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 Sujet du message: [Nouvelles] Recueil d'histoires farfelues
MessagePosté: Ven 29 Mai 2009 18:35 
225 000 000 Berrys

Inscription: 08 Oct 2006
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Depuis quelque temps, je suis tenté par l’idée d’écrire des petites nouvelles sans prétention. Aujourd’hui, j’ai décidé d’appliquer mon idée première, et me suis jeté à l’eau. Voici donc une première nouvelle, que j’ai rendue volontairement ou non incompréhensible. J’espère pouvoir en écrire d’autres.

L’antimélodie

— Alors qu’en penses-tu ?
C. ne répondit pas tout de suite à la question. Assis dans son fauteuil de cuir noir, il se frotta quatre secondes le menton d’un air perplexe.
— Il faut que tu comprennes que les faits sont tels que je les ai vécus, reprit calmement le narrateur. Je ne porte aucun jugement sur l’injustice qui m’a frappé.
— Tu te contredis tout seul, releva C., pervers.
— Ce n’est qu’une œuvre de fiction, mon cher, et toute ressemblance avec quiconque de la vie vraie ne serait que purement fortuite.
— Le blabla habituel des hypocrites carnivores de ton genre. J’y suis immunisé.
F., puisqu’il faut bien le nommer, secoua la tête de droite à gauche, un sourire narquois pendu aux lèvres.
— Tu ne comprends pas.
— Je pense que j’y réfléchirai. Je te donnerai après une réponse finale.

