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 Sujet du message: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Mer 6 Juin 2012 19:25 
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Prologue



Le ciel se faisait noir, les nuages pesaient. Le vent soufflait et sifflotait un long gémissement qui ne trouvait que comme réponse son propre écho. L’herbe, à mes pieds, ondulait et se rabattait selon les va-et-vient incessant du vent. Au loin, des collines verdoyantes dénuées d’arbres s’étendaient à perte de vue. Et moi, dans tout ça, je restais debout, triste et contemplative. Je me demandai encore comment cela avait pu changer ainsi, comment cela avait pu prendre une telle tournure. La veille encore, Elle était là, le lendemain, Elle était n’y était plus. Depuis, je ne voyais plus le monde de la même façon, tout me paraissait changé, déformé, remodelé. Il n’y avait plus rien qui ne paraissait pas différent de ce que j’avais vu, entendu, senti, touché ou connu. Seul ce paysage plein de mélancolie me paraissait encore supportable, sans doute parce qu’il était la simplicité même et qu’il reflétait de ce fait mon cœur. Un cœur plat, languissant et indifférent. Et maintenant, que vais-je faire ? Pour tout dire, je ne le sais pas. Je n’ai pas cessé jusqu’à maintenant de m’échapper, de fuir ce monde difforme et étrange. Peut-être était-ce seulement pour mieux y retourner …


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Chapitre 1



Antérieurement sur une petite île printanière


Une jeune fille de 17 ans était allongée dans l’herbe les yeux fermés, les oreilles attentives et les narines gonflantes. Ses cheveux roux sous les caresses du vent ondulaient. Ses bras étaient écartés, sa peau était blanche, ses yeux verts et son visage fin. Sa poitrine, sous de profondes inspirations gonflait, puis redescendait lors d’expirations discrètes et saccadées. Une expression sincère de bien-être s’affichait sur son visage. Pour tout dire, elle semblait à cet instant présent heureuse. Car oui, cette jeune fille qui n’était autre que moi ne baignait pas dans la béatitude sans raison. Elle écoutait le souffle chantonnant du vent, sentait par le toucher ce dernier lui caresser le visage et les bras, sentait encore, mais cette fois-ci par l’odorat les odeurs fraîches et parfumées de fleurs venant d’éclore et tout cela si profondément que je m’en extasiais.

Mon prénom était Fellia.

J’étais issue d’une riche famille marchande qui occupait dans l’échelon social une position assez confortable. Mais à vrai dire, je ne tenais pas compte de cette position et même m’en contre-fichais éperdument. J’agissais comme bon me semblait, et ce, souvent malgré l’avis de mes parents. D’ailleurs, cette petite escapade était un parfait exemple de la tension qui régnait entre moi et mes parents. Ces derniers voulaient que je sois à la hauteur de leur réputation pour ne pas salir leur renommée et bien évidemment mes petites escapades étaient loin d’aller dans ce sens. De plus, ils s’inquiétaient pour moi quand j’étais en dehors de la ville. Mais peu importait leur mécontentement et leurs menaces, je les ignorais. Et dès qu’ils avaient le dos tourné j’en profitais pour partir sentir, ressentir et profiter des biens faits de la nature. En effet, aussi loin que je m’en souvienne, j’avais toujours pris du plaisir à apprécier ce qui m’entourait, usant de tous mes sens pour percevoir avec plaisir mon environnement. On disait de moi que déjà étant bébé j’étais étonnamment sage et attentive. Enfant, on me prêtait un comportement rêveur et renfermé devant mes longs silences et mes quelques retirements dans le jardin familial. Bien évidemment ces attributions étaient tout ce qu’il y a de plus fausses. J’étais tout le contraire, réaliste dans un premier temps car voyant le monde tel qu’il était et non pas tel qu’il pourrait être, et ouverte dans un second temps, car j’accueillais le monde à moi ou plus tôt j’allais à l’encontre de celui-ci pour m’y aventurer, m’extasier et au final m’abandonner totalement à lui. Ma première expérience remonte maintenant loin dans le temps et pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier.

J’étais assise dans le jardin familial au milieu des feuilles déchues de leurs branches. L’horizon m’était caché par une haute palissade en pierre grisâtre entourant dans un souci de sécurité le jardin. Néanmoins, le lointain dans cette circonstance ne m’intéressait guère, j’avais sur place bien assez pour m’occuper. J’étais dos à la porte de la villa. A ma droite et à ma gauche se trouvait deux immenses arbres dont les feuilles rougeoyantes et sensibles s’apprêtaient à tout instant à tomber. Mais ces feuilles fébriles n’étaient pas seulement rougeoyantes, elles étaient bien plus. Il s’agissait là, et avec uniquement quelques teintes de rouge, d’une myriade de couleur, d’un feu d’artifice, d’une apothéose visuelle.

Les troncs étaient d’un marron chauds mais révélaient cachés à quelques endroits une écorce brune. Ces arbres se tenaient droit, comme fiers de leur arborescence écarlates. En un mot, ils étaient magnifiques. Et cela d’autant plus que filtrait à travers leurs feuillages teintés de rouge orangé les rayons du soleil couchant. Ceux-ci, sous le filtre automnal prenaient alors une nouvelle forme. Ils devenaient doux, chauds, reposants, et embellissaient par réciprocité les arbres qui à leurs tour devenaient encore plus rougeoyant prenant davantage de caractère et de beauté. Ainsi, tout autour de moi était vermeille et merveille, les arbres, le feuillage, le tapis de feuilles et pour finir moi-même, enfant à la chevelure écarlate.

Mais réduire cette première expérience au seul plaisir visuel serait bien dommage. Car les autres sens entraient eux aussi en jeu. Du sol légèrement humide couvert de mille et une feuilles sortait une odeur d’écorce et de terre. Ces odeurs sous l’effet des rayons chauds s’élevaient et inévitablement remontaient jusqu’à mes narines. En tant que première expérience j’eus du mal à en apprécier pleinement la saveur, mais avec le recul, aujourd’hui je pouvais dire que cela avait été un grand moment. L’odeur était à la fois roussie et sucrée mais révélait aussi comme un arrière-goût rustique. Elle était simple mais pas pour autant dénuée de caractère. Du tronc des arbres se dégageait une autre odeur, celle de la résine. Celle-ci contrairement à la précédente était plus forte, elle était piquante pour ne pas dire âcre à l’odorat. Le bois sur laquelle elle coulait, doucement mais surement, lui aussi répandait une odeur. Une odeur enivrante, vigoureuse et caractéristique. Tout cela, jadis, s’était mélangé pour donner un tableau olfactif saisissant qu’à coup sûr je n’oublierai jamais.

Venait ensuite la sensation du toucher. Mes bras étaient tendus contre terre. De mes mains, je touchai le sol mouillé. Il s’agissait là d’une sensation douce et agréable. Une fine pellicule d’eau tiède enrobait les feuilles et par extension mes petites mains d’enfant. Même si je savais que je touchai le sol j’avais la quasi-impression que mes mains se trouvaient dans un milieu aqueux. De ce fait, je m’amusais à écarter les doigts et à les recoller dans le but de sentir davantage cette douce sensation.

Enfin, venait le dernier sens, celui de l’ouïe. Mais contrairement aux autres, celui-là ne me révélait rien si ce n’était un silence sacré. En effet, il n’y avait pas d’oiseau, pas de vent ni aucune activité quelconque pouvant produire le moindre son. Il s’agissait là d’un silence presque parfait. Le seul bruit qu’on pouvait entendre, et encore seulement si on écoutait très attentivement, était le bruit des vagues au loin. Le son était à peine perceptible mais il était bien là, comme pour empêcher le silence parfait d’exister. Car le silence parfait n’existait pas, il n’existerait jamais. Ainsi, le chuchotement des vagues sur le littoral me rassurait quant à d’une part l’inexistence du silence parfait et d’autre part quant à mes capacités de perceptions.

J’étais conquise par ce lieux, il était apaisant et voluptueux sans pourtant être dépourvu de caractère. Je dirai même qu’il avait quelque chose de maternant car étant à la fois doux et unique. Il y avait en tout cas de quoi s’occuper ou plutôt de quoi ressentir. Je pense que si Elle n’était pas arrivée je n’en serais jamais sortie. J’y serai définitivement restée toute ma vie.

Sortant de mes souvenirs datant d’il y a 10 ans, je revenais à la réalité. Quelqu’un s’approchait de moi, je l’avais senti. Son pas était léger voir dansant. Il approchait malgré tout assez vite. Puis, le vent soufflant en ma direction, je pus sentir son odeur. Elle était parfumée. La personne qui s’approchait de moi, de toute évidence revêtait une senteur fruitée. Puis soudain, je vis une silhouette apparaître à contre-jour. A ce moment-là je sus qui était cette personne, je n’avais aucun doute quant à son identité, mes sens ne me trompaient jamais. C’était elle.


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Informations complémentaires :

Genre : Drame, Nature, Aventure
Rythme de parution : irrégulier
Titre de chapitre : non
Nombre total de chapitres : indéterminé



Merci d'avoir lu ce début de fic. En espérant que ce début de fanfic vous ait plu.
Je répondrai dans la mesure du possible et du permis à vos questions, si vous en avez.


