Voilà un bon gros chapitre auquel je pensais depuis longtemp. Assez satisfait du résultat...
Chapitre 11 : Quels sont tes rêves ?
L’heure n’était évidemment plus aux explications. D’ailleurs, Cariaju doutait qu’une explication fut possible avec cet homme. Ils allaient devoir se battre. Mais L’homme lave était invincible, ou à tout-le-moins hors de leur portée. Dans une telle situation, la solution la plus logique était la fuite, mais ils se trouvaient sur un toit, à plus de vingt mètres de hauteur. Les seules issues étaient bloquées par des hommes aux pouvoirs monstrueux, ou plutôt des monstres à l’apparence humaine. Avec son cloud kendo, le vétéran avait peut-être une chance de passer, mais ses compagnons ne pourraient le suivre, et cela était hors de question. Il n’y avait donc aucun échappatoire, sinon mourir au sommet de cette tour. Le chef considéra cette option un instant. Mourir avant d’accomplir sa rédemption serait-il honorable ? Non, sans doute pas. D’autant qu’il était responsable des trois jeunes gens. Il ne pouvait simplement pas mourir maintenant. Et ils ne pouvaient pas fuir non plus. Au milieu de cette aporie, l’ex-contre-amiral fut distrait par une injonction de l’aide de camps Belmer.
- Par ici ! Le treuil !
Sur leur droite, à l’extrémité du toit se trouvait une grue en bois qui devait servir à acheminer rapidement des fournitures dans les étages supérieurs. Le plateau du treuil était en haut, comme s’il les attendais. Ils pouvaient fuir par-là, au condition d’en avoir le temps. Cariaju s’écria :
- Lieutenant !
Puis il se rua sur son supérieur. Flamberge jaillit et barra le chemin du terrible vice-amiral. L’épéiste aurait aimé blesser l’homme lave, mais celui-ci répondit à son fluide par un fluide plus puissant encore, au point que l’énorme poigne du véteran trembla. Ce dernier vacilla et fit un bond en arrière, constatant avec soulagement que sa subordonnée avait compris son injonction. Rapide comme la foudre, Shiro s’était changée en zoan et avait bondit sur l’escalier. Avant que Sakazuki n’ait le temps de sortir, elle anéantis la toiture qui s’effondra sur le vice-amiral, obstruant l’accés. Ça n’allait évidemment pas l’arrêter, mais l’essentiel était de gagner quelques précieux instants. La jeune femme fit un nouveau bond et se retrouva sur le parapet.
- Attendez, on ne va quand même pas descendre la dessus !
S’écria-t’elle en constatant l’étroitesse de la plateforme. La précipitation de Gil et Belmer ne lui laissèrent pas le temps de renchérir. Le frère et la sœur la heurtèrent en trébuchant et ils tombèrent tous les trois en hurlant. Gil s’agrippa au plateau, Belmer parvint à y placer une main, et l’autre sur l’épaule du jeune homme. Shiro se rattrapa à la taille du sergent qui faillit lâcher prise. Heureusement, la femme-chat était très légère et elle parvint à passer sur le dos du sergent pour rendre sa prise moins pénible. Cariaju les rejoints d’un bond et atterrit sans difficulté sur la plateforme. Celle-ci se mit à descendre comme par magie, quoique « chuter » eu été plus approprié. Le petit groupe dévala les vingt mètres jusqu’au sol en hurlant, puis s’enfonça dans une tranchée Creusée au pied de la tour. Encore dix mètres plus bas, la plateforme s’arrêta d’elle-même au ras du sol. Gil lâcha prise et le trois jeunes gens s’effondrèrent sur le sol. Dans son bureau, le colonel Cendar lâcha le levier de commande dissimulé à l’intérieur d’une armoire. Son uniforme était maculé de sang et plusieurs plaies sur tous son corps saignaient abondement. Il grogna et se tourna vers deux hommes essoufflés et ensanglantés qui le regardait haineusement.
- Bien, à présent, si nous reprenions ? Nous avons encore beaucoup de choses à nous dire…
- Relevez-vous, sergent !
S’écria Cariaju en se retournant. Le jeune homme était à terre et serrait les dents. Les quelques secondes de chute à supporter les poids de trois personnes devaient se faire sentir dans ses bras.
- Nous avons au mieux quelques minutes avant qu’il ne nous trouve. Jeune fille, où mène ce conduit ? Dit-il en s’adressant à Belmer.
- Aux égouts de la base. Le colonel faisait construire un ascenseur pour accéder à sa « base secrète » Gil, soudainement remis sur pied, s’étonna :
- Une « base secrète » ? Cette base est un camp de vacance pour marine grabataire, non ? Pourquoi construire une « base secrète ?
Shiro lui fit remarquer que de toute façon, la Marine ne construisait pas de base secrète. Belmer répliqua :
- En fait, le colonel à des passe-temps assez… enfantin. Il a fait construire un port souterrain pour son yacht personnel. Nous allons le prendre pour nous échapper.
Gil et Cariaju pouffèrent, et même Shiro esquissa un sourire. Le chef poursuivit.