Les lignes commençaient à s’amasser en tas. Un texte s’était maintenant mis à jour sous l’œil concerné de Lane, un furieux journaliste underground qui n’avait d’intérêt que pour la seule Vérité, celle des tribunaux, celle avec un V majuscule. Cacheté, fermé, le texte fut bientôt envoyé dans sa version la plus démesurée. Lane venait de passer son foutu samedi après-midi à apporter les dernières corrections à son article pompeux et, du coup, inintéressant au possible. Malgré tout, parce que c’était là la marque des Grands, Lane éprouvait un sentiment tout entier de fierté extatique. L’enveloppe s’effaça dans la boite aux lettres de ce salaud de monsieur M. Plus tard, Lane tira en quatrième vitesse une cigarette de sa poche intérieure, l’alluma docilement, et en aspira deux bouffées qu’il régurgita aussitôt. Comme la fumée lui revint capricieusement sur le visage, il toussa.
Dans les jours qui suivirent ce minime incident, Lane reçut à la volée un coup de fil sorti de nulle part. De l’autre côté du combiné, monsieur M. parlait d’une voix pourpre que, malheureusement, le téléphone déformait à tout va. Lane était installé confortablement (ou plutôt impertinemment) sur sa chaise-quatre-pieds-hauteur-bar, en train de siroter avec entrain un cocktail monotone saveur vanille. Chez monsieur M., en revanche, la Terre tournait rond. Cigare en coin, il tenait un manuscrit pas foncièrement épais mais, on le sentait, dont le contenu était sujet à discorde. Il grinça des dents.
— Lane ?
— Lui-même.
Etant donné que Lane appréciait parler de Lane à la troisième personne du singulier, ce privilège lui a été accordé tout naturellement dans les lignes qui suivent. Il n’y a guère d’inconvénient à cela, et, de plus, le récit ne s’en trouvera que fluidifié comme on n’aura pas à se soucier des pensées de Lane.
— C’est à propos de votre article.
— Il y a passé du temps. Il espère qu’il vous convient.
— Passez donc dans mon bureau. Ce soir, 18h.
Lane raccrocha. Bon sang, mais que pouvait bien lui vouloir cet escroc de monsieur M. à une heure pourtant si banale de la journée ? Si le narrateur de cette histoire avait été omniscient, c’est sans doute ce qu’il aurait fait dire à son héros. Lane reprit son cocktail en main et en but une gorgée profonde. Il se leva et se dirigea diligemment vers un fauteuil adossé au mur sud de son antre. Il s’y cala, et attendit.
Jamais, depuis sa naissance, Lane n’avait été confronté à quelque situation qu’il ne comprenait pas. Et il aurait été, gageons-le, fort surpris s’il avait su déjà ce que ce crétin de monsieur M. avait à lui dire. A défaut, la surprise ne vint qu’un peu plus tard. Lane avait pour principe de n’être en retard que quand il en avait vraiment envie ; or ce jour-là précisément, par un hasard iconoclaste, il en avait vraiment envie. Ce fut en conséquence avec une logique tout à fait sincère que Lane se pointa nonchalamment dans le bureau de monsieur M. avec un retard purement décidé, purement voulu, comme un fait exprès.
— Vous êtes en retard.
Monsieur M. avait constamment cette sale habitude de constater des banalités que tout un chacun savait déjà. Sans blague, Lane savait bien qu’il était en retard puisqu’il l’avait décidé ainsi. Mais, tout de même, attention, monsieur M. n’était pas idiot – oh, non ! –, sa manie de faire constater des banalités était une façon bien à lui d’être sarcastique. Ce qu’il aimait par dessus tout, toujours, c’était d’observer cette lueur de culpabilité dans l’expression déconfite et confondue de ses interlocuteurs.
— Sans rire ? s’enquit Lane, rancunier quelque peu.
— Ne soyez pas si sarcastique. Prenez une chaise.
— A qui le dîtes-vous ?
Lane prit une chaise et – pendant un très court instant à peine perceptible – arrêta d’être sarcastique. Il regarda le plafond et vit que cet imbécile de monsieur M. avait accroché là-haut un lustre vieux de plusieurs lustres.
— Que vouliez-vous donc dire à Lane pour le faire venir en une soirée si douce ?
— Je vous l’ai dit, c’est à propos de votre article.
— Il ne vous plait pas ?
— Au contraire, et vous le savez déjà. Mais après impression, votre impression, j’ai vu que vous n’aviez pas suivi mes recommandations. La dernière phrase en particulier n’a, semble-t-il, pas été supprimée. Pire, elle n’a pas été supprimée.
— Un oubli désastreux. Il vous présente ses plus vives excuses.
— Ne croyez pas vous en tirer avec des excuses que, jamais, vous n’avez pensées. Supprimez-moi cette dernière phrase, avant que ces satanés journaux ne soient lâchés dans la nature.
A ce moment-là, Lane fut surpris.
— Lane est surpris. Les journaux seront distribués demain. Vous ne songez quand même pas à…
— Supprimez-moi cette ligne, qu’on n’en parle plus. Voyez, tous les exemplaires sont là. Bon courage.
— C’est insensé !
— Une erreur se paie toujours, toujours, toujours. Sachez-le. Non, vous devriez le savoir.
— Mais cette phrase n’est choquante en rien. De plus, il se permet de vous dire… non, il vous dit que cette phrase ne fait que résumer ce qu’il a écrit tout le long.
— Ce n’est pas vous qui êtes exposé mais ma personne. Une doléance, et je suis bon pour un procès. Et cette dernière phrase, mon garçon, constitue une preuve irrécusable de votre culpabilité ; et donc de la mienne.
— Le reste de l’article, que vous avez au demeurant accepté, ne constitue donc pas une preuve tout aussi irrécusable ?
— Nom de Dieu, Lane, cessez immédiatement ce manège affectif !
— Nom de Dieu ?
— Je parle au nom de Dieu.
— Vous jurez au nom de Dieu. Ce n’est pas correct.
— Assez ! Quoiqu’il en soit, vous allez me supprimer fissa cette dernière phrase, nom de nom !
— L’article n’aurait plus aucun sens.
— Est-ce ma faute ?
— Ça l’est, bien entendu. La censure est l’arme des faibles. Vous êtes sur la défensive parce que vous doutez.
— J’en doute.