Dernière édition par Enitu le Mar 6 Nov 2012 19:23, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Mer 6 Juin 2012 19:43 
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Localisation: Aux enfers.
Ton prologue est en soi très court, il ne se passe pas grand chose, et pourtant, c'est un magnifique prologue où tu démontre tout tes talents descriptifs et narratifs. Le lecteur n'a pas le temps de comprendre ce qu'il lui arrive qu'il est submergé d'images et de sensations. Cela améne à une seconde lecture, et c'est là que le tableau apparaît véritablement sous ses yeux. Tout comme Felia, je suis conquis par ces lieux. Ce prologue dévoile un personnage en contact direct avec la nature elle-même... mais il garde aussi, dans l'ombre, une inconnue dont l'on ne devine que l'odeur fruitiére, et qui reste pour l'instant nimbée de mystéres.
J'attendrais patiemment la suite de ces belles phrases, en souhaitant que la qualité restera la même! ^_^


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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Mer 6 Juin 2012 20:27 
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Localisation: Comme tout le monde !! À l'apéro ! ;)
Bon Enitu, je trouve que tu débute pleins de Fanfic' qui plus sont super trop sympa, je les adorent, a vrais dire, ton chapitre 1 et assez longs, l'histoire n'est pas encore tout a fais au point car la on exprime les 5 sens du corps en parlant d'une personne riche avec une villa, ou il n'y a pas de bruit au tours a par les vagues de la mers. Après ce qui me fais drôles c'est qu'on ais 10 ans après tous ce qu'il à dit, et je ne pensais pas que ça allais être comme ça. J'ai trouvé ça très sympa moi je croyais qu'il parlais du présent mais il rêvé. J'ai repéré aussi un truc un moment tu as mis : '' Je pense que si Elle n'étais pas arrivé '' Je ne comprend pas a ceux Elle pourquoi il y a une majuscule ? Tu m'expliquent ? :)
Tu as fais pour ma part un très bon début, j'attends la suite pour voir ce que ça donneras après les '' critiques '' qui sont plutôt positivent !
Voilà.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Mar 12 Juin 2012 01:44 
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Porito a écrit:
Ton prologue est en soi très court [...] Le lecteur n'a pas le temps de comprendre ce qu'il lui arrive qu'il est submergé d'images et de sensations. Cela améne à une seconde lecture, et c'est là que le tableau apparaît véritablement sous ses yeux.
En effet le prologue a besoin d'une seconde lecture, c'est indispensable. Indispensable pour comprendre l'intrigue bien évidement mais aussi indispensable pour avoir de l'intérêt envers l'histoire. Je distingue l'intérêt de l'intrigue car les deux ne sont pas forcément reliés par un lien de cause à effet. Bref, le prologue est très important, à tel point que je vous invite à vous y référer le plus souvent possible lors des lectures des chapitres suivants.

Porito a écrit:
J'attendrais patiemment la suite de ces belles phrases, en souhaitant que la qualité restera la même! ^_^
Content que toutes ces belles phrases te plaisent. Tu ne seras pas déçu, je te le garanti. J'ai pour ambition et prétention de faire de cette fanfic quelque chose de très construit, de très bien écrit et de très captivant. J'aimerai me surpasser et faire une histoire de qualité (jusqu'à égaler si possible l'excellente narration de la plume et la flamme d'Escogryphe).

sanjilopus a écrit:
Bon Enitu, je trouve que tu débute pleins de Fanfic' [...] on exprime les 5 sens du corps [...] il rêvé
Pour les fanfics : pas du tout, je n'en ai que deux (le pont méditerranéen bleu est à part, c'est une bricole faite à côté).
Pas 5 sens mais 4 (le goût n'y est pas).
Ce n'est pas "il" mais "elle" et ce n'est pas un rêve mais un souvenir.

PS @ sanjilopus : quand tu cites une phrase, fais un copier/coller la prochaine fois. En voyant deux fautes dans la citation, j'ai failli avoir une crise cardiaque (j'exagère abondamment mais c'est l'idée. Je me suis précipité pour voir la phrase en question qui s'est révélée heureusement telle que je pensai l'avoir écrite).
Quant à la question, je me réserve le droit de ne pas y répondre.


J'ai oublié dans la présentation mais cette fanfic est aussi disponible sur fanfic.fr.
J'y ai le même pseudo.


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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Ven 15 Juin 2012 14:05 
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Début de fiction super intéressant Enitu !
Je viens de me rendre compte que tu ma scotché sur la lecture du prologue et du chapitre 1, et pourtant, on apprend très très très peu de chose sur ton personnage et sur l'histoire en elle même. Tu nous ménage longuement pour finalement ne nous donner que quelques petit bout d'info : une personne fortement centrée sur la nature, sur la perception de ce qui l'entoure avec ses sens. On a droit à une très belle description des sens, encore un peu, on s'y croirait, dans ce jardin, à découvrir et ressentir ce que ressent ton personnage.
Tu entretiens au final pas mal le mystère et je me demande vraiment qui est "Elle".

Maintenant, la question est de savoir en quoi ce que tu as écrit jusqu'ici à un lien avec l'univers d'Oda et jusque où cela ira-t-il ?

Wait and see !

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Lun 16 Juil 2012 21:15 
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Chapitre 2




Elle approchait d’un pas vif et gracieux. Sa silhouette ressortait sur le fond printanier fleuri de toute part grâce à un étonnant contraste. Le paysage alentour bien qu’éblouissant à cette époque de l’année était comme occulté par sa seule présence. On ne voyait qu’elle. Bientôt, elle fut assez proche pour que je la perçoive distinctement. Elle était grande, brune, avait les yeux noisette et arborait un sourire radieux. Les pommettes ainsi formées par son sourire lui conféraient une certaine innocence, ce qui faisait alors contraste avec l’apparente maturité physique qu’elle dégageait. Ses cheveux courts, légèrement bouclés ondulaient pour finalement retomber en cascade sur ses épaules. Et comme s’il s’agissait d’éclaboussures, ils jaillissaient vers le haut en pointes. Elle portait de plus une tunique vert claire à motif qui finissait à l’image de ses cheveux en frou-frou.

En la voyant, je me relevai pour finalement l’attendre en regardant dans sa direction. Je souriais, j’étais contente de la voir. Il faut dire que nous nous connaissions depuis toutes petites. Nous nous étions rencontrées pour la première fois par hasard. Par « hasard » je n’entendais pas que c’était la chance qui avait été l’élément crucial de notre rencontre. Car cet élément était tout autre. Je n’irai pourtant pas non plus jusqu’à dire qu’il s’agissait du destin, mais il y avait comme une sorte de déterminisme. Nous étions faites pour nous rencontrer et encore plus pour nous entendre. Aujourd’hui, du haut de notre longue amitié, j’avais du mal à concevoir comment cela aurait pu en être autrement. C’était d’ailleurs peut-être ce qui altérait mon sentiment à ce propos. Une histoire vécue et par extension les souvenirs qui lui sont rattachés sont toujours très difficilement modifiables, de tel façon que le scénario finit toujours par recoller avec la réalité. Néanmoins, je persistai tout de même à croire au déterminisme de notre rencontre.

Elle continuait d’approcher. Et plus la distance qui nous séparait rétrécissait, plus je souriais. Étant assez proche d’elle, je vins me jeter à son cou m’y pendant presque.

_ Aah, arrête Fellia ! Nous ne sommes plus des enfants ! S’exclama-t-elle alors sur un ton amusé.
_ Pourtant tu adores toujours ça, que je t’embête en te sautant dessus, répliquai-je sur une intonation joueuse.
_ Tu as gagné, j’admets que je ne me lasse pas de te voir me sauter dessus à tout bout de champs et sans prévenir. Mais sache que celle qui embête ce n’est pas toi mais moi !

Tandis que mes mains étaient agrippées solidement à son cou, le mien en revanche était totalement exposé. C’est alors que surgirent deux mains, qui après un tournoiement comme un rapace au-dessus de sa proie, plongèrent pour fondre instantanément sur mon cou. L’action planifiée ne se fit pas attendre, des chatouilles me gagnèrent. Je tressaillis, tentai de résister, puis sous le supplice finis par céder au rire. Dès lors, je perdis temporairement tout le contrôle de mes membres, relâchant de ce fait mon étreinte sur son cou pour finir pliée en deux en riant par intermittence.

_ Ahahah, arrête !
_ Seulement si tu prononces la phrase magique. Me répondit-elle usant alors de toute son espièglerie.
_ Je ne … ahahah … veux pas !
_ Tu es sûre ? Demanda-t-elle. Tu n’es pourtant pas en position de refuser quoi que ce soit.
_ Toujours pas ! … Ahahah, je ne céderai pas ! M’évertuais-je à dire voulant résister jusqu’au bout.
_ Puisque c’est comme ça, je vais être obligée d’employer les grands moyens. Affirma-t-elle un air plein de malice sur le visage.

C’est ainsi qu’une fois les menaces lancées suivies d’une non-réponse de ma part, elle lança son plan à exécution. Les chatouilles jusqu’alors modérées redoublèrent d’intensité. Sous ces attouchements successifs, je ne pus résister davantage. Je gesticulai de toute part et riais aux éclats.

_ Ahahahah ! C’est bon tu as gagné, je vais dire ta phrase. A cet instant les chatouilles s’arrêtèrent. « Ô grande prêtresse, clairvoyante, généreuse et attentive, je t’en conjure, te supplie et t’implore d’arrêter ce châtiment fait à ma modeste personne, beauté parmi les beautés ».
_ Erreur ! Ce n’est pas la bonne fin ! Lança-t-elle enjouée. Puisque c’est comme ça, je vais devoir réutiliser les chatouilles !
_ Non non non ! C’était pour plaisanter ! Fis-je en bonne vaincue que j’étais.
_ Alors recommence la phrase magique.
_ « Ô grande prêtresse, clairvoyante, généreuse et attentive, je t’en conjure, te supplie et t’implore d’arrêter ce châtiment. Car parmi les toutes les personnes existantes tu es la plus clémente, la plus intelligente et la plus belle ». Puis afin de sauver mon honneur, je lançai très vite : Mais tu es aussi, ô grande prêtresse, la plus cruelle, la plus sadique, la plus horrible et surtout la plus gamine qu’il puisse exister en ce monde.

Bien évidemment, sa réponse ne se fit pas attendre et à peine quelques secondes plus tard je subissais les foudres de sa vengeance.

