Lorsque j'ai lu ton post, je me suis demandé si t'étais en manque à Londres pour pondre un pavé sur du harem. Vu que personne ne te répond, je me suis moi aussi penché dessus.
Citation:
les œuvres de type Harem sont incapables d’avoir un bon MC ET un bon Harem
Pour moi il ne s'agit pas seulement d'une dualité entre le MC et son harem, il y a au moins une 3è variable qui entre en jeu : l'histoire. Si la qualité du harem en lui-même peut être indépendante de l'histoire, il en va de moins pour la caractérisation du MC je trouve.
Prenons les bonnes vieilles histoires toutes connes dans lesquelles le harem est bel et bien la finalité de l'oeuvre, à savoir où le héros est entouré de plusieurs filles qui -pour diverses raisons généralement peu crédibles- sont toutes amoureuses de lui en même temps, et où tout tourne autour des interactions entre le protagoniste et ses groupies. On y trouve généralement dedans ce que tu appelles si affectueusement le « MC de merde ». Ce qui est vrai. Mais il y a un point sur lequel je ne suis pas d'accord, c'est lorsque tu souhaites qu'il évolue au cours de l'histoire. Ce n'est pas possible. Pourquoi ? Parce qu'il faut vendre.
Là je parle des mangas et light novels.
Si l'auteur veut étaler son œuvre sur plus de 15 tomes, il est bien évident qu'il ne peut pas faire sortir son héros avec une des prétendantes (et là je sous-entends aussi qu'il doit rester avec la fille, sinon ça ne compte pas). Et le moyen le plus simple pour éviter ça c'est d'en faire une lopette. S'il doit devenir un semblant de bon personnage cela ne peut être qu'à la fin. Un peu comme dans les
Super Sentai où les méchants n'appliquent leur super plan de la mort qui tue seulement à la fin, alors que s'il faut ils auraient pu le faire 50 épisodes plus tôt (ce qui au passage aurait évité aux héros de gagner des power ups pendant la série^^). Dans ces cas-là on voit bien comment l'histoire possède une forte influence sur le héros, ce dernier n'est pas un chimpanzé parce que l'auteur/les lecteurs aiment ça ou se voient forcément en lui -c'est possible certes- mais parce que c'est une nécessité pour faire fonctionner l'oeuvre le plus longtemps possible. Du coup le MC se doit d'être soit une chiffe molle (il est indécis alors qu'elles se jettent toutes sur lui), soit un teubé (il n'est même pas conscient d'être au centre d'un harem alors qu'elles se jettent toutes sur lui), et ça pendant 15 tomes. C'est le cas de
To love-ru,
Ichigo 100% ou encore
Nisekoi (oui mon expérience du domaine côté mangas se résume principalement au Jump). Je te rejoins évidemment sur un point, c'est qu'au final on se fout pas mal de la présence du perso et on ne lit uniquement pour voir les haremettes/waifus, mais je ne trouve pas ça gênant car cela fait partie de la mécanique du genre dirons nous.
L'inverse total de ce genre de harem c'est celui où le héros est Alpha, et je voulais rebondir sur ce que tu écrivais à ce propos.
Citation:
C’est un phénomène tout con et qui, à mon sens, arrive pour deux raisons. La première c’est que l’écrivain veut éviter d’avoir un Harem qui écrase son MC. C’est louable et c’est une bonne chose mais il tombe du coup dans le travers inverse qui est d’avoir un MC complètement pété. La deuxième, c’est qu’un MC non vide sera souvent un Gary-Stu parce qu’il devient une version fantasmée de son auteur. Je veux pas être méchant envers les écrivains de LN et autres Galge mais la plupart n’ont surement pas du avoir un succès fous avec les filles pendant leur vie et créer un MC surpuissant leur sert entre autres choses de catharsis et leur faire vivre ses années de gloire qu’ils n’ont eux jamais connus.