Lane savoura jusqu’à la dernière goutte la dernière réplique de ce congénital tordu de monsieur M. Il venait assurément de remporter une première bataille. Sans rire. Il ne fallait pas se moquer si ouvertement de Lane sans une réaction immédiate de Lane. Monsieur M. passa rapidement une de ses mains sur le coin gauche de son bureau ovale, et, ce faisant, il attrapa avec dextérité, mais au ralenti, une petite boite argentée. Monsieur M. aimait jouer sur le suspense, une musique acidulée accompagnant de préférence tous ses faits et gestes. Il ouvrit la boite argentée après l’avoir tripotée un instant – oh, un très court instant, rassurez-vous. Il en profita pour prendre un long cigare de plusieurs centimètres, puis, dans un mouvement circulaire et tout d’oligarchie sertie, il l’alluma. Monsieur M. fit mine de tendre la jolie boite argentée à Lane, mais celui-ci repoussa son offre d’instinct. Monsieur M. croisa les jambes sous son bureau avant de tirer une large bouffée de fumée. Il toussa.
— Voyez-vous, mon cher, lorsqu’on est arrivé au pouvoir comme moi, une des règles d’or est de ne jamais, jamais, jamais prendre de risque, aussi infime soit-il. Je regrette, mais vous devez supprimer cette maudite dernière ligne.
— Vous n’allez certainement pas vous en tirer avec des regrets que, jamais, vous n’avez pensés.
Comme monsieur M. eut l’intelligence sommaire de ne pas répondre à sa provocation, Lane poursuivit sa prise de parole en ces termes :
— Vous parliez de votre accession au pouvoir. Il peut comprendre votre position là-dessus. Après tout, vous n’avez été qu’un instrument de rechange en temps de crise…
— Arrêtez tout de suite votre…
— Ce que vous faites est, certes, compatible avec vos droits despotiques. Grand Dieu, Lane ne le nie pas. Mais comprenez, vil monsieur, que la peur qui gouverne vos actes est, à tout le moins, d’un ridicule exacerbé.
— Des cas de plaintes ont déjà été observés ailleurs. Ce ne serait pas la première fois, loin s’en faut.
— Dans ce monde, il n’est aucun cas qui n’ait déjà été observé ailleurs, monsieur M. Seulement, si la phobie de l’action devait contraindre chacun à prôner la prévention, ce monde irait au devant d’une léthargie que nul – j’insiste, je dis bien nul – ne pourrait soigner.
Lane, dans un élan morbide de prouver la bonne tenue de ses dires, venait pour la première fois de parler de lui-même à la première personne du singulier. Monsieur M. ne manqua pas de relever ce fait d’importance, témoignage tacite du trouble intérieur de son vis-à-vis. Il en profita pour attaquer davantage la blessure entrouverte.
— Ce que vous n’appréciez pas, mon cher, ce n’est pas tant la censure en elle-même que le mal qu’elle peut causer – qu’elle cause – à votre ego surdimensionné.
Lane balaya la salle d’un regard oblique. Il sourit imperceptiblement.
— Il est vrai que mon ego peut jouer un rôle d’une ampleur plus ou moins grande dans cette affaire. Mais vous essayez de combattre mes arguments par du chantage psychologique. Ce n’est pas correct de votre part cette rhétorique à vomir.
— Vous vous croyez meilleur que moi ? L’arme que vous utilisez n’est-elle pas, elle aussi, appelée rhétorique.
— La rhétorique est l’art de l’éloquence. Vous êtes dans le juste. Mais ma rhétorique est différente de la vôtre, parce que, infâme monsieur, vous et moi, nous n’avons pas les mêmes objectifs.
La discussion n’aurait sûrement pas évolué si, à ce moment-là, Lane n’avait pas remarqué une chose de première portée. Refusant de se laisser enliser dans le torrent constricteur mis en place par ce détestable monsieur M., Lane se leva comme un seul homme.
— J’y pense ! Que vous êtes fourbe, monsieur M. Nom d’un chien !
— Qu’avez-vous donc à gesticuler soudain de cette manière si désinvolte ?
— Ce que vous cherchez à faire, ce que vous faites, ce n’est guère une censure de coutume. Non, vous voulez me briser, mettre un terme à ma suprême carrière de journaliste. Votre peur est bien plus immense que tout ce que je pouvais imaginer. Mon Dieu, vous avez peur que je prenne votre place !
— Pures calomnies !
— Vous vous demandez peut-être ce qui me fait croire ça, foutu monsieur M. ? Eh bien, ce qui me fait croire ça, foutu monsieur M., c’est que cette satanée dernière phrase que vous cherchez à tout prix à me faire enlever est déjà connue de tous, nom d’un chien !
Silence. Monsieur M. resta interdit un petit moment. Puis, comprenant ce que Lane voulait signifier par sa dernière assertion, il dit :
— Le support numérique de votre article ne constitue pas une preuve irrécusable, si c’est ce dont vous vouliez parler. Le support numérique peut être trafiqué avec une déconcertante facilité. Le support écrit, lui, constitue une preuve que nous ne pouvons, bien malheureusement, réfuter. Ne discutons plus. Ne perdons plus notre temps inutilement. Vous n’avez pas le choix de toute façon. Supprimez-moi cette dernière phrase. Les exemplaires imprimés à cause d’une vilaine erreur de votre part se trouvent juste à votre droite. Bon courage, et bonne soirée malgré tout.
Lane comprit que par ce repli, monsieur M. venait de communiquer deux choses : premièrement, il venait de capituler sous le bon sens de Lane, et, deuxièmement, il venait indubitablement de faire état de sa tyrannie non élective. Secouant la tête, Lane capitula à son tour. Il s’apprêtait à partir, lorsqu’une dernière idée sarcastique lui vint à l’esprit. Une grosse pile de journaux sous les bras, il lança :
— Bien le bonsoir, cher monsieur M. Lane s’en va acheter, avant la fermeture des magasins, une demi tonne de marqueurs noirs afin d’accomplir votre dessein.
— Prenez plutôt de la gouache, mon ami, cela vous reviendra certainement moins cher.
Entendant ce qu’il voulait entendre, Lane esquissa un mystérieux sourire, et s’évapora dans la nuit.