Une fois mes émotions remises et sa colère atténuée, nous nous assîmes dans l’herbe. Devant nous se déployait une vue imprenable sur l’île. Nous étions haut perchées sur le plateau qui culminait l’île en son centre. De là, nous pouvions voir tout le littoral et les plaines bordant le contrefort du plateau escarpé. Ainsi, tous les détails situés en aval ne nous parvenaient que sous la forme de points et de couches de couleur. Il y en avait plein, une myriade, mais deux en particuliers se démarquaient. Le jaune et le rose. En effet, à cette époque de l’année que constituait le printemps, d’innombrables fleurs avaient écloses. Et sur cette île, deux en particulier poussaient en abondance à cette saison : le Samiolys félichis et Tarmulis printanier. Le premier poussait tout du long de l’année mais ne prenait de couleur éclatante qu’au printemps. Quant au deuxième, il ne poussait qu’à cette saison comme son nom le laissait entendre pour fleurir intensément et à terme faner au début de l’été. Sa vie était éphémère mais incroyablement belle. Peut-être était-ce cela qui lui conférait véritablement tant de beauté. Quoi qu’il en fût, le paysage saisissant se déployant sous nos yeux était toujours là. Il était magnifique ! Les tâches de couleurs jaune et rose se côtoyaient, se chevauchaient et même parfois, se mélangeaient complétement pour donner une nouvelle teinte de couleur se rapprochant alors du rose saumon. Le vent soufflant, des ondées parcouraient les fleurs. Vues de notre position, cela ressemblait à des vagues, avançant et grossissant continuellement dans la même direction, jusqu’à disparaître dans un murmure d’extase et de pollen. Mais il y avait plus impressionnant encore. Perdus au milieu de cet océan floral, jaillissaient des îlots de couleur. Véritables terres d’accueil, elles marquaient la limite entre deux régions de couleurs. Puis, en portant le regard un peu plus loin, venait contrebalancer comme dans un souci d’équilibre le vrai océan, Grandline. Il était d’un bleu à la fois éclatant et profond. En le regardant, notre regard n’arrivait pas à se détacher de lui, nous nous sentions comme aspirées. Il s’agissait là du pouvoir immersif du véritable océan. A tel point que les couleurs florales vues justes avant semblaient avoir disparues de nos mémoires. Nous n’avions d’yeux que pour lui. Pourtant, en s’efforçant de détacher notre regard de cette masse d’eau, nous pouvions avoir une vue d’ensemble. D’un côté s’étendait une mer rose saumon aux teintes orangées et de l’autre côté, s’étalait la mer d’un bleu profond. Deux océans, et pourtant complètement opposés l’un de l’autre. L’un était fait de terre, l’autre d’eau. L’un encore arborait le pavillon rose et jaune quand l’autre lui opposait son exact contraire, à savoir le bleu. Et on pouvait continuer comme cela pendant encore longtemps tant les oppositions étaient nombreuses.

De la même façon que nous étions subjuguées par le paysage, notre odorat était lui aussi sujet à d’incroyables sensations. Il flottait dans l’air de douces et agréables odeurs de fleurs. Elles planaient, se laissaient emporter par le vent et au passage passaient sous nos narines. Nous n’avions alors qu’à inspirer fortement, retenir notre respiration puis expirer par petits coups. Ces odeurs, ces arômes de fleurs étaient véritablement enivrants. Elles étaient d’une richesse incroyable. Deux senteurs se distinguaient dans mon nez. La première, l’odeur de samiolys félichis, était à la fois délicate et fine. Elle ne laissait pas indifférent et pourtant n’était pas non plus piquante pour autant. Il s’agissait là d’une odeur à la fois discrète et douce. Il n’était pas surprenant alors que les parfumeurs utilisaient cette fleur pour créer leurs parfums et leurs huiles essentielles. Car oui, sur cette île qu’était Oloria s’était développé une vaste activité autour de la parfumerie. A vrai dire, l’île était même connue pour cela. Il s’agissait là de sa spécialité, le parfum et ses dérives. De ce fait, en plus des parfums et des huiles essentielles se vendait vers l’extérieur d’autres marchandises telles que des baumes, des pommades, des résines, des décoctions, des savons, des teintures, de l’encens, et divers autres produits revêtant une quelconque senteur. Mais la spécialité ultime restait tout de même les huiles florales. Et il se trouve que celle qui avait le plus de succès était le Tarmulis printanier, deuxième senteur que je distinguais. Cette odeur était somptueuse, triomphante et même voluptueuse à tel point qu’on aurait pu dire d’elle qu’elle était passionnée. De plus, cette odeur n’était pas pour autant grossière, elle était piquante mais pas non plus étouffante pour autant. Le tout développait un mélange qui me semblait harmonieux. Ces deux odeurs, invariablement, allaient merveilleusement bien ensemble. Les senteurs portées à nos narines n’y restaient que peu de temps. Aussitôt expirées, elles s’envolaient en se laissant porter par le vent. Et tandis que j’étais en contemplation devant ce paysage magnifique, une voix vint couper mon admiration :

_ Il faut que je te dise quelque chose Fellia …
_ Hum ?
_ J’ai décidé de partir !


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Merci de vos trois commentaires, d'autant plus pour un premier chapitre.
En espérant que ce chapitre niais pour ne pas dire fleur bleu ait autant de succès que le précédent.
Merci d'avoir lu.


Dernière édition par Enitu le Mar 6 Nov 2012 19:25, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Mer 18 Juil 2012 22:13 
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Superbe.
Que dire de plus ?
Pas évident à dire, je vais tomber dans une flopée d'éloge pas forcément objective, mais en même temps, avec une écriture si fluide et si maîtrisée, difficile de dire quoi que ce soit tant on est happé dan cet univers et ces descriptions magistrales ! Le chapitre est constitué finalement de pas mal de descriptions et pourtant, tant celles-ci sont bien faites, on a aucun sentiment de lourdeur et de longueur : on devient le troisième larron de la bande, avec la même vue que les deux filles.

Du bon cru Enitu, le suspens de fin est très bon, j'attends la suite de pied ferme !

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Mar 4 Sep 2012 22:52 
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Chapitre 3




_ Partir ?! Tu dois rentrer chez toi ? Demandai-je pleine d’incompréhension.
_ Non, je pars de l’île.
_ Ah ? Et tu reviens quand ?
_ Je ne reviendrai pas, Fellia, me répondit-elle d’un air visiblement gêné.
_ Je ne comprends pas. Tu pars et tu ne veux pas revenir, mais alors où vas-tu ? Tu pars bien pour aller quelque part ?
_ Pas vraiment.
_ Alors pourquoi pars-tu ?
_ Pour quitter cette île.
_ Et pour ça tu ne dois pas revenir ? Je n’y comprends rien.
_ Fellia, je veux devenir pirate, me déclara-t-elle soudain pleine d’assurance.
_ Pirate !? Mais pourquoi ? Tu sais pourtant que ce sont des sales types, des bandits, des hommes sans cœur.
_ Ce ne sont que des préjugés. Je pensais que tu étais au-dessus de ça.
_ Ce ne sont pas des préjugés, ne lis-tu pas les journaux ?! Dedans y est dit toutes sortes de choses. Par exemple, celui de ce matin rapportait un pillage sur l’île voisine. Il y a eu 59 morts. Les pirates ce sont amusés à faire des exécutions sur des civils pour décourager quiconque de les arrêter.
_ Ce sont justement eux qui donnent une mauvaise image des pirates. Si ce genre de types n’existait pas il n’y aurait pas de tels préjugés.
_ Mais ils existent quand même et tu t’apprêtes à les rejoindre ! Lui lançai-je une nouvelle fois afin de la raisonner.
_ Tu n’as pas écouté. Il y a d’énormes préjugés sur les pirates entretenus pas une poignée d’entre eux. Mais si préjugé il y a, c’est que leur nature prétendue est fausse. Et donc il existe d’autres sortes de pirates.
_ Qui sont ? Demandais-je dubitative.
_ Des aventuriers.

Sur le coup je ne répondis rien, puis après quelques instants je repris :

_ Et pour devenir aventurière …
_ Pirate, me reprit-elle.
_ … tu dois tout quitter ?
_ Malheureusement oui, il le faut. Si je deviens pirate je ne peux rester. Déjà parce qu’un pirate est recherché mais surtout parce qu’un pirate qui ne voyage pas n’est pas un pirate.
_ Ça veut dire que tu m’abandonnerais pour devenir pirate ?

A ces mots elle ne répondit pas. Visiblement, cela la mettait mal à l’aise. Il devait s’agir d’un dilemme douloureux. N’attendant pas une réponse qui de toute évidence n’arriverait pas, j’enchaînai :

_ Et puis tu ne m’as pas dit pourquoi tu voulais devenir pirate.

En entendant ma phrase son air contrit céda aussitôt place à une détermination sans pareille.

_ C’est pourtant simple ! Me dit-elle avec une lueur de conviction dans les yeux. Je veux quitter cette île pour découvrir le monde, je veux vivre des aventures !
_ Mais est-ce au moins faisable ? Tu n’as ni bateau ni connaissances en navigation. Et puis c’est un peu précipité comme décision, tu ne crois pas ?
_ Sans doute, tu as surement raison. Mais pourtant je sais ce que je fais.
_ Alors que tu ne sais pas où tu vas, notais-je incrédule.
_ Je vais d’ailleurs rejoindre un équipage, reprit-elle en ignorant ma remarque.
_ Le premier venu, à tous les coups.
_ Non, un équipage de ma connaissance.
_ Tu connais des pirates !? M’étonnais-je.
_ A vrai dire je ne connaissais au départ que le capitaine, mais oui maintenant je connais tout l’équipage.
_ Donc je suppose que ta décision est irrémédiable, tu pars et … tu me laisses.
_ ... Oui, lâcha-t-elle après une ultime pause. Puis comme pour se rattraper de son affirmation elle me déclara pleine d’hésitation : Mais … si tu veux … tu peux venir toi aussi.
_ Moi, pirates ?! M’exclamais-je. Non merci !
_ Quoi qu’il en soit, saches que je partirai demain à l’aube depuis le Port au parfum. Donc si tu veux me dire au revoir …
_ Je préfère te le dire maintenant, lui lançai-je à contrecœur. Au cas où. Mais je viendrai !

