Frappé par l'effet "D-Awards", je me suis donc mis à Avatar, que j'ai goulûment regardé en entier, dans une période de temps beaucoup trop courte, pour être réaliste. Cette série qui me tentait déjà depuis quelques temps, s'est définitivement imposée à moi après la lecture du post d'Ange Bleu durant les Awards pré-cités. Je saute donc gentiment sur l'occaz pour y donner mon avis.
Je préviens de suite que ça risque de spoiler sec, avis aux amateurs...
Commençons par les critiques, c'est plus constructif et on repartira sur une meilleure note, le bon côté de la chose étant abordé en dernier. Ressortons à cet effet ce que j'appellerais ici le "systsème en tirets", peu recherché, mais simple et efficace :
- Le délire technologique croisé... C'est une constante que je n'apprécie, il faut bien le dire, pas beaucoup. Quelques différences de décénnies, un siècle passe à la rigueur, mais quand on s'engage sur ce dangereux sentier, on ne sait plus s'arréter et ça c'est grave. Du coup, certains trucs sont assez mitigés et d'autres, vraiment trop fumés. Le métro de Ba Sing Se, le système d'Omashu passent assez bien, comme tout les trucs du Royaume de la Terre en fait, c'est quand on s'attaque à la nation du Feu que ça se gate... Non parce que : des tanks ? des cannonières-dreadnoughts... avec des catapultes ? des zeppelins ? une foreuse géante ? et tant qu'on y est : des sous-marins ??? des tanks chenilles ??? Hum Hum, un peu too much pour moi. Le bateau passe encore éventuellement, idem pour les ballons typiques, il faut bien avouer que le coup des lunettes de soleil m'a fait bien rire, mais dans l'ensemble, le décalage est un peu trop large. Etonnant d'ailleurs que les hommes du Feu combinent des moyens de transport monstrueux type XXem siècle et des armes typées pré-Moyen Age, je veux bien qu'ils soient des lance-flammes sur pattes donc ça compense, mais quand même.
- Les entrainements... Alors bizarrement certains sont très bien (avec Toph, avec Zuko), autant d'autres sont risibles. La Palme d'or revenant à celle avec le gourou, qui arrive d'ailleurs très mal puisqu'en fin de saison et qui est vraiment ridicule. En fait le problème étant que ils sont généralement bien en milieu et cours de saison et baclé voir totalement abusé et mal fichu lors des climax et fin de saison, un peu dommage. C'est mineur, d'accord, mais le coup du gourou m'avait fait lancer un tel "WTF" qu'il fallait que je le ressorte.
- le public ciblé... Un peu trop jeune. Le show reste un peu gamin malgré tout. Il oscille assez justement, ça passe, mais ça aurait été une tuerie si le public visé avait été élevé de 3-4 ans. C'est souvent un peu trop gentillet, là où ça aurait probablement gagné à le faire plus "dark". Encore une fois c'est mineur, car il y a une belle part bien maniée de noirceur, mais cela manque parfois cruellement de logique et de réalisme, les auteurs n'arrivant pas à sauter certains pas.
j'ai fini avec mes petites critiques, qui sont néanmoins assez anecdotique. Je me contente de pointer les trucs qui m'ont un peu géné, mais force est de reconnaitre que dans l'ensemble, c'est très très bon. D'un pur point de vue technique, c'est quand même beau, du moins ça marche extrèmement bien. Le visuel est vraiment plaisant, de même pour l'adaptation. La VF est de bonne facture, en tout cas, pas une seuls voix de m'a dérangé. La VO reste à priviligier par pur esprit puriste (et puis franchement, Mark "Luke Skywalker" Hamill en Seigneur Ozai...), mais la VF s'en tire haut la main. Autre truc très important et très bien maitrisé : on sait où on va. La fin est prévue d'avance et atteinte fidèlement. Peut-être que ça n'a l'air de rien, mais combien de fois vous êtes vous dit : "ils auraient dût s'arréter à tel moment". La construction en Livres et en Chapitres donnent un cachet supplémentaire et on se dit que les auteurs maitrisent décidémment très bien leur sujet et ça, ça fait plaisir.
Sur le show en soit maintenant. L'univers déployé est quand même terrible et ce par multitude d'aspects. Je me dois de le citer en premier, mais le bestiaire de foufurieux est vraiment énorme. Le concept de base est ultra simple, on évite de s'embarquer dans des trucs incompréhensible et pourtant, ça marche du feu de Dieu. Les chimères, éléments on-ne-peut-plus rabacher l'est ici d'une manière super sympa et très souvent hilarante et c'est un gros plus de la série (l'Ours-Ornithorinque, le Canard-Tortue, l'abeilles-vautour et l'ours-élan à dents de requin sont définitivement made of awesome). Et personne ne pourra me dire que les chevautruches ne sont pas inspirés de Nausicaa, marque de goût incontestable.
