Ce que c'est...

Bande dessinée débutée en 1990 et dont la série s'est achevée après cinq volumes en 2004 (avec une grosse pause 1995-2004), "Julius Corentin Acquefacques..." est une œuvre du français Marc-Antoine Mathieu.

Ce que ça raconte...

Julius Corentin Acquefacques (dont le nom doit vous faire penser à un certain écrivain tchèque...) est un petit fonctionnaire de la Ville, un privilégié (il vit dans un 6m²) qui occupe un emploi au Ministère de l'Humour. Chaque tome s'ouvre sur un rêve du dit personnage, rêve qui ne sera jamais sans conséquences sur la réalité... Julius se retrouve alors sempiternellement à devoir réparer les pots cassés de la réalité et des rêves, qui viennent foutre en l'air sa BD et menacer l'intégrité même de son existence...

Ce qu'on y trouve

"Julius Corentin..." est donc une bande dessinée un peu particulière... Déjà elle est en noir et blanc (non non, pas comme un manga... je vous vois venir...). Cette BD est d'entrée humoristique... Même si elle est d'apparence froide, à l'image du visage fade de son héros et de son visuel sinistre, elle est un petit trésor d'absurde où chaque tome contient son flot de nonsense, de burlesque, etc... Son anti-héros se retrouve embarqué dans des aventures toutes plus barges les unes que les autres, qui utilise et détourne les canons de la BD classique.

L'élément récurent est une déformation de la narration ou du graphisme, qui entraine fatalement un bordel monstre dans la BD, bordel que le héros devra solutionner. Chaque tome comporte de plus une anomalie dans la BD même, un truc que vous retrouverez probablement dans aucune autre BD (c'est surtout vrai pour les tome 1 et 3). La série comporte donc cinq tomes, chacun avec une piste de base, qui est exploitée et enjolivée de détails tous plus délirants sur la société de la Ville (en Spoil la fameuse "déformation de BD" de chaque tome) :

-"L'Origine" (1990) : Julius Corentin Acquefacques se rend compte qu'il est un personnage de BD et que son destin est écrit à l'avance... (Cet album possède une page où il manque une case, il y a donc un trou dans la page... ce qui crée une répétition de l'action)

-"La Qu..." (1991) : Julius Corentin est chargé par le ministère de résoudre le plus grand mystère jamais rencontré : La Qu... Pour cela, il est éjecté de la Ville et est chargé de rejoindre la Gare... (Cet album possède des cases monochromes et en couleur, ce sont les seuls passages non noir et blanc de la série)

-"Le Processus" (1993) : Quelque chose cloche pour Julius Corentin. Non seulement il s'est dédoublé, mais le temps lui-même semble détraqué... (Spoil Cet album contient une page en spirale Spoil)

-"Le Début de la Fin" (1995) : Où Julius Corentin va se rendre compte que ce n'est pas toujours malin de jouer à pile ou face, surtout quand l'enjeu est son propre destin (Cet album est construit comme un palindrome)

-"La 2,33333em Dimension" (2004) : Julius Corentin Acquefacques a perdu un point de fuite de la ville. Il est donc chargé d'en retrouver un de rechange. (Cet album possède un passage en 3D)

Tout ça pour dire que c'est vraiment une BD que j'adore. J'apprécie énormément ce genre d'humour complètement décalé (auquel pas mal de monde devrait rester de marbre). Toutefois si l'idée de recycler des consignes de gare ou des cages d'ascenseurs en appartements vous parait judicieuse, alors cette BD est pour vous...

Euh enfin moi je ne trouve pas ça si évident que ça O_o
Sans wikipedia je n'aurais jamais trouvé^^
(pas que je ne connaisse pas Kafka, mais juste le fait que je suis nul pour les jeux de mots et que je n'ai pas une grande culture littéraire pour que « écrivain tchèque » fasse tilte dans mon esprit^^).


Dans tous les cas une présentation d'une oeuvre forte intéressante.

