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 Sujet du message: Pulp Culture
MessagePosté: Ven 2 Oct 2009 22:53 
The old man
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Préambule

Un sujet qui me tient à cœur autour de la place de certaines valeurs et archétypes culturels.
La réflexion fait la part belle aux digressions et reste encore en étude. Il s’agit d’un premier jet qui est donc sujet à l’approximation et aux maladresses.



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La Place du Divertissement

Le Divertissement a toujours eu une connotation péjorative en France, considéré comme quelque chose de non-noble et qui en soi ne peut prétendre à une valeur élevée. Dans certains cas on parle de « Divertissement Intelligent » ce qui est bien révélateur de l'idée que de base le Divertissement ne relève pas de la raison ou d’un acte « valorisant ».
Ce mépris poli se retrouve d'ailleurs dans l'origine étymologique même du mot, du Latin divertere = détourner. Le mot désignait au départ l'action financière de détourner à son profit une part d'héritage. Par la suite, cette définition fut reprise pour l'appliquer à l'action de détourner l'essentiel en général et, par extension, à ce qui détourne quelqu'un de l'essentiel. Ainsi se divertir s'est se détourner de l'essentiel, c'est à dire de la réalité.
Autant dire que la notion de « Divertissement » partit dès le départ avec une connotation négative.
Ainsi en France les artistes et les œuvres de (pur) Divertissement ont le plus souvent été dédaigné par rapport aux œuvres « valorisantes », c'est à dire aux œuvres culturelles. En effet le Divertissement n'est pas considéré comme de la culture et ne peut raisonnablement y prétendre. D'où par exemple les difficultés de reconnaissance par leurs pairs des œuvres d'Alexandre Dumas ou de Jules Vernes, car très (trop) connotés « Divertissement ».
Au contraire le monde anglo-saxon a une approche du Divertissement assez différente : les artistes de Divertissement ont toujours tenu un rôle culturel reconnu et égal à celui des Intellectuels - en raison sans doute de l'importance accordé au récit. Par exemple chez Shakespeare (figure majeure de la culture anglo-saxonne) l'aspect « grand spectacle » tient une place très importante et est indissociable de son œuvre.
Et ce n'est pas un hasard si l'industrie du Divertissement a une si grande place dans le monde anglo-saxon et qu'il y existe une « Culture du Divertissement ».
En anglais « Divertissement » se dit « Entertainment » dont l'origine étymologique vient du vieux français « entretenir », un sens beaucoup moins péjoratif que « détourner ». De ce fait le Divertissement n'est donc pas systématiquement connoté négativement chez les anglo-saxons.
Evidemment tout n'est pas si simple et merveilleux chez nos amis anglo-saxons. La culture est un miroir social, et tout comme il existe des classes dédaignées, il existe des Divertissements dédaignés pour leur manque (apparent) d'ambition. En effet si les anglo-saxons sont plus « ouverts » au Divertissement, ils sont par contre sans équivoque avec le manque d'ambition.
Alors quelle est donc cette forme de Divertissement que même les anglo-saxons ont dédaigné en leur temps pour son manque d'ambition ?