Nous nous serrâmes alors très fort dans les bras. Le soleil à ce moment-là commençait à descendre en direction de l’horizon. De ce fait, tout baignait dans une douceur cuivrée, l’océan, le littoral, le plateau central de l’île et enfin nous-même. Après quelques minutes nous nous décollâmes. Puis ne voulant pas nous éloigner l’une de l’autre, nous retardâmes encore un peu notre séparation. Enfin, la nuit tombant nous nous quittâmes.

Je restai seule à contempler le paysage. La nuit était maintenant totalement tombée. L’océan était à peine visible. Il était devenu d’un noir d’encre et de ce fait, se différenciait difficilement du ciel et de la côte. Tout ou presque était uniformément noir. Je pensai alors à son départ. Elle allait partir pour accomplir son rêve. Découvrir le monde.

Le monde … Sans que je puisse l’expliquer ce mot résonnait dans ma tête. Je n’avais qu’une vague idée de ce que cela représentait, mais j’étais tout de même intriguée par cet objectif. Que signifiait-il pour elle ? S’agissait-il d’un ensemble d’îles ? D’un océan ? D’un continent ? Tout ça à la fois ? Je ne savais pas. Ce mot m’était familier et pourtant, tellement étranger que sa signification même ne me paraissait plus faire sens. Je vivais bien dans ce monde, sur mon île, mais sa globalité et son étendue m’échappait. Ainsi le reste, c’est-à-dire ce qui était extérieur à l’île, me paraissait flou.

En tout cas il lui fallait partir, quitter cette île. A cette pensée je portai mon regard aussi loin que je le pu, vers ce monde qu’elle voulait découvrir. Mais en vain. Tout était trop noir, l’horizon que je cherchai n’existait pas. Je n’avais donc pas le plaisir de le contempler et de m’imaginer ce qu’il pouvait y avoir derrière. Mais l’avais-je au moins une seule fois fait ? En réfléchissant, je réalisai soudain que jamais je ne l’avais contemplé. J’avais observé, humé, tâté, écouté tout ce qu’il pouvait y avoir sur cette île mais jamais, pas une seule fois, je n’avais observé l’horizon. Cette ligne démarquant le ciel et la mer m’était inconnue et par conséquent ce qu’il pouvait y avoir derrière l’était aussi. Il s’agissait là de l’horizon de mon esprit. Seuls les journaux pouvaient me donner une vague idée de cet au-delà. Mais ils ne parlaient que de pirates cruels et de marines courageux. En bref, il n’y avait jamais rien sur l’extérieur, sur le monde.

Dans cette obscurité grandissante, je perçus néanmoins en ramenant mon regard vers le bas divers points lumineux. Il s’agissait des villes et villages de l’île. Ces petits amas scintillants étaient éparpillés sur ce qui semblait être une même ligne ou du moins une même courbe. Ils étaient de plus suffisamment espacés pour ne pas être accolés les uns aux autres. Grâce à eux, je situais maintenant la limite entre la terre et la mer. Encore une fois, je ne pus m’empêcher de repenser à son départ. Ce serait dans la ville la plus brillante que demain elle partirait. Le Port au parfum était le plus grand et le plus important port de l’île. Il y partait chaque jour une dizaine de bateaux chargés à ras-bord de produits odorants. Leurs destinations étaient diverses mais un seul objectif en revanche les unissait : faire du commerce. Et pour cela, ces navires marchands parcouraient le monde. Il n’y avait donc quelque part, pas meilleur endroit pour partir vers cet au-delà. De la même façon, pour moi aussi cela représentait un appel au départ. L’heure avançait à grand pas et je me devais maintenant de m’en aller. Mais à défaut de voyager vers le monde, je regagnais ma maison.

Malgré la noirceur ambiante j’avançai rapidement, évitant les branches qui se dressaient parfois sur mon chemin et contournant d’autres fois encore, les rochers instables qui auraient pu se transformer en éboulement. Il faut dire que je connaissais parfaitement l’île. Je l’avais tellement parcourue depuis que j’étais enfant que pas un seul chemin ou paysage ne m’étaient inconnus. La seule chose de nouveau que je pouvais encore découvrir était les nuances apportées sur ces paysages, comme cela l’avait été cet après-midi. En clair, je connaissais tous les tableaux, toutes les senteurs, tous les sons, toutes les surfaces. Seul le regard porté sur ces derniers pouvait changer et de ce fait me surprendre. Mais d’un autre côté si j’avais tout exploré, je ne me lassais pas d’y revenir encore et encore pour profiter de ces biens faits de la nature. C’était même un plaisir que d’y revenir. Car si je connaissais tout, il m’arrivait bien des fois de découvrir une nouvelle chose, un nouveau détail, une nouvelle subtilité auquel je n’avais pas fait attention jusqu’alors. C’est pourquoi à l’image d’aujourd’hui, je continuai à parcourir mon île, toujours en quête de nouveautés sensorielles.

J’étais presque arrivée à la plus grande ville de l’île, la même qui demain verrait partir mon amie, la capitale : Fēnia. De là où je me trouvai je pouvais voir ses lueurs vacillantes. Ces dernières selon la volonté du vent, penchaient tantôt d’un côté pour mieux pour mieux changer de direction par la suite. Ces petites flammes qui composaient l’éclairage de la ville donner l’impression de danser. Et cela était d’autant plus vrai comme impression qu’elle semblait suivre d’un même pas la mesure du vent. Ce dernier, chef d’orchestre, donnait la mélodie à suivre. L’environnement urbain n’avait alors plus qu’à se laisser guider. Les cordes à linge vibraient, les volets tonnaient, les pancartes percutaient, les chaînes grinçaient et enfin la cloche, perchée en haut de son phare, sonnait. Le vent était ainsi comme le souffle, comme l’âme, comme l’essence qui permettait à cet orchestre inanimé de prendre vie et de jouer les partitions dictées. Et me laissant guider par cet ensemble, je continuai d’avancer, adoptant même une marche frivole et dansante en dépit de la signification réelle de la cloche. Bientôt j’arrivai en bordure de ville. Et sans grande surprise j’y découvris des rues vides. Les allées pavées teintées d’une lueur orangée s’étendaient devant moi, désertes. Mais cela n’était qu’on ne peut plus normal car dans cette ville marchande un couvre-feu avait été adopté unanimement. Cela n’était pas une loi mais une coutume. Elle était appliquée depuis aussi loin qu’on s’en souvienne et de ce fait, personne n’avait pu remonter jusqu’à sa mise en application. Pourtant les explications sur son origine allaient bon train. Certains disaient que c’était pour respecter les fleurs qui la nuit ne s’ouvraient pas, d’autres affirmaient en revanche que c’était pour mieux se reposer jusqu’au matin suivant. Mais la plus crédible et la plus sérieuse de toute, disait qu’une telle règle implicite était née de par les multiples parfumeurs de la ville. Ces derniers selon l’hypothèse travaillaient la nuit à l’élaboration de teintures, de pommades et d’extraits d’essences. Mais pour cela, ils avaient besoin d’aide qui leur venait généralement en plus de leurs compagnons, de leur famille et de leurs amis. Et puisque leur compagnie était monopolisée en un même lieu, le reste de la ville s’en trouvait vidé de leur présence respective.

J’augmentai l’allure. Car cela ne me rappelait que trop bien que j’étais en retard et pire encore, en infraction. Et cela pouvait très mal finir. Car si on me voyait, les commérages iraient bon train et au final cela remonterait jusqu’à mes parents. Je ne me souciai pas de leur honneur et de leur réputation dont je me contrefichai royalement, mais j’appréhendai leur réaction à mon égard. Car étant donné la gravité de l’acte –qui rappelons-le était une transgression d’une tradition solidement ancrée, la sanction pouvait se révéler plus grande qu’à l’accoutumé. Par prudence et aussi parce qu’il s’agissait de mon itinéraire habituel, je longeai la périphérie de Fēnia. Bientôt j’arrivai à la résidence familiale située un peu en retrait de la ville. Comme à mon habitude, je contournai la demeure par la droite et m’engouffrai dans un trou du mur que j’avais coutume d’utiliser pour entrer. Une fois dans le jardin, je retirai mes chaussures pouvant trahir mon retard. Connaissant parfaitement les lieux, je me dirigeai avec une facilité et une précision qui paraîtraient pour tout regard extérieur tout simplement affolante. Après quelques minutes, j’étais arrivée au pied du mur, juste en dessous de ma chambre. Il venait à présent l’opération la plus périlleuse du retour car bien entendu, il n’y avait ni corde ni plante grimpante me permettant de monter. Je ne devais donc compter que sur mon agilité et mon expérience pour grimper ce mur exempt de toutes prises faciles. Je commençai mon ascension, agrippant mes mains là où je le pouvais. Finalement, après seulement cinq minutes, je posai ma main sur le rebord de la fenêtre. Mais alors que je me hissai pour m’accouder, mes yeux longuement avertis à l’obscurité perçurent du mouvement dans ma chambre. Il y avait quelqu’un et ce quelqu’un ne m’était pas inconnu. C’était elle.


________________________________________



En espérant avoir été à la hauteur des attentes (générales aussi bien que particulières - la pression est telle que je n'ai pas le droit à l'erreur, hein Dark Knight).
Si jamais vous veniez à repérer des fautes au cours de votre lecture, merci de me les communiquer afin que je les corrige (contrairement à ce que ma réputation laisse croire, je suis loin d'être infaillible, surtout avec mes propres textes).
Je vous remercie d'avoir lu.


