Profitons de la magie du GT pour vous faire aimer une série malheureusement trop peu connue de nos jours. Les choses dites çi-dessous sont révélées au premier tome mais peuvent aussi bien révéler de légers spoils qui ne saliront pas votre première lecture. Voilà.
PRIEST: IVAN ISAAK
Le Manhwa en lui-même:
Priest, est un manhwa qui se démarque par son style gothique et d'une ambiance digne d'un film d'horreur. Les pages du manga sont noir, ce qui donne un ton encore plus dramatique et sombre à l'histoire déjà souillée par le désespoir, la vengeance et le sang. Les tomes sont parsemés de violence plus ou moins choquante, mais sans néanmoins avoir le côté lourd, long et répétitif de la chose. Car contrairement à beaucoup d'autres Seinen, les combats sont inévitables et/ou un sens une raison (vous ne verrez jamais Ivan Isaak dégommer des gens- ou même l'inverse, sans avoir un but derrière) qui font avancer l'histoire. Pas de massacre inutile, du sang juste pour du sang.
Rien ne stagne, les personnages secondaires sont tous mis au même niveau.
L'histoire se déroule dans un pays dont le nom n'est pas précisé, mais qu'on devine être l'Amérique, durant sa merveilleuse époque du Western. Les Hommes ne jurent que sur la Bible, les Indiens d'Amériques et les noirs sont méprisés. Les petits villages pullulent, mais s'éteignent facilement depuis l'apparition étrange d'une nouvelle maladie dont les symptômes sont le cannibalisme et l'absence de bon-sens. Toute morsure d'un contaminé sera victime à son tour du virus.
L'Histoire se déroule dans un train et commence par la rencontre de la chef d'une bande de gangster, de marshals, un prêtre mystèrieux, et des zombies affamés.
A noter que Hyung Min-woo (le manhwa en question) a reçu le prix « Nos manhwas d'aujourd'hui » en 2002 pour cette oeuvre sublime.
Ivan Isaak:
"Je m'appelle Ivan... Ivan Isaak. Ceci est le journal de mon terrible cauchemar."
Le gros point fort du manga est bien sûr le personnage principal, ex-héros niait à souhait, être torturé, chair à canon, incompris, sadique et victime de la guerre entre le bien et le mal (ou ce qui semble l'être).
On l'aperçoit dans le train, dans une taverne, dans un village abandonné. On croit qu'il n'a plus toute sa tête. Il se promène avec son énorme chapeau et sa veste en cuir blanc. Cheveux blong, longs, eux aussi. Il ne va surement pas chez le coiffeur. Sans son regard fou, perçant et ce visage meurti, il pourait presque être mignon. Dur à croire que c'était un prêtre...
Homme violent, assoifé de sang, inhumain, bête sauvage sans coeur qui a été trahi, utilisé et qui ne réfléchis plus par lui-même. Malgré son infèriorité évidente face aux forces supèrieures qui se dressent face à lui, Ivan a quelques tours dans sa poche. Ivan Isaak ne souffre pas, ou peu. Et ne meurt pas. Il est constamment surveillé par son seul compagnon, un allié dont il se serait bien passé, Vessiel, murmurant doucement dans la tête d'Ivan des paroles l'incitant à la haine, à la folie. La vraie. Il devient un sauvage pur, un seul et unique muscle qui étrangle, arrache, accroche, mord, comme si c'était son dernier souffle, son dernier espoir, son unique chance de prendre la vie de son ennemi. Il devient la violence elle-même, Ivan perd son lien unique qui le rattache à son espèce humaine, la conscience. Tuer devient la priorité absolue et ses yeux perdent le peu de lucidité et de lumière qu'il possédait. Autour de lui, le carnage absolu, le sang atteint le plafond et tâche les rideaux.
Non.
Isaak ce n'était pas ça. Pas avant. Je me souvient de prairie, de chevaux, de rires, d'éducation religieuse, de tendresse. Je me souviens de Zena. Il aimait follement sa soeur. Une autre folie, une autre cette fois, encore plus forte. Un amour qui brûle, qui les unit et qui en s'enflammant se transforme en amour. Je me souviens d'une sépération douloureuse. D'une histoire triste.
D'un amour si fort qu'il en était presque inceste.
Lui. Un homme de foi.
Un amour qui va l'entraîner là où il est. Là où l'enfer se trouve, loin des souvenirs enchanteurs, loin des sourires passionés, loin de ce qu'il était.
Priest, c'est l'histoire d'un homme qui devient un non-homme. Une abomination. Ivan Isaak c'est la souffrance incarnée, c'est une triste histoire maculée de sang et de morts qui vous donnera des frissons. Si vous avez envie de la lire. Ou si vous l'osez.
"Qu'en dis-tu ? Peux-tu me délivrer de cette malédiction ?"
(prochaine fois, la chronologie déréglée de Priest et la religion retravaillée)