Après avoir été l'une des victimes des Internets suite au raz-de-marée qui a submergé la planète après le final de Legend of Korra, j'ai été intrigué par l'ensemble de l'oeuvre Avatar (de laquelle j'avais été effrayé il y a longtemps suite aux intrusions répulsives de Shyamalan).
Je reviens rapidement sur ATLA, parce qu'il n'y a pas grand chose à en dire finalement : c'est juste et intelligent dans l'écriture des personnages, du background et de l'intrigue. Rares sont les faux pas, et ceux-ci n'égratignent en rien les inoxydables qualités de la série. Une série qui m'aurait rendu fou si je l'avais découvert lors de mes 15/16 ans, mais qui a réveillé cet adolescent aux tentatives capillicoles épouvantables qui sommeille toujours en moi.
Concernant LoK, vu la structure globale de la série, il convient mieux de décomposer ça par saison. J'updaterai la saison 3 et la saison 4 lorsque je les aurai finies.
Season 1 : Air
Dans l'ensemble, ce qu'un spin-off d'une série adulée peut avoir d'ingénieux : reprendre l'univers mais en le déplaçant dans le temps pour aborder de nouveaux personnages, de nouvelles intrigues, de nouvelles thématiques et une nouvelle atmosphère. Nickelodeon oblige, la série doit toujours s'adresser à un public jeune, mais on sent bien cette volonté de suivre les fans dans leur vieillissement et d'offrir des éléments plus adultes.
Le problème central est le format : 12 épisodes pour raconter convenablement cette histoire, avec plus de personnages principaux que sur ATLA, ce n'est pas tenable ; la fin est donc furieusement rushée, après avoir passé presque un épisode à tresser les liens de la Team Avatar à travers des relations amoureuses, du pain et des jeux. Le déséquilibre est palpable. D'autant plus que le plot de base est incroyablement rusé et fécond, jouant sur le renversement de la puissance le conflit des sans-pouvoir oppressés qui veulent la reconnaissance et l'égalité : y a de la politique, de la sociologie, de la critique sociale, des conflits moraux, etc. miam miam. A mon avis, avoir deux saisons de 12 épisodes chacune, avec comme first season ending Amon prenant le pouvoir de Republic City (et deuxième saison en temps que rébellion clandestine pour les personnages principaux) auraient été plus pertinent, autrement plus propice à des scènes d'anthologie et permettant de fluidifier l'ensemble tout en évitant les raccourcis qui finissent en caricatures. Mais on ne refait pas le monde, et il faut apprécier ce que l'on a.
En l'état, les personnages sont beaucoup plus inégaux que sur ATLA, les deux frères étant particulièrement insipides (l'un a un panda roux, ce qui est la seule caractéristique que j'ai retenue), Iroh junior transparent comme pas possible et les méchants décevants dès lors qu'ils sont intégralement dépeins (Amon, Tarrlok et Sato). C'est assez dur de voir autant de personnages qui ne sont pas nuls mais qui n'arrivent pas à développer une singularité les rendant attachant malgré le schéma générique dans lequel ils sont, pourtant l'un des points forts de ATLA. Mais Asami (doublée par une actrice ayant joué dans le Shyamalan, comme quoi), Tenzin (JK Simmons dans la place <3), Lin Beifong (ce serait presque égratigné le personnage de dire qu'elle a été doublée par une actrice connu pour son rôle régulier dans Austin Power) et surtout surtout SURTOUT Queen of Badass Korra (j'ai pas de commentaires sur la doubleuse là par contre), relèvent largement la barre en étant quasi-parfait (le quasi provenant surtout de la résolution de l'intrigue et du triangle amoureux à la fin de la saison…), en tout cas tous quatre très attachants, retrouvant les qualités des personnages ATLA, à savoir typés, aux rapports avec les autres personnages touchants, mais ne sombrant pas dans une caricature genrée. Y a quelque chose qui sonne juste chez eux, et c'est ça qui m'importe le plus.