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sanjilopus a écrit:
Un pirate n'est pas forcément rechercher, regarde, Luffy, il a combattu Arlong, avec aucune prime, il disait qu'il était un grand pirate.
Je n'ai pas parlé de prime mais effectivement tu as raison. Néanmoins, le personnage est une ignorante. Elle a constitué un imaginaire autour de la piraterie et pour elle, être pirate veut forcément dire être recherché. Après sa vision n'est pas forcément fausse puisque le statut de pirate fait automatiquement de la personne concernée un criminel. Mais bon, ce qu'il faut retenir c'est que la parole des persos n'est pas forcément la vérité telle qu'on l'a apprise dans le manga. Ils peuvent se tromper, ils peuvent voir les choses à leur façon, ils peuvent ne pas tout savoir. Bref, ce sont des personnes à part entières qui ne sont pas omniscientes.

sanjilopus a écrit:
Sommes nous obligé d'être pirate pour découvrir le monde ?. x)
Très bonne question. Je te laisse le soin d'y réfléchir et de trouver une réponse, déjà dans le manga, mais aussi dans cette fic. Je n'y répondrai pas explicitement mais peut-être qu'une réponse se détachera par la suite (si réponse il y a).
Quand au moyen de transport, si tu veux utiliser la voiture dans un monde tel que one piece, libre à toi. Mais bon, vu que c'est un monde marin, je ne garantis pas que tu iras bien loin.


Dernière édition par Enitu le Mar 6 Nov 2012 19:28, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Mer 5 Sep 2012 13:57 
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Localisation: Comme tout le monde !! À l'apéro ! ;)
Je commente que si tu commentes ma fic' !!
Nan je rigole ! ( petite précision : ce que je viens de dire n'était pas drôle ... )

Bon, j'avais pas commenter le chapitre 1, pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai oublié, je suis passer par là, le Mardi 17 Juillet vers 13h44,856 secondes ( et centièmes ... ) quand j'ai étai obliger d'éteindre l'ordi, et d'aller manger. Enitu doit me trouver vraiment c** ! ^^
M'enfin bref, chapitre 2, bien, ( pour le comm, oui c'est vrai les 4 sens ... Et non les 5 ) correct, l'histoire bien sympas, comme on dit dans ma fic' c'est de la sanjilopienne, bah la c'est du enikel ! ^^ Tout le temps bien, bien écrit, bien fait etc ... J'aime beaucoup !

Citation:
_ Malheureusement oui, il le faut. Si je deviens pirate je ne peux rester. Déjà parce qu’un pirate est recherché mais surtout parce qu’un pirate qui ne voyage pas n’est pas un pirate.



( j'ai fait un copié/coller ^^ )

Un pirate n'est pas forcément rechercher, regarde, Luffy, il a combattu Arlong, avec aucune prime, il disait qu'il était un grand pirate.

Citation:
_ C’est pourtant simple ! Me dit-elle avec une lueur de conviction dans les yeux. Je veux quitter cette île pour découvrir le monde, je veux vivre des aventures !


Sommes nous obligé d'être pirate pour découvrir le monde ?. x)

on continu :

Citation:
Tu n’as ni bateau ni connaissances en navigation.


Je comprend pas tous, elle veut devenir pirate pour voir le monde, on peut voir le monde sans être un pirate, donc sans avoir un bateau ...?
En voiture, exemple !

Bon, passons, c'était vraiment génial, j'aime beaucoup t'es histoire Enitu et je comptes sur toi pour aimer la mienne ! ;P

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Sam 29 Sep 2012 13:35 
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Chapitre 4




L’ombre s’approchait rapidement. En quelques pas elle arriva à proximité de la fenêtre jusqu’à se tenir derrière. Je la voyais au travers des vitres et inversement, elle aussi m’observait de l’autre côté. Cela ne dura que quelques secondes, pourtant, ce fut comme si le temps s’était suspendu. De ce fait, j’eus d’une certaine manière tout le loisir de l’observer. Elle était vêtue d’une chemise de nuit souple et légère. Celle-ci lui retombait sur les jambes en voilage. A l’inverse, ses bras étaient dévêtus, la chemise de nuit ne comportait pas de manches. Ce vêtement était élégant, à la fois gracieux et simple. De plus, le corps sur lequel il reposait le mettait bien en valeur. D’une taille fine, la personne qui se tenait derrière la vitre possédait de jolies courbes. Pourtant sa poitrine était relativement petite ce qui renforçait ce sentiment de simplicité. En s’éloignant du buste mon regard gagna le visage, un visage jeune, presque enfantin. Il était entre deux phases, attendant de gagner les premiers traits de maturité. Le front quant à lui, placé sous une chevelure longue et rougeoyante, était large. Malgré l’obscurité on pouvait en s’appliquant bien, apercevoir ses yeux. Ils étaient assez grands avec une légère forme en amande bien qu’arrondis sur les côtés. L’iris placé en son centre n’était pas visible, mais je le savais puisque connaissant sa propriétaire, marron claire. Cette dernière d’ailleurs, finit enfin par ouvrir la fenêtre. C’est alors qu’elle me lança :

_ Alors Fel, c’est à cette heure qu’on rentre ?
_ Oh ça va ! Pas la peine de me faire la morale ! Lui répondis-je en chuchotant pendant que j’entrais dans la chambre.
_ Pourtant si les parents l’apprenaient tu serais mal.
_ Surement, mais ils ne le savent pas donc je n’ai pas de problèmes.
_ Et à ton avis, grâce à qui tu as pu te permettre un tel écart ce soir ?

Je voyais clairement ce qu’elle voulait dire et ce qu’elle voulait que je dise, c’est pourquoi je répondis :

_ Grâce à ma discrétion et mon expérience.
_ Ta discrétion ?! Lasses-moi rire ! Dois-je te rappeler qu’une fois sur deux tu te fais découvrir ? Donc niveau discrétion, tu repasseras.
_ J’ai seulement eu de la malchance voilà tout.
_ Comme la fois où tu as glissé sur la paroi du mur et que tu es tombée, réveillant par la même occasion les parents ?
_ Le pot de fleur n’était pas à sa place habituelle.
_ Et la fois où tu t’es fait voir alors que papa ramenait un client à l’entrée de la maison ?
_ Je ne pouvais pas savoir qu’il avait une réunion ce jour-là !
_ Ou encore la fois où tu es restée coincée dans le trou du mur et que tu as dû appeler à l’aide ?
_ C’était au tout début, le trou du mur n’était pas aussi grand que maintenant !
_ Quelle mauvaise foi ! Tu … Eh ! Mais tu essayes de m’éloigner de notre discussion originelle !

Je me mordis la lèvre, elle venait de comprendre. La suite me paraissait alors inévitable :

_ Tu ne devrais pas sortir comme ça le soir, ce n’est pas bien.
_ Il n’y avait personne, répliquais-je sèchement.
_ Ce n’est pas parce qu’il n’y a personne que tu dois te permettre de faire une telle chose.
_ Oui madame la marine, lançais-je cette fois avec moquerie et arrogance.
_ Ne prends pas cette attitude avec moi, tu as beau être plus âgée de deux ans, tu n’en reste pas moins une personne irresponsable. Qu’arrivera-t-il quand je ne serai plus là pour te couvrir auprès des parents ?
_ Ce n’est pas comme si j’avais besoin de toi.
_ Dans ce cas-là, tu vas être contente. Demain je ne serai plus là. Tu vas pouvoir te débrouiller toute seule. Comme la personne responsable que tu es.
_ Parce que tu pars peut-être ?
_ Tu es tellement insouciante que tu arrives même à oublier ce genre de chose. Franchement, je me demande dans quel monde tu vis. Demain matin, je pars. Je commence mon service.

A l’annonce de cette phrase, je fus complètement décontenancée à tel point que je faillis pousser un cri de surprise.

_ Tu vois, c’est pour ce genre de chose que je dis que tu es irresponsable.
_ Mais … Tu restes au moins sur l’île ?
_ Non, je suis mobilisée sur un navire.

Le silence se fit. Je savais que ma petite sœur voulait s’engager mais de là à ce qu’elle quitte l’île et qu’elle parte le lendemain même ! Comment avais-je fait pour ne pas le savoir ? Ou alors pour l’oublier ? J’avais l’impression que cela sortait d’un mauvais roman, que cela était un rêve, une de ces choses n’arrivant jamais dans la réalité. Et par conséquent, je trouvais l’information dure à digérer d’autant plus qu’elle m’était parvenue de façon sèche et brusque.

_ Ah et au fait, reprit-elle, demain tu devras venir avec les parents. Ils veulent absolument que tu sois là pour mon départ.
_ Encore et toujours pour faire bonne figure ! Lançai-je non sans un certain mépris.
_ Ne sois pas si dur avec eux. De toute façon tu n’as rien de prévu, si ?

Je repensai à ma promesse faite quelques heures auparavant. Apparemment, j’avais bien fait de prendre des précautions. Pourtant, cette obligation m’empêchant de voir mon amie partir me peinait. J’aurai tellement préféré lui dire au revoir de façon convenable, comme me le demandait ma sœur pour son propre départ.

_ … Non, lâchai-je après un court silence. Non, je n’ai rien à faire demain matin.

C’était faux, bien évidemment. Mais je me devais de concéder cette faveur à ma sœur. Car elle aussi partait. Je ne pouvais avantager l’une par rapport à l’autre. Il fallait que les deux soient mises sur un pied d’égalité.

_ Très bien, nota-t-elle avec un soudain enthousiasme. Comme ça tu pourras me dire au revoir correctement.

Sur quoi, elle me souhaita bonne nuit et partit se coucher. J’en fis autant de mon côté. Après m’être changée, je m’allongeai dans mon lit. La nuit était toujours aussi noire et de ce fait, pas une lumière ne venait éclairer de quelques façons que ce soit ma chambre. Encore une fois, j’étais seule avec moi-même, sans distraction environnementale.

