Au moment de l'explosion, dans la Forêt.

Seiji et Asarai, qui étaient en plein saut frontal pour s'entre-déchirer firent pivoter leur cou à l'unisson pour identifier la source de ce bruit gargantuesque.

Le fait est que tourner la tête en plein saut, qui plus est lorsqu'il y a un obstacle en face, est une mauvaise idée. Inévitablement les deux adversaires se percutèrent de plein fouet dans un craquement étouffé par la déflagration qui faisait rage en haut de la falaise.
L'agent gouvernemental et le pirate s'écrasèrent côte à côte sur le sol.

Ils se battaient tout les deux depuis environ un quart d'heure sans laisser des signes de fatigues transparaître, mais à présent qu'ils étaient tous les deux étalés sur le sol, l'effet de la fatigue agit sur eux comme une déferlante qui aurait brisé un barrage.
Ils avaient atteint leurs extrêmes limites.


Seiji s'éloigna précipitamment de son adversaire en rampant et s'aida d'un arbre noueux pour se relever. Se tenant les côtes en respirant bruyamment, il lança un regard en biais à Asarai. Lui avait réussi à se relever sans appui et regardait les flammes qui faisaient rages au dessus-d'eux tout en surveillant Seiji du coin de l’œil.
-Bien, lança-t-il dans un souffle. Apparemment, les charges explosives à distance nous auront été utiles..

Il se tourna vers Seiji, ayant du mal à tenir debout, affalé sur l'arbre. Il était totalement décontenancé, les yeux légèrement vitreux.
-Comment...Qu'est-ce-que...

Asarai ramassa son sabre, tombé au moment de la chute et s'avança à grands pas en direction de Seiji.
-Le temps presse, dit-il, les autorités de l'île ne vont pas tarder à fouiner de ce côté-ci, je dois m'en aller. Mais avant...

Arrivé à hauteur du pirate qui avait de plus en plus de mal à tenir debout, s'agrippant de toutes ses forces au tronc, Asarai leva sa lame.
-Je dois achever ma mission.

Leur regards se croisèrent. Les yeux de Seiji étaient, bizarrement, vagues. On décelait tout de même au fond de son regard une répugnance profonde pour l'homme qui se tenait devant lui. Sa haine émanait de ses yeux comme des poignards empoisonnés.
-Ne me tue pas, dit Seiji, d'un ton lourd mais ferme.

Asarai haussa un sourcil fin et rouge. Ce ton direct, impérieux, comme s'il lui donnait un ordre lui semblait inapproprié à la situation. Celui qui détenait le pouvoir de donner des ordres, c'était lui, qui brandissait la lame au dessus de sa tête, et non pas ce pirate affalé contre l'arbre, déjà à moitié mort.
-Je vais devoir briser ton souhait, répondit Asarai d'un ton glacial.
-Non ! Tu ne me tuera pas ! Hurla Seiji, soudain hors de lui.
Je ne mourrais pas maintenant, pas ici, je ne peux pas !

Le pirate semblait affolé, pris d'une crise de démence. La situation lui échappait, ce qui semblait le mettre dans un état second, la panique l'écrasant comme un marteau géant.
Asarai assura sa prise sur la poignée de son sabre.
C'était la première fois qu'il devait exécuter un pirate...
Ces crises de folies devaient être normales, songea-t-il, n'importe qui serait affolé à l'idée de mourir dans une poignée de secondes...

L'air siffla et il y eût un éclat argenté. Le sabre avait parcouru la moitié de la distance fatale lorsque le phénomène se produisit.
-NON ! Hurla Seiji.

Ce simple mot explosa avec la force d'une bombe, envoyant valdinguer le sabre très haut, à hauteur des branches du frêne à l'aide duquel Seiji s'était relevé.
Asarai, pris de court avait lui aussi été projeté loin, au milieu de la clairière.
Sa tête heurta violemment le sol et il perdit connaissance, un filet de sang perlant sur sa tempe.

Seiji quant à lui, avait été pressé contre l'arbre par l'explosion silencieuse qu'il avait lui même produit, et sa tête avait heurté le tronc.
Tombant à la renverse, il sombra dans une inconscience de landes brumeuses de couleurs et une odeur de sang...