Cette histoire vous a été présentée dans sa nue la plus stricte. Je ne saurais lui porter un quelconque jugement. Voyez-vous, le narrateur écrit son récit de la façon qu’il le souhaite, mais, cependant, son écriture sera toujours altérée par son procès inconscient. C’est pourquoi, j’ai préconisé l’utilisation d’un narrateur auxiliaire dans mon entreprise pour éviter ce genre de contrainte.
— Tu ne m’as toujours pas répondu, dis-je. Alors qu’en penses-tu ?
— J’en pense que tu te fais trop d’idées, répondis-je. Tu es à la limite de la paranoïa, mon pauvre. Les faits que tu décris n’ont aucune chance, absolument aucune, de se produire dans la vie vraie.

FIN


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MessagePosté: Ven 29 Mai 2009 21:10 
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*tada tadadaaaaaaa* (roulement de tambours)

La personne que tu attendais le plus depuis que la création du Topic arrive !
Fête place !

Personnellement, je dis bien personnellement pour ne pas froisser certaines personnes qui auraient un avis contradictoire, j'ai trouvé ça excellent.

Déjà, le style. C'est très bien écrit, j'ai pris du plaisir à lire et j'ai même tout lu (alors que je zappe tous tes messages dans le fofo -rien ne mérite mon attention). Tu imposes ton style d'écriture, et il est agréable. Ton vocabulaire n'est ni trop grossier si trop relevé, juste de quoi faire comprendre seleniel et JCC à la fois ! Le surplus de dialogue ne m'a pas tellement dérangé, mais peut avoir des longueurs à certains moments... Je pense que tu aurais dû faire apparaitre un clown en plein milieu de la scène du bureau, histoire de mettre un peu de piment (ou alors un tigre blanc, c'est toi qui voit).

Pour l'histoire en elle-même, je pousse un gros ouf!: ce n'est pas Private Joke (à moins que le fauteuil en cuir ne fasse référence à... Noooon O__o). Tu ne pars pas dans de délires trop poussés à la Bobobobo, tout est très bien dosé. Petite déception par contre, le final aurait été très intéressant si tu avais mis la fameuse phrase qui aurait dû être censurée (pour créer une mise en abîme), l'histoire aurait pu prendre un tout autre sens.