- C’est parfait. Ne perdons pas de temps et rejoignons ce providentiel navire de plaisance. - Oui, j’ai bien envie de prendre des vacances !
La remarque était stupide, mais Shiro et Belmer frappèrent Gil par pur réflexe. En avançant dans les tunnels sombres des égouts, Belmer fit remarquer au Lieutenant
- Vous avez pris le coup de main, on dirait. Quand il était petit, je l’ai tellement frappé que j’ai finis par penser qu’il aimait ça.
Gil, déséquilibré par deux bosses sur sa tête, protesta en chancelant. D’après Belmer, peu de gens savait comment retrouver le port souterrain de Cendar. Leurs poursuivants mettraient une éternité à les retrouver.
- Mis à part le port souterrain, les égouts compte plus de trente sorties dans toutes la bases, dont certaine ne sont pas sur les plans. En tant qu’aide-de-camp du commandant, je les connais tous, bien évidement.
Cariaju l’interrompit.
- C’est parfait. Après nous avoir montré le chemin, vous n’aurez qu’à sortir par l’une d’elle et vous fondre dans la foule des marines.
Belmer se figea. Son expression se décomposa mais Shiro se planta devant-elle et pris un air féroce :
- Vous recommencez, chef. Nous avons déjà eu cette explication à mon sujet, vous ne pouvez pas lui interdire de nous suivre.
Etonné par le brusque changement d’attitude de sa subordonnée à l’égard de l’enseigne, le vétéran ne répondit rien. Cette discussion le gênait, il n’était plus sûr de savoir comment se comporter avec ces jeunes gens. Le cas de Belmer n’était pas aussi désespéré que celui de Shiro, cependant. Les officiers subalternes des bases terrestres n’étaient que des sous-fifres, sur G12 plus qu’ailleurs. Même si elle était impliquée dans la trahison, elle ne ferait pas l’objet d’une enquête trop approfondie. D’autant plus que leur principal ennemi dans cette affaire était Sakazuki. C’était le genre d’homme qui ne se préoccupait guère des sous-fifres. A la surprise de tous, Gil prit la parole sur un ton que ses compagnons ne lui connaissaient pas :
- Grande sœur… je sais que tu voudrais rester avec moi pour me protéger. Tu as toujours été comme ça. Quand les bandits ont saccagés la plantation de mandarine familiale, tu t’es engagée dans la Marine pour devenir plus forte. Tu as toujours pensé à moi avant tes propres rêves. Mais tu sais, quand je me suis engagé à mon tour, je pensais t’en libérer. Belmer, bien que de toute évidence bouleversée, garda contenance. Elle sembla regarder dans le vide quelques instant, puis ses yeux se refocalisèrent et elle répondit.
- Alors c’était ça… Eh bien, tu as réussi, n’est-ce pas ? Tu t’es engagé, et moi je me suis retrouvée réduite à m’occuper d’un vieil officier en fin de carrière. Quelque part, j’étais satisfaite. Je ne t’en ais presque pas voulut. Mais voilà que nous nous croisons, que tu t’es débrouillé pour te mettre en danger. Ne t’attend pas à ce que je détourne le regard. Après tout, c’est mon rôle de grande sœur ! Cariaju distingua un instant de flottement dans les yeux de Gil. Lui non plus n’était pas totalement résolut.
- Non, Belmer. Ce danger dont tu parles, je l’ai voulu. Je l’ai choisi.
Et Shiro intervint :
- Belmer-san … Ne vous en faites pas pour lui. Je ne prétends pas que ce vers quoi nous nous dirigeons n’est pas dangereux, mais… Nous le protègerons, je vous le promets. De plus, il n’est pas complètement sans défense.
Le sourire malicieux qui ponctua ces derniers mots sembla faire autant d’effets que le sens des paroles. Le chef sourit lui-aussi. Assister à ça méritais bien tous les déboires qu’ils subissaient. Gil reprit, et cette fois sa conviction devait être totale :
- Belmer, je connais ton rêve. Si tu viens avec nous, tu seras une fugitive, condamnée à vivre comme une hors-la-loi pour le restant de tes jours. Comment pourra tu jamais élever un enfant dans ces conditions ?
Cette fois-ci, l’enjouée marine pâlit. Le jeune homme avait presque gagné.
- Et toi, petit frère ? N’as-tu pas des rêves, toi-aussi ? Crois-tu pouvoir les poursuivre plus facilement que moi en étant un hors la loi ?
Contrairement à ce qu’elle devait espérer, le garçon de faiblit point. Il parut contemplatif l’espace d’un instant, un faible sourire se dessina sur ses lèvres, puis il jeta un œil au chef et enfin son regard s’arrêta sur Shiro, qui le lui rendit.
- Mes rêves… se trouvent dans cette aventure.
Voili voilou. Et pendant ce temps, je pred du retard dans l'écriture de la suite. J'éspère ne pas avoir à retarder la parution.
PS: 150 messages... auto-dédicaces alors ^^ !
_________________ [Signature retirée car trop grande]
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