Pour détailler concernant les méchants : - Sato : prévisible de bout en bout et ne marche jamais vraiment, caricature se ramassant le cliché du méchant tellement maychant qu'il serait prêt à tuer sa propre famille pour achever sa "vengeance". On s'en fout et les scénaristes aussi. A contrario, j'ai découvert que Asami était censée être à la base le méchant, conspiratrice femme fatale à la solde des Egalitaristes, mais que les scénaristes l'affectionnaient tellement qu'ils ont reviré de cap en cours de saison. Et ce changement fonctionne du feu de Dieu, car son introduction dans la série était un ramassis de clichés, mais que tout cela finissait par voler en éclat en montrant une personnalité moins cloisonnée, de laquelle on pouvait tirer autre chose que le masque apparent. - Tarrlok : commence bien, parce qu'antagoniste de Korra sans être un Villain. Le mec qui veut faire son boulot bien, en prenant des décisions qui ne reflètent pas les besoins de l'héroïne. C'était dans la continuité des traitements de personnages de ATLA et pile dans la maturité sous-jacente à LoK. Et d'un seul coup, en un combat avec Korra ça s'effondre méchamment, un méchant bête à bouffer du foin et, lorsqu'il est creusé, se révèle contradictoire : il voue une haine à son père (normal vu le gros con que l'autre est), mais poursuit les mêmes desseins que lui. Le spectateur lève les yeux au ciel. - Amon : parfait dans la première partie. Le mystère de l'identité, le pouvoir, les desseins, c'est simple et diabolique, ça lance la série sur une toute autre thématique vraiment passionnante, reflet du cadre de l'intrigue la mégalopole transcivilisation Republic City. Chacune de ses apparitions est réussie, on a véritablement PEUR pour les personnages qui tombent entre ses mains, quand bien elles ont toujours un petit arrière-goût de "coucou j'ai le personnage principal entre les mains mais comme je suis MASTERMIND et EVIL je le laisse en vie X.o.X.o. PS : on se retrouvera au moment où mon plan de FIFOU l'utilisera, bisous à la famille". Sauf qu'en définitif le plan n'est pas fifou - la fôte au format en 12 épisodes - les révélations sur son identité sont assez mal préparées - idem -, elles n'achèvent pas de graver le méchant dans les grands Villains de la pop-culture (ce qu'il y a sous le masque indiffère beaucoup en définitif), et surtout ne font pas sens avec le pouvoir qui lui avait été conféré au départ (et à ce niveau, sauf erreur de ma part, on n'a pas d'explications et on a peu de chance d'en avoir). Comme un pet silencieux et inodore, alors qu'on s'attendait à une bombe faciale de Meelo : frustrant. J'en garderais la première partie du personnage, tellement elle était réussie et aurait pu conduire à un méchant d'anthologie si les créateurs avaient axé toute la série LOK sur Amon.
Le background est assez malin, normal il provient des péripéties décrites dans les comics de ATLA, et toute la métamorphose sociale autour des pouvoirs est pertinente. Il faut juste avoir la suspension d'incrédulité pour admettre qu'en cent ans, un univers séminal est devenu le New York des années 20 ; ça, j'ai. Beaucoup de combats entre seconds couteaux perdent en superbe quand on voit l'utilisation restreinte des pouvoirs (la police qui n'utilise son metal bending que pour manipuler des fils…), qui confine à l'absence d'imagination flagrante, mais j'aime bien l'aspect que cela confère à la série, dont l'univers parait s'éloigner fortement de la nature et de civilisations communiant avec elle pour s'implanter dans une ambiance industrielle plus prononcée. Cela permet de mettre en avant l'intrigue (ce qui aurait été parfait si elle avait pu se poser plus correctement à travers 2 saisons) et de minimiser la puissance de l'Avatar (pertinent dans la mesure où Korra maitrise 3 éléments dès le début et où la quête des éléments n'est plus le fil conducteur). Mais quelque part, on ne peut pas s'empêcher de penser que c'est un manque impardonnable de spectacle de la part du show.
Les faiblesses se font plus présentes que sur ATLA, mais globalement la série conserve un capital sympathie indéniable, porté par son personnage principal casse-gueule et maitrisé à la perfection *_* et une prise de risque générale qui s'avèrent tout à fait louable.
(en lisant le topic, je suis effrayé par la capacité d'anticipation de l'intrigue par Namienator, à moins que ce soit juste moi qui soit très con lorsqu'il s'agit de deviner la direction dans laquelle une intrigue va)
Season 2 : Spirits
Catastrophique.
Le plot est mou, le déroulement ronflant, les personnages sont des caricatures (d'eux-mêmes ou d'archétypes), le décorum déçoit (quelques prises de risque sur le monde des esprits et l'esthétique du flash-back, mais rien de bien passionnant), l'animation en baisse sur certains passages.. Rien - ou presque - ne marche.
