Chapitre vraiment très, très intéressant, tant pour le développement de l'intrigue de Dressrosa que celui du Nouveau Monde.
D'abord, nous avons la mini-aventure, qui dure et dure et dure. Cela devient un petit peu ennuyeux à la longue. Mais passons.
Ce cher Bartolomeo rejoint donc le fan-club des groupies absolues de Luffy, au même titre que Hancock. Ses délires d'adoration envers le Chapeau de Paille sont extrêmement fun à regarder, notamment ses moments de timidités en face de son idole. Je trouve très bien joué de la part d'Oda d'avoir alloué ce rôle à un personnage aussi abominablement taré que Barto, qui n'a pas (jusque-là) de passé douloureux à la Hancock pour justifier ses actions. Cela crée beaucoup de surprise en même temps qu'un bon contraste avec la nature chaleureuse de Luffy (même s'ils se rejoignent du côté des enfantillages).
A présent, passons aux choses sérieuses. Jusqu'à maintenant, au-delà de l'aspect tournoi et représentation à échelle réduite du macrocosme qu'est le Nouveau Monde, j'avoue à ma grande honte que j'avais du mal à saisir la pertinence du Colisée sur le long terme. Désormais, tout est clair comme de l'eau de roche, et il ne s'agit ni plus ni moins que d'une étape indispensable qui sert à positionner Luffy sur le grand échiquier pirate du NM. Dans la première partie de Grandline, Luffy a principalement reçu la gratitude d'îles entières, comme Water Seven ou Alabasta, ce qui lui offre un soutien plus politique que concret (qui pourra cependant le devenir lors de la Rêverie) et avait forgé un antagonisme fort avec le Gouvernement et ses agents principalement. Le Nouveau Monde, lui, est un univers contrôlé de manière quasi-exclusive par les pirates, dont l'influence est incarnée par les Yonko. Cet univers encore inconnu, Luffy l'avait déjà investi, mais de manière légère et indirecte, de part son alliance avec Law et son opposition à Big Mom. Ici, au Colisée, là où toutes les canailles du NM sont rassemblées, il est en plein dedans, et peut ainsi commencer la conquête de la troisième partie de l'aspect Gloire du titre de Seigneur des Pirates : il s'est déjà fait reconnaître par le peuple, par le Gouvernement Mondial, il ne reste plus qu'à se faire reconnaître par les pirates du NM en tant qu'héritier légitime de Gold Roger, et le changement de position de Chinjao, qui rappelons-le ne croyait pas en la nouvelle génération, vient sans aucun doute commencer le processus. Luffy est là pour forger des alliances à la manière d'un Barbe Blanche et cimenter des antagonismes, mais uniquement avec des pirates cette fois. Chinjao est un premier allié déclaré, car il dit bien vouloir mettre la Happou Navy à son service. Quant à Bartolomeo, si certains le voient entrer dans l'équipage, je le vois plus rejoindre cette catégorie. Après tout, il est déjà à la tête de son propre équipage, et je pense qu'il sera plus à l'aise et plus en étant inconditionnellement sous les ordres de Luffy plutôt que dans l'équipage. Après, pour ce qui est des ennemis, nous avons déjà Cavendish, même si son traitement léger et burlesque me fait pencher pour un retournement de veste de sa part, et bien entendu, Barbe Noire. Ce dernier semble être en tractation avec Kuzan (l'ancien amiral n'a donc pas qu'un pied dans l'underground, il y est jusqu'au cou!). Au vu de leurs passifs respectifs, et du fait que nous n'ayons aucune informations concernant les activités de Kuzan dans la pègre, je ne sais vraiment pas de quoi il pourrait s'agir. Un commerce de fruits du démon? Un accord de coopération ? (BN mentionne Shyruu en disant qu'au fond, Aokiji est pareil). Les paris sont ouverts. Encore une chose, dans cette petite parenthèse, Oda se paie même le luxe de nous gratifier d'une conversation entre Barbe Noire et Luffy, ce qui est très surprenant. L'échange est cours, et on y apprend surtout que BN veut donner le fruit de Ace à Burgess. Bien entendu, le Chapeau de Paille lui assure qu'il n'aura jamais le pouvoir d'Ace, mettant une opposition claire entre les deux protagonistes.