Autant le dire d'emblée, je suis surpris de découvrir une présentation sur cette bd. Et très agréablement surpris. Une bd à contraintes dans la composition, mais où mla contrainte est évidemment porteurse de sens par rapport à l'action, l'intrigue ou le "message" délivré. Personnellement, et même s'il ne fait pas directement partie de ce mouvement, j'ai découvert Marc-Antoine Mathieu lorsque je faisais des recherches sur l'OuBaPo (je voulais en faire mon sujet de DEA puis de thèse à ce moment) (et l'OuBaPo c'est pour Ouvroir de Bande-dessinée Potentielle, versant bd de L'OuLiPo, littéraire, groupe qui fonde l'écriture sur des principes de contraintes: Queneau ou Pérec pour les plus connus. L'OuBaPo en tant que tel, c'est essentiellement la maison d'édition L'Association, une fois de plus).

Bref, merci pour cette présentation. Et j'enjoins tous ceux qui passent là à au moins ouvrir un tome de cette série dans une fnac ou autre (le seul souci, c'est que cette bd est mal distribuée. en tout cas c'était le cas il y a 6 ans quand je la cherchais).

Pour Kafka, le jeu de mots n'est pas évident selon moi non plus. En fait, c'et l'atmosphère de la BD qui évoque Kafka et son univers, et puis les jeux de renversements qui appelle à ce trafic sur le nom.

Bon c'est vrai que j'ai un peu exagéré sur le nom (en fait en farfouillant dans ma mémoire je viens de me rendre compte que quand j'ai découvert cette BD, j'étais aussi en train de lire "Le Chateau", alors forcément...). Du coup j'ai allégé le truc...

Enfin, cette BD, c'est vraiment une des meilleurs (selon moi) des BD franco-belges (avec Gotlib, Pratt, De Capes et de Crocs...) et je vous invite vraiment à jeter un coup d'œil, ne serait-ce qu'au premier tome qui est vraiment terrible...

Franchement, SneV, une seule chose à dire : MERCI !

D'une, pour le jeu de mot que je n'avais jamais vu mais qui maintenant m'apparait logique ( ?! ) au vu de l'oeuvre.
De deux, pour me rappeler une époque de ma vie où je passais mon temps à lire des bandes-dessinées, à la bibliothèque municipale, dont celle-ci.

Le premier tome que j'ai lu est " La Qu... " et je dois dire que cela m'avais vraiment surpris ( mais lorsque l'on a connu que la BD franco-Belge classique c'est un peu normal ^^ ) et en même temps bien amusé de suivre ce personnage terriblement banal dans cet univers qui l'est beaucoup moins : absurde, oppressant, froid, bref...kafkaien ( je peux le dire maintenant ).L'auteur ne cesse de jouer avec le lecteur à travers l'histoire de son héros mais aussi par les nombreux procédés graphiques déjà évoqués plus haut.

Le plus remarquable reste néanmoins la "mise en abîme" présente dans chaque tome ( mais plus généralement dans l'ensemble de l'oeuvre de Marc-Antoine Mathieu ) et qui semble confondre le plan scénaristique avec le plan graphique donnant ainsi naissance un effet de vertige que je n'ai jamais retrouvé dans aucune autre BD.

Cependant, je ne pense que cette BD plaira à tout le monde en raison de son aspect "expérimental" et décalé avec ce que l'on peut trouver ailleurs.Néanmoins, je la recommande, surtout pour ceux qui cherche à sortir des sentiers battus de la bande-dessinée.Et si ça vous plait je vous conseil de lire les autres oeuvres de l'auteur dont la dernière ayant pour sujet les sous-sols-labyrinthe d'un musée.... malheureusement j'ai oublié le titre alors si quelqu'un pouvait le donner se serait pas mal.Merci ^_^

Bah écoute de rien Hyronimus...