Cette saison aurait pu convenir si elle avait été compressée sous la forme d'une adaptation au cinéma : les 6 heures auraient été divisées par quatre et on aurait eu quelque chose de foutraque et pas intéressant, mais au moins court et n'ayant pas l'indécence de massacrer cette série dans son format original. Vu le traitement des personnages qui pourrait réduit à Korra et son oncle et les autres sous forme de filler fanservice ou servant à préparer un micro élément de l'intrigue, et l'ambition globale de l'histoire où il faut se battre contre un méchant insipide qui oeuvre POUR LES FAURCES DU MAL QUI VONT PLONGER DANS LES TENEBRES LA TERRE PENDANT NON PAS MILLE, NI DEUX MILLE MAIS DICE MILLE ANS, et ce pour arriver à une résolution où l'on se balance des mandales en mode Kaijus jusqu'à ce que mort s'en suive, je me demande pourquoi ça n'a pas été fait sous forme d'un film de 1h30 directement.
Dans les points positifs : - le traitement de la famille de Aang, qui parvient à densifier la mythologie de la série tout en offrant les passages "feel good filler" les plus réussi. - c'est vraiment très joli le flash-back du premier Avatar - la rupture du couple le moins convaincant de l'Univers, Korra et Mako, ENFIN - et.. euh.. euh.
Dans les points négatifs : - Korra passe 90 % du temps à ne rien faire (+ un passage amnésique TROP ORIGINAL qui en plus ne sert strictement à RIEN), purée ça passionne les foules les héros qui attendent, surtout lorsqu'ils sont caractérisés pour être proactifs (ratage d'autant plus incompréhensible qu'avec la première saison, les scénaristes avaient évité tous les pièges et livré le plus beau personnage de la série) - Mako s'enterre définitivement comme protagoniste sans charisme (son introduction où il arrête des malfrats en tant qu'officier trocool, avant de lancer une réplique cheesy, j'ai rarement vu plus insipide) - Bolin s'offre une parodie des films des années 20/30, mais ça dure vraiment vraiment des plombes et des plombes et des plombes pour un combat final par ailleurs plutôt sympa - Unalaq aurait pu tirer son épingle du jeu sur les 2 premiers épisodes s'il n'avait pas été décidé qu'il serait bien le méchant, et qu'en plus il serait vraiment vraiment méchant sans subtilité, sans motivation, sans fond, sans sucre ajouté, sans intérêt - les nouveaux personnages féminins qui culminent dans les caricatures misogynes (la jumelle overly attached YET OVERCREEPY girlfriend, l'actrice rousse caractérisée par le fait qu'elle est bonne, la secrétaire servile, ué youpi), tandis qu'Asami est reléguée à pot de fleur (flagrant sur le final..) - Lin se déplace pour les perquisitions de ses officiers, elle a vraiment que ça à foutre pour exister dans cette saison (ou alors les enquêteurs étaient vraiment pas assez charismatiques pour tenir tout seul une scène, ce qui est effectivement le cas) - la dynamique entre la fratrie de Aang est sympa comme tout, mais elle phagocyte le récit et ça finit par être lourd et pas drôle - Varrick dont je n'ai pas compris un seul instant les motivations ni la manière d'y arriver, c'est "captivant" ces personnages horripilant qui sont définis à travers le nawak - il y a un président à Republic City. apparemment. je ne sais pas pourquoi ils ont introduit ce personnage (transparent), cette fonction ni à quoi ça sert dans l'intrigue. - la gamine de Tenzin, qui poppe sans explication Deus Ex Machina overcheaté permettant de vaincre les forces du Mal, les scénaristes s'en battent les roubignoles, pourquoi on ne ferait pas pareil ? - Pabu et Aaga, euh, vous êtes là les filles ? :'( - les révélations sur le premier Avatar qui, à mon goût, réduisent la mythologie de la série au lieu de la densifier
Une véritable douleur que de traverser cette saison, que j'ai préféré presser de finir au bout de quelques épisodes, tout en faisant autre chose en même temps, tellement ça me chagrinait de la voir. Et pourtant, je me suis accroché, d'une part parce que la saison 1 avait développé un capital sympathie incroyable pour la série et d'autre part pour passer rapidement aux deux saisons suivantes, dont la réception est plus enjouée. J'ai l'impression que les créateurs avaient toutes les cartes en main pour réussir quelque chose d'aussi sympa que la saison 1, c'est ça le plus frustrant.
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