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 Sujet du message: [Livre] Hermann Hesse -Demian-
MessagePosté: Sam 15 Mai 2010 18:17 
Chasseur de Rêves
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Dans ce livre on raconte l’histoire de Sinclair, ou c’est plutôt Sinclair qui raconte son histoire, d’abord enfant, issu d’une famille bourgeoise à labri du besoin et qui se heurte aux difficultés et mystères de la vie, le poussant à se poser des questions sur le monde qu’il pensait si bien connaitre mais dont il ne soupçonnait aucunement la complexité, surtout celle des êtres adultes qui le peuplent. Sa vision se chamboule tout le long du récit au fur et à mesure qu’il grandit et qu’il rencontre des personnages qui lui apporteront de nouveaux angles de critiques. Une histoire qui suit un cheminement en dents de scie, passant par des moments de paix fébriles et qui laissent place à des phases de solitudes et de réflexions.

Hermann Hesse dans ce livre excelle dans la description aussi bien matérielle qu’immatérielle, il y parsème judicieusement accalmies et tourments, certitude et angoisse, confiance et dénigrement… Il montre que toute approche est sujette à controverse, qu’elle ne peut être absolue et que l’équilibre des visions et des perceptions reste le meilleur compromis bien qu’y parvenir soit difficile.

Il y décortique dans les moindres détails les peurs nouvelles d’un enfant qui commence à entrevoir l’interdit pour la première fois de sa vie, un enfant qui sort du monde lumineux que s’efforce de lui procurer ses parents, mais en cela, Hesse nous leurre, il nous fait croire au début que le superficiel peut être nocif et attristant, il nous le fait croire en s’appuyant sur le principe que le superficiel reste ce qui se remarque le premier et le plus facilement pour la plupart sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Mais cela n’est rien, et plus on avance dans cette histoire, plus se profile le véritable danger, et on se rend compte que le vrai mal est toujours sournois, c’est celui de ne pas pouvoir percevoir clairement son propre environnement, de ne pas savoir interpréter ce qui nous entoure, de ne pas avoir assez d’ouverture d’esprit ou pire, de ne pas maitriser cette dernière et la laisser nous consumer à tort et à travers dans la précipitation.

Cette œuvre commence bien par des problèmes superficiels mais que l’on peut également qualifier d’essentiels, constituant des repères permettant de relativiser subtilement. Ces premières altercations constituant une entrée en matière dans le questionnement intérieur, de ses convictions et de la manière dont Sinclair conçoit différemment son monde, auquel s’ajouteront les réflexions et explications ravageuses du catalyseur énigmatique de ce livre... Max Demian et son étrange lecture de pensées.

Le livre fait le va-et-vient entre quête personnelle et critique sociale en piochant dans diverses sources et en y donnant différents aspects. Tragédie grecque, philosophie, psychanalyse, théologie, mythologie, nihilisme… La situation se situe entre rationalisme et magie, rêve et réalité. Ce livre n’immerge cependant pas son lecteur dans des abimes d’idées. Il donne au contraire conscience et lucidité car traitant les faits le plus objectivement possible et donnant les outils nécessaire pour y parvenir, s’affranchissant de toute contrainte, innée ou acquise. Il invite le lecteur à s’isoler de tout en tant qu’être intelligent, à analyser honnêtement et à s’éveiller à cette notion de critique pure, distillée de tout préjugé déjouant de la sorte ses dérives. En somme une description sur cette arme à double tranchant qu’il faut savoir manier et permettant de préparer toute personne à lire et à interpréter les symboles et les signes qui précèdent les grands bouleversements.

Je vous propose un passage mais qui ne résume en rien l’idée générale, car elle est bien trop dispersée pour tenir en un seul paragraphe :

« Il y a une grande différence entre le fait de porter le monde en soi et le fait de le savoir. Il y a des fous dont les pensées peuvent rappeler celles de Platon, et un pieux écolier dans un institut piétiste peut avoir une intuition aussi profonde des rapports entre Dieu, l’âme et l’univers, que Zoroastre ou les gnostiques. Mais il l’ignore, et tant qu’il l’ignore, il n’est pas plus qu’un arbre, ou une pierre, ou, tout au plus, un animal. Il ne devient un homme que lorsque jaillit en lui la première étincelle de cette connaissance. Vous ne considérez cependant pas comme des hommes tous les bipèdes qui se promènent dans la rue simplement parce qu’ils vont droit et portent leurs petits pendant neuf mois ? Vous voyez combien il en est qui sont encore poissons ou moutons, vers ou sangsues, fourmis ou abeilles ! En chacun d’eux, toutefois, l’humanité véritable est en germe, mais ces possibilités d’humanités ne lui appartienne en propre que lorsqu’il a commencé à les pressentir, à les réaliser en partie dans sa conscience. »

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