80 000 000 Berrys |
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Inscription: 10 Nov 2010 Messages: 710 Localisation: Wandering in labyrinths of coral caves...
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Sur conseil de l'auteur de ce topic (allez, hop, je me dédouane ! ^o^), je remets ici tous les indices déjà parus afin d'y gagner en clarté et visibilité. Et puis, comme ça patine toujours et que je suis de bonne humeur, je vais donner un quatrième (gros) indice, qui je l'espère, vous mènera enfin vers la bonne réponse. BILAN :1er Indice :Citation: Entre poésie et journalisme. 2e Indice :Citation: Où il y est question d'huîtres à Montorgueil et d'os de seiche. 3e Indice :Citation: [...] Il avait commencé sa carrière par la place de secrétaire des commandements d'une princesse impériale. M. X possédait toutes les incapacités exigées par sa place. Bien fait, joli homme, bon danseur, savant joueur de billard, adroit à tous les exercices, médiocre acteur de société, chanteur de romances, applaudisseur de bons mots, prêt à tout, souple, envieux, il savait et ignorait tout. Ignorant en musique, il accompagnait au piano tant bien que mal une femme qui voulait chanter par complaisance une romance apprise avec mille peines pendant un mois. Incapable de sentir la poésie, il demandait hardiment la permission de se promener pendant dix minutes pour faire un impromptu, quelque quatrain plat comme un soufflet, et où la rime remplaçait l'idée. M. X était encore doué du talent de remplir la tapisserie dont les fleurs avaient été commencées par la princesse ; il tenait avec une grâce infinie les écheveaux de soie qu'elle dévidait, en lui disant des riens où la gravelure se cachait sous une gaze plus ou moins trouée. Ignorant en peinture, il savait copier un paysage, crayonner un profil, croquer un costume et le colorier. Enfin il avait tous ces petits talents qui étaient de si grands véhicules de fortune dans un temps où les femmes ont eu plus d'influence qu'on ne le croit sur les affaires. Il se prétendait fort en diplomatie, la science de ceux qui n'en ont aucune et qui sont profonds par leur vide ; science d'ailleurs fort commode, en ce sens qu'elle se démontre par l'exercice même de ses hauts emplois ; que voulant des hommes discrets, elle permet aux ignorants de ne rien dire, de se retrancher dans des hochements de tête mystérieux ; et qu'enfin l'homme le plus fort en cette science est celui qui nage en tenant sa tête au-dessus du fleuve des événements qu'il semble alors conduire, ce qui devient une question de légèreté spécifique. Là, comme dans les arts, il se rencontre mille médiocrités pour un homme de génie. Malgré son service ordinaire et extraordinaire auprès de l'Altesse impériale, le crédit de sa protectrice n'avait pu le placer au Conseil d'État : non qu'il n'eût fait un délicieux maître des requêtes comme tant d'autres, mais la princesse le trouvait mieux placé près d'elle que partout ailleurs. Cependant il fut nommé baron, vint à Cassel comme envoyé extraordinaire, et y parut en effet très extraordinaire. [...]
4e Indice :Citation: C'est à cause de M. X (cf. 3e indice) si je perdis l'os de seiche dans mon voyage d'Angoulême vers Paris. Là, c'est cadeau. x) [EDIT :] Toutes mes félicitations @Turbobuse ! Il s'agissait effectivement des Illusions Perdues de Balzac. Ce roman total relate le destin tragique de Lucien Chardon et de David Séchard, tous deux "poètes" à leur manière. Pour le premier, c'est l'histoire terrible d'un jeune homme au potentiel littéraire immense, mais à qui manque la noblesse d'état. Il veut la gloire, mais sans combattre. C'est d'abord à Angoulême, auprès de Mme de Bargeton, que se réfugie notre Lucien. Mais sa protection ne sera que de courte durée, une fois tous deux montés à Paris en raison du scandale de leur amour l'un pour l'autre, car deux odieux personnages, terriblement justes dans la façon dont ils sont croqués par Balzac, le baron Sixte du Châtelet (alias M. X), et la comtesse Mme d'Espard, se chargeront de remettre Mme de Bargeton dans le "droit chemin". Lucien, qui tient à se faire appeler "de Rubempré" en raison des origines plus nobles de sa mère, va devoir alors affronter seul Paris et la misère, et troquer petit à petit son talent et son crédit pour tenter de se faire une place dérisoire dans l'impitoyable monde du journalisme, à défaut d'avoir pu trouver un éditeur enclin à lui acheter les droits d'un ouvrage péniblement achevé. C'est durant ce reniement de la Littérature pour un Journalisme de bas étage que l'os de seiche va naître sous la plume devenue acerbe de Lucien. Une vengeance personnelle pour accabler par la critique Mme de Bargeton et son entourage. La chute sera rude pour Lucien, ruiné, discrédité, et décomposé par la mort soudaine de Coralie, actrice dont il était devenu éperdument amoureux. Ce destin accablant pour le lecteur, qui aura assisté à la montée et à la décadence d'un homme bien trop innocent pour ce dont il aspirait, rejoint l'autre destin tragique de son ami de toujours, David Séchard, resté à Angoulême pour assumer le lourd fardeau de l'entreprise d'imprimerie de son père. Cet homme d'une bonté infinie est lui aussi un "poète", c'est-à-dire au sens premier du mot, un créateur. Toute sa vie, il aura cherché l'invention qui lui aurait permis de vivre une vie tranquille. Cette invention censée réduire de manière drastique les coûts de fabrication du papier, il la trouvera après des années de dur labeur, pour se la faire voler immédiatement par ses concurrents lors d'un stratagème immonde à son encontre. Et lorsque David se fait emprisonner par la faute de Lucien revenu délabré à Angoulême, ce dernier s'apprête à commettre l'irréparable... avant qu'un mystérieux individu, un certain Carlos Herrera, décide d'en faire un "grand" de ce monde... Une histoire qui ouvrira plus tard sur Splendeurs et Misères des Courtisanes.