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Les Magazines Pulp

Les Pulps étaient des magazines très populaires aux USA durant la première moitié du XXe siècle. Ils étaient très abordables car imprimés sur du papier de mauvaise qualité, constitué de fibre de bois très grossière : woodpulp, d'où leur nom de « Pulp ». Une particularité qu'on peut d'ailleurs s'amuser à rapprocher aux magazines de prépublication de manga au Japon imprimé sur du papier recyclé de mauvaise qualité.
Le prix dérisoire des Pulps assura en grande partie leur immense succès auprès des couches populaires et à leur apogée dans les années 20 et 30, les magazines les plus populaires pouvaient vendre jusqu’à 1 million d’exemplaires certains de leurs numéros.
Le genre d’histoires proposé par ces magazines était très varié et allait du thriller à la romance, en passant par le fantastique, l’horreur et la science-fiction. Ils étaient par contre très critiqués pour l’aspect racoleur et formaté des histoires qu’ils publiaient. En effet les Pulps sont célèbres pour leurs couvertures mettant en scène quasi systématiquement une jeune femme peu vêtue, souvent en danger, lorsque qu’il ne s’agit pas d’un monstre. Les couvertures des Pulps étaient d’ailleurs un élément d’accroche fondamental et il n’était pas rare que la couverture soit réalisée en premier et qu’on demande ensuite aux auteurs d’écrire les histoires en fonction.
De là découle la spécificité des Pulps, des histoires extrêmement codifiés et suivant des modèles d’intrigues récurrentes. D’où aussi le reproche fait aux Pulps d’être de la littérature au rabais, à la chaîne, formatée, sans originalité et sans envergure, tout juste bon à rassasier les instincts les plus basiques de ses lecteurs.
Les Pulps commencèrent à décliner après la seconde guerre mondiale en raison de l’augmentation du prix du papier et de l’émergence de nouvelles formes de Divertissement : les comics-book, la télévision et le roman de poche. Les Pulps disparurent presque totalement à la fin des années 50 et seuls quelques magazines au tirage très limité (et orientés fantastique/Science-fiction) périclitèrent de façon relativement underground. Néanmoins les Pulps avaient déjà durablement marqué l’imaginaire collectif américain à travers leurs héros et leurs univers bien spécifiques.
Voici un petit panorama des plus fameux auteurs Pulps de l’Age d’Or et de leur héros le plus marquant (lorsqu’ils en ont) :
Edgar Rice Burroughs (Tarzan et John Carter), Raymond Chandler (un maître du roman noir), Lester Dent (Doc Savage), Erle Stanley Gardner (Perry Mason), Walter B. Gibson (The Shadow), Dashiell Hammett (fondateur du roman noir), Robert E. Howard (Conan le Barbare et Kull d'Atlantis), H.P. Lovecraft (un maître de l'horreur), Johnston McCulley (Zorro), Philip Francis Nowlan (Buck Rogers), Clark Ashton Smith (un maître du fantastique), Edward Elmer Smith (un maître de la SF), Alex Raymond (Flash Gordon), Harry Steeger (Le Spider), Seabury Grandin Quinn (Jules de Grandin) et Mort Weisinger (Captain Future/Capitaine Flam).
Considérés comme grossier et de mauvais goût à leur époque, les Pulps virent tout de même la plupart de leurs grandes icônes survivre à travers le temps. Et tous ces « gratte-papiers » cités plus hauts sont considérés aujourd'hui comme des auteurs à part entière et l'importance et l’influence de leurs œuvres sont indéniables.
En vérité l'esprit Pulp survécut à travers ses icônes et des auteurs de domaines variés se réapproprièrent ses valeurs et ses archétypes : une créativité décomplexée autour de l'imaginaire où la modération laisse souvent la place aux fantasmes et à une générosité déraisonnée.



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Les Comics, le Cinéma Forain et Autres Fantaisies