Je suis également d'accord pour dire qu'il y a une bonne part de projection de la part de l'auteur, tu as cité Kirito et j'avais déjà
expliqué pourquoi du coup cela ne faisait pas de lui un bon personnage, mais ça peut aussi venir du public visé : si Kirito est si facilement
élu meilleur perso de la saison c'est sûrement parce que les otakus ne sont pas habitués à voir un MC classe au milieu d'un harem. Non parce que, en soit, trouver un perso mieux foutu que lui c'est pas très compliqué, il suffit de prendre le héros du premier
shônen nekketsu à portée de main et c'est bon (genre
Shokugeki no Soma, pour faire dans le très récent et populaire). Mais les otakus ne savent pas ce qu'est un
shônen, donc bon. Pour eux un mec en cape noire avec 2 épées c'est original et super classieux. Hum. Passons.
Certains auteurs veulent être « originaux » en mettant un protagoniste de harem qui soit cool. Ok. Problème, ils ne savent pas comment s'y prendre. A trop en vouloir faire un héros étiqueté CHARISME ils tombent dans le gros piège de la facilité d'écriture. Pour eux c'est simple, il leur suffit de mettre le MC dans des situations classes, et hop, ils ont pondu le
Best MC Of The Year Of All Years. Caractérisation ? Personnalité ? OSEF ! Mon MC il fait des trucs trocools s'tout. Harem banzai ! Alors, que faire pour éviter cette paresse intellectuelle digne d'une fanfic sans faire de ton héros un
faggot ? Si le MC est un perso un tant soit peu potable, il ne serait pas très crédible de le rendre insensible aux charmes de ces jolies demoiselles, il faut donc naturellement trouver une bonne raison à son célibat. Là je vais me baser sur les mangas que j'ai lu. Personnellement je vois 2 solutions : soit il ne
veut pas, soit il ne
peut pas.
Dans le premier cas cela peut faire partie de sa personnalité, l'auteur peut donc travailler dessus pour pondre un protagoniste avec un vrai caractère et qui pourra, si tout se passe bien, sortir un minimum du lot. On se retrouve alors devant un vrai personnage, et non un courant d'air ne servant qu'à déclencher des situations harem maintes et maintes fois revues. Bien évidemment il devient alors assez difficile dans ce cas d'étaler l'histoire sur plus de 15 tomes, au risque de trop tirer sur la corde et de rendre le MC tout d'un coup beaucoup moins crédible et aimable (« il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis »), mais il reste possible de tenir sur une durée honorable.
Là je pense par exemple à
Ai Kora où le héros n'est à la base intéressé que par certaines « parties » de l'anatomie féminine, indépendamment du physique « global » de la fille. Il se retrouve entouré de filles ayant chacune une des parties qu'il considère comme idéales, mais comme les filles n'en possède qu'une seule, le héros ne va pas en choisir une plus que l'autre. Cette situation harem dure un certain temps jusqu'à ce que le héros décide de ne se concentrer que sur une des filles, en passant donc outre sa philosophie sur les parties idéales.
Ai Kora est un manga bien sympa et est un bon exemple de manga harem avec un MC intéressant sans qu'il ne soit « cheaté ». Bon, c'est pas révolutionnaire, mais il y a du bon dedans.
Dans le cas où le héros ne peut pas choisir, bah là c'est carrément dépendant de l'histoire, si quelque chose l'en empêche (contre sa volonté donc) c'est que la raison provient du scénario, le statut-quo est donc « légitime ».
Tiens je vais d'ailleurs parler d'un manga qui a des chances de te plaire DS :
Ore ga Doutei wo Sutetara Shinu Ken ni Tsuite. L'histoire d'un trentenaire qui depuis ses années lycées à vécu une vie de playboy et va en payer le prix fort en se faisant tuer par un de ses anciens amis.
Plot twist, il se retrouve parachuté 15 ans plus tôt au lycée et découvre que s'il perd sa virginité avant son pote il mourra. Pas de bol, sa vie de playboy dans son présent à lui vient influencer celle qu'il a actuellement au lycée, ce qui fait qu'il risque d'être entouré par les filles avec qui il avait couché dans son « ancienne vie ». Dans ce manga le harem est non seulement légitime -ce qui est rare dans les œuvres harem au passage- mais en plus le scénario donne une bonne raison pour empêcher le héros d'en choisir une. Bon j'ai un peu triché sur ce coup car, pour le moment, l'aspect harem n'est pas tellement présent (on croise les anciennes conquêtes du héros quand même) et se concentre plus sur un carré amoureux, mais il n'empêche que l'auteur a vraiment trouvé une bonne idée. Ce manga prouve qu'il est aujourd'hui encore possible de cuisiner du neuf même avec des ingrédients utilisés depuis longtemps par tout le monde. Pas la peine de se compliquer à forcément vouloir être « original ».
