Bon, allez, on y va...
J'adore Farnese.
Comme ça, au moins, c'est fait, c'est dit, et clairement dit. Et j'ai vraiment du mal à comprendre ceux qui s'exaspèrent sur le personnage. Personnellement je la trouve assez fascinante. On saisit d'emblée qu'elle doit devenir une adjuvante du héros, mais la situation de départ en fait une adversaire idéologique nette. On a une sorte de figure à la Jeanne d'Arc complètement dévoyée, et elle porte, dans sa caractérisation initiale, tout l'excellent développement autour des faux-Dévots et de la Tour des tortures. Sa naissance en tant qu'adjuvante se fait en parallèle de la renaissance du Faucon, et elle constitue rapidement, symboliquement, un envers de Casca dans ce schéma, sortant de sa "folie" à l'occasion de la nouvelle Eclypse, la précédente ayant conduit Casca à la démence. Normal donc, qu'au final, la première s'occupe de la suivante.
Bref, j'adore Casca, mais j'adore encore plus quand une oeuvre se livre à une réécriture et à une inversion de ses propres codes, et avec Farnese, on a un truc assez génial qui se passe, à mes yeux, à ce niveau.
Alors oui, au départ, Farnese est faite pour irriter le lecteur. Et c'est vrai qu'après on peut la trouver un peu fade. Mais moi j'ai plutôt été touché par le fil d'intrigue qui voit la "chef" n'être qu'une vitrine , une icone vide, un pur symbole sans réel pouvoir (encore un thème que j'affectionne particulièrement dans un personnage!), et cette passivité paradoxale au vu du caractère du personnage être redoublée dans le cercle familial. J'aime aussi le fait qu'on assiste à travers elle à l'ouverture au monde de la magie, à une initiation qui est au fond celle du lecteur. J'aime enfin tout son côté fermement borderline qui émerge de temps en temps, dans les épisodes du feu ou de la lame d'épée. Et puis, surtout, Farnese joue dans les motifs premiers de Berserk, participe pleinement au retricotage de l'histoire. Elle n'apporte pas tant qu'elle porte, tout simplement. Ce n'est pas dans l'intrigue elle-même qu'elle a un impact, mais dans les motifs qui se tissent à l'intérieur de cette intrigue, ce qui est normal puisqu'elle est une pièce rapportée, incarne un substitut de ce qui fait défaut à Guts après l'Eclypse (toute l'imagerie du nouveau compagnonage), mais qui nourrit l'intrigue et la rejoue.
Bref, on peut ne pas aimer Farnese, mais ce n'est pas possible ni de dire qu'elle est nulle, ni de manquer son importance, non pas dans l'intrigue, mais bien dans la structure narrative de Berserk.
Très sérieusement, c'est un des personnages que je préfère de ce manga.
Alors, il faut voter contre un autre personnage, et, pour une fois, je les connais.
Jean: j'aime la série, et le personnage. Donc, pas de souci.
Lain: j'ai outrageusement trippé sur la série lors de son arrivée en France (houla! c'est loin!!). J'en garde un très bon souvenir, même si le personnage lui-même n'est pas phénoménal, sauf à y voir l'incarnation de la série (ce que je serais tenté de faire...)
Kaori: oui oui... pourquoi pas... histoire de garder le maillet dans le Tournoi.
Envy: bon ben ce sera lui la victime du jour. Je ne suis tout simplement pas sûr qu'il soit, à mes yeux, du niveau de ses concurrents, même s'il est sympatoche. Bien mais sans plus, et dans le genre, je suis plus attaché à Kaori.
Donc vote contre Envy, en espérant vraiment que d'autres suivront cette voie et n'iront pas s'acharner contre Farnese qui, franchement, mérite largement mieux que ça.
_________________
|