Les personnages. Tu fixes toute ton attention sur le personnage Lane (pourquoi je pense à Smallville ? >O<), bien développé avec un caractère bien à lui. Le reste est assez "vide", peut être pour créer un suspence ?

Sinon, j'suis bien content d'avoir un concurrent en matière de délires, MDL se fait vieux ces derniers temps ^____^
Amène.

PS: Pas de cookies, pas de tigres blancs, pas de clowns... Tsss...

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MessagePosté: Mer 3 Juin 2009 13:51 
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Alors là, les mots me manque !
Ton récit m'a vraiment surprise, de par sa rédaction : je ne m'attendais pas du tout aux interventions du narrateur. Bien qu'un peu déroutant dans un premier temps, on finit par s'habituer à ce style d'écriture. Le vocabulaire et les jeux de mots relèvent l'intérêt sur l'histoire qui semble assez "simple" à la base.
En ce qui concerne le titre, je me demande ce que tu entend par "Antimélodie", c'est un mot plein de mystère qui colle bien avec le récit en lui-même.
Pour ce qui est de la rédaction en elle-même, je n'ai rien à redire. Tu écris vraiment bien et c'est toujours un plaisir de te lire.

Je suis curieuse de voir ce que tu pourrais nous écrire d'autre...

_________________
HAMM- Mais taisez-vous, taisez-vous, vous m'empêchez de dormir. Parlez plus bas. Si je dormais je ferais peut-être l'amour. J'irais dans les bois. Je verrais...le ciel, la terre. Je courrais. On me poursuivrait. Je m'enfuirais. Nature ! Il y a une goutte d'eau dans ma tête. Un coeur, un coeur dans ma tête. - Fin de Partie, Beckett


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MessagePosté: Mer 3 Juin 2009 18:00 
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Mais, mais, mais... mais j'adore.

Ce texte est une perle. Un moment de brio. Chaque ligne se délecte et sait se faire apprécier à sa juste valeur. Que ce soit prise individuellement ou dans leur globalité, les phrases font mouches. Et, je ne vois pas en quoi le texte est incompréhensible. Pour quelqu'un qui te lirait pour la première fois de sa vie, oui. Mais, ici, ce texte n'est lu que par des gens qui ont l'habitude de ta rhétorique, des gens qui savent, dans une certaine mesure, comment tu écris, quel trajet prennent les informations pour aller de ton esprit à la feuille de papier (de manière bien entendu, purement métaphorique). Ce qui fait, que ce texte se fait comprendre. Bien sur, ce n'est quand même pas d'une trivial évidence. Non, et il aurait été dommage que ça le soit. Il faut faire l'effort de rentrer dans le texte. Il faut faire l'effort de comprendre ce que tu as voulu dire.

Et, c'est par cet effort que le texte se révèle. Tout comme il faut casser l'os pour accéder la moelle. Et cette moelle laisse un tel gout que l'on ne veut pas que ça s'arrête. On veut continuer encore et encore ce récit sarcastique, ironique, philosophique, sombre, d'une troublante réalité. Tu as choisi la liberté d'expression pour ton premier essai. Une liberté d'expression que, encore plus sur un forum qui est anonyme, tu as. Une liberté expression que tu te plais à utiliser.

Tu viens donner un texte un rythme, par petites touches. Progressivement, tu nous oblige à nous poser des questions. Tout en douceur, noyé dans le sarcasme de tes deux personnages.

Pour moi, il y a vraiment un moment marquant dans le texte, c'est lorsque tu passes du il au je. C'est à ce moment que le texte prend toute son intensité. Jusqu'à présent, tu était presque étranger au deux personnages. Tu étais, le narrateur omniscient qui joue avec ses lecteurs. Tu sondais les pensées de Lane. Et, puis tu utilises le je. Ce qui donne au texte une nouvelle dimension. Plus profonde. C'est à ce moment que tu te lâches. Que, justement, le texte devient plus difficile à comprendre puisque tu pers cette distanciation que tu avais veillé à garder avec Lane.
Cette distanciation que tu tentes de remettre à la fin en faisant dire "Je ne saurais lui porter un quelconque jugement.". Et pourtant, le fait que Lane s'évapore dans la nuit est pour moi la preuve que tu étais entré en lui. Et que tu en es ressorti à ce moment là.

Je me rends compte que mon commentaire est assez décousu. Qu'importe.

PS : DD, je ne pense pas qu'il est pensé à Smallville pour créer son Lane.

And, I seem to understand


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MessagePosté: Sam 18 Juil 2009 15:33 
225 000 000 Berrys

Inscription: 08 Oct 2006
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J'aurais mis du temps à répondre à vos observations mais c'est parce que je voulais le faire tout en vous proposant une nouvelle histoire. ^^

Tout d'abord, je ne m'attendais pas à te voir ici, Donnie Darko ; ce fut une agréable surprise. Merci pour ton commentaire.
Lane ne vient pas de Smalville, et si on veut absolument lui donner une origine, il faudrait plus se pencher du côté de Salinger.
Sinon, par choix, je ne pouvais pas mettre la phrase censurée ; tout simplement parce que le propos ne se tenait pas là. Au fond, on s'en moque éperdument de savoir quelle phrase avait bien pu être supprimée. ^^

Par rapport à CelesT, le néologisme "antimélodie" est tout simple dans ce que j'ai voulu signifier. Et comme je n'ai pas envie de tout dire, je me contenterai de préciser que c'est dans la censure qu'il faut y chercher un sens, s'il y a bien un sens (parce que ça, c'est pas dit ! ^^)

Yoestar, ton commentaire de texte est énorme ! oO
Et je dois dire que tu n'es pas loin de la vérité, même s'il y a bien deux ou trois trucs qui sont déphasées comparées à ce que j'ai voulu dire. Mais après tout, c'est aussi ça le charme du truc. ^^

CelesT a écrit:
Je suis curieuse de voir ce que tu pourrais nous écrire d'autre...