Ce roman m'a véritablement marqué, car il est d'un pathétique durement réaliste, effroyable de vérité sur la façon dont fonctionne la, ou plutôt les sociétés. C'est aussi l'occasion pour Balzac de détailler par le menu le monde abject de l'édition et du journalisme, des renvois d'ascenseurs de toutes sortes, de problèmes d'élévation de classes sociales... autant de thèmes qui tristement n'ont que très peu évolué depuis deux siècles dans leurs modes de fonctionnement. Enfin, les personnages qui y sont développés sont admirablement justes dans la façon dont ils sont traités : jamais caricaturaux (comme pourtant Balzac, et d'autres auteurs comme Hugo avaient une certaine propension à le faire), mais toujours dépeints avec une précision chirurgicale dans les façons d'être, de paraître. Et les dialogues sont cinglants, percutants, de quoi parfois abandonner foi quant au monde qui nous entoure, tellement tout semble alors d'un cynisme patente.
Je n'ai dû lire qu'environ 5% de tout ce que La Comédie Humaine a à offrir... mais je ne pense pas trop me risquer en écrivant qu'Illusions Perdues est le grand-œuvre de Balzac, loin devant d'autres pépites comme La Cousine Bette, Le Père Goriot, Eugénie Grandet ou Le Colonel Chabert.
PS : pour les huîtres à Montorgueil, il s'agissait plus simplement du restaurant assez connu Le Rocher de Cancale, que fréquentait Lucien durant son séjour à Paris. PPS : J'oubliais d'inclure la liste actualisée des œuvres et participants. Les Poètes :
- Schrödinger (L'héritage aka Eragon / Codex Alera / Les Secrets de l'immortel Nicolas Flamel / Mémoires, par lady Trent: Une histoire naturelle des dragons / Le Paris des Merveilles / Si c'est un homme)
- Nout (Tobie Lolness)
- Turbobuse (Une demande en mariage / Le Baron perché)
- Sophie (Le Livre de la Jungle / Tous les Matins du Monde / Le Rouge et le Noir / Sur ma peau / La Parure / Le Temps de l'innocence)
- TheSora (L'écume des jours)
- Aurélien (L'Homme qui rit / Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants / Croc-Blanc / L'enchanteur)
- Eugène D. Rastignac (Cent ans de solitude, Voyage au bout de la nuit)
- Ainz Ooal Gown (La Trilogie des joyaux / L'épouvanteur)
- Fukoro (Cent ans de solitude / Le meurtre Du Commandeur)
- Pickloc'N (Illusions Perdues)
Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants (Roman) Cent ans de solitude (Roman) Codex Alera (Série de romans) Croc-Blanc (Roman) Illusions Perdues (Roman) L'héritage aka Eragon (Série de romans) La Parure (Nouvelle) La Trilogie des Joyaux (Série de romans) L'écume des jours (Roman) L'enchanteur (Roman) L'épouvanteur (Série de romans) L'Homme qui rit (Roman) Le Baron perché (Roman) Le Livre de la Jungle (Recueil de nouvelles) Le Meurtre Du Commandeur (Roman en deux tomes). Le Paris des Merveilles (Série de romans) Le Rouge et le Noir (Roman) Le Temps de l'innocence (Roman) Les Secrets de l'Immortel Nicolas Flamel (Série de romans) Mémoires, par lady Trent: Une histoire naturelle des dragons (Série de romans) Si c'est un homme (Témoignage autobiographie) Sur ma Peau (Roman) Tobie Lolness (Série de romans) Tous les Matins du Monde (Roman) Une demande en mariage (Pièce de théâtre) Voyage au bout de la nuit (Roman)
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On ne peut pas changer la nature, mais la nature est faite de changements... Initiation à la Musique + Pink Floyd ~ Gouache de Jean Giraud— Van Gogh ~ Starry Night (modifié)
Dernière édition par Pickloc'N le Jeu 11 Fév 2021 09:01, édité 2 fois.
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