Quelle joie, mais quelle joie immense!!!! Quelle finale, et quelle coupe du monde! Je suis ravi!! Alors, ayant un peu digéré hier et ses suites, ce que je retiens de cette confrontation.
J'ai transpiré tout au long du match hier. Le début de match tout à l'avantage des Croates, beaucoup plus présents physiquement m'a sidéré. Pressing haut, intense, à la limite de la faute mais toujours du bon côté, et des Français multipliant les erreurs, ou tentant des trucs hyper dangereux près de notre zone de but (d'ailleurs, la boulette finale de Lloris m'a semblé une conséquence "naturelle" de tous ces petits gestes hasardeux sur lesquels on aurait pu être puni bien plus tôt dans le match...). Des centres à n'en plus finir et des dégagements à l'arrache pour finalement que ça revienne trop vite: je me suis dit, c'est pas possible, les Français sont inhibés, les Croates libérés, ça va être dur.
Et puis efficacité maximum, sur coup de pied arrêté, le soulagement, la crainte lors de l'égalisation, et la VAR pour nous sur ce qui semble être un malheureux réflexe de Perisic, manifestement sanctionnable en tant que tel. Avec les deux attaquants croates, super combattifs, tristement punis dans leur investissement défensif (je me dis pour eux que c'est finalement bien que chacun ait pu marquer lors de cette finale, même si je me serais bien passé du but de Mandzukic).
Et la reprise de la 2e mi-temps, toujours avec ce tempo croate hyper fort. Mais avec des attaques françaises qui commencent à aller de plus en plus loin vers le but de Subasic. Et là, sortie surprise de Kanté, qui avait été bizarrement noyé depuis le début du match (ce matin, j'entends qu'il aurait eu des symptômes de gastro?), et le jeu s'équilibre, coaching gagnant de Deschamps. Enfin une attaque qui va au bout avec Pogba, puis celle de Mbappé. On pense que c'est plié, mais boulette de Lloris et cette tension jusqu'au bout. Mais les Croates ont clairement semblé fléchir. Je ne pense pas vraiment mentalement, même s'il ont accusé le coup sur le 4e but, mais physiquement, ça me semble évident.
En gros, une fois la reprise du jeu passée, vers la 50e minute, ça a été moins fort dans le replacement, moins rapide sur les côtés, moins précis sur les derniers gestes. Ça paraît logique au vu de leur parcours, ou peut-être que la France était vraiment supérieure sur ce plan là et qu'ils ont fait exploser les Croates à un moment donné, en ne flanchant jamais, mais ça m'a semblé net comme évolution. Et la victoire aurait pu être plus large (occasion de Pogba la plus nette, mais globalement, sur la fin, il y avait beaucoup, mais beaucoup d'espace). Presque triste que Giroud ne soit pas resté jusqu'au bout, même si Fékir a fait un bon boulot de conservation de balle pour gagner du temps sur la fin. Je pense qu'il aurait eu des occasions, en point de fixation dans une défense qui était logiquement cramée.
Sinon, quelques "débats" que je lis depuis hier soir/ce matin et qui me font réagir
"La France, pas un beau vainqueur"
Bon. Alors certes, on est champion sans avoir eu de possession, mais le jeu de possession est manifestement mort (pour un temps) avec cette coupe du monde, puisque les équipes le pratiquant ont toute été précocement sorties et que la Croatie, qui le pratiquait a dû adapter son jeu en cours de route. Et au-delà du fait que ce sont les aigris, jaloux, déçus qui peuvent dire cela, regardons de plus près par rapport aux précédents champions.
- Allemagne 2014: ok, très beau champion. Un beau jeu enfin récompensé pour cette génération (j'étais vraiment content pour eux). Mais surtout parce qu'ayant marqué les esprits par la victoire fleuve en demi face au Brésil, pays organisateur. Parce que sinon, beaucoup de victoires étriquées: 2-1 contre l'Algérie en 1/8, après prolongation; 1-0 contre la France en 1/4 et finale 1-0 après prolongation encore, face à l'Argentine. En fin de compte, je ne trouve pas que la France, qui n'a jamais eu besoin de la prolongation pour l'emporter, ait vraiment à rougir de la comparaison.
