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 Sujet du message: [Livre] Franz Kafka : Le Procès.
MessagePosté: Ven 12 Jan 2007 18:33 
Chasseur de Rêves
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Bon nombre ont sûrement déjà lu ou entendu parler de Franz Kafka, dont on utilise le nom pour décrire des situations cauchemardesques. (Kafkaïenne)

Voilà un lien pour en savoir plus : Biographie

Je voudrais vous présenter une des ses œuvres que j’aie lue ça fait un moment, il s’agit en fait d’un livre posthume qui n’était jamais sensé paraître vue qu’à sa mort, Franz Kafka avait demandé à son ami de brûler les manuscrits, mais ce dernier en fit autrement et les publia (heureusement ?) ce qui donna l’une des œuvres les plus magistrales du 20sciècle : Le Procès.

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Le sujet du livre traite du personnage Joseph K. qui un beau matin voit entrer chez lui des « agents de l’ordre » assez spéciaux qui lui déclarent avec froideur et non pas moins de politesse qu’il est sous mandat d’arrêt et que son crime est très grave. Chose étrange est que la nature du crime reste en suspend !!! Joseph se défend comme il peut sans même chercher à savoir quel est son délit et c’est ce qui fait tout le génie de cette œuvre car avec cet aspect très particulier l’auteur se permet de « juger la justice » d’une manière générale et sans se limiter à un genre de crime précis et donc à une procédure précise. On voit évoluer Joseph K. dans un univers impitoyable ou tout fait et geste est pris en compte et non pas à la légère, je comprends maintenant d’où est venue l’inspiration du procès de Crono dans Chrono Trigger (pour ceux qui se souviennent de l’étonnement que l’on ressent à voir nos actes jugés sous un autre angle)

L’univers est carrément fantastique, fascinant, en un mot : Absurde. Le style est très simple (il s’agit aussi d’une traduction) mais d’un autre coté l’ambiance est vraiment déroutante (un couloir dont le plafond est trop bas, des personnes qui agissent bizarrement, une lumière dans le coin d’une chambre mais qui n’éclaire pas tout…) le sentiment de malaise est si bien retranscrit qu’à la fin de certains passages on sentirait presque un mal de dos même de la nausée, la plus part des scènes semblent avoir un sens caché et reflètent indirectement une critique de la société, de la justice et du quotidien.., ce livre peut être lu mais je crois qu’il est surtout destiné à être étudié, d’ailleurs il a été le sujet de plusieurs thèses ; Le fait qu’il n’ait pas été fini rend le livre très mystérieux et ouvert à plusieurs hypothèses. Mais je n’ai qu’une chose à vous dire, Lisez-le, ça vaut le détour.

Je voulais aussi vous citer un passage qui m’a beaucoup plu, cela se déroule lors de l’entretien de Joseph K. avec l’ecclésiastique ; ce dernier lui raconte une histoire concernant la « Loi »:

Devant la loi, il y a un portier. Un homme de la compagne arrive devant ce portier et sollicite l’entrée. Mais le portier déclare que pour l’instant, il ne peut lui permettre d’entrer. L’homme réfléchit puis demande si alors, il pourra entrer plus tard. « C’est possible, dit le portier, mais pas pour l’instant. » La porte de la loi étant ouverte comme toujours, le portier s’écarte, et l’homme se penche pour regarder à l’intérieur, à travers la porte. Voyons cela, le portier se met à rire et dit : « Si tu es tellement attiré, essaie d’entrer malgré mon interdiction. Mais attention : je suis puissant. Et je ne suis que le dernier de tous les portiers. Mais de salle en salle, il y a des portiers, chacun plus puissant que le précédent. A moi-même la seule vue du troisième m’est déjà insupportable. » L’homme de la campagne ne s’attendait pas à de pareilles difficultés ; il faut pourtant bien que la loi soit accessible toujours et à tous, songe-t-il, mais maintenant qu’il examine de plus près le portier dans son manteau de fourrure, avec son grand nez pointu, sa longue et fine barbe noire à la tartare, il finit par décider qu’il préfère attendre de recevoir la permission d’entrer. Le portier lui donne un tabouret et le fait asseoir à coté de la porte. Il y reste assis pendant des jours et des années. Il fait de nombreuses tentatives pour qu’on le laisse entrer, et fatigue le portier avec ses demandes. Le portier le soumet parfois à de petits interrogatoires, lui pose des questions sur son pays et sur maintes autres choses, mais ce sont des questions qui ne témoignent d’aucune sympathie, comme en pose les grands seigneurs ; et la conclusion est toujours la même : il ne peut pas encore le laisser entrer. L’homme, qui a fait de nombreux préparatifs pour son voyage, utilise tout, quelle qu’en soit la valeur, pour corrompre le portier. Ce dernier accepte tout, mais dit en même temps : « J’accepte juste pour que tu n’aies pas l’impression d’avoir négligé quoi que ce soit. » Pendant ces nombreuses années, l’homme observe le portier presque sans interruption. Il oublie les autres portiers, et celui-ci, le premier, lui semble être le seul obstacle à son entrée dans la loi. Il maudit la fatalité, à haute voix pendant les premières années, puis il vieillit et se contente de marmonner dans sa barbe. Il devient sénile, et comme, pendant toutes ces années passées à étudier le portier, il a aussi remarqué les puces dans son col de fourrure, il supplie même les puces de l’aider à faire changer d’avis le portier. Enfin, sa vue baisse, et il ne sait plus si l’obscurité se répand vraiment autour de lui ou si ce sont juste ses yeux qui le trompent. Mais il distingue dans l’obscurité une lumière éclatante qui perce sans discontinuer à travers la porte de la loi. Il n’a plus longtemps à vivre, désormais. Avant sa mort, tout ce qu’il a vécu pendant tout ce temps se résume dans sa tête en une question qu’il n’a pas encore posée au portier. Il lui fait signe, car il ne peut plus redresser son corps raidi. Le portier est obligé de se pencher vers lui, car les différences de taille se sont beaucoup modifiées au détriment du vieil homme « Que veux-tu encore savoir, demande le portier, tu es insatiable. » « Tout le monde s’efforce d’attendre la loi, dit l’homme, comment se fait-il que personne, à part moi, n’ait sollicité l’entrée pendant toutes ces années ? » Le portier se rend compte que la fin de l’homme est proche, et comme il est presque sourd, il lui hurle à l’oreille pour se faire entendre : « Personne d’autre ne pouvait obtenir l’autorisation d’entrer, car cette entrée était faite pour toi seul. Maintenant, je m’en vais et je ferme. »


J’espère vous avoir donné envie de découvrir cet excellent auteur, mais je vous avertis tout de suite, 2 livres de suite et c’est le service de psychiatrie qui vous attend, surtout si vous essayez de lire entre les lignes comme j’ai cru bon de le faire.

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 Sujet du message: Merci
MessagePosté: Ven 26 Jan 2007 23:46 
1 Berry

Inscription: 19 Nov 2006
Messages: 1
Merci Red pour ta fabuleuse présentation de Kafka (merci pour ta passience aussi;retranscrire ce fabuleux passage!!).
Parler de Kafka c'est évoquer un pionnier de la littérature moderne , c'est rappeler les Camus, Samuel Becket , Conrad, et tant d'autres.. C'est redécouvrir le vigntième sciècle dans une oeuvre du dix-neuvième.
Donc encore une fois .. Merci

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No man is an island, entire of itself; every man is a piece of the continent, a part of the main..."
John Donne


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