Finalement, la dernière partie du chapitre est centrée sur Rebecca, qui tente d'assassiner Luffy avec l'aide de ses compagnons d'infortune afin de se débarrasser de lui pour atteindre le Mera Mera, mais elle se révèle trop faible et échoue. On nous révèle alors une partie de son histoire : elle fait partie d'un groupe de gladiateurs retenus prisonniers (sacrément amochés d'ailleurs), condamnés à se battre jusqu'à la mort pour s'être opposé à Dofllamingo, le seuil des 1000 victoires étant bien sûr absurde et uniquement posé pour donner un infime espoir aux combattants et d'éviter ainsi qu'ils ne suicident purement et simplement dans l'arène. Avec le pouvoir du Mera Mera, ces pauvres bougres espéraient que Rebecca serait capable, dans cette grande révolution, de détruire Doflamingo et de tous les libérer. On en apprend d'ailleurs un peu plus sur sa relation avec le Soldat-jouet, qui semble être plutôt une filiale qu'amoureuse. Elle le connait depuis toute petite, et il l'a toujours protégée, lui racontant sans doute à cette occasion tout ce que le reste de Dressrosa a oublié (cela rejoint la thématique du monde de l'enfance, avec la figure du jouet "protecteur" auquel l'enfant s'accroche, se disant qu'il le préservera du danger). Deux questions sont donc résolues : non, Rebecca n'est pas hors de l'influence de la perte de mémoire, elle a tout simplement tout réappris, et la raison pour laquelle elle a dit au Soldat-jouet qu'ils pourraient à nouveau être réunis lorsqu'elle aurait gagné voulait simplement dire que, pour l'instant, elle n'était physiquement pas capable de le rejoindre, étant prisonnière du Colisée. Deux grandes questions restent cependant.
La première concerne le devenir du Mera Mera. Pour l'instant, Luffy a de bonnes chances de l'obtenir, car même Bartolomeo est de son côté, mais s'il l'obtient, qu'adviendra-t-il de ce fruit? Trois options: A. Luffy le conservera en tant que mémento de son frère, B. Il le donnera à un membre de son équipage, C. Il le donnera à Rebecca. Je dois avouer qu'après les deux dernières pages, je penche fortement pour l'option C, car elle me semble être une candidate avec de très bonnes qualifications, et sa volonté de vouloir protéger ceux qui lui sont chers fait écho à l'ultime action de Ace qui donna sa vie pour préserver son frère. Bien entendu, reste la possibilité de l'option D, c'est-à-dire un twist magistral où le Mera Mera sera mangé par une personne totalement random. Encore une fois, on peut lancer les paris.
La seconde question est bien entendu celle qui est posée depuis l'arrivée sur l'île : Pourquoi ? Pourquoi Doflamingo a-t-il fait tout cela à ce royaume ? Pourquoi les jouets s'il peut se débarrasser de ses opposants en les faisant se battre à mort ? Pourquoi les combats à mort, s'il a la possibilité de les transformer en jouets ? L'idée est peut-être d'intégrer le divertissement dans chacun des aspects de la vie des habitants, mais ce n'est une réponse pas assez satisfaisante à mon goût. Il y a autre chose, j'en mettrais ma main à couper, mais quoi ? Je crois personnellement que la piste à creuser réside dans la dualité du personnage de Doflamingo, accentué et soulignée par les derniers événements, sa personnalité semblant être faite à la fois de pragmatisme et de rêve. Comme le dit un gladiateur, sous son règne, Dressrosa est devenu un pays où la lumière et les ténèbres se côtoyaient de manière extrême, un pays visiblement très chaleureux, mais dont la face cachée est horriblement sinistre : d'un côté les jouets, les divertissements et le bonheur, de l'autre le sang, l'underground, la tristesse et l'oubli. Peut-être que c'est justement la personnalité de Doflamingo, faite apparemment d'éléments contradictoires, qui a crée ce monde dichotomique. Tyran pour les uns, Roi merveilleux pour les autres, un pirate rejetant les rêves qui veut devenir Seigneur des Pirates.
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