Aujourd’hui avait été une journée éprouvante, pas seulement sur le plan physique mais aussi sur le plan moral. En une journée, deux personnes qui m’étaient chères partaient de cette île, me quittaient. Et pourquoi ? Pour l’une, découvrir le monde, pour l’autre, vivre son rêve d’enfance, c’est-à-dire devenir marine. Personnellement, je ne trouvai pas ce qu’il y avait d’intéressant à rentrer dans cette institution. Faire des tâches ingrates, tenir lieu de souffre-douleur à ses supérieurs, servir la justice et surtout être constamment sous les ordres ne me seyaient guère. Moi j’étais une âme libre et sensible. Je ne pouvais donc me soustraire à exécuter des ordres telle une machine. Ce n’était pas dans ma nature, et ça ne le serait jamais. Cet écart avec ma sœur était peut-être ce qui nous différenciait le plus. Ce qui tournait le plus souvent à la confrontation, elle jouant le rôle de moralisatrice et moi jouant le rôle de la rebelle. Pourtant, sous cet apparent conflit permanant se cachait entre nous une relation forte. La preuve en était que ce soir par exemple, elle m’avait non seulement couvert auprès des parents, mais m’avait aussi attendue. Bien sûr, j’étais persuadée qu’elle l’avait fait en autre pour me donner la morale, mais je n’ignorais pas quelque part, au fond de moi, qu’elle l’avait surtout fait parce qu’elle s’inquiétait pour moi. Elle tenait à moi, et moi de même, bien sûr, je tenais à elle. Nous étions comme des opposées qui paradoxalement ce complétaient, pour former alors un nouvel ensemble plus soudé et uni que jamais. Nous étions contraires, nous étions complices, nous étions sœurs.

Et demain pourtant, pour la toute première fois, notre relation changerait. Je ne dis pas qu’elle ne serait plus ma sœur, bien sûr que non. Seulement, cela ne serait plus pareil. Elle serait engagée, elle serait retenue, elle me serait retirée. Dès lors, il était fort probable que nous perdions notre relation si particulière. Nous risquions sans pour autant à ce que nous devenions des étrangères l’une pour l’autre, de nous éloigner. Et cette séparation, pour tout dire je la redoutais. Car en partant, elle emporterait avec elle sa présence, sa joie de vivre et par conséquent un peu de ma propre joie de vivre, même si cela n’était pas visible dans nos échanges quotidiens. C’est pourquoi j’étais triste qu’elle parte. De plus, même si je respectai son choix, je n’avais de cesse de penser qu’en partant elle me laisserait. Je l’avais déjà senti un peu plus tôt dans la journée. Mais là, le sentiment était beaucoup plus fort. Elle partait et de ce fait, m’abandonnait. Et moi derrière elle, je resterai. Je me sentais quelque part comme trahie, abandonnée, laissée en arrière. Et même plus, j’avais l’impression de servir de sacrifice à leur rêve respectif. Une sorte d’offrande en quelque sorte. C’est-à-dire ce même genre de présent dont on dispose comme on le veut car pouvant être renouvelé sur l’autel de l’égoïsme. Au final, je craignais qu’elles s’en aillent car une fois parties, moi je resterai. Seule.

Pourtant, qu’avais-je à perdre à les imiter ? A faire comme elles ? A partir ? Si elles s’en allaient, je n’avais qu’à faire pareille. La solitude n’est que pour ceux qui restent. En partant, elle demeure derrière comme tout ce que l’on quitte. Ici, ce que l’on quittait, c’était moi. Et de la même manière, celle qui allait être laissé sur place, c’était encore une fois moi. Ne voulant donc pas être laissée en arrière, je voyais dans ce stratagème le remède servant à prévenir les plaies futures de mon abandon.

Néanmoins, la pensée était une chose, les actes en découlant en étaient une autre. Et partir me rebutait. Pourtant, qu’est-ce qui me retenait sur cette île ? Car une fois toutes les deux parties, je n’avais pas bien de raisons concrètes qui m’empêcheraient moi-même de m’en aller. Alors qu’est-ce qui m’empêchait de faire de même, de partir ? Pour tout dire, je ne le savais pas. Ce monde, cet au-delà dans lequel elles s’élançaient m’intriguait. Pourtant, d’un autre côté, je ne le voulais pas. Il faut dire que j’affectionnais très fortement mon île. C’était ma maison, ma patrie, mon chez moi. Et plus encore, c’était mon terrain de chasse. J’en étais la reine. Tout ce qu’il y était, aussi éphémère soit-il, quelque part, m’appartenais. J’étais la maîtresse de cette île. La quitter reviendrai alors à me séparer de mon royaume sensoriel. En dehors de celui-ci, j’étais une étrangère, une inconnue, une pauvre, dépossédée de tous ces repères et connaissances. Et je ne voulais pas recommencer. J’avais peur de recommencer. J’étais effrayée par l’inconnu. Il était vague, flou, insaisissable, tout ce que je ne pouvais discerner. Il était comme une chimère, au contour abstrait faisant illusion d’exister. Tout comme l’était l’horizon. Il était un rêve, un mauvais rêve que je désirai et que je craignais à la fois. Et ce rêve, c’était le monde et sa découverte. C’était le monde lui-même.


________________________________________



Je vous remercie d'avoir lu.


Dernière édition par Enitu le Mar 6 Nov 2012 19:29, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Sam 3 Nov 2012 00:26 
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Chapitre 5




Quel étrange rêve …


J’étais sur le plateau au Nord de l’île, debout à contempler le paysage comme j’avais coutume de le faire. C’était l’hiver. Etrangement je n’avais pas froid. Pourtant il était bien connu qu’à cette altitude le temps était frisquet. Le vent soufflait abondamment depuis le centre de l’île. Et puisque venant des terres, il était frais. Mais mon ressenti n’était pas comme ça. Je n’avais ni froid ni chaud. J’étais bien, même si je ne percevais rien. Mais par précaution je relevai le col de mon manteau. Il serait bête de tomber malade pensais-je.

Tout autour de moi se dressait des Celusonis. Une variété d’arbuste qui ne poussait qu’à cette saison et sur cette partie du plateau exclusivement. Leurs tailles étaient assez conséquentes. Mesurant dans les un mètre de hauteur, ils m’arrivaient au niveau du bassin. J’avais l’impression d’être entourée de cocons. Ou pour le dire plus justement, de ruches à même le sol. En effet, les Celusonis étaient des plantes aux caractéristiques particulières pour ne pas dire singulières. Ils avaient pour spécificité de faire pousser les boutons de fleurs dans la partie intérieure de la plante. Ce qui avait donc pour conséquence de faire naître les fleurs dans l’arbuste, au lieu de sur l’arbuste comme c’était naturellement et généralement le cas. Pourtant si cela relevait de l’insolite, ce n’était rien en comparaison de ses autres particularités. L’une d’elle se révélait en le fait que bien que les boutons soient cachés dans l’arbuste, les fleurs, elles, se déployaient tout de même vers l’extérieur. Pour cela les pétales se retournaient, enveloppaient la tige sur laquelle elles étaient fixées et finalement apparaissaient de l’autre côté d’où elles émanaient pour pointer vers le dehors. Une aptitude bien étrange mais qui en vérité avait une réelle fonction. Il s’agissait là d’une stratégie de conservation. Et les objectifs étaient doubles. Tout d’abord il s’agissait de protéger les boutons de la gelée pendant les nuits froides. Les feuilles étant charnues et les tiges étant épaisses, cette astuce de survie marchait à merveille. L’autre objectif quant à lui, était dans le but là aussi de se protéger, mais contre de tout autres ennemis : les animaux. Certaines bêtes de l’île étaient très friandes des boutons de Celusonis et n’hésitaient pas en conséquence à aller chercher les bourgeons les plus hauts de l’arbuste. Le fait donc de renfermer ses fleurs avaient ainsi pour fonction de décourager les plus gourmands.

Bien entendu une telle stratégie n’était pas sans contrepartie. En cachant ainsi le pollen aux animaux et au vent le Celusonis courait le risque de ne pas se faire polliniser. Toutefois, cela aurait le cas été si cet arbuste n’avait pas développé d’autres astuces qui étaient autant de particularités supplémentaires. La nature étant bien faite cette espèce avait deux moyens de parade. Le premier consistait en une couleur vive et à la fois douce, servant à attirer les insectes. C’était là une stratégie commune mais diablement efficace. Le deuxième et dernier moyen résidait pour sa part dans la forme des pétales. Non pas que leurs formes géométriques à proprement parlé soient particulières ou étranges, mais parce que leurs surfaces, elles, revêtaient une caractéristique peu commune : les pétales étaient parcourues de stries parallèles. Et ce de telle façon à inciter les insectes butineurs à aller vers l’intérieur de la plante, là où résidait le pollen.

C’était donc pour cette raison que j’avais l’impression d’être entourée de ruches. Les insectes allaient et venaient entre ce qui s’apparentait à de gros bouquets de fleurs. Mais cela posait tout de même la question du recueillement du pollen. Comment s’effectuait-il en tout et pour tout ? Et bien de la manière classique. A ce niveau-là rien ne changeait. Toutefois, il était à noter que l’arbuste gardait jalousement pour un temps les insectes attirés. En fait, on pouvait dire de cette plante qu’il s’agissait d’une cage. Mais d’une cage de luxe. Ceux qui y entraient, en échange d’une suppression temporaire de leur liberté, se voyaient offrir le trésor qu’ils convoitaient tant.