Palais

De la chance. Wan et sa bande avaient eu de la chance.
L'explosion des charges posées par Eos avait été généré aux pieds des six énormes pilliers soutenant le plafond de la salle, afin de faire s'écrouler à coup sûr l'édifice.
Ces six piliers, placés symétriquement le long de la salle, mirent un certain temps à s'effondrer bien qu'ils furent littéralement brisés. Fait sans soute dû à leur poids colossal.

Le seul souci de Wan était la visibilité. Les flammes avaient diminué d'intensité mais emplissaient les trois quarts de la salle, la baignant ainsi dans une lueur orangée des plus étouffante.

Durant les quelques secondes de répit qu'il avait avant que les piliers et le plafond ne leur tombent sur la tête, il prit le Roi par le col d'une main et releva Rowena qui était tombée de l'autre.

-COURS VERS LA FENÊTRE ROWENA ! Hurla-t-il.
-T'ES MALADE OU QUOI ? ON SORT PAR LA PORTE, ELLE EST JUSTE ICI !
-TOUT L'ETAGE VA S'ECROULER, IL FAUT SORTIR TOUT DE SUITE !

Le Roi en caleçon, qui pendait de son col soutenu par la main de Wan leva le doigt en déclarant :
-Moi, je propose qu'on saute par la fenêtre. J'ai toujours rêvé de tomber dans le vide, les cheveux aux vents.

Sans l'écouter, Wan se mit à courir vers les rectangles de lumières qui filtraient à travers la fumée et l'odeur de soufre grandissante.
Rowena aurait levé les yeux au ciel si elle en avait eu le temps, mais elle se contenta de courir derrière son frère en hurlant :
-SI ON CREVE JE TE BUTE TU M'ENTEND ?

La petite troupe passa en trombe devant la niche où étaient allongés le défunt Powsko et Armando.
Armando, toujours en vie mais endormi, rêvait qu'il affrontait un Golem géant avec une glace à la vanille.
Ce fut sans doute son dernier rêve.

Wan ne prit pas le temps d'ouvrir la fenêtre, il fit jaillir une massue d'os de sa paume, la serra dans son poing et fracassa d'un grand coup la vitre. Il grimpa sur le rebord et posa le Roi, le temps d'aider Rowena à monter.
Ils se regardèrent un bref instant dans les yeux, l'air de se demander mutuellement si c'était la meilleure chose à faire.
Mais un craquement gigantesque pressa Rowena et elle se hissa sur le rebord à l'aide de la main tendue de Wan.

-Allez les mecs, on saute en formation du zèbre qui éternue, Go !

Sur ces bonnes paroles, le Roi se jeta dans le vide dans un parfait saut de l'ange.
-Il est con ou quoi ? Hurla Wan. On devait sauter tous ensemble !

Et il sauta à sa suite pour le rattraper.
Rowena soupira et sauta elle aussi. Du coin de l’œil, alors qu'elle basculait dans le vide, elle vit un peu plus loin à sa gauche des éclats de murs tomber. Une seconde après, elle vit le Golem tomber à la renverse, se quatres bras s'agitant dans tous les sens.

Finalement, il avait réussi à le détruire, son mur.

Plage Est

Eos était aux anges. Grâce aux vibrations monstrueuse qu'il avait produite en faisant exploser l'étage central du Palais, l'être encapuchonné était tombé par terre et s'était évanoui.
Désormais, son corps inerte gisait sur le ponton.

L'agent gouvernemental s'avançait lentement, savourant sa victoire, mais aussi pour s'assurer que ce n'était pas un piège. Cela semblait trop facile tout de même.

Il jeta un coup d’œil derrière lui et vit le palais en feu s'effondrer, des morceaux entiers de murs tombant du haut de la falaise.

Il eut un sourire satisfait. La destruction était si...amusante.
Soudain, du coin de l’œil , il vit sa victime remuer.

« Vite,songea-t-il, neutralisation. »

Il bondit littéralement les derniers mètres qui le distançait encore de la cible et lui administra une clé de bras.

Eos était un maître en prise de soumission.
L'être sous la capuche étouffa un grognement de douleur. Son évanouissement avait été réel mais n'avait duré que quelques secondes.

