Inscription: 08 Oct 2006 Messages: 1346
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Approchez, chers amis, je vais vous conter une petite histoire… Non, ne criez pas à la digression ( gression), même si – peut-être – vous auriez raison. Certes, je disserte ici (et je le dis) de lamentable manière. J’ai l’impression profonde – disons-le – de vous avoir pondu une horrible et répugnante cacophonie. Mais une formidable excuse tend cependant à me discriminer de mes torts avoués : je n’étais pas inspiré car déjà j’étais ébloui par la beauté hypnotique et lancinante d’une certaine demoiselle – sublime et raffinée –, laquelle doit (quelle que soit la situation) recevoir votre vote. Oui, c’est une obligation parce que…
Der Rattenfänger von Hameln
Il était une fois, il y a bien longtemps, une ville d'Allemagne du nom de Hamelin. Ses habitants avaient tout pour y vivre heureux et la joie et la paix régnaient dans la cité. Un jour cependant, ou plutôt une nuit, une drôle de chose se produisit. Des rats, venus d'on ne sait où, envahirent la ville : il y en avait des centaines, des milliers, des millions peut-être. Et lorsqu'au matin les habitants de Hamelin se réveillèrent, ils durent se rendre à l'évidence : les rats s'étaient infiltrés partout. En peu de temps, toute la ville fut infestée. Le bourgmestre rassembla les notables et ils envisagèrent les moyens de se débarrasser de cette terrible engeance. Ils firent venir des chats, qui se lancèrent à la poursuite des rongeurs. Ils disposèrent des pièges et des souricières. Ils semaient de la mort-aux-rats et des grains empoisonnés. Peine perdue, rien n'y fit. Le fléau persistait, et les rats se multipliaient. Un beau jour, un troubadour passa la porte de la ville. Il était maigre, tout de vert vêtu et il portait une besace en bandoulière. Il se présenta à l'hôtel de ville où il demanda à parler au bourgmestre. Celui-ci le regarda d'abord d'un air soupçonneux. Mais lorsque le jeune homme lui annonça qu'il pouvait, à lui seul, débarrasser la ville de tous les rats, il le considéra d'un tout autre œil. - Comment, vous pourriez faire cela ? Et tout seul ? - Parfaitement. Mais pour ce travail, je veux recevoir mille écus d'or. - Si vous réussissez, c’est un million qu'il faudra vous donner ! s'exclama le bourgmestre. - Mille écus suffiront, dit l'étranger. Faites-les préparer. Je passerai les prendre dès que les rats auront quitté la ville. Et il redescendit l'escalier, sous les yeux du bourgmestre médusé. Puis il se dirigea vers la grande place, sortit une petite flûte de bois noir de sa gibecière, la porta à ses lèvres et commença à jouer… Il en tirait tout en marchant une musique étrange, envoûtante et d'une grande tristesse. A peine avait-il émis quelques sons, que l'on vit arriver, de tous les coins et recoins de la ville, des centaines de rats qui se mirent à trotter derrière le joueur de flûte. Le joueur de flûte parcourut ainsi toute la ville. Il passa par toutes les rues, ruelles, impasses, en n'oubliant aucun passage. Enfin, lorsque tous les rats furent rassemblés en un cortège sans fin derrière lui, il prit le chemin de la rivière. Sur le rivage, il s'arrêta, mais il continua à jouer de son instrument, et les rats se précipitèrent dans l'eau. Ils se noyèrent tous jusqu'au dernier. Il n'y avait plus aucun rat dans la ville de Hamelin. Alors le mystérieux musicien retourna à l'hôtel de ville pour recevoir ses pièces d'or. Mais là, un drôle d'accueil l'attendait. - Comment ? Mille pièces d'or ! Pour une petite musique ? s'exclama le bourgmestre. Mais tu es fou, ma parole ! Je peux te donner tout au plus cent écus, et encore, estime-toi heureux ! - Ce n'est pas ce qui était convenu entre nous, dit le joueur de flûte d'une voix calme. Vous m'aviez promis mille écus… - Eh bien, écoute, tu en auras cent. Et c'est bien assez... Maintenant, va-t-en ! - Puisque c'est ainsi, je ne veux rien, mais vous allez le regretter… Il tourna les talons et quitta l'hôtel de ville. Une fois dans la rue, il prit sa flûte et commença à jouer un air joyeux. Et cette fois, ce fut tous les enfants de la ville de Hamelin qui le suivirent par les rues et les ruelles. Les petits, les grands, les moins grands... Il en venait de toutes parts, qui se joignaient au cortège, et rien, ni personne ne put retenir un seul enfant. Alors le joueur de flûte quitta la ville et tous les enfants le suivirent. Et ces enfants, on ne les revit plus jamais…
La morale de cette histoire est plutôt ambiguë ; mais elle réside néanmoins dans le contraste et les différents niveaux qui peuvent être mis en exergue concernant notre interprétation. Ainsi, le joueur de flûte de Hamelin est-il un démon ? Ou est-il un magicien ? Pourquoi un air triste a-t-il été synonyme de salut pendant qu’un air joyeux rime lui avec désastre ? Qu’en est-il vraiment de ces enfants ? Et de ce joueur de flûte ?... Vous le voyez : mille questions nous taraudent, et que pouvons-nous alors réellement penser de ce conte ?... Si je vous ai si longuement exposé l’histoire de ce joueur de flûte de Hamelin, c’est simplement parce qu’Asuka est semblable à ce dernier : est-elle vraiment celle qu’elle prétend être ? Est-elle forte ou faible ? Qui est-elle véritablement ? Ces interrogations innombrables envahissent tant l’esprit que quand on me demande ce que j’ai pensé d’Asuka à premier abord, je n’ai de cesse de répondre par le même refrain toujours : rien du tout. Parce que sa psychologie est tellement complexe devant ce rideau de simplicité, parce que derrière cette fleur lisse et sans abîme se cache une épine rugueuse, parce que sous son air durci et impénétrable se dérobe une sensibilité notable, parce qu’au-delà de sa splendeur se tisse le tableau d’une profonde anémie, parce qu’enfin elle est simplement indéchiffrable totalement, même par la plus profonde des analyses, on ne peut strictement rien dire d’Asuka… Et c’est précisément là la plus belle de ses qualités.