- Espagne 2010: Sur cette coupe du monde, personnnellement c'est l'Allemagne qui m'avait le plus impressionné, les Pays-Bas ensuite. Après, j'avais été content qu'enfin l'Espagne l'emporte (les Pays-Bas m'auraient semblé aussi justifié au vue de leur histoire). Mais côté parcours, c'est pas terrible: l'Espagne perd son match d'ouverture contre la Suisse quand même! Et toutes ses victoires ne sont que des 1-0 en phase éliminatoire. Là encore, pas de quoi rougir quand on voit le parcours français en 2018.
- Italie 2006. Bon, ça fait encore trop mal, donc on ne va pas revenir dessus...
- Brésil 2002: tout le monde était content parce que c'était enfin la consécration pour Ronaldo, qui l'avait manquée 4 ans auparavant. Mais là encore, ce ne furent pas de grosses victoires lors des phases éliminatoires.
Bref, la France 2018 ne me semble pas devoir rougir de la comparaison avec ses illustres prédécesseurs, loin de là. Une équipe qui n'aura été menée que 9 minutes sur l'ensemble de la compétition au final... Et concernant les autres prétendants de cette année, que n'aurait-on dit si: - la Croatie avait gagné: venue des barrages, passée par 2 séances de tirs au but et une prolongation... - la Belgique avait gagné: le bus devant le Brésil (et ils ont eu raison de le faire!). Bon, soyons honnête, on n'aurait pas dit grand chose de plus, sinon des bêtises comme "petit pays" ou "petite nation du foot". - l'Angleterre avait gagné: deux prolongations, que des coups de pied arrêtés et une difficulté à faire le jeu tout un match durant.
"Pas une belle coupe du monde"
On ne sait pas trop pourquoi, sinon parce qu'on devine que les grosses nations attendues n'ont pas été au rendez-vous: Pays-Bas en qualifications, Italie en barrages, Allemagne au premier tour, Espagne, Portugal et Argentine en 1/8, Brésil en 1/4. Et ben ils avaient qu'à assurer davantage face aux nations qui les ont sortis.
L'autre reproche concerne le type de jeu, qui ne serait pas assez flamboyant. Clairement, on a changé de paradigme footballistique. Le jeu de possession qui avait permis à l'Espagne et à l'Allemagne de gagner en 2010 et 2014 a trouvé en 2018 ses limites. On est là dans un jeu de construction très rapide et efficace, que je ne trouve pas moins agréable a regarder personnellement parce qu'il amène aussi beaucoup de buts.
Finalement, cette coupe du monde qualifiée de défensive ne l'est pas tant que ça quand on regarde les statistiques encore une fois. - 2018: 169 buts, soit 2,64 buts par match en moyenne. Et si on va dans le détail, on s'aperçoit que les matchs éliminatoires ont été plus riches en buts que les poules: 2,94 contre 2,54. - En 2014: 171 buts. 2,67 de moyenne (un peu plus donc). Mais 2,19 en éliminatoires (avec la demi fleuve...) contre 2,83 en poules - En 2010: 145 buts. 2,27 buts de moyenne. 2,75 buts en éliminatoires - En 2006: 143 but. 2,3 buts de moyenne. 1,87 en éliminatoires - En 2002: 161 buts. 2,51 de moyenne. 1,93 en éliminatoires - En 1998: 171 buts. 2,67 de moyenne. 2,81 en éliminatoires
Donc, pour une coupe du monde pas spectaculaire et défensive, l'édition 2018 réussit quand même l'exploit d'avoir le 2e total de buts sur la compétition depuis 20 ans et d'avoir les matchs éliminatoires les plus prolifiques sur la période. Il faut remonter à 1994 pour voir mieux. Voilà.
Enfin, dernier débat, qui n'en est pas un, mais qui m'a amusé: Rabiot. En creux, je trouve, ça dit tout le succès de Deschamps et ça montre ce qu'il a voulu faire pour que cette équipe arrive au sommet, avec ses individualités, mais au service du collectif. L'évolution hyper positive de Pobga, qui a accepté de jouer dans un registre où on ne voyait plus depuis un moment, de même pour Matuidi (mais on s'y attendait davantage), ou même le type de jeu de Griezmann, ou l'abnégation de Giroud, c'est aussi la marque du sélectionneur qui a su faire accepter à ses joueurs de se mettre au service de l'ensemble du groupe et de ses besoins. Et Rabiot, c'est le repoussoir, le contre-exemple qui permet de mettre tout cela encore mieux en lumière je trouve.
_________________
|