Bon, ça y est, j’ai fini Bleach !
J’ai commencé ma toute première lecture du manga en achetant le tome 74. Oui oui, le dernier tome. Evidemment, je n’ai pas compris grand-chose. Et c’est en regardant par la suite des épisodes que l’algorithme Youtube me proposait sans aucun respect de l’ordre chronologique que j’ai décidé de m’y mettre sérieusement, en reprenant les scans à zéro dès le départ, d’une manière plus ‘‘conventionnelle’’. Ce qui a piqué ma curiosité dans l’animé, c’est clairement le cas Aizen : un antagoniste suffisant comme en connait beaucoup mais son sang-froid et son pouvoir valaient le coup d’œil (façon de parler… je ne dirais pas que j’ai été manipulé mais juste séduit). Secondairement, c’est aussi le système militaire du Gotei 13 avec ses capitaines tous plus ou moins charismatiques et leur vice-capitaine qui promettaient de remuer un peu l’ordre établi, pris par des dilemmes quasi cornéliens. Le vieux Yama, lui, m’apparaissait très intriguant mais trop discret, trop sur la réserve malgré un pouvoir monstrueux et une sagesse semble-t-elle relative à son âge. Et vraiment en dernier, Ichigo et sa bande d’amis venus du monde humain (Ishida, Chad, Orihime) avec lesquels j’ai moins accroché en prime abord, peut-être parce que j’avais du mal à cerner leurs motivations personnelles – au-delà de l’objectif commun de sauver Rukia – c’est-à-dire que je ne pigeais pas trop ce qui les faisaient marcher, au fond, à quoi ils aspiraient individuellement. Avant de donner mon avis sur le manga il faut rappeler le contexte dans lequel on m’a vendu Bleach – ou plutôt la vague de déception et d’écœurement sur la toile qui a suivie la fin du manga l’année dernière. Les mots étaient très forts, si forts que j’avais envie de vérifier par moi-même, sans toutefois me dispenser de prendre quelques précautions, c’est-à-dire m’autoriser quelques spoils par-ci par-là, même si ça peut paraître scandaleux et irrespectueux pour l’œuvre et le plaisir de la découverte au final ça ne m’a en rien gâché l’aventure Bleach.
À partir de là ça spoile un peu plus. Le début m’a frappé par l’humour bon enfant et très rafraîchissant autour des scènes de vie d’Ichigo à la maison ce qui m’a assez vite réconcilié avec le personnage. La première rencontre avec Rukia, et ce qu’elle signifiait (transmission de pouvoir, accès à un nouvel univers, etc), m’a clairement hypé, mais ce qui m’enthousiasmait le plus, c’était l’exploration psychologique et affective de la relation entre une vraie Shinigami et un Shinigami de substitution, une sorte de hafu, métissage hors du commun certes, mais à l'origine un personnage qui allait devoir gérer sa double identité. Alors je me disais : qu’est-ce que ça peut bien donner, qu’est-ce que cette relation allait bien apporter l’un pour l’autre ?... Maintenant que je connais le fin mot de l’histoire, je suis pour le moins déçu. L’idée pour moi ce n’était pas de savoir avec qui Rukia allait finir par avoir un gosse (Renji n’est pas une réponse totalement incohérente), mais c’est l’échange et le chemin parcouru avec Ichiqo que j’ai trouvé globalement assez pauvres. Par rapport au questionnement sur l’identité, ce n’est pas tant Rukia qui a nourri les recherches d’Ichigo, mais davantage les Vizards chez qui il a été adopté à l’insu de son plein gré et quelques miettes lors de l’affrontement final avec Yhwach. Donc ce n’était plus une ni deux ni trois, mais quatre facettes qui colorent ce héros. Comme je l’ai déjà dit, les histoires de filiation ne m’intéressent guère donc papa et maman, exit pour moi. (Pourquoi un héros orphelin ne peut-il pas rester orphelin ?!) Ce qui m’intéresse, c’est surtout la manière dont le personnage va s’approprier au fil de ses expériences les différentes facettes de son identité qui deviennent tantôt des masques, des atouts offensifs et des fardeaux, là est le vrai défi à mon sens ; trouver un moyen de les incarner sans en trahirleurs origines leurs vraies natures. La part d’ombre que constitue la part Hollow et le costume de Shinigami qui implique devoir et soumission à un système patriarcal ont été les plus creusés, et bien heureusement. Le simple humain, en comparaison, devenait assez vite ennuyeux. Concernant la part Quincy révélée sur la tard, j’ai eu l’impression que Kubo ne faisait que coller l’étiquette « Quincy » sur le front de Zangetsu. Pour moi, totalement dispensable. J’ai adoré les échanges entre Ichigo et Zangetsu dans cette dimension parallèle et onirique, d’une beauté et d’une simplicité qui m’ont beaucoup ému, et j’ai trouvé dommage qu’on greffe la mère Quincy dans cette affaire. Pour finir sur Ichigo et son identité, on ne peut pas ignorer le rôle d’Urahara qui, très vite introduit comme une sorte de mentor loufoque qui ne s’assume qu’à moitié, a surtout joué le rôle de médiateur entre les différents univers et personnages improbables avec qui Ichigo a bien malgré lui composé. En un sens, par son omniprésence dans les coulisses des trois mondes, il m’est apparu assez rapidement aussi terrifiant qu’un Aizen. Et c’est assez triste de constater que ces deux personnages-clefs (littéralement) ont bénéficié d’un traitement pour le moins risible dans les derniers chapitres. L’un planqué dans les sous-sols, l’autre probablement dans sa boutique de bonbons… Je n’en reviens toujours pas.
Ce que j’ai vraiment aimé dans ce manga : l’humour, mais surtout le dessin de Kubo lors des combats avec des Bankai qui donnent toujours des frissons – surtout quand on découvre le style graphique des Bankai améliorés. Oui, pas mal de capitaines exilés ou non sont passés à la trappe et n’ont pas eu le droit à leur moment de gloire... Toujours un petit pincement au cœur pour Unohana, dont la dernière apparition a été un véritable ascenseur émotionnel lors de son combat avec Zaraki. Et puis bizarrement, Byakuya, qui était au début au centre de toutes les préoccupations, s’éclipsent totalement dans l’arc final et ne m’impressionne plus du tout. Quel dommage. Concernant l’arc final, les Sternritters increvables m’ont bien plu même si le name-dropping a rendu certains totalement invisibles et inutiles. L’alliance entre Arrancars, Vizards et Shinigamis avait quelque chose de franchement revigorant (même si du côté Arrancars on déplorera l’absence voire la totale indifférence autour du cas Haribel.. un troll ? ^^).
Ce que je n’ai pas du tout apprécié : - La séquence avec les Fullbringers. J’suis passé totalement à côté. Par comparaison, j'ai adoré les Arrancars. - Les évolutions respectives et inexistantes d’Orohime et de Chad. Sont restés les mêmes du début à la fin à part un power-up minime en milieu de route. Wow. - La fin tragique de Yama. Je pensais qu’il y aurait plus à dire à son sujet après sa mort. Mais visiblement, même après 1000 ans de règne, pas de place au deuil en temps de guerre : on pratique la chaise musicale à la Soul society avec une déconcertante facilité. - L’impression constante de rush lors de l’arc final. On sent à chaque page que Kubo se précipite pour conclure tant de choses qui auraient mérité un développement soit plus approfondi soit plus équilibré.
|