Pour ma part les trésors ne m’intéressaient pas. Ou du moins, ils auraient pu m’attirer si je savais qu’ils existaient véritablement. Les mythes et légendes de par leurs fondements insaisissables n’étaient que des histoires irréelles de plus. C’était pour moi quelque chose d’abstrait que rien de tangible ne venait vérifier. Tout était caché en profondeur si bien que seule la forme témoignait d’une possibilité de vérité. Et une "possibilité" en ce qui me concernait, du fait qu’elle ne soit que de nature spéculative et incertaine, ne pouvait suffire à susciter mon intérêt. C’est pourquoi je ne pouvais permettre à ma curiosité de s’en aller en direction l’intangible. Ainsi, à contrario du comportement des insectes envers les Celusonis, je ne m’attachais pas à l’impalpable ou encore pour le dire autrement et encore une fois, à la richesse voilée par l’inconnu. Je préférais alors par opposition grandement les choses concrètes et tangibles, à l’image du paysage que je voyais en ce moment-même. Une étendue de mauve teintant par un jeu de miroir le ciel de parme et de glycine. Voilà qui méritait amplement d’être vu et apprécié !

Devant moi les arbustes s’étalaient jusqu’à perte de vue. En fait, ils allaient si loin que mes yeux ne pouvaient fixer la limite du plateau. Pourtant en temps normal, il n’était pas difficile de voir la mer depuis ce dernier. Peut-être que je n’étais pas assez proche pour l’apercevoir, pensais-je. Je me mis en conséquence à marcher. Les Celusonis de par leur taille et leur volume me gênaient dans mon avancée, sans compter que leurs surfaces rigides obstruaient et limitaient mes mouvements. Pourtant, le contraste avec les pétales était surprenant. Elles étaient tout le contraire des tiges et des feuilles. Douces, malléables sous le toucher, avec quelques bosselettes verticales, on pouvait vraiment se demander si elles venaient de la même plante que les feuilles grasses et épaisses des Celusonis. Il s’agissait-là à coup sûr d’une bien étrange combinaison de la nature !

Bizarrement, bien que continuant tout de même ma laborieuse progression, je n’apercevais toujours pas Grandline. Je m’arrêtai, fis un tour sur moi-même, mais rien si ce n’était un paysage violacé ne m’apparaissait. A croire que cette mer avait disparue. Ne sachant alors où chercher, je pris l’initiative d’aller demander mon chemin. Ce qui tombait bien puisqu’une présence que je n’avais pas remarquée jusqu’alors se trouvait un peu plus loin. Je me dirigeai donc vers cette personne. Mais étrangement, bien que l’approchant, je ne semblais pas l’atteindre. C’était comme si je faisais du sur place. Pourtant, j’avançais bel et bien. Me fuyait-Elle ? Ça n’avait pas de sens, pourquoi ferait-Elle une chose pareille ? J’accélérai le pas.

Je zigzaguai à grande allure entre les Celusonis, courant quand je le pouvais. Mais en vain. Elle était toujours aussi éloignée et je ne pouvais pas l’atteindre. D’autant plus que maintenant, Elle semblait s’effacer comme happée par le lointain, par l’horizon. Puis au moment même où Elle finit de disparaître, le paysage tout autour de moi s’effaça à son tour pour se teinter d’obscurité. Ce n’était plus du mauve mais de l’améthyste qui m’entourait. Et alors que je nageai dans cette noirceur violacée, j’aperçus une fleur. Refermée et mauve, elle me faisait face. C’était une fleur de Celusonis.



J’étais à présent assise sur le rebord de mon lit, le regard plongé dans l’obscurité, pensive. Mais bien sûr, je ne percevais rien. Ni paysage, ni horizon, ni quoi que ce fut d’ailleurs. J’avais beau réfléchir, je ne parvenais pas à comprendre le rêve que je venais de faire. Que voulait-il dire ? Que signifiait-il ? Et d’ailleurs, avait-il le moindre sens ? Tout cela était si étrange, si réel. Et en même temps … si irréel. Mais alors, qu’était-ce qui l’était et qui ne l’était pas ?

Je ne savais pas. Je n’étais plus sûre de rien. Le monde … mon monde … quel était-il ? Décidément … je ne savais pas.


________________________________________



Un chapitre peut-être un peu lourd dans le style. Si cela vous gênes, merci de me le dire pour que je retravaille éventuellement les passages concernés. De même dans la forme. J'ai marqué le rêve par une mise en italique, mais si cela vous gênes, je vous serez gréé de me le rapporter (pour que vos successeurs n'aient pas le même problème).
Quant à la signification, je suis conscient que c'est loin d'être évident. Ce chapitre est assez complexe de premier abord à comprendre (j'arrive même à m’embobiner moi-même !). C'est pourquoi je tâcherai de répondre à vos interrogations s'il y en a.
Je vous remercie d'avoir lu.


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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Sam 3 Nov 2012 09:19 
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Franchement je faisait un tour des fic et la je suis tombé sur sa et j'ai vraiment beaucoup aimé.
J'ai lu du chapitre 1 au 5 sans m’arrêter ! :luffy langue:
Tes description sont ... magnifique ...!
Et je comprend ( ou du moin je pense comprendre ) se que ressente tes personnage.

Le dernier chapitre avec le rêve était lui bien diffèrent, avec tout cette description de la fleure qui prend la majorité du chapitre mais qui, je pense, est très profond.
En effet après l'avoir lu deux fois, je pense avoir comprit la signification globale ( meme si il me reste encore des chose a découvrire je pense )

Tout sa pour dire que j'adhère beaucoup a ta fic, et que j’attends la suite avec impatience.

Ps : L'italique ne ma pas gêné, et puis je trouve que cela apportait carrément une sorte d'univers au rêve, ou même l’écriture devient ... plus pareil... mais bon je pense que je vais trop loin la :luffy langue:

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Dim 16 Déc 2012 03:15 
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solino a écrit:
Le dernier chapitre avec le rêve était lui bien diffèrent, avec tout cette description de la fleure qui prend la majorité du chapitre mais qui, je pense, est très profond.
En effet après l'avoir lu deux fois, je pense avoir comprit la signification globale ( meme si il me reste encore des chose a découvrire je pense )
J'espère que tu as compris. Mais puisqu'ayant eu des réponses floues à ce sujet (dans le peu que j'ai eu comme retours), je préfère par sécurité (bien que ça ne m'enchante pas) donner un semblant d'explication avec une remise en contexte.

Ce chapitre est placé sous le thème de la remise en question. Fellia qui pensait tout savoir de son monde et qui surtout ne voyait pas plus loin que le bout de son île, commence à saisir le fait que quelque chose de bien plus grand existe. Elle en prend plus ou moins conscience avec le départ de son amie et de sa soeur. Ou partent-t-elles ? Pas sur l'île mais autre part. A partir de là elle essaye de s'imaginer qu'est-ce que pourrait être cet autre part sans pour autant réussir à se le représenter. Son rêve traduit donc en quelque sorte son interrogation, son doute et même peut-être son angoisse. Le monde qu'elle connaissait et qu'elle prenait pour un tout est-il vraiment réel ? Et à partir de là, elle, où se situe-t-elle ? Quelle est sa place en ce monde ? Mieux, quel est son monde ? C'est comme je l'ai dit une véritable remise en question qui s'offre à Fellia. Elle est perdue par cette ouverture soudaine et finalement ne sait plus quoi penser.

Dans le chapitre je le montre par une plante assez spéciale. Le Celusonis. Et ce n'est pas tant la plante en elle-même qui est importante, mais la représentation que Fellia s'en fait. L'allusion avec la figure de l'inconnu est donc déterminant. Car l'inconnu dans le contexte général est synonyme d'intangible, d'impalpable, de mystère, d'irréel. Et il se réfère sans peine à quelque chose que j'évoquais dans les chapitres précédents, à savoir l'extérieur. Le monde. Les Celusonis sont donc aux yeux de Fellia le monde de façon général. Cela quelque part n'est pas totalement faux. Mais pourtant, c'est tout de même incorrect par le manque de nuance apportée. Si Les Celusonis sont le monde de façon général, où se situe donc Fellia ? Là est la question cruciale car elle se représente en dehors des Celusonis, refusant de braver l'inconnu. Elle serait donc hors-monde ? C'est absurde ! Elle est forcément dans le monde. Il y a donc une contradiction entre sa représentation et le réel. Et c'est pourquoi à la toute fin, elle finit dans un Celusonis (si vous n'aviez pas compris). Et c'est à partir de là que son doute explicite commence. Qu'est-ce qui est réel ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? Le monde tel qu'elle le concevait ou tel qu'il commence à lui apparaître ?

Je n'en dirai pas plus. Car il y a encore des choses cachées dans le texte et non révélées par l'explication (que j'aurai pu dire). Mais j'espère que vous avez compris le principal et qu'à la lumière de ces quelques explications vous saisissez un peu plus ce qui est en train de se passer avec Fellia (mais rassurez-vous, je n'ai pas tout dit. J'ai encore pleins de choses dans mon sac la concernant, plus tous les développements que je ferai. Ce n'est que le début !).


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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Dim 16 Déc 2012 03:15 
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Chapitre 6 – partie 1




Le lendemain matin, très tôt avant l’aube, j’entendis toquer à ma porte. Ne voulant pas me lever, je me tournai dans mon lit dans l’espoir que ma nouvelle position ferait cesser ces tambourinements. Bien entendu, ceux-ci ne cessèrent pas. Dès lors, je n’avais plus qu’à utiliser la solution suprême : mettre mon oreiller sur ma tête pour étouffer le bruit qui parvenait à mes oreilles. Mais bientôt, une voix s’éleva :

_ Mademoiselle Fellia, il est l’heure.

Cette voix ne m’était pas inconnue. C’était celle de la servante, Henrietta. A sa phrase, je lui répondis par un petit râle. Ce qui ne l’empêcha pas de recommencer ses appels :

_ Mademoiselle Fellia, si vous ne vous levez pas maintenant, vous serez en retard par la suite.
_ ‘Pas envie ! Lui répondis-je d’une voix étouffée.
_ Soyez raisonnable !
_ Non …

Soudain, une nouvelle voix s’éleva. C’était celle de ma sœur :

_ Fel, si tu ne te lèves pas d’ici cinq secondes, je viens moi-même te traîner hors du lit. Cinq …
_ Tu peux toujours courir, …
_ Quatre …
_ … je ne me lèverai pas, lui lançais-je sur un ton de défi.
_ Trois … deux … un … Très bien tu l’auras voulu !