Au niveau du Divertissement papier bon marché les comics reprirent l'espace occupé par les Pulps à la fin des années 50. Apparus dans les dernières années du XIXe siècle, le comic commence à trouver sa forme éditoriale que nous connaissons aujourd’hui vers la fin des années 20 en adaptant entre autre des héros de Pulp (Tarzan et Buck Rogers) et en surfant sur des thèmes Pulp (Policier et Horreur principalement), mais c'est en 1938 que le boom a lieu avec la publication d'Action Comics #1 mettant en scène pour la première fois le personnage de Superman – initiateur du genre super-héros. Si la créativité et l'extravagance des comics rivalisaient avec celles des Pulps, l'après Seconde Guerre Mondiale voit l'arrivée d'une censure très forte contre les Comics (né du livre « Seduction of the Innocent » du Docteur Fredric Wertham) qui manque de peu de les voir disparaître.
En même temps la fin des années 50 voit l'arrivée chez « DC Comics » d'auteurs amateurs de SF ayant fait leurs premières armes dans les Pulps. Leur chef de fil est Mort Weisinger qui perfectionna grandement Superman mais on peut citer également Julius Schwartz créateur d'Hal Jordan et du Corps des Green Lantern. D'une façon générale ces auteurs donnent une nouvelle orientation aux comics de DC et relancent avec succès les histoires de Super-héros malgré les problèmes de censure.
On peut dire d'une certaine façon que l'esprit Pulp (ou l’Archétype Pulp) est transmis aux comics qui le lui rendront bien en continuant par exemple à faire vivre ses icônes.
En face de DC il y a Martin Goodman, à la base éditeur de Pulp et qui se lance en 1939 dans l'aventure Comics. Au début ses comics reprennent des sujets essentiellement Pulp mais lorsque DC Comics renait avec son nouveau style il va demander au trio magique Stan Lee/Jack Kirby/Steve Ditko, qui travaillent pour lui depuis des années, de profiter du nouvel engouement dans les Super-Héros pour qu'ils créent à leur tour les leur. Leur maison d’édition changera de nom et deviendra « Marvel Comics », et apportera à son tour des perfectionnements au genre Super-Héros.
C'est ainsi que les extravagances et la créativité décomplexée Pulp va trouver un prolongement logique et naturel dans le comic-book, héritié légitime en quelque sorte car ses éditeurs/artistes ont été élevés avec les Pulps.
Enfin pour finir sur la filiation Pulp/Comics, on peut citer « Le Spirit » de Will Eisner (créé en 1940), monument du Comic qui se rapproprie les codes « Pulp » à travers son univers de Détective.
Côté cinéma, les grandes figures Pulps ont évidemment également été mises à contribution pour séduire les spectateurs. Cela fut naturel grâce à une spécificité du cinéma du début du XXe siècle : les serials.
Les serials étaient des films à petits budgets fonctionnant selon le mode du feuilleton, composés d’une quinzaine d’épisodes en moyenne et diffusés en première partie d'un ou deux long-métrages à budget plus élevé. Ces serials très populaires jusqu’à la fin des années 50 puisaient un certain nombre de héros dans les Pulps et les Comics, voire dans les romans radios. Les critiques portées aux Serials à l’époque sont du même type que ceux portées aux Pulps : films à la chaîne, formatés, sans originalité et sans envergure. En vérité l’esprit Serial était identique à celui de l’esprit Pulp et malgré tous les vices et défauts inhérents à la production de masse, il donna naissance à des classiques et posa les bases d’un certain nombre de codes et techniques cinématographiques.
Les Serials furent supplantés à la fin des années 50 (comme les Pulps) par la télévision, qui s’appropria leur format parfaitement adapté à ses besoins. Ce ne sera pas pour autant la fin de l’Esprit Serial (et de tous les maux qu’on lui reproche) qui renaitra sous la forme de ce qu’on appelle communément le cinéma de genre et bis, c'est-à-dire le cinéma reprenant des recettes éprouvées et suivant des codes précis, avec pour but premier de divertir ou/et exciter les instincts (basiques ou non) du spectateur. On peut aussi parler de cinéma Forain, terme qui permet de souligner à la fois son objectif festif et sa mise à l’index d’un cinéma plus estimé et prestigieux.
Le cinéma Forain comporte des genres variés (liste non exhaustive) : Blaxploitation, Kung-fu, Sabre, Erotique, Péplum, Policier, Science-fiction, Fantastique, Horreur, Monstre, Kaiju, Slasher ou encore Western Spaghetti. Des genres de films plus ou moins snobés selon les époques. Par exemple l’image du Western Spaghetti a énormément évoluée depuis sa naissance. De même la Hammer qui eut son âge d’Or dans les années 50 et 60, avec ses films fantastiques considérés comme vulgaire et de mauvais goût, se voit aujourd’hui l’objet d’un véritable culte et Christopher Lee (l’une des deux icônes de la Hammer) voit son travail reconnus par ses pairs du cinéma « classique ».
Des Pulps en passant par les Comics, les Serials, le Cinéma Forain et en faisant un détour par certains formes d’Animation, les « Serials » de la Télévision et la littérature de genre (Science-fiction et Fantastique entre autre), on retrouve souvent les mêmes destins : œuvres connotées régressives et/ou immatures, une absence de valorisation du travail des (non-)auteurs, peu de différenciation entre les œuvres et une reconnaissance (très) tardive lorsqu’elle existe (parfois pour des raisons indirectes liées à des réappropriations d’image – Romero et ses zombies par exemple devenant malgré eux symboles du contre-rêve américain).
Au-delà des simples considérations esthétiques, lorsqu’on laisse le fantasme et l’exubérance prendre le dessus sur la raison et le réel, et que l’imaginaire et le récit devient l’objet premier de l’œuvre, à quoi avons-nous affaire ?