-Tiens-toi tranquille, grogna Eos.
-Lâche...moi ! Haleta difficilement l'autre.
-C'est ça, pour que tu puisses me regarder dans les yeux et m'hypnotiser hein ? On est pas des glands dans le Cipher Pol Sigma, on dispose de pas mal d'informations sur ta... race. N'est-ce pas, monsieur le Reffracion ?

Les oreilles pointues du Reffracion frémirent et sa capuche tomba, révélant un visage très pâle, une bouche entrouverte qui laissait apercevoir des dents pointues, et des yeux aux iris pour le moins étranges. Ils étaient d'un bleu profond, mais la couleur semblait se mouvoir, onduler, telle la houle des océans.

Eos veillait à bien le garder face contre terre afin d'éviter tout contact visuel avec ces yeux si étranges.

-On va faire un petit tour en bas d'accord mon bonhomme ?
Le Reffracion se raidit.

-En... Bas ? Murmura-t-il d'une voix rendue rauque par la panique et l'écrasement de ses poumons contre le sol.
-Exactement, mais d'abord, je dois attendre quelqu'un qui arrivera d'une minute à l'autre, je suis sûr que tu vas l'apprécier, même s'il est un peu froid, il a les cheveux de toutes les couleurs et ça rend de bonne humeur.


Quelque part entre le haut de la falaise et le sol

Wan ne savait pas ce qu'il l'avait pris. C'était une pure folie que d'avoir sauté. Un peu en dessous, il voyait le Roi faire des galipettes dans les airs en hurlant ce qui semblait être des gros mots.
L'air lui sifflant aux oreilles, il n'entendait pas exactement lesquels.
Peu importe, après tout.
Il était en train de tomber dans le vide à une vitesse proche de celle d'un boulet de canon, le sens de jurons proférés par un Roi barge n'avaient finalement pas tant d'importance.

Quelque part au dessus de lui, pas très, loin Rowena hurlait de toutes la force de ses poumons.
Elle avait eu le loisir des expériences dangereuses avec la Triade, mais rien de tel qu'une chute de cette hauteur.

Le sol se rapprochait dangereusement. Le pied de la falaise était dépourvu d'arbre, seulement de la terre battue.
Rien pour amortir leur chute.

Wan avait remarqué ce dangereusement grandissement du sol.
« Merde merde merde ! Qu'est-ce que je fais maintenant ? J'ai rien pour arrêter une chute pareil ! Y a ce sifflé de Roi en dessous et Rowena au dessus, on est même pas rassemblés ! La seule solution serait de... Mais oui ! »

Ce petit instant de réflexion avait duré dix secondes.
Il en restait tout autant avant l'impact qui s’avérerait fatal.

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Le come back de cette fic est sponsorisé par Timon et Pumba.
Hakuna Mattata!

Tu me feras toujours rire avec tes remarques absurdes. C'est n'importe quoi ! Mais c'est ça qui est marrant.

On en apprend donc un peu plus. Apparemment, l'être aux oreilles pointus est un Reffracion. Oui ... bien sûr, un Reffracion. Ça paraît logique. Je me demande pourquoi je n'y avais pas pensé avant ... Mais qu'est-ce que je raconte moi ? C'est quoi un Reffracion ? Inconnu au bataillon ! En tout cas, il n'a vraiment pas l'air d'être étranger à l'état du roi. De l'hypnose, hein ? Mais dans quel but ? Surtout pour cet état ?

Concernant Seiji je dis NON ! Enfin, je veux dire, IL dit NON. Un pouvoir caché qui se révèle je suppose. ;)

Ce qui est intéressant avec ce chapitre c'est que Eos semble vouloir attendre Asarai. Or celui-ci ne viendra pas de sitôt. Une rencontre entre Seiji et Eos ? Avec une manipulation de Mr le Reffracion ? A voir.

En tout cas, j'aime toujours autant ta fic (qui a survécu malgré le temps, ce qui n'est pas le cas de toutes les bonnes fic de ce forum il y a de cela presque 1 an. Ahh ... Je suis nostalgique).
Continues comme ça.