C’est ainsi que ma porte s’ouvrit laissant alors apparaître sous la lueur de la bougie une jeune fille habillée de l’uniforme de la Marine. Cette dernière se précipita vers moi et d’un coup de pied bien placé me fit tomber hors du lit. Je n’eus même pas de temps de me remettre de ma chute qu’elle enchaîna en m’attrapant les jambes et en me traînant jusqu’à l’extérieur de la chambre. Henrietta, en voyant cette scène paraissait amusée. Cela lui était surement familier. Trop à mon plus grand regret. Une fois sur le palier, ma cadette s’empressa de fermer la porte. Cela servait bien sûr, à empêcher toute tentative de ma part pour regagner ma couchette. Dès lors, je ne pouvais qu’admettre la défaite, non sans un ronchonnement témoin de ma mauvaise grâce matinale. La vainqueure quant à elle, arborait fièrement un sourire, signe de sa victoire écrasante. Cela ne l’empêcha pas comme à son habitude de me sermonner :

_ C’est aujourd’hui que je pars. Non mais franchement, quelle insouciante tu fais !

N’étant pas bien réveillée, je n’eus même pas la force de lui répondre. Il faut dire que je n’avais dormi que peu d’heures et que la veille avait été bien chargée. Je notai tout de même l’excitation dont faisait preuve ma jeune sœur. Elle ne tenait littéralement plus en place. Si bien que c’est elle qui m’emmena vers la salle d’eau où devait avoir lieu ma toilette. Henrietta derrière nous, avait du mal à tenir de l’allure précipitée à laquelle nous avancions. Une fois à destination, ma sœur après avoir allumé plusieurs flammes ci et là au travers de la pièce, donna quelques instructions à la servante :

_ Je veux qu’elle soit prête dans trente minutes. Je vous attendrai dans le salon du premier.
_ Bien mademoiselle …
_ Matelot, la coupa-t-elle.
_ Si vous voulez, mademoi … matelot.

Une fois débarbouillée, lavée et habillée, nous descendîmes comme convenu au salon. En vue de l’occasion, je portai une tunique rouge groseille stylisée avec des rayures en dégradées positionnées en diagonales. Pour mes bas, j’avais réussi à convaincre Henrietta de me laisser porter un pantacourt. Ce qui était bien plus pratique pour se mouvoir que les jupes.

_ Ah vous voilà enfin ! S’exclama-t-elle en nous voyant entrer. Il ne manque plus que les parents.
_ On avait vraiment besoin de se lever aussi tôt ? Lui demandai-je après un bâillement tandis que je m’asseyais à la table pour prendre un petit-déjeuner. On risque d’arriver en avance.
_ L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt comme on dit, me répondit-elle en me regardant droit dans les yeux.

Je lui répondis alors de la même manière, yeux dans les yeux :

_ Qui veut voyager loin ménage sa monture comme on dit.
_ Il n’y a que le premier pas qui coûte.
_ Qui trop se hâte reste en chemin.
_ Vouloir c’est pouvoir.

Un silence se fit, puis nous éclatâmes spontanément de rire.
Ce fut à cet instant qu’arrivèrent mes parents. Mon père était un homme bourru, avec des bras assez larges. Il n’aimait d’ailleurs pas qu’on lui rappelle l’épaisseur de ces derniers. En revanche, s’il y avait bien une chose dont il était particulièrement fier concernant son anatomie, c’était sa moustache. Une fine et longue moustache se faufilant sous un nez relativement petit et droit. D’après ce que j’en savais, il la taillait tous les jours. C’était une sorte de passion mêlé d’obsession. Peut-être pour compenser son alopécie gagnante ? A côté de ça, il était vêtu pour l’occasion d’une veste verte sombre qui jurait méchamment avec un pantalon rouge.
Ma mère elle, était beaucoup moins consistante. En fait, elle semblait être le contraire de mon père. Assez grande, fine, pas bien grosse pour ne pas dire maigre, elle arborait néanmoins, elle aussi un petit nez droit et fin. Peut-être était-ce cela qui les unifiait ? Sinon, tout comme ma sœur et moi, elle était rousse. Il fallait bien que nous ayons un trait physique caractéristique dans la famille Faongelle après tout. Enfin, elle était habillée d’une longue jupe d’un vert pomme qui se mariait très bien avec son haut blanc et ses cheveux roux. Elle avait à n’en pas douter beaucoup plus de goût que mon père.

_ Tu n’emportes que cela ? Demanda ma mère en pointant le baluchon qui siégeait au pied de la table.
_ Oui. Je n’ai pas besoin de plus, répondit ma sœur.
_ Tu es sûre ? S’inquiéta-t-elle. Cela fait peu de chose tout de même. Dire que tu t’engages … Une fois là-bas, tu feras bien attention au moins ? Parce qu’une femme dans la Marine …

A cette parole ma sœur tilta :

_ Et bien quoi une femme dans la Marine !? Parce qu’on est une femme, on n’aurait pas le droit de s’engager ? C’est ça ?
_ Mais non ma chérie … Ce n’est pas cela que j’ai voulu dire. Seulement, la Marine est un monde d’hommes et les hommes … Et bien tu sais … Le travail est difficile.
_ Et donc ? Demanda ma cadette qui l’attendait visiblement au tournant.
_ Et bien … Etant une femme … le travail n’est pas aussi facile que pour les hommes.
_ Je ne suis pas d’accord ! Je ne vois pas pourquoi une femme serait plus faible qu’un homme ! S’exclama-t-elle en haussant le ton avant de se faire couper par mon père de sa voix grave et imposante :
_ Assez ! Puis sur un ton plus calme, il enchaîna. Commençons à partir.

Sur quoi, furibonde elle sortit de la pièce, le baluchon suspendant à son épaule. Apparemment mon père –pas qu’il sous-estimait les femmes tout au contraire, ne voulait pas que ça dégénère le jour du départ. Il devait surement imaginer ce jour que comme devant être parfait et mémorable. Quant à moi, bien loin de vouloir me faire remarquer, je me faisais toute petite derrière ce qui restait de mon déjeuner. Peut-être espérais-je qu’on m’oublia ? Si tel était le cas, on ne m’en laissa pas la chance car étant restée dans la pièce, on m’appela pour que je vienne aussitôt.

Une fois dehors, nous gagnâmes dans le silence le plus complet le Port au Parfum. Car c’était là-bas que devait se faire le départ. Ce même endroit où devait partir la future pirate. Peut-être avec un peu de chance, pourrais-je aller lui dire au revoir pensai-je. Le problème résidait malheureusement dans mes parents. J’avais l’impression qu’il me gardait toujours à l’œil. Et quand il finissait enfin par se détacher de moi, c’était Henrietta qui prenait le relai. En bref, j’étais constamment surveillée.

La nuit n’était pas encore terminée. Les premiers rayons du soleil ne se lèveraient pas avant au moins une heure. Néanmoins, la visibilité était dégagée grâce aux lanternes qui composaient l’éclairage de la ville. Autour de moi, sur les murs et sur le sol, s’étalaient de grandes ombres vibrantes. C’était assez réconfortant car elles formaient une sorte d’enveloppe ténue et chaude. Et du fait de leurs superpositions et de leurs emboitements, il ressortait de ce jeu d’ombre, une impression de puzzle. Oui, une sorte de puzzle urbain dans lequel nous avancions. Passant d’une pièce à une autre, pour mieux arriver vers la résolution de cette journée. Ma petite sœur, Jun, partirait. Mon amie d’enfance, Fru, de la même manière s’en irait. Et moi, …


________________________________________



Le chapitre étant très long, je l'ai découpé en plusieurs parties. La seconde partie sortira dans à peu près deux semaines.
Je tiens à signaler que j'ai posté une explication juste au-dessus, pour ceux qui n'auraient pas vu.
Je vous remercie d'avoir lu.


________________________________________



Citation:
PS : j'ai remarqué que tu aimes beaucoup le lettre F : Fellia / Fru / Fēnia
Une coïncidence. En tout cas, il n'y a rien de recherché.

Quant au nom du personnage qui se rapproche de Fellia, il n'est pas interdit d'avoir des noms ressemblant ou identiques d'une fic à l'autre. Je ne vois pas pourquoi je t'en voudrais.
Au passage j'en profite pour énoncer la source d'inspiration qui m'a fait choisir ce nom. Fellia vient de to feel qui signifie : palper, tâter, sentir, ressentir, éprouver mais aussi penser et estimer dans une certaine mesure. Le verbe est vraiment taillé pour ce personnage (et c'est bien le seul dans cette fic qui soit aussi juste dans la caractérisation d'un personnage).


Dernière édition par Enitu le Lun 24 Déc 2012 19:00, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] Le monde lui-même
MessagePosté: Dim 16 Déc 2012 11:51 
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Ha enfin !
Voici un nouveau cru d'Enitu. Et quel cru !
Les liens avec One Piece quasi-inexistants au début sont désormais de plus sen plus clairs et cela s’intègre parfaitement dans le fil conducteur du récit. Le récit en lui même avance à sa manière entres deux descriptions qui lèvent le voile sur les profils psychologiques des personnages notamment Fellia.
Pour l'instant, j'imagine bien la suite du récit avec un petit dilemme : rester tranquillement chez elle ou bien prendre son courage à deux mains et partir avec son amie...
Bonne continuation et a dans deux semaines !

PS : j'ai remarqué que tu aimes beaucoup le lettre F : Fellia / Fru / Fēnia
A propos :
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Désolé !
J'ai malheureusement et indépendamment de ma volonté créé un nom pour ma fic qui se rapproche dangereusement du prénom de ton héroïne : Fella.
Pour ma défense, je dirais que je l'ai créé à partir de verbe feuler : le fait de rugir d'un tigre.
Tu ne m'en veut pas, hein ?

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