Dan Simmons est l'auteur du classique cycle d'Hypérion, œuvre littéraire de science-fiction folle et riche, ainsi que d'une dizaine d'autres livres (pêle-mêle : Le chant de Kali, L'échiquier du Mal, Olympios, Illius, etc.). Ses œuvres traversent différents genres littéraires, tant et si bien qu'il serait réducteur de le catégoriser comme auteur de SF ou de fantastique, qui sont pourtant ses genres de prédilection. Il est connu pour mélanger des éléments fictionnels et réels, ce qui l'a poussé à devenir un vrai maniaque dans la documentation des sujets qu'il aborde.
1847. L'expédition des HMS Erebus et HMS Terror, dirigé par le capitaine John Franklin et le commandant Francis Crozier est un fiasco. Chargés de découvrir le passage du Nord-Ouest (passage reliant l'Océan Atlantique à l'Océan Pacifique par les îles arctiques), les navires sont pris dans les glaces infernales de la banquise depuis déjà 2 ans, au large de l'Île du Roi-Guillaume. Les vivres s'épuisent, les possibilité d'être secourus inexistantes, la maladie frappe les hommes de bord, les conditions climatiques terribles et immuables. Les conditions seraient déjà insupportables si la chose ne rodait pas en dehors. Bête antédiluvienne, elle frappe l'équipage comme la Mort, invincible et terrifiante.
Terreur est un récit qui, comme d'habitude avec Dan Simmons, mélangeant pleins de genre différents avec brio, le fantastique, le naturalisme, l'horreur, le psychologique et le spirituel se succèdent, tout en étant basé sur des faits réels. L'expédition arctique désastreuse de John Franklin a existé et n'a pas fini de fasciner les anglo-saxons pour sa part de mystère et les conditions de vie inhumaines qu'ont vécu ses hommes. Dan Simmons la reconstitue avec précision (des péripéties de l'équipage jusqu'à ses membres) tout en injectant l'élément fantastique de la chose, dont la révélation de la nature est sacrément casse-gueule mais particulièrement réussie.
Cartographie des lieux historiques :
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Je me suis vraiment pris dans le tourbillon glacial de Terreur. J'ai été convaincu par le mélange des genres qui relance sans cesse l'intérêt de l'histoire en la diversifiant (le livre pourrait presque être découpé en deux tomes, étrange que ça n'ait pas été le cas vu les habitudes de l'éditeur français pour les œuvres de Simmons ^^). Cela permet d'aérer l'histoire mais l'auteur réussit dans le même temps à aller jusqu'au bout de chaque style en les réunissant admirablement bien : la partie psychologique et naturaliste finit par être aussi flippante que la partie fantastique et horreur. Chapeau.
Les descriptions (notamment en matière de navigation) sont précises et fouillées sans jamais m'avoir perdu, ce qui est très fort. J'ai même ressenti la progression dans la dégradation des conditions de vie et leur dureté.
Je craignais d'arriver à comparer Terreur avec les classiques de l'horreur hivernale comme les montagnes hallucinées ou The thing mais le livre a une vraie personnalité et ça fait plaisir.
Pour les amateurs de fantastique, d'épouvante, de récit d'aventure et récit psychologique, foncez dessus, c'est une belle lecture qui devrait vous surprendre jusque dans son dernier acte. Beaucoup de lecteurs ont l'air d'avoir été vraiment déconcertés par cette partie, mais en tant qu'amateurs de cultures indigènes j'ai vraiment pris mon pied.
Crédit : les images de très belle qualité ont été prises sur la critique du blog À voir et à manger