Oh, au fait, on vote Jodie et Joel dans l'autre groupe, vite vite.
Pourquoi Jodie? Parce que son écriture est complète. Oui, on peut dire ce que l'on veut de David Cage, de ses scénarios, de son arrogance, mais sur ce point là, force est de constater que Jodie enfant, adolescente, ou adulte, a une vraie consistance. Elle n'est pas un simple rôle de composition, un besoin d'écriture caractéristique, mais bien une personne, une vraie personne, touchante, perdue, se battant et se relevant. Le jeu n'est pas forcément une réussite, mais ce personnage si, tant sa progression est bien dosée avec l'importance progressive que prend les enjeux.
Jodie a pour elle la découverte qu'en fait le joueur, à savoir d'abord le regard porté sur elle par la société, une personne marginale, dangereuse. Puis, en abordant certains aspects de sa vie, de ses traumas, à travers son regard ou celui de l'entité attachée à elle, on découvre son humanité, son besoin de ne vivre au fond que la vie qui lui a toujours été vendue comme normale, mais qui lui a été refusée. Enfin, une fois cet environnement établie, c'est la Jodie actrice qui est transcrite, plus uniquement passive.
Et il faut bien dire que la mise en scène participe vraiment à faire de Jodie une actrice à part entière. Oui, celle-ci ressemble à un blockbuster sans grand enjeu d'un niveau de challenge, mais il ne s'agit pas ici de la volonté des développeurs. Mais, là où Uncharted montre un agglomérat d'effets pyrotechniques inhumains sans grande vraisemblance, Beyond prend le parti d'un montage plus violent, moins cuté, pour s'attarder sur la dureté des images et des enjeux de son personnage. Ce qui décuple l'impression que ceux-ci sont au bout de leur vie, intensifie les enjeux.
Jodie paraît à la fois proie désarmée face à des menaces qui la dépassent de loin, à la merci de tous, mais aussi prédatrice blessée capable de porter l'estoc fatal à chaque moment. Cette dualité injuste, on la ressent chez son personnage, on la ressent également dans son gameplay et le personnage d'Aiden.
Bref, je défends un personnage que j'estime un minimum construit, dans un jeu qui ne l'est pas forcément. Mais qui reste bien meilleur qu'Uncharted.
D'ailleurs, Joel et Ellie, les deux personnages principaux du meilleur jeu AAA de la ps3. Si on les fusionne, on obtient Jodie. Coïncidence?
Et puis merde, elle est jouée par Ellen Page. Cet argument devrait faire autorité et se suffire à lui même.
Pourquoi Joel?Là par contre, j'admets que je ne comprends pas. La seule façon dont on puisse expliquer le vote sanction contre Joel, ce serait celui contre les jeux AAA, mais:
- Selon le théorème Yuushi, plus un personnage est connu, plus il a de chances de passer.
- Devil May Cry n'est pas une petite licence inconnue. Dante est donc favorisé selon le théorème Yuushi.
- Selon le théorème Bifidus, The Last of us est le meilleur jeu AAA de sa génération.
- Joel est un bucheron.
Joel, en tant que représentant du meilleur jeu populaire de ces dernières années devrait passer tranquille, mais il n'est au contraire pas très bien parti.
Hop hop hop, on me change ça. Bien que je préfère Ellie.
Teamwork The last of us, ce n'est pas un jeu de zombies. C'est un jeu sur la perte d'humanité. Et Joel exprime à merveille ce postulat de départ. Parce que le jeu débute par un prologue horrifique, le montrant perdu dans les scènes d'émeutes et de paniques, parce qu'il finit en MacGiver bourrin armé jusqu'aux dents, mais dont l'arme favorite demeure la brique et la bouteille en verre, parce qu'au moins, elles ne nécessitent pas de munitions, Joel se voit transformé de fond en comble durant la narration.
Là où il serait aisé de voir un homme perdant son aspect humain au fur et à mesure de sa progression et de son voyage, il convient de rappeler quel bourru barbu antipathique il est à sa découverte, et comment celui-ci apprend à espérer de nouveau à mesure qu'il cotoie Ellie, au point d'évoquer son passé.
Si on pense qu'au contraire, Joel ne fait que d'évoluer dans un bon sens, apprenant à nouveau à apprécier la vie dans un monde désolé grâce aux rencontres effectuées, c'est oublier les moyens, somme toute très sombres, mis à l'oeuvre pour arriver à ses fins, des tortures et meurtres de sang-froid que l'homme désabusé de l'incipit n'aurait pas cautionné.
Tout n'est pas tout blanc ou tout noir pour le barbu. D'ailleurs, il prend tellement cher dans le jeu, que son statut d'héros est remis en cause. (Notamment parce que Ellie est trop cool, mais c'est un autre débat)
TLOU avait tout pour me déplaire, mais sa galerie de personnages, Joel sur le podium, a tout pour plaire. (En plus d'un gameplay et d'un level design moins fermé que les autres jeux du studio, et la moyenne des autres créations tout simplement.)
Et puis merde, c'est quand même plus satisfaisant qu'un Batman niveau infiltration. (Et moins simple que le "Bouhouhou, je peux démonter trente mecs à la fois une main dans le slibar')
Achivement: Prendre plus de temps à défendre des personnages d'autres personnes que le sin. Alors n'oubliez pas, votez Ico!