Plus sérieusement, les mélange de mythologies, philosophies, représentations ethniques est très habile. Ressortir des cartons le Tao, Bouddhisme, Confucianisme, Hindouisme; Voir des sociétés basées sur les inuits, les touaregs, les indiens d'Amazonie; tout ça combiné à la cosmogonie du monde des Esprits donne à Avatar une touche vraiment originale, sans que cela demande de grosses connaissances pré-requises. Le mélange passe très bien et ouvre vraiment un plein de trucs d'une façon très juste. Les auteurs ont encore une fois, extrèmement bien gérés leurs trucs et la base du Monde et de l'Univers d'Avatar est extrèmement solide et bien construite. Dans le même esprit, les pouvoirs élémentaires sont étonnaments bien employés, avec une justesse qui évite de tomber de trop dans le grosbillisme (sauf peut-être vers la fin mais bon, climax oblige...). Ces pouvoirs qui font partie des plus lambda sont fort bien remis au gout du jour, avec de constantes innovations (particulièrement vrai pour l'Eau), avec leurs propres particularités et avec vraiment un caractère propre. L'idée d'avoir combiné cela avec quatre arts martiaux chinois traditionnels et d'autant plus une bonne idée (c'est fort bien fait d'ailleurs car on a avec ces quatre styles de Kung Fu les quatre déclinaisons des styles interne / externe - nord / sud). A part quelques écueils inévitables, ils ne sont jamais trop exagérés et ne donnent jamais vraiment mesure à du too much, ce qui est de même, très appréciable. Et puis le coup des éclairs des maitres du feu, qui fait très Star Wars avec une explication et une base totalement antithétique de SW, PLUS le délire Mononoké Himéesque de la fin de la 1ere saison... Juste très bon.
Le scénario ensuite est comme je l'ai dit fort bien tenu, mené au bout de belle manière et avec une maitrise très apparente, ce qui est toujours rassurant. Ils arrivent à vraiment avoir une belle dose de chapitres "pour l'histoire" - "sérieux" - "n'importe quoi". Certains moments sont tout de même énormes, je retiendrais le Mushroom Samba-esque "Nightmares and Daydreams", le très crénios "The Puppetmaster" avec Hama, les forts jouissifs "The Ember Island Players" et "The Beach" (qui pourrait sans problème être réintitule "The Bitch", vu le comportement d'Azula tout du long), et tout l'entrainement avec Toph, qui claque méchamment. La saison 3 reste à mon gout la meilleure, mais le défi est tenu avec maestria tout du long.
La gallerie de personnages ensuite, qui sans grande révélation, est juste impec. La bande de l'avatar fonctionne à merveille, mais les antagonistes et les personnages "gravitants" sont de même très bien amenés. Mes préférés, parce qu'il en faut toujours, resterons sans grande surprise Toph et surtout le duo (et j'insiste sur le côté duo, même si séparément, ça claque sévère aussi) composé de Zuko et Iroh, qui est juste excellent, même si classique pour chaque personnage (Végétisme ambiant pour Zuko et Obi Wanisme patent pour Iroh). Pas de monstres sacrés à l'horizon, mais bien peu de personnages déçoivent, chacuns été léchés dans sa conception par les auteurs et ça fait plaisir de voir que le baclage est absent de ce point de vue là. A cet égard, l'humour est vraiment génial. Toujours correctement présent, jamais lourd, mais frais, rénouvellé, avec différents styles. Rarement l'humour d'un show n'aura été tenu avec autant de talent et cela contribue encore grandement à la qualité de l'oeuvre. Quelques lignes sont tout de même énormes : le "My Mother always thougt of me as a monster... She was right of course, but still... it hurt... a bit." d'Azula restera probablement ma préféré, comme toutes ses répliques de l'épisode "The Beach" d'ailleurs...
Bref... un sacré bon show, qui vaut largement le coup d'oeil, maitrisé du début jusqu'à la fin et de façon juste magistrale. Une pure réussite...!!!
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« Si durant l'intégralité d'une rotation terrestre, l'utilisation d'un fusil d'assaut modèle kalashnikov n'a pas été jugé nécessaire, alors on peut dire que, d'une manière platonicienne, cette journée était ''bonne'' ».
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