Eh bien, en voici un exemple. Très légèrement plus long que la première nouvelle. ^^

eDeal (ou les ombres passagères)

C’est en tournant à la cinquième rue de l’avenue principale que je me rendis compte que j’étais suivie. Et ce n’était pas la première fois. Souvent, j’en ai eu la certitude, des ombres se tapissaient derrière moi, et se promenaient à mes côtés, guettant un moment de faiblesse pour m’assaillir. Je ressentais une certaine retenue cependant, comme si mes agresseurs avaient peur que je me persuade de leur existence en se montrant directement à moi. Je me suis alors pendant fort longtemps demandé pourquoi ils agissaient de la sorte ; et j’en suis intimement venue à l’idée qu’ils attendaient de moi que je commette un faux-pas, une imprudence pour me saisir sur le fait, j’en avais la sensation, une foi quasi obsessionnelle.
Il me restait encore deux ou trois choses à acheter avant de rentrer chez moi. J’étais, en ce jour, pressée de rentrer chez moi ; il m’était venu une idée pour me débarrasser définitivement de mes espions. Je pressai donc le mouvement. Et comme je tournai une rue plus loin, je vis adossé contre le mur un homme vieux et fripé, un mendiant serti d’une pancarte sur lequel était écrit : « J’ai faim. » Je pensai que moi aussi. Prise de compassion, je m’agenouillai devant le monsieur à l’air déprimé et lui dis que j’allais lui donner une ou deux pièces afin qu’il puisse calmer sa faim. Il ne daigna même pas lever la tête, il devait être bien faible. Mon cœur chavira. Jamais une si profonde empathie ne m’avait ainsi traversée. Les larmes aux yeux, je lui adressai un billet de dix euro ; mais le vent s’engouffrant au même instant, le billet s’envola et alla s’écraser contre un poteau, à quelques mètres de là. Gênée, je m’empressai de lui dire combien j’étais navrée ; mais il me répondit avec ferveur et reconnaissance : « Merci, mille merci. J’existe, merci. Je vais ramasser le billet. »
Ces trois phrases me transpercèrent. J’étais ailleurs. Ma félicité était démesurée, je n’avais jamais éprouvé de joie plus grande, et je me maudissais d’un tel sentiment parce que donner pour, en retour, recevoir une pareille joie, c’est, d’après moi, criminel. Confuse et honteuse, je fermai mon esprit à tout bonheur, je continuai mon chemin. Les ombres s’agitèrent encore, je n’y fis pas attention, j’avais appris à vivre avec elles, mais, je le savais aveuglément, je serais sûrement mieux sans elles. Je ne comprenais de toute façon pas pourquoi elles avaient le besoin immatériel de m’épier. Etait-ce un jeu ou une mission ? Par méchanceté ou par perversité, pourquoi étais-je dans leurs plans ? Je m’étais déjà soumise à plus d’une séance de torture dans l’espoir de répondre à ces interrogations. Mon âme ne s’était plus sentie en paix depuis qu’on me suivait.
Il y avait bien Martin ; lui, avait toujours été d’un caractère exécrable. Je suis certaine qu’il aurait pu me vouloir du mal. Martin était fermé sur lui-même, il ne communiquait jamais avec mes amis, il disait les trouver ennuyeux. Peut-être n’avait-il pas tort au fond, mais mes amis, je ne les voyais plus, je ne sus jamais pourquoi ; avais-je été mal à propos ? Luc était sardonique et mesquin, il prétendait avoir une aversion pour la vie depuis sa lecture tronquée de Chateaubriand. Luc était influençable, incapable de réfléchir par lui-même. Un pareil homme aurait-il été en mesure de décider de me nuire ? Ma conviction me dictait que non, et j’avais pleine confiance en ma conviction. Alors à supposer qu’un de mes proches m’ait cherché malheur, qui cela pouvait-il être ?
Je fus détournée de mon dialogue intérieur par un événement parasite. Tandis que j’arrivai à hauteur de la librairie, lieu de mon escale, un homme, un masque sur le visage, sortit tout à trac de la banque d’en face, grimpa dans une voiture qui passait là par hasard et s’en fut, cahin-caha. A ma surprise générale, nul n’avait bougé, abasourdi sans doute. Mais ici continuait la vie, et le temps, capricieux, se moquait bien du reste. Moi-même, je fis abstraction de ce fait divers ; mon dieu, me dis-je, quel spectacle ! J’en fus émerveillée. Je marchai le long des grands rayons, à la recherche du livre de mes convoitises, ce livre que j’avais projeté de lire voilà des siècles et que faute de… d’intérêt, je n’avais jamais lu. Une fois mon achat effectué, je sortis et repris l’avenue principale. Que le ciel était beau, d’un bleu si parfait ! Mais derrière, des nuages se levaient, je le sentais, je le présumais. J’étais seulement là.

