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 Sujet du message: Only God Forgives
MessagePosté: Jeu 23 Mai 2013 21:16 
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Bangkok, de nos jours. Julian, un immigré Américain, tient avec son frère Billy une salle de muay-thai. Billy va un jour dramatiquement déraper dans un quartier mal famé de la ville. Cet incident va obliger par voie de conséquence un homme à rencontrer sa rédemption.

Je ne vous la ferai pas, je me suis précipité pour voir ce film parce que j'ai encore des étoiles collés dans le regard par Drive (2011) : est-ce que le duo Nicolas Winding Refn/Ryan Gosling allait réussir le doublé ?

Only God Forgives est un film que j'ai trouvé assez hermétique : soit tout son contenu est dans l'évocation, soit les plus malicieux d'entre nous pointerons que ce film n'est qu'un très joli cadre pour un fond inexistant. Ne connaissant pas préalablement le propos du film ou la manière dont le vend le réalisateur danois à Cannes, je me suis embarqué sans arrière-pensée dans l'aventure et je dois bien avouer que j'ai été très supris par la teneure de celle-ci. Ici, il n'y a pas un clair fil rouge qui relie les thématiques entre elles, si tant est qu'elles existent bien par la volonté du réalisateur et non pas par l'interprétation des spectateurs. On assiste à une valse onirique de tabous marquée par une couleur rouge omniprésente, entrecoupée ça et là d'accès de violence ou de dialogues crus qui raccochent le propos du film à un cadre plus terre à terre dans cette confrontation de sentiments. Assurément, comme évoqué précédemment, c'est une direction artistique qui est je trouve osée