C'est dans ce type d'oeuvre que l'auteur peut créer un MC intéressant, charismatique et qu'on prend plaisir à suivre, sans qu'il n'ait à se soucier du problème de statut-quo car le scénario est là pour maintenir une situation harem autant que possible. Mais cela implique aussi que l'oeuvre doit impérativement offrir autre chose qu'un simple harem, et que donc l'histoire ne soit pas complètement focalisée sur les interactions (amoureuses) entre le héros et ses haremettes. Pas la peine de citer
Kaminomi, le Sacré Saint dans ce domaine (
dommage que certaines personnes ici ne soient pas capables de voir un peu plus loin pour apprécier ce manga, et son Dieu, à sa juste valeur), possédant tellement une icône de phare illuminant le méandre des œuvres harem de bas étage qu'il se fait honteusement copier par des auteurs qui, au final, n'auront retenu du manga uniquement sa composante galge/2D sans même chercher à creuser plus loin.
Mais bref.
Je me suis beaucoup concentré sur le MC et pas sur le harem, parce que pour moi la qualité d'un harem reste quand même intimement lié à la qualité du Monsieur. Si les filles arrivent à être attirées par une larve sur pattes, c'est qu'au fond elles ne doivent pas être elles-mêmes si intéressantes que ça, ou alors elles ont des goût vachement bizarres, c'est possible (je pense à Momo de
To love-ru Darkness, elle peut avoir n'importe qui et elle choisit Rito, WHY ?). Du coup il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse, à savoir un harem de potiches qui feraient passer le héros pour un mec avec de drôles de goûts (par contre là j'ai pas d'exemple sous la main).
Si je devais citer une œuvre harem plus ou moins récente de qualité (n'ayant pas vu/joué à
Majikoi), je citerais sans hésitation l'un de mes coups de cœur :
Trinity Seven.
Son héros, Arata, est pour moi sans conteste l'un des meilleurs MCs de ces dernières années (Keima c'est Dieu, il est hors catégorie, on s'est compris). L'auteur s'est magnifiquement débrouillé pour nous offrir là un personnage qui sort bien du lot sans jamais tomber dans des extrêmes et qui arrive à vivre par lui-même avec classe sans que se ne soit forcé.
Etant un adolescent mâle hétéro, Arata est bien évidemment très charmé par le grand nombre de jolies filles l'entourant, il est conscient d'être au centre d'un harem, il s'en amuse et en profite sans chercher à devenir le gros pervers de service. Lorsqu'il se retrouve dans une situation clichée ecchi il ne vas pas faire son hypocrite et agir comme s'il n'avait pas aimé ça, mais il ne va pas non plus chercher à déclencher volontairement ces situations (mais quand ça arrive, autant en profiter, et il le fait en grand gentleman en plus). Ca ne veut pas dire qu'il est un Alpha et Grand Maitre de la sexualité hein, il reste au final un adolescent encore pur, ce qui fait que certaines situations sont encore un peu trop embarrassantes pour lui. Il est capable de discerner le sérieux de la rigolade, lorsqu'une des haremettes l'approche sérieusement il sait définir les limites : je pense à cet excellent passage, court mais très révélateur de la personnalité de Arata « That kind of things is for when we're closer ». Il n'est pas contre bien s'entendre avec toutes les filles, bien au contraire, mais il est conscient qu'il y a des choses qu'il ne faut pas dépasser à ce stade et il le fait bien savoir. Il ne fuit pas la situation, il met les choses au clair.
