu que pour cette infamie.
Mais dans le fond, force est de constater que Last Order est l'occasion de cultiver une vision différente de l'histoire, et par instant aussi accrocheuse que son prédécesseur. Le tome 8 avait été une grosse reprise de baffe dans la gueule, à l'instar de la révélation du secret de Zalem (toujours à dix piges). L'occasion pour Kishiro de s'attaquer à l'aspect historique mythique de son manga, couplé à l'utilisation d'un personnage féminin et donc intrinsèquement magnifique, Kishi's magic power oblige. Rarement j'ai pu attendre aussi fébrilement la suite du manga, et je n'ai pas été déçu avec l'un des combats les plus dantesques de la série, et une facette tragique dont l'auteur seul a le secret.
Toujours est-il que je me suis jeté sur les scans du dixième tome, ici présent, que j'ai rapidement dévoré, lu et relu, ébahi devant un final donnant pleinement son sens au mot frustration. Ca valait bien la création d'un kit avatar/signature, avec le slogan de fanboy totalement assumé "In Gally I Trust". Que de souvenirs. Mais je remarque quelques personnes au fond qui s'emmerde proprement de me voir déblatérer ma vie (une pratique en ce moment, à croire que vous faites office de salon de psy sur la Volonté), je m'en vais donc m'occuper proprement et simplement de cette Fata Morgana.
Là se pose la même question que mon prédecesseur : par où commencer ? Si peu de mots, de phrases, de place et de temps, et de la flemme n'en veux-je pas en voilà.
Si j'aime moins le design de Gally depuis le début de Last Order, ce qui ne changera jamais (remarquez que je n'ai jamais arboré d'avatars provenant de GLO, seule exception que je vais développer dans quelques instants), je trouve que tout le travail sur son esthétique encoded, ainsi que tout le graphisme du Melchizedek en général, est une véritable réussite. Ce qui fait à mon sens la force de la couverture du tome. Le passage où Vilma réapparait, donnant une responsabilité à l'héroïne sous cet aspect, outre une tension dramatique indéniable, est un enchantement à relire. Oui bon, je suis fan, j'assume. Mais Kaehlula a la classe en toute circonstance.
De son côté, Sechs ne fait que renforcer ma sympathie pour elle (malgré sa personnalité résolumment masculine et un physique beaucoup plus martien, je n'en démorderai jamais, j'aime beaucoup ce côté ambigüe du personnage), puisque je l'ai longtemps adoré au point de la préférer à Gally (méga-dossier que je sors moi-même, mais il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis), et son combat versant dans le grotesque est à la limite du délirant (pour la puissance mise en excerbe) et du burlesque. C'est quasiment trop, mais dans l'esprit du personnage, de sa philosophie, de son style (la réplique qui, à mon sens, tue tout : "-Quel âge as-tu ? -Deux ans.").
Et puis il y a ce formidable retournement scénaristique, dosé depuis le début de cette suite, parfaitement contrôlé, et nous retournant intégralement. Là où je trouve que Kishiro est vraiment très fort, c'est qu'en relisant le premier tome, on se rend compte qu'il nous a juste fait croire à l'existence d'un cerveau dans le corps de Gally, et non pas une puce. Il s'est littéralement joué de nous. Et il a toute cette philosophie que c'était construite l'héroïne, autour de l'humanité qui ne fait pas parti d'un quelconque cerveau organique, et qui s'écroule subitement lorsqu'elle se rend compte que ce schéma s'applique à elle aussi. Un personnage qui doute, c'est toujours plus intéressant que les certitudes qu'il peut avoir ; Gally, par conséquent, rules toujours autant (mais je n'en ai jamais douté ^_^). Quant à Nova, il nous offre là son plus beau visage, celle de Némésis éternelle de la série ; un connard fini aimant les flans (et les coupes afros ?).
Un dernier mot pour la fin : heureusement que j'ai pu lire la suite, car arriver là sans en avoir la possibilité eût été désastreux pour la population de Pigalle, et plus encore de Paris (exception faite de Nator : dingue, mais pas con -quoique).
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