Moi aussi j’aime bien ce topic même si je ne suis absolument pas convaincue par ton utopie (mais cela ne semble pas grave selon toi). Les critiques ne sont pas à prendre personnellement mais pour la proposition que tu nous as exposée.
Mon impression générale par rapport à ton « rêve » est qu’il s’agit, pour moi, une dystopie. Tout y semble sans émotion (sauf peut-être la peur), austère, froid. Ça me fait un peu penser à
1984… bon, en moins poussé et plus simpliste (désolée mais Orwell est un génie).
Tu vas voir que mes remarques sont assez répétitives. De manière générale, je dirais que :
1/ de phénomènes marginaux tu en fais des sujets « prioritaires » tout en délaissant des points qui eux me semblent plus centraux, cruciaux : tu es extrêmement précis sur certaines choses et assez évasif sur d’autres ;
2/ tu raisonnes à l’envers sur certaines problématiques : lors d’une situation délicate,
problématique, au lieu de chercher les origines de cette celle-ci et de la modifier pour qu’elle puisse être résolue, tu la considères comme admise, comme si c’était une donnée immuable et prend des décisions extrêmes en conséquence.
Cela paraît abstrait mais j’essaierai dans la suite de te donner des exemples concrets.
Pour commencer sur ton sens du détail, je vais prendre l’exemple de l’interdiction de balcon ou de gazinière, il ne me semble pas que ça soit un risque majeur pour notre société. De plus, je trouve la solution excessive. En soit, c’est comme si tu disais, il y a beaucoup d’accidents de voiture (ce qui est, pour le coup, un peu plus pertinent à mes yeux), interdisons les voitures. C’est sûr tu n’auras plus de problème, le risque sera de zéro. Mais est-ce la meilleure solution, celle la plus efficace ? Je pense qu’il serait plus satisfaisant de prévenir la population sur les risques de la route (etc.) et/ou sanctionner plus dans le but de réduire le risque tout en bénéficiant des avantages de la route (certes ça fera pas forcément plaisir mais il vaut mieux ça qu’une interdiction pure et dure). De même, tu pourrais envisager une campagne de sensibilisation sur l’utilisation des balcons (bien que ça me fasse sacrément sourire tant le problème me semble dérisoire comparé à l’alcoolisme – on supprime la production d’alcool ? – , la violence conjugale, etc.) pour ne pas priver les personnes de cette liberté.
Le même raisonnement peut s’appliquer à la culture. Tu veux supprimer les Cultures (c’est-à-dire l’identité culturelle qui passe donc par la religion, le partage de valeurs abstraites mais également les arts, les traditions, la nourriture, etc.).
Pour une personne qui a choisi comme pseudo «
musicman » je trouve ça assez ironique :p
Tu sembles croire que les Cultures sont à l’origine des conflits des hommes. La réelle question et de savoir si les Hommes ne se seraient pas battus même en l’absence de ces divergences, si celles-ci n’étaient et ne sont pas en réalité qu’un prétexte pour récupérer des terres, des hommes … bref de l’importance et du pouvoir. Ce n’est pas en supprimant la culture des personnes que tu vas éteindre le conflit. Et quand tu cites le KKK comme conflit issu d’une culture, j’ai juste envie de dire que c’est la peur de l’Autre qui est la véritable responsable (et la connerie humaine aussi).
Bref, ta proposition me semble clairement manichéenne. Ah oui, d’ailleurs, j’avais une question : tu penses que tous les hommes sont des moutons et que toi tu sors du lot car tu es intelligent et que tu as confiance en toi : que comptes-tu faire des personnes aussi intelligentes que toi (voire plus) et qui ont la même confiance en soi que toi (voire plus) ? Ensuite, explique-moi pourquoi les dictatures qui sont les seuls systèmes que les moutons comprennent ont, généralement, IMplosés alors même qu’il s’agissait de la
première génération ?
musicman a écrit:
Il serait peut être mieux de confier l'éducation à l'école pour être sûr que se soit bien fait, qu'est ce que t'en pense?
Je sais je me répète : là encore, tu prends le problème à l’envers. Au lieu de te demander comment régler le problème de la famille, tu le donnes à un autre sans chercher à savoir pourquoi ça ne marche pas. Ce n’est pas à l’école d’apprendre les bonnes manières, la civilité et les valeurs morales ou du moins pas en totalité.
L’une des composantes c’est aussi un non-amour de l’enfant, tu veux faire quoi : demander aux professeurs de câliner d’un amour paternel les élèves ? Il faudrait éviter de tomber dans des solutions trop faciles (mais extrêmes) et mettre les choses à plat même si c’est plus dur. Accessoirement, l’éducation par la famille et l’éducation par l’école devraient être selon moi clairement différenciées : la gestion et la participation des tâches ménagères relevant des choses du quotidien, de l’intérieur de la maison devraient donc, selon moi, relevaient de la responsabilité des parents. Car oui, tout remettre sur le dos de l’école quand les parents sont en échec revient à les déresponsabiliser… ce qui est plutôt grave, je trouve.
Sur l’emprisonnement, là encore, d’exceptions, tu en tires une sorte de généralité. Les évasions sont par exemple de l’ordre de l’exceptionnel (alors qu’il n’y a pas de grands moyens déployés pour éviter celles-ci). Pourtant, à t’écouter il s’agit d’un gros problème dont une solution doit être envisagée coûte que coûte.