Interprétation psychanalytique
Il y a pourtant une chose fort intéressante à développer – me semble-t-il – sur ce personnage. En effet, je ne crois pas une seule seconde qu’elle ne soit qu’une carapace d’effigie féminine, belle, sensible, drôle et charmante. Il y a un détail qui est important à remarquer ; et ce détail va littéralement jouxter une magnifique interprétation du personnage à mes yeux : c’est d’ailleurs en vertu de ce point qu’Asuka va basculer de bon personnage, plaisant à suivre, à un statut de personnage culte – rien de moins. Ne jouons pas plus sur un suspense pas forcément crédible : il faut savoir donc que la jeune fille est toute de rouge vêtue (contrairement à ses camarades, ça va sans dire). Si ce petit fait peut paraitre bien insignifiant, il joue ici un rôle déterminant. Ainsi, pouvons-nous dire ceci : à travers Asuka nous est communiquée une théorie, celle qui pose que tout bonheur ne peut se trouver que dans l’enfance. La pilote de l’EVA-02 parait effectivement vouer une certaine peur de grandir (aspect que je n’approfondirai pas plus pour ceux qui ne connaissent pas Shin Seiki Evangelion). Par là, on peut voir que puisque le bonheur ne peut résider que dans l’enfance, devenir adulte c’est déjà en quelque sorte mourir ; en ce sens, pour être perpétuellement heureux, il faut par conséquent éviter la puberté en se donnant la mort avant. Disons-le tout net : par la réflexion qu’elle nous laisse, Asuka est d’ores et déjà diablement intrigante. En fait, elle est même encore bien plus profonde que ce premier rideau levé. Revenons à la symbolique du rouge… C’est très intéressant de se pencher sur ce cas parce qu’ici cette couleur représente le rouge de la puberté, le rouge du sang, en bref, le rouge des cycles menstruels (en plus de signifier le rouge solaire). On peut dès lors réaliser un parallèle avec le Petit Chaperon Rouge. L’héroïne de ce conte se promène entre deux eaux : enfance et âge adulte ; et toute l’histoire ne sera qu’un prétexte pour faire passer le Petit Chaperon Rouge d’enfant à adulte via un chemin métaphorique (la forêt) et un symbole sexuel (le Loup). Pour moi, il est évident qu’Asuka s’apparente justement à une sorte de Petit Chaperon Rouge. En effet, par le complexe d’Œdipe qu’elle développe dans sa relation avec Misato, Asuka souhaite « tuer » symboliquement sa mère de substitution afin de lui prendre sa place pour bénéficier de sa figure paternelle. En poursuivant le raisonnement, Asuka va donc se construire en adulte en suivant la ligne directrice qui lui est donnée (le pilotage de l’EVA-02) ; mais elle va néanmoins dériver du « droit chemin » indiqué par Misato (à cause de son complexe d’Œdipe précisément) pour se « soumettre » aux anges, alors même qu’elle les sait ennemis. Ce qui est alors à dire que les anges sont ici vus sous un angle sexuel – d’ailleurs Asuka dira elle-même qu’elle a été « souillée » par l’un d’eux : elle finira pervertie. Enfin bref, la chute est évidente : votez Asuka (!)
Asuka Strikes
Vous pouvez le constater sur cette image, Asuka détient le fameux chapeau de paille de Luffy… N’est-ce pas là une bonne raison pour lui accorder votre vote afin qu’elle puisse rendre le bien à son propriétaire dans quelques temps ? De plus, enfin, Asuka est une fleur, splendide et mystérieuse. Et l’éliminer ce serait la détruire. Or quel monstre détruirait une fleur ?...
L’œil avisé constatera qu’il manque une partie à ma laborieuse défense. Et cet œil avisé aura raison car j’ai tout simplement décidé de l’enlever, la jugeant trop poussive.
L’œil avisé est de même averti que le début de la centaine passée commencera bientôt…
L’œil avisé sera certainement d'accord avec moi pour dire que si Asuka ne passe pas ce tour, face à pareil adversaire, il faudra vraiment songer à se suicider.
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