ouaip... je l'avais entendu ce matin et avais jeté un oeil... je vais me retenir d'être injurieux envers Besson, mais, en dehors même du crédit qu'on peut accorder à sa prise de position (au moins sa haine de Ségolène Royale est-elle franche!), sortir de tels propos et prétendre qu'il s'agit d'une action "sans passion", absolument pas gourvernée par la vengeance ou l'humiliation, c'est assez énorme.
Alors pour dire le fond de ma pensée, et mon regard sur la candidate socialiste, en résumé. C'est typiquement ce type de comportement et de réaction qui me fait petit à petit adhérer à Ségolène Royale. Je l'ai déjà affiché plusieurs fois, ma réflexion politique se situe à gauche. Pour moi la question est de savoir qui dans la gauche, et surtout quoi dans cette gauche. Parce que je crois encore aux positionnements et aux engagements idéologiques, aux choix à effectuer, bref à la politique en général. Et de ce point de vue j'étais vraiment heureux de voir deux projets face à face: PS et UMP (en dehors des questions de personnes pour les incarner). Paranthèse corrolaire: pour moi Bayrou, dont j'estime pas mal les prises de position dernières, ne signifie rien, sinon la nature timorée d'une grande partie de l'électorat, à qui la politique fait peur, et qui ont accordé depuis 20 ans cette place prédominante aux cohabitations pour ne pas trancher. Maintenant que c'est plus possible, Bayrou nous le ressert, et évidemment ça séduit. Alors même qu'on était en mesure de choisir quelque chose pour une fois de cohérent et de clair... Pitié qu'il ne monte pas plus haut...
Donc pour revenir à Ségolène (non non je dirai rien sur Sarkozy...), étant prof, et connaissant depuis un an sa sortie sur les 35 heures en établissement, vous imaginez aisément que j'étais pas franchement fan... Et globalement la doctrine de l'ordre, finalement très symétrique à gauche de la position de Sarkozy à droite ne me réjouissait pas vraiment. Mais dans la campagne interne au PS je l'ai trouvé bonne (je pense pas que j'aurai voté pour elle, mais honnêtement elle a été assez costaude). La démocratie participative, on peut critiquer, surtout quand ça sert d'alibi pour ne pas se prononcer alors que le politique à mon sens doit être celui qui manifeste une position, mais ça a quand même un vrai mérite d'instaurer un dialogue, une écoute. C'est une vraie pratique démocratique, que beaucoup de formations de gauche mettent en avant et même en pratique dans des localités. Je ne saisis pas bien pourquoi cela a suscité autant de moqueries. L'usage de la part de Ségolène Royale peut être interprété comme paravent ou comme opportunisme, ça je veux bien, mais en soi moi je suis prêt à en défendre le principe bec et ongle. Si elle veut s'en servir pour y arriver, et que cela fait entrer la démocratie participative dans le jeu politique, bazardant les intermédiaires habitués à faire pour les autres, et forçant chacun à se responsabiliser dans ses prises de position, moi j'adhère.
Et on en vient au noeud du problème: oui Ségolène a bien semblé jouer d'une victimisation du fait de son statut de femme. En tout cas c'est comme ça que je l'ai perçu au début. Mais très franchement je pense qu'il serait malhonnête de ne pas admettre la violence de la misogynie globalement dominante au sein des élites politiques et médiatiques, et dont elle a fait, et fait encore les frais. Rien que cela me rend Ségolène Royale éminemment sympathique. Alors oui il faut certainement être assez infecte et abrupte pour arriver là où elle est actuellement, mais j'ai le sentiment que c'est plutôt une conséquence de son parcours politique qu'une cause. La campagne interne au PS a été détestable, et m'a dégouté des deux autres prétendants. En plus de son statut de femme, l'appareil socialiste n'a pas supporté qu'elle passe par dessus les "éléphants" et les courants. Le PS voulait des adhérents pour rivaliser avec l'UMP, a recruté en vue de cela, mais ne voulait pas que ceux-ci s'expriment. Joli exemple de démocratie... Alors de ce point de vue Ségolène Royale me paraît intéressante. D'autant que cette façon de faire, de court-circuiter les canaux normaux du pouvoir elle l'a pratiqué aussi avec les media qui ne l'aiment pas du tout à cause de cela. Là aussi bon point à mon sens.
Alors voilà, ce bain assez misérable autour de la candidate, dont la diatribe de Besson est le dernier avatar, ça me débecte assez. (Mais qu'est allé faire Askolovitch là-dedans! je viens de découvrir que c'est lui qui fait l'entretien!!). Il y a quelque jours c'était Allègre. Bref en gros les jospiniens, vraiment mauvais perdants (même Sylviane Agacinski, la compagne de Jospin ne peut s'empêcher de dire du mal de Ségolène Royale, un comble quand on pense que c'est elle qui actuellement met en pratique sa pensée...) Et mon intérêt pour elle grandit à mesure qu'on lui tombe dessus. Alors ça fait pas une adhésion directe et raisonnable, mais de toute façon le projet socialiste est un minimum pour moi. Et je l'ai écouté hier soir sur France 2 (j'aime pas trop ces émissions en ce moment, sûrement à cause de l'éclatement des questions qui ne dégagent pas assez l'esprit qui peut gouverner un programme), mais je l'ai trouvé plutôt bien encore une fois. Loin de la caricature de flou qu'on lui prête habituellement, et prenant la peine de préciser sa pensée quand la question était trop vague, recontextualisant, etc. Je pensais pas tenir longtemps et finalement... (bon sur l'université évidemment c'est pas ce que j'attendais, mais là je désespère vu que pas un seul des candidats ne se prononcera jamais sur la question de sciences humaines et de leur spécificité dans le domaine de la recherche et des partenariats avec l'entreprise...). Et c'est assez intéressant de l'avoir vu hier car ça contredit pas mal des propos de Besson justement (nucléaire etc.)
C'était l'engagement paradoxal de seleniel auprès d'une candidate qui s'en prend plein la tronche. Je sais pas quel va être le résultat de cette élection, mais en tout cas celle-ci aura été à mon sens la démonstration flamboyante de la profonde misogynie de notre société. Bien évidemment je ne ramène pas tout à cela, et Ségolène est éminemment criticable, et sur de nombreux points (à commencer pour moi par son obsession de l'ordre!). Mais ça a été clairement mis en lumière. Espérons juste que ce constat ne précède pas celui de la confirmation du règne de la xénophobie (mais j'avoue que j'ai sacrément peur au vu du durcissement des discours de Nicolas Sarkozy et de la normalisation de ceux de Le Pen ou de Villiers. Je viens de voir le Zapping, qui faisait un parallèle frappant, raccourci bien evidemment, mais parallèle néanmoins: d'une part la répétition lancinante du mot France par Sarkosy pour défendre son projet de ministère de l'identité nationale couplé à celui de l'immigration, et d'autre part le doc d'arte d'hier soir montrant que les débuts de la Résistance durant l'Occupation se sont constitués autour de groupes d'immigrés, cherchant à libérer la France, et pourchassés et arrêtés par des policiers français pour le compte de l'Occupant. Un truc que j'avais complètement oublié sur les premiers groupes de résistants).
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