bon ben j'ai voté "sans avis", et bien sûr je donne le mien! (comment ça y a contradiction?)
Et pour bien commencer, d'entrée une paranthèse, mais pas de moi:
Robin K a écrit:
(Soit dit en passant d’ailleurs, qu’est ce que tu entends par « adulte » ? Est ce que dès qu’on a 18 ans , notre vie change du jour au lendemain ? On rencontre le même type de difficulté à 26 ans qu’à 58 ? )
Ben oui, c'est bien ça qui pose problème dans la question, mais qui peut aussi en faire l'intérêt. Je m'explique. Deux catégories, ado et adulte, sont mises en balance. On le voit dans les derniers échanges, les arguments ne se rencontrent pas, car la définition mêmes des catégories n'est pas claire, évidente, partagée par tous. Le problème est de voir où se situe l'ambivalence.
Les ages, on en distingue plusieurs, habituellement quatre. Il est possible d'être plus subtile ou plus nuancé, comme dans le monologue du bouffon de
As you like it (me souviens plus de son nom) qui commence par la réplique célèbre "All the world's a stage and all the men and women merely players". Dans mon souvenir il y a 6 ages, selon des caractéristiques physiques. Mais plus simplement 4:
- l'enfant
- le jeune (ou l'ado ici)
- l'adulte
- le vieux (disons senior...)
Proposer une définition de chacun de ces ages parâit alors assez facile (dans les grandes lignes, de manière intuitive:
- l'enfant: étymologiquement celui qui ne parle pas encore, c'est lié maintenant à l'idée de dépendance vis-à-vis des parents (différent d'adulte!). D'où un statut légal particulier sur plein de domaines (droits, statut pénal, mariage etc.) jusqu'à un certain age. On est/serait enfant jusqu'à 18 ans. (je ne parle évidemment pas du fait d'être enfant de ses parents au-delà de la limite légal: le mot est le même, le sens utilisé différent). Physiquement, l'enfant est en outre l'être en cours de croissance.
- le vieux: là aussi une forme d'évidence. Le statut social peut servir de critère (retraite, qui ne signifie pas arrêt des activités, professionnelles ou autres), ou l'état physique ou psychique (en général critère de sénilité)
- le jeune (l'ado): ça a été dit, mais c'est un peu flou. En gros moment de transition entre état de l'enfance et ce qu'on associe de responsabilité et de stabilité dans les schémas archétypaux du monde "adulte". Une difficulté néanmoins: cet "age" chevauche les ages légaux de l'enfant et de l'adulte. Pour le définir on passe donc à des critères plus psycho. On a parlé plus haut de la version "pathologique" de l'adolescence (doute, mal-être, mettez ce que vous voulez après), mais l'appellation "jeune" en donne aussi un versant positif: émancipation, recherche, expériences diverses, découvertes, etc. Non que cela ne soit pas possible par la suite, mais cela débute par là, et globalement avoir un statut social non encore fixe offre davantage de liberté (et en même temps de précarité). On le voit, la définition est un peut plus difficile, mais même si je n'explique pas bien et fais des raccourcis, globalement je crois qu'on peut s'entendre sur le "jeune" (même la poste s'y était mise à une époque)
- l'adulte: c'est lui qui pose vraiment problème, comme le soulignait Robin k (et oui, tout ça pour revenir au début). Qu'est-ce qu'un adulte? On ne le définit que par rapport aux autres catégories, que négativement. Il est en creux alors même qu'il couvre le spectre d'années le plus grand et qu'il est soumis de ce fait à des évolutions aussi bien physiques que psychiques, ainsi qu'à des événements heureux et malheureux statistiquement plus fréquemment (naissances et décès). Un personnage de Godard, dans
Eloge de l'amour, veut faire un film sur les ages. Il se heurte à la même aporie. Il abandonne son projet car personne n'est capable de lui donner de réponse sur l'identité de l'adulte. N'étant pas représentable de manière archétypale, il ne peut lui donner une incarnation physique dans son film, ne peut le résumer à travers un comédien. Il disparaît lui-même du film. Il est évoqué plus tard par un autre personnage qui dit de lui qu'il a voué sa vie à devenir non pas adulte mais un adulte. (l'expression "devenir adulte" est d'ailleurs assez épouvantable).
Tout ça pour quoi alors? Pour expliquer pourquoi je suis sans avis, pourquoii l m'est difficile de dire qui a la vie la plus dure, quand au final ils partageront la même. Cela dit, concernant ma petite personne, malgré la multiplication objective des épreuves/expériences douloureuses que j'ai rencontré depuis mon adultité (tiens le substantif n'existe pas...), je me sens beaucoup mieux que durant la période dite adolescente. Sans pourtant avoir vécu de problèmes particuliers à ce moment. Seulement il est vrai, et l'abondante et pas toujours (ô euphémisme) pertinente littérature spécialisé sur le sujet le montre, se joue à ce moment beaucoup de schémas de l'enfance qui se trouvent mis en question par le changement progressif de statut. Cette transition est considérée comme plus "critique" car elle est mieux identifiée (période courte, variable mais moment partagé par tous, même si vécu différemment selon l'individu), et peut-être parce que le deuil qu'elle opère est particulièrement crucial et douloureux: celui de l'enfance.