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De l'Hubris au Too Much

En grec, l'Hubris c'est la Démesure. C'était ce qui servait à caractériser les héros des récits de mythologique grecque. Ces récits fondamentaux faisaient la part belle à la démesure/extravagance, aux fantasmes et aux créations imaginaires telles que les monstres, les forces surnaturelles ou les artefacts fabuleux. Des éléments qu'on retrouve au même degré structurant dans les Pulps, les Serials, les Comics ou encore le Cinéma Forain. Des éléments que la tyrannie de l'intellect et de la raison étiquette souvent comme « Too Much ».
Ces créations sont parfois évoquées sous le terme de Mythes Modernes car ce sont des Héros et des Monstres issues de nos sociétés actuelles et véhiculant des valeurs représentatives. Parler de Mythes Modernes, c’est étendre un concept et faire de la vulgarisation mais est-ce seulement cela ? Peut-on aller plus loin ?
Si on s'en réfère à Claude Levi-Strauss, la substance d'un mythe ne réside pas dans son style, sa musique originale ou sa syntaxe, mais dans l'histoire qu'il raconte. Le mythe est un langage, fonctionnant à un niveau particulièrement élevé, où le sens parvient pratiquement à « décoller » du sol linguistique sur lequel il continue de rouler.
Cela signifie que quelque soit la façon dont est racontée un Mythe, son essence est toujours intacte. De la même façon la notion même d’histoire originale n’a pas de sens. L’essence du Mythe est constituée de toutes ses variantes, c’est une forme sans forme et le contraire de l’objet unique. Le concept même de paternité pour un Mythe est collectif dans le meilleur des cas. Dans ce domaine les auteurs sont davantage des « Guides de Formes » que des « Initiateurs de Fond » de l’objet.
En somme la version initiale de l'histoire à peu d'intérêt en tant que telle et toutes les versions ont leur intérêt. L'originale n'a pas de valeur spécifique et sa connaissance n'apporte pas nécessairement une meilleure compréhension.
Pour illustrer cela nous pouvons prendre l’exemple du personnage de comic Batman. Tout le monde connaît le personnage, ses spécificités et ses valeurs, et il est apprécié avant tout pour cela. Le personnage vient du monde du comic et pourtant malgré sa grande popularité, il est avant tout connu à travers des films et des séries animées. Il y a même davantage : ces films et ces séries animées peuvent enrichir dans certains cas la syntaxe utilisée pour « raconter » le Personnage. Par exemple la série animée de Bruce Timm a vu certaines de ses créations (nouveaux mots du langage « Batman ») comme Mister Freeze (origine) ou Harley Quinn repris dans les comics et donc enrichir ses possibilités de récit. Et c’est bien là un point important : dans le cadre d’un Mythe l’acte créatif réside avant tout dans le récit.
Le concept de « Mythe Moderne » serait donc bien à prendre au sens premier et ne serait donc pas nécessairement un abus de langage ou une vulgarisation.
En exemple de Mythe Moderne nous avons des figures très variées : Tarzan, Conan le Barbare, l’univers Lovecraftien, le « Héros » du roman Noir à la Dashiell Hammett, Jason Voorhees, James Bond, le Rônin/Cowboy, Superman, Batman, Spiderman, Elric, Starwars, les Aliens, les Prédators, Star Trek, Godzilla ou encore les Gundam.
Nous pourrions évidemment continuer longtemps mais trois caractéristiques se dégagent de cette première série d’exemples :
- la codification à l’extrême qui finit par fusionner personnage et genre (la distinction devient difficile),
- des figures fortement liées à l’imaginaire et au fantasme,
- la pluralité des supports/médias où ces figures évoluent.
Nous venons donc d’identifier une famille d’objets en tant que « Mythes Modernes » mais quel est le contour et la place de cette famille dans l’ensemble appelé « Culture » ?



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Culture Légitime, Pop Culture et Pulp Culture