Je pense également qu’il faut être réaliste et avoir un juste milieu : non les prisonniers ne dorment pas sur des planches de bois avec un pour seul repas une pomme mais ils ne sont pas non plus en vacances. En France, les faits
exceptionnels du style câble ou encore pieds de cannabis retrouvés dans une cour de prison restent de l’ordre de … (suspense) l’
exceptionnel. En revanche, la surpopulation carcérale et le suicide ne sont pas des mythes. (D’ailleurs, le taux de suicide « carcéral » est plus élevé en France que chez ses pays voisins).
Selon moi, la prison a trois rôles : punir, dissuader, ré inculquer ou inculquer (tout court) les normes pour que le taux de récidive soit faible/nul. Pour certains, le dernier rôle ne sert à rien car on ne peut calmer les chiens enragés avec les paroles et le discours. C’est une prise de position personnelle mais je pense que c’est partiellement possible bien qu’évidemment difficile. D’ailleurs, compte tenu du peu de suivi pendant et après l’incarcération, le taux de récidive ne me semble pas si inexplicable que ça (bien qu’il soit trop élevé). Je vais d’ailleurs revenir sur le manque de moyens de la justice par la suite. Enfin, comme d’autres, je pense que les chiens enragés ne naissent pas enragés. Enitu l’a assez bien expliqué, je ne vais pas redévelopper.
Puis, tu prends un cadre biaisé : la France – comme beaucoup de pays – ont des manques de moyens flagrants en matière de justice. Et ce, non sans conséquence. Et là j’en viens au « 2/ » énoncé ci-dessus. Plutôt que de critiquer et de proposer des solutions extrêmes tels la peine de mort ou l’exil un peu à la survivor, pourquoi ne pas donner plus de moyens à la justice (dont un véritable suivi des criminels à leur sortie par exemple) et essayer de comprendre comment bien gérer, administrer celle-ci. C’est sûr c’est moins évident mais peut-être un peu plus louable et moins excessive. Bien sûr ça demande plus de travail et de réflexion.
Enfin sur la dissuasion que doit avoir la prison, on pourrait en venir au sujet qui fait la polémique : la peine de mort en rappelant que dans les pays où elle est mise en place, la criminalité n’est pas la plus faible (et que dans les pays où elle a été retirée la criminalité n’a pas forcément augmenté – je nuance mon propos puisque les statistiques faites à ce sujet sont assez dures à analyser). Le rôle dissuasif de la peine de mort n’y est donc pas tellement valable (il n’a pas été évoqué dans ce topic mais c’est un argument qui revient souvent sur ce sujet).
Léoshka a écrit:
Imaginons qu'un homme/femme quelconque assassine ta fille, ta mère ou ton meilleur ami. Qu'aurais-tu envie de faire? Te venger. Et c'est parfaitement humain. Et quand tu te seras venger, pas de remords, tu n'auras peut-être pas ramener la personne morte à la vie en faisant cela mais tu sauras que le meurtrier a payé ses actes. Et c'est ce qui compte. Et là, tu auras vengé un proche, donc aucun remord. Et je pense que c'est normal, parce qu'avoir des remords après ça, je pense que c'est ne pas aimer sa fille ou son meilleur ami.
Si tu as vu le film dont est extrait mon avatar (
12 hommes en colère), tu peux te douter de mon point de vue sur la peine de mort. Promis, c’était pas fait exprès.
Pour le coup, je vais peut-être être dure mais sache qu’il n’y a pas de méchanceté derrière. Seulement, ne fais pas de ton cas une généralité. Ce n’est pas parce que, toi, tu réagirais comme cela que tout le monde le ferait (j'ai presque envie de rajouter : encore heureux :p).
Face au meurtre de quelqu’un, il y a presque autant de réactions que de personnes différentes. Certaines personnes auront même peut-être le besoin de rencontrer le meurtrier pour essayer de « comprendre ». Le sentiment de vengeance ne s’éveillera pas chez tout le monde, la colère voire la haine peut-être oui. Mais une haine raisonnée. Certains trouveront même que vouloir tuer ce meurtrier serait s’abaisser à son niveau. On ne sait pas comment on réagirait face à de tels événements. Alors dire qu’avoir des remords si le meurtrier est tué signifie que l’on n’aime pas réellement la personne morte, non. Mille fois non. Ce sont juste des gens qui ne pensent pas comme toi et ne réagissent pas comme toi.
Accessoirement, ça peut-être aussi une volonté de la victime. Si je viens à mourir, je ne voudrais à aucun instant que l’on me venge (j’aurais en revanche envie que justice soit faite – SANS peine de mort). Au contraire, ça serait ne pas respecter ma mémoire (huhu) que de faire quelque chose pour lequel j’ai toujours (ou presque) été contre… Alors tu vois, ce n’est pas aussi évident que cela.
Enfin une question se pose : à partir de quand doit-on juger une peine de mort ? Un meurtre ? Un meurtre accompagné d’un viol ? Que les pédophiles ? Un viol tout court ? Un meurtre prémédité ?
Qui sommes-nous pour juger de cette échelle de valeurs ? Quels critères ? D’ailleurs, on peut se dire que ce qui vaudra la mort aujourd’hui ne sera pas la même chose que demain car la morale évolue avec le temps…
Bon je finis juste avec une petite chose : tu ne peux pas éviter tous les risques, notamment avec des propositions drastiques. En revanche, tu peux chercher à les minimiser ce qui te permet d’éviter de restreindre les libertés de la population. Déjà, ça, je pense que ça séduirait un peu plus les gens…