Mais ce qui est encore plus fort, c'est que Arata n'est pas seulement un putain de MC de harem, il est aussi pour moi tout bonnement un putain de protagoniste de
shônen, un vrai de vrai. Arata a tout du héros de base : lycéen normal, il est soudainement catapulté dans un monde magique, il apprend qu'il possède quelque chose de très spécial (Magic King Candidate) et il se retrouve au centre du scénario. Cependant, il agit réellement comme un humain normal catapulté dans un monde magique dans lequel il est propulsé au rang de personne spéciale. Lorsqu'on lui explique en détail les mécaniques et enjeux du monde de la magie, il est en mode
cool story bro. Normal. Il est dans un monde inconnu il ne va donc pas chercher à jouer le je-sais-tout et se ramasser lamentablement par la suite. Lorsqu'il se retrouve dans une situation sérieuse, il est bien conscient qu'il y a des limites à ce qu'il peut faire, malgré son potentiel de perso le plus fort du manga, et il va se débrouiller avec les moyens du bord. D'ailleurs, il est entouré de mages plus douées que lui et il le sait bien, il ne va donc pas chercher à jouer le chevalier blanc et vouloir protéger tout le monde car « les filles ça doit pas se battre » alors que ces dernières feront forcément un meilleur travail que lui. Arata ne fait pas partie de ces héros voulant à tout prix tout faire tout seul, sous couvert d'une prétendue chevalerie ou je ne sais quoi, s'il n'est pas capable d'assurer après et si c'est finalement pour devenir un boulet. Ca ne veut pas dire qu'il reste les bras croisés à regarder les autres se salir les mains pour lui, loin de là. S'il se prend une taule à un instant T, il ne va pas devenir émo, il va travailler dur pour ne pas refaire les mêmes erreurs et ainsi pouvoir se battre aux côté des Trinity Seven la prochaine fois.
Il y a tellement de choses à dire sur Arata, c'est un perso que j'adore parce qu'il n'est justement pas écrit pour être super classe/cool/alpha/badass, mais simplement lui-même, et c'est en étant lui-même qu'il en devient charismatique.
Le harem quant à lui n'en est pas en reste, malgré le fait que l'une des principales raisons pour laquelle on lit le manga c'est pour Arata (ne nous leurrons pas), le groupe des Trinity Seven arrive à tenir la route, même sans lui (bien que l'intérêt devient moindre il faut l'avouer). Il est vrai que le harem possède une certaine faiblesse, prises individuellement les héroïnes n'en jettent pas tout autant que notre protagoniste et n'ont pas vraiment cet attrait
waifusable que l'on devrait avoir dans tout harem qui se respecte. Cependant, c'est ce qui fait justement pour moi sa plus grande force. Elles ne sont pas là pour n'être uniquement des prétendantes pour le héros (et par extension le lecteur), toutes leurs actions ne tourne pas seulement autour du héros, ce qui fait qu'elles agissent réellement comme un groupe, un vrai, pas un attroupement de groupies. Chacune d'elles interagit avec Arata de façon différente, et par là j'entends quelque chose d'autre que les sempiternelles « Oh, j'ai tellement envie qu'il me choisisse, vite je dois trouver un moyen de le faire tomber sous mon charme ». Tout comme le héros, les filles aussi arrivent à vivre au delà du harem, elles ont leur vies à côté et se connaissaient bien avant que Arata ne les rejoigne, même si évidemment c'est grâce à lui qu'elles s'entendent aussi bien aujourd'hui.
J'aime beaucoup aussi le fait que ce harem soit mis au même niveau que le MC. On retrouve dedans des filles qui sont bien conscientes de représenter un harem pour le héros (un peu comme dans
Bakemonogatari), et elles n'hésitent pas à jouer dessus et accompagner Arata dans certains délires. Arata ne représente pas pour elles qu'un simple mâle au milieu d'un harem qu'il faut courtiser, et les filles ne représentent pas pour lui de simples waifus qu'il peut choisir en un claquement de doigt. Ils ont une grande complicité qui va au-delà d'une relation mâle/harem.
Au final j'ai pas mal parlé de
Trinity Seven, mais c'est parce qu'il s'agit d'un de mes gros coups de cœur de ces dernières années, et il reste aujourd’hui encore un de mes mangas préférés avec un harem. Beaucoup d'auteurs devraient prendre exemple sur lui, en particulier par rapport à Arata, qui donne également une bonne claque aux héros de
shônen.
Prenez-en de la graine.