Partons d’un concept du sociologue Pierre Bourdieu : la Culture Légitime. Dans une même société il y aurait des types de connaissances et de savoirs qui apparaîtraient légitimes aux yeux de tous. Ces savoirs seraient mieux valorisés que d’autres (comme par exemple à l’école) et formeraient ainsi une Culture Légitime.
Par construction il y aurait de ce fait des cultures non-légitimes, c’est-à-dire des ensembles de connaissances et d’activités humaines ne relevant pas de la culture aux yeux de la société malgré leurs ressemblances. La Culture Populaire (Pop Culture) en générale et le Divertissement en particulier entre dans cette catégorie.
Par rapport à cet antagoniste, quelle est alors la place de notre famille d’objets décrits jusqu’à présent ? Du côté de la Pop Culture assurément mais quelles sont ses relations avec cette dernière et la Culture Légitime ?
Notre famille d’objets va être baptisée « Pulp Culture » en référence aux magazines Pulp. Non pas parce qu’ils sont à l’origine de tout, nous avons vu que la notion d’Initiateur n’est pas pertinente chez ces objets, mais parce qu’ils semblent être un bon Guide de cette famille avec leurs icônes et leurs archétypes qui ont voyagé à travers le temps, les continents et les supports/médias. Un bon dénominateur commun pour dire les choses autrement.
Le rapport entre la Culture Légitime et la Pulp Culture est le même type de rapport qu'il existe par exemple entre la Poésie et le Mythe en tant que discours.
La Poésie est entièrement dépendante du langage et ne peut être traduite dans un autre langage qu'au prix d'importantes distorsions et adaptations touchant à sa substance. Elle n’existe et n’a de sens qu’à travers un langage. Le langage a une valeur identifiable et reconnue dans la société et dont la maîtrise peut être qualifiée.
Le Mythe comme nous l'avons vu ne dépend pas du langage et quelques soient la forme et la qualité de langage utilisées, sa substance est toujours accessible, sans barrière entre elle et son interlocuteur. Le langage n’est pas nécessaire et ne peut pas servir pour déterminer la valeur du Mythe.
Pour la relation entre Pop Culture et Pulp Culture reprenons l’exemple de Batman. C’est un personnage populaire et connu de tous qui évolue à travers de nombreux supports qui proposent à leur tour de nombreuses histoires différentes. Pourtant il existe une différence notable par exemple entre le Batman des films et celui des comics : la dimension (Hubris) n’est pas la même. Le Batman des films est bien plus ancré dans le réel que celui des comics dont l’intelligence, les gadgets et les aventures ont des côtés bien plus extravagants. La différence ne peut pas être induite uniquement à cause du support (film) car nous avons vu qu’il existe des films qui peuvent être totalement extravagants et tournés vers l’imaginaire et le fantasme. Donc Batman est différent dans les films pas parce qu’il s’agit d’un film. La différence c’est le public visé : les films Batman sont de grosses productions et doivent donc faire beaucoup d’entrées. Une méthode pour cela, en dehors de toute considération esthétique ou qualitative, est de viser un public large. Le personnage de Batman doit donc être fédérateur au sens large sans pour autant trahir sa substance. En étant moins extravagant et plus « conventionnel » Batman plait à davantage de personnes. Le comic quant à lui vise un autre type de public, davantage passionné et en attente d’un traitement plus spécifiquement imaginatif.
De ce fait un objet de Pulp Culture relevant des codes que nous avons vu doit être « recodé » (souvent en modérant ses extravagances et ses aspects « fantaisies ») pour devenir un objet de Pop Culture qui sera apprécié par un public plus large et moins spécifiques.
Par exemple les histoires à « l’Eau de Rose » peuvent relever de la « Pulp Culture » lorsqu’elles sont romancées et fantasmées à l’extrême, c’est-à-dire lorsqu’elles s’éloignent du réel et de la raison pour n’exprimer plus que du fantasme et du rêve.
Néanmoins cela ne veut pas dire par exemple que les comics (pour retrouver notre exemple initial) ne peuvent pas proposer des approches plus proche du « réel » ou que le cinéma visant le grand public ne peut pas tirer vers le fantasme et l’extravagant (exemple : Michael Bay dont les films tout en allant toujours trop loin dans le fantasme et l’imaginaire sont tout de même de gros succès populaire).
La frontière entre la Pop Culture et la Pulp Culture est flottante et même, il y a de nombreux œuvres purement Pulp Culture qui sont en même temps des œuvres de Pop Culture – souvent grâce à des auteurs talentueux qui ont réussi à fusionner fantasme et raison.
D’une façon générale la Pulp Culture est générateur de Pop Culture et semble être une sorte de laboratoire d’expérimentation d’objets bruts et tournés exclusivement vers l’imaginaire et le fantasme.
Nous avons donc la Pulp Culture, la Pop Culture et la Culture Légitime. Si nous revenons à ce que nous avons vu grâce à Claude Levi-Strauss, la Pulp Culture relève du Mythe. Par conséquence la Pop Culture qui est de la Pulp Culture destinée au plus grand nombre relèverait du Folklore. Enfin en poursuivant du Mythe au Folklore nous arrivons à la Religion en tant que croyance dominante et officielle de la société. Le Folklore rassemble les « petites » croyances et superstition des couches populaires et le Mythe par rapport à la Religion est une croyance erronée et dépourvue de valeur religieuse.
La Pulp Culture est donc une forme de Mythe et la Culture Légitime une forme de Religion avec au milieu pour faire pivot, la Pop Culture en tant que Folklore.
Pour résumer et finir sur la place de la Pulp Culture, il s’agit donc d’une Culture relevant du Code et de l’Imaginaire (Mythos) et qui s’oppose/se complète à une Culture relevant du Langage et de la Raison (Logos).



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Postambule

Voilà donc ce qu'est la Pulp Culture ainsi que sa place et ses relations dans notre Culture.
Au final rien de nouveau, uniquement une quête de formalisation et qui aboutit à la conclusion qu’en fin de compte Homère avait déjà tout compris et traité à travers l’Odyssée et son héros Ulysse (lutte du Logos contre le Mythos).

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