J'ai moi aussi beaucoup aimé "La Qu...", surtout avec tout le truc sur la gare qui fait moitié endroit mythique inatteignable pour le commun des mortels... Et le début avec les inspecteurs de l'espace vital est à mourir de rire je trouve. Je suis aussi tout à fait d'accord avec ton histoire de mise en abime, c'est encore plus vrai dans "le processus" qui est complètement sur ce procédé artistique.

Quant aux autres œuvres de MAM (rien à voir avec le ministre...), j'ai lu "le dessin" qui est un peu en dessous, mais pas mal quand même (sur un espèce de super-dessin avec des super-détails...). J'ai lu aussi "Mémoire Morte", qui ressemble beaucoup à JCA, c'est un genre de suite... Quant à celle dont tu parles avec les sous-sols du musée, c'est peut-être "Les sous-sols du Révolu", je l'ai pas lu donc...

Après comme tu dit et comme je l'ai mentionné, ça ne plaira vraiment pas à tout le monde. C'est pas une lecture humoristique très facile et le type d'humour présenté est très spécial, mais personnellement, j'adore.

Et d'ailleurs, Hyronimus, ton pseudo a quelque chose à voir avec les sept vies de l'épervier...? ('tain, encore une super BD ça...).

Il ne faut pas grand chose pour appâter ma curiosité et comme je suis dans une période de découverte de la BD, il n'en fallait pas plus pour m'intéresser à cette œuvre qui se révèle être d'une sacré originalité. Comme pour toute les découvertes BD, j'en ai parlé à mon pote spécialiste de ce support (moi c'est les manga, lui c'est la BD) et c'est sans surprise qu'il m'apprend avoir les 5 tomes.

Après lui avoir emprunté le tome 1, c'est avec attention que j'ai parcourus cette histoire, avec plein de promesse à tenir. Et bien j'ai beaucoup apprécié cet univers étrange aux arrières goûts de "Brazil" de Terry Gilliam et le côté miroir avec la découverte des pages de la BD par le héros. J'avoue avoir halluciné sur le "trou de matière", une sacré bonne idée qui malheureusement n'apparait qu'une seule fois (ou deux fois) et que j'aurais aimé voir un peu plus (en même temps la BD est assez courte), mais c'est sacrément original et bien pensé. Tout comme la fin d'ailleurs qui est également bien foutu avec la découverte de la dernière page manquante qui annonce la fin de l'histoire et de l'existence des personnages (assez flippant en soit).

Franchement voila une sacrée bonne découverte que je vais continuer en m'achetant la suite (si je la trouve) dés le moi prochain. Affaire à suivre donc.

Chose promise, chose due. Je n'ai eu aucun problème pour trouver le tome 2 des aventures de Julius Corentin Acquefaques "la Qu..." en plus de "l'Origine" en passant.

Alors ce tome 2, meilleur, aussi bien ou moins bien que la première aventure de Julius ? Franchement, difficile de faire mieux quand on atteint la hauteur de la prefection, non ? Ce tome 2 continue donc sur un chemin différent tout en proposant des passages aussi dérisoires qu'irréels surfant principalement sur le rêve, chose qui se sentait moins bien dans "l'Origine". On retrouve toujours ces petits trucs à la Terry Gilliam, comme le contrôle d'espace vital, le rêve dans le théâtre des opérations et les consignes de la gare. L'histoire est assez confuse et complétement décalée.
Je suis toujours sous le choc des dessins incroyablement originales qui portent l'histoire de façon magistrales. Les jeux d'ombres sont exceptionnels contrastant de manière abrupte les parties claires/blanches du récit. Et justement, ce noir et blanc est cassé de manière brutal avec l'apparition de la couleur en fin de tome posant la question si il s'agit bien d'un rêve ou non puisque Julius lui est resté dans la couleur unique, le blanc.
J'ai également bien aimé la fin qui renvoi en dépuis de l'histoire pour former un genre de boucle temporelle qui se répète nous enfonçant encore un peu plus dans le rêve délirant.

La fin du mois arrive à grand pas et ça va être l'occasion de me procurer la suite des aventures de JCA avec le tome 3. A bientôt donc.