En tant que S.A.U.V.E.U.R. (Salavateur Altruiste Universel Vindicatif Et Ultra Raisonnable) de la troupe 10 des Castors Juniors, il est de mon devoir de tenter de renverser la tendance et donner à Picsou une place qui n'aurait en aucun cas volé.
Il est vrai que mes camarades et moi-même avons beaucoup insisté sur La Jeunesse de Picsou, ce n'était pas simplement parce que nous sommes des fan-boys complètement dingues en plus d'être une oeuvre fleuve et juste incontournable (vous
DEVEZ lire absolument ces histoires), c'est aussi que la construction du personnage est telle que l'on est en droit de se demander si on lit vraiment du Disney, loin de ce que peut proposer la pantagruélique avalanche d'histoires du canard tout auteur confondu (avec du bon et du moins bon bien sûr).
Qu'est-ce qui fait que la version de Don Rosa est si spéciale?
Beaucoup de choses à vrai dire à commencer par son incroyable respect pour tout le travail de Carl Barks, papa biologique du richissime canard en plus d'avoir créé à lui tout seul toute la mythologie Donaldvilloise. Tous les petits détails que Barks a dissimulé ici et là dans ses histoires sont repris et décortiqués pour en faire un tout absolument cohérent. J'avoue l'avoir déjà dit dans un post précédent, mais ce simple détail a de merveilleux qu'il donne une crédibilité et un vécu aux personnages là où Carl Barks faisait beaucoup dans des histoires que l'on pourrait considérer comme des one shots (très rares sont les références qu'il fait à ses propres histoires). De là, tous les personnages gagnent un poids plutôt étonnant et on sent le vécu des aventures passés pour chacun des protagonistes. ça n'a l'air de rien dit comme ça, mais pour un personnage et une série clairement "tout public" où les conséquences d'un acte ne se suivent pas toujours d'une histoire à une autre, il est fascinant de voir que Don Rosa sait jouer de cet illustre héritage Barksien tout en apportant sa touche personnelle qui est à des années lumières d'une production Disney que l'on pourrait qualifier de très "propre". C'est là que réside tout le génie de Don Rosa, car pour devenir le canard qu'il est aujourd'hui, Picsou a dû passer moults épreuves, parfois épiques, parfois drôles, mais aussi et surtout, dans l'effort et la douleur. Don Rosa n'a justement pas rendu le personnage propre et complètement lisse toujours vaillant et c'est en ça que sa version de Picsou est extraordinaire. Combien de personnages ou de héros Disney ont été "malmenés" par les vicissitudes de la vie tel que Don Rosa les pose?
La question n'est pas rhétorique et mérite vraiment d'être posée à vrai dire, mais très sincèrement, connaissez-vous beaucoup de héros Disney qui finissent enchainer en étant inconscient par les deux bras en plus d'avoir pour brusque réveil le contenu d'un crachoir?
Combien de héros Disney ont sombré dans une espèce de crise de folie et de perversité complètement assumée?
Désolé pour la petite taille de l'image.Qui se battent à mains nus contre toute une horde de badauds?
Qui ont connu le désespoir, le vrai, le genre de sentiment qui ne peut mener qu'à un excès de rage furieuse pour n'être apaisé que sur le moment?
Combien ont raté l'amour de leur vie pour des sentiments non assumés jusqu'au bout? Combien n'ont pas eu droit à leur fin heureuse?
Picsou, lui, est passé par tout ça et plus encore. Ces épreuves l'ont rendu tel qu'on le connait aujourd'hui et tout ce poids accumulé sur ses épaules est parfaitement ressenti quand on lit une BD de Don Rosa. Bien sûr, on peut aussi que cette version de Picsou possèdent un côté burlesque et second degré bien plus fort que chez n'importe quel auteur, ce qui rend certains passages vraiment savoureux. à vrai dire, les moments où Picsou est le plus drôle est quand il ne dis rien, une simple tête déconfite made in KDR se suffisant largement à elle-même. ^^
Et puis, le temps d'une image, Don Rosa fut le seul à faire une chose que personne n'avait osé faire avant lui, surtout pour un personnage de série récurrente de la maison Disney.
Encore une fois, connaissant le réel souci de l'auteur pour les détails qui tuent (1967 correspondant à l'année de retraite de Carl Barks) et sa façon qu'il a de rendre tous ses récits dans la même continuité que celle de Barks (on pourrait presque parler de récits "canons"), cet événement peut être pris en compte dans la continuité du héros. Tout simplement culotté!
Oui, le personnage est fort, incontestablement le plus travaillé dans l'écurie Disney, le plus humain et avec de vraies failles. Il n'est pas parfait et ne le sera jamais. C'est un être avec un vécu et ça en fait un personnage presque unique en son genre et pourtant universel.
J'avoue, l'image est un peu gratuite, mais avouez que ça en jette un max. *___*
Un personnage qui ne volera clairement pas sa place de champion et qui n'a en aucun cas à rougir de ses adversaires, quoiqu'on en dise.