Je pus enfin rentrer chez moi. Ce moment, je l’avais rêvé, et à ce moment, j’y étais. Je posai mes courses, nonchalante, dans un coin de ma cuisine et pénétrai dans le séjour. Sophie avait encore laissé traîner mille sottises sur le canapé et ailleurs, incorrigible Sophie ! Elle, je n’ai jamais su comment lui faire comprendre. Elle demeurait là, statique, s’évaporant à la volée, presque sur demande, je ne lui réclamais pas de loyer, je ne lui sollicitais nulle faveur ; oh, qu’elle était encombrante ! Et pourtant, je l’aimais ! Et pourtant, je l’aimais !
Je me rappelai avoir faim. Etait-ce un caprice ou un besoin ? Je me fis un sandwich, avec précaution, je me versai un petit verre de jus de raisin ; le jus de raisin est bon pour la santé à ce qu’on m’avait dit. Ainsi parée, je pouvais mettre en branle mon dessein. Je me dirigeai avec délectation vers mon ordinateur, je l’allumai. Je bus une gorgée du jus de raisin pendant que la machine se lançait. Je pris une bouchée du sandwich pendant qu’elle se connectait à internet. Internet, quelle invention ! Je visitai promptement quelques sites, je savais ce que je voulais, et personne n’aurait pu me détourner de mon but, pas même Sophie. Dieu sait pourtant que la voix de Sophie me portait, résonnait dans ma tête, que chacune de ses suggestions se répétait infailliblement tel un leitmotiv. C’était une obsession, et à tout avouer, Sophie me hantait comme jamais quiconque ne m’avait hanté.
Et enfin, je le vis, là, l’objet de mes désirs, ce que je voulais. Avec avidité je me jetai dessus, je parcourus les règles, je lisais avec passion ; et avec passion, j’acceptai tous les sacrifices. Le dialogue s’installa, je lui expliquai ma requête, je lui expliquai que j’étais suivie, que probablement on me voulait du mal. Instantanément il comprit, j’en fus bouleversée. Il me dit : « Sais-tu ce que cela implique ? » Je répondis : « Oui. » Le contrat sera exécuté lundi prochain à la première heure, m’avait-il soufflé. Je fus enveloppée d’une extase inouïe, je savais tout des conséquences, mais je n’en voyais que les bons côtés, je ne songeais pas du tout aux désastres que cette décision allait m’apporter, et je m’en moquais : seul comptait ma tranquillité.
Quel paradoxe ! J’en ai encore le vertige, à y réfléchir, j’en suis encore confondue. Un jour de pluie, je me promenais dans un jardin aux couleurs singulières, un monsieur donnait à manger aux oiseaux, des gens discutaient sur un banc, un enfant marchait un ballon gonflé à l’hélium à la main, partout la quiétude semblait de mise. Les fleurs envoyaient une odeur exquise, un parfum d’une senteur admirable, les papillons dansaient dans le ciel, et cette parade se prolongeait à n’en plus finir. C’était un jour de pluie. Des amis que je rencontrai par hasard me posèrent, au détour d’une conversation, une question étrange : « Aimes-tu la campagne ? » C’était troublant. En premier lieu, je n’ai jamais aimé la campagne, j’ai toujours préféré la compagnie, et ils le savaient bien. Qu’ils me posent une question si évidente, si tautologique, je n’en revenais pas. Aujourd’hui, un début de réponse s’est formé, mais rien n’est encore acquis.
Le lendemain, je me levai à la même heure qu’à l’accoutumé, je me brossai les dents, pris une douche glacée, me coiffai. Ce samedi, Sophie n’était pas là. Je lus machinalement une petite heure, je lus ce livre que je m’étais acheté la veille ; je trouvai cela somptueux, un chef-d’œuvre, c’était bien ce que c’était. M’étirant, je vis l’heure tourner, je fus prise de panique : j’allais être en retard. Je sortis de chez moi, je fermai la porte, je saluai mon voisin de palier. Bruno était fort sympathique, toujours aimable et serviable. Il portait sans cesse cette expression décontractée sur son visage, un beau visage, hypocrite, charmeur ; mais je devinais que sous ce masque de gentillesse se cachait un homme impavide. Bruno était discret, personne ne le voyait vraiment, il entrait et sortait de l’immeuble, il menait sa vie et ne dérangeait personne ; aux yeux de tous, Bruno était un être tout à fait correct.
Aussitôt dans l’avenue principale, je sentis des regards fondre sur moi. Je serrai les dents, me forçai à ne plus y penser, lundi tout serait terminé. Lundi, ces ombres seraient mortes, exécutées de plein droit par un contrat irrévocable. A cette réflexion, mon esprit glissait sur des sentiers impalpables, des sentiers emplis d’un bonheur complet : libre ! Plus je pensais à ce futur si proche, plus j’étais perdue de reconnaissance pour mon bienfaiteur. Peu à peu, un sentiment nouveau s’installa en moi, une passion dévorante, obsédante, une passion qui reléguait même Sophie au second plan. Mon élan fut brisé comme j’arrivai devant le café où l’on m’avait donné rendez-vous.
Je regardai ma montre, j’avais cinq minutes d’avance. Cependant Lisa était déjà assise à la table du fond, notre table habituelle, alors j’entrai. Elle me fit signe de la main, j’avançai. Je savais que Lisa prenait toujours la même chose que moi, je commandai donc pour toutes les deux, le serveur eut un geste bizarre, un geste d’étonnement infime. Il revint vite avec un plateau sur lequel étaient posés deux jus d’ananas. Je poussai l’un des deux verres en direction de Lisa. Le silence régnait souvent lorsque nous nous voyions, c’était un rituel. Je laissai couler les discussions des consommateurs avoisinants, j’écoutai leurs promesses, leurs anecdotes, leurs joies, leurs peines. Et soudain, je m’écriai : « Lundi, tout sera terminé ! » Lisa haussa les épaules, l’air triste. Elle me demanda : « Sophie n’est toujours pas rentrée ? » Elle ne rentrera sans doute pas avant lundi, lui répondis-je.
La journée se passa sans surprise, rien que la routine, sombre routine ! Les ombres m’observaient à chaque coin de rue, me narguaient avec malice. Je savais qu’elles n’avaient plus longtemps à vivre, j’étais gênée néanmoins par un fait qu’on ne pouvait négliger. Qui étaient ces ombres ? Pour retrouver le silence, une infinie liberté, j’étais prête à tout, encore que cet inconnu rendait l’équation compliquée. Mais j’avais pour principe qu’à équation compliquée, il ne fallait pas tenter de la résoudre. Dans l’ignorance, du moins on peut feindre l’innocence. Et ainsi, je me délestais de toute responsabilité ; et ce tracas, je le réprimai dès lors tout au fond de moi, caché, invisible. J’étais sereine, et bientôt, je le serais d’autant plus. A cette heure, j’en avais la conviction.
« Tout est en place. Le contrat sera exécuté dans les temps. » Quand je trouvai ce message, un frisson parcourut mon échine, un intense plaisir me traversa de part en part. J’éprouvai pour cet homme, mystérieux, indomptable, un sentiment inextricable, une admiration sans bornes. J’écrivis aussi vite que je le pus : « Je compte sur vous. » Et alors que je m’apprêtais à quitter la salle : « Il ne tiendra qu’à vous. » Immédiatement je compris tout, j’en fus anéantie. Et c’est morose que j’allai me coucher.
La sonnerie de mon réveil brisa tous mes rêves. Le soleil dardait ses premiers rayons contre ma fenêtre, je m’éveillai. Je sautai de mon lit, encore sous le poids de la révélation, en proie à une mélancolie intense. J’étais étourdie, je marchais mais je n’étais plus présente, j’étais ailleurs. Je fis du mieux que je le pouvais pour camoufler mon état – hélas, à qui ? Sophie n’était plus là. Après ma toilette, je sentis le besoin d’aller me promener. Je sortis de chez moi, aujourd’hui Bruno ne se montra pas. Je descendis les escaliers avec componction, je fus enfin dans la rue, puis dans l’avenue principale. Les ombres ne tardèrent pas à entrer dans la danse ; mais je n’en avais plus à m’en préoccuper désormais, et c’est l’esprit léger que je m’en fus.
Tous les magasins étaient naturellement fermés. Lorsque je levai la tête pour apprécier le ciel, il avait perdu de sa superbe, ce bleu parfait n’était plus. Je pris mon téléphone et composai le numéro. Quand il décrocha, il sut tout de suite ce que je voulais ; en pouvait-il être autrement ? Pour quelle autre raison pouvait-on appeler Richard ? A ma connaissance, je n’en voyais aucune. Heureusement, il me dit que je pouvais passer dans l’heure, je n’aurais pas à tuer le temps. Je traversai l’avenue principale et tournai à la sixième rue, je continuai. Dans une ruelle lugubre, où même en cette matinée, les ténèbres l’enveloppaient déjà, je m’arrêtai au 333. Richard m’ouvrit, me tendit un paquet protégé par une petite couverture cramoisie. Je lui tendis une liasse de billets. Echange de regards, nous nous faisions confiance. Il referma la porte.
Le dernier message de mon exécutant fut : « C’est au jardin Voltaire que j’attendrai mon dû. Lundi, 9h. » Je ne répondis pas. Je savais maintenant tout ce que cela signifiait, pour ainsi dire j’avais accepté la sentence, je n’en avais plus cure. J’étais déjà perdue, et je passai outre. Je me préparai un thé, je m’installai dans mon canapé, je pris le livre jamais lu, je le lus ; de cette manière, je le lus jusqu'à son terme. Et jusqu’à son terme, je fus saisie d’un épouvantable malaise. C’était merveilleux, ce malaise, ce livre, tout était merveilleux ; je me couchai, et dormis jusqu’au matin.
C’était un jour de Lune, un jour rêvé. Les nuages protégeaient le ciel comme une couverture, les rayons absinthes chantaient. Jardin Voltaire, ma destination ! Ce jour-là, je pris un petit-déjeuner, c’était une des rares fois où je mangeai à l’aube du jour. J’étais satisfaite, je m’habillai tout en noir. L’œuvre était déjà faite, à cette heure, elle devait déjà l’être. Je poussai la porte de mon appartement, pendant une seconde je crus apercevoir Sophie, mais son ombre s’évanouit aussitôt. Etait-ce une hallucination ou un fantasme ? Je descendis dans la rue, magnifique rue ! Je passai rapidement devant ces chantiers en ruine, devant ces gens chagrins. Je me jetai dans les transports en commun, je regardai ma montre : 8h45. Tic tac, le son inexorable m’envahit.
Dans ce jardin aux milles prodiges, je me tenais. Neuf heures sonnèrent, au loin la cloche annonçait neuf heures. J’étais apaisée, tout autour de moi, une incroyable mélodie. Je passai la main dans mon sac, en sortis le paquet à la couverture cramoisie, le défis. Un petit révolver se déroba. Je le saisis avec fermeté, le dirigeai contre ma tempe, et pressai la détente. Je pressai la détente et alors j’en fus convaincue, j’étais seulement là.

FIN


Dernière édition par EnOd le Lun 15 Fév 2010 01:19, édité 2 fois.

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MessagePosté: Jeu 23 Juil 2009 11:20 
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C'est encore un récit plein de surprises que tu nous offres là !
Que dire de ce texte à part les principaux qualificatifs mélioratifs qui me viennent en tête ?

Tout d'abord, l'intrigue de ton récit est très bien menée. On y découvre dans un premier temps une femme aux apparences normale, dôtée d'un bon coeur et qui a apparemment aucun problème. Mais, c'est quand la phrase "Je m’étais déjà soumise à plus d’une séance de torture dans l’espoir de répondre à ces interrogations" fait son apparition qu'on se dit que quelque chose cloche vraiment (enfin, c'est comme ça que je l'ai ressentit.). On suit donc avec interêt ses journées en attendant la chute. Encore une fois, tu as choisi de ne pas dévoiler le prénom et nom de ton protagoniste, ce qui ne dérange aucunement la trame de l'histoire ! Pour ma part, je pense que donner une identité à cette femme, aurait gâché un peu du mystère qui l'entoure !
De plus, derrière les actions banales et quotidienne ques tu décris, donc des actions qu'on pourrait qualifier de "normales", tu arrives à instaurer une atmosphère pesante, à l'image de ce qui en entoure ton protagoniste. Tu arrives a dérouter le lecteur qui est emporté dans tes mots. L'intégration d'autres personnage, qui eux, ont une identité renforce cette atmosphère et trouvent parfaitement leur place dans le récit.
Enfin, sur le plan de la rédaction, tu t'es encore très bien débrouillé. C'est du "made by EnOd" quoi ! Je vais me répéter sans aucun doute, mais ton récit est fluide et agréable à lire. Ton vocabulaire est varié de sorte que j'ai encore appris un nouveau mot aujourd'hui =). La rédaction à la première personne colle parfaitement avec ton histoire, tu es à l'aise et tu t'en sors très bien avec !

Pour ce qui est du titre, il est encore une fois bien déroutant. Je suis quand même restée quelques secondes dessus (avant de lire l'histoire), pour essayer d'en découvrir le sens. Mais, à la lecture de ton écrit, je trouve qu'il colle parfaitement. Si tu as des explications à me fournir concernant ce titre, n'hésite pas ! (j'aimerais bien aussi savoir où tu trouves tes titres ! Je trouve que c'est une des choses les plus compliquées à trouver !)


Donc, j'ai beaucoup appréciée ton récit. Il se démarque du précédent sans lui porter préjudice. Je dois avouer que je m'attendais à ce genre de chute, ton écrit m'a fait penser à un livre où l'histoire (enfin, c'est surtout la chute ressemble: le protagoniste organise également sa propre mort.). J'ai d'abord pensée qu'elle tuerait Sophie, mais au final c'est bien sur sa tempe qu'elle pose le revolver.
On dit jamais deux sans trois, peut-être pourrai-je espérer que ton imagination se remette de nouveau à l'oeuvre =).

_________________
HAMM- Mais taisez-vous, taisez-vous, vous m'empêchez de dormir. Parlez plus bas. Si je dormais je ferais peut-être l'amour. J'irais dans les bois. Je verrais...le ciel, la terre. Je courrais. On me poursuivrait. Je m'enfuirais. Nature ! Il y a une goutte d'eau dans ma tête. Un coeur, un coeur dans ma tête. - Fin de Partie, Beckett


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MessagePosté: Sam 25 Juil 2009 15:53 
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Merci pour ton super commentaire, CelesT !

A vrai dire, j’ai longtemps hésité à donner le prénom de l’héroïne à la toute fin du récit. Mais après réflexion, je me suis dit qu’il était beaucoup plus logique de laisser tout ça en l’état, avec cette seule dernière phrase. Sinon, j’avais à cœur d’écrire un texte purement du point de vue de la narratrice ; à ce titre, les autres personnages ne sont jamais décrits à outrance. C’était un choix car il ne fallait pas, selon moi, qu’on perde la fluidité du récit au détriment de trop de détails. Et ce que tu me dis me conforte assez dans ce choix je dois dire. ^^

Alors, pour les titres, je dois avouer que ce n’est pas une mince affaire. Pour les nouvelles, en général, je jette quelques idées par-ci par-là, et cherche un titre à partir de ces idées. Il m’est même arrivé de trouver un titre que je juge suffisamment bon pour justifier l’écriture d’un texte qui en découlerait. On pourrait dire que c’est, à chaque fois, une source d’amusement. Pour eDeal, j’avais le titre d’abord en tête, ensuite la dernière phrase du récit, et tout le reste est venu se greffer sur ces maigres bases. Le double sens de eDeal est bien sûr d’un côté, l’échange électronique, de l’autre la romance par internet ; d’ailleurs, je tiens à préciser que ce n’est ni une critique ni un plaidoyer.

Puis-je savoir de quel roman tu voulais parler ? Il pourrait peut-être m’intéresser si je ne l’ai pas encore lu. ^^
Pour cette nouvelle, à tout confesser, l’idée principale était d’écrire un texte qui pouvait s’expliquer par plusieurs scénarios différents.
Pour terminer, j’ai bien l’idée de la prochaine nouvelle mais pour l’instant, je ne sais pas encore comment la commencer. Je sais seulement le thème et la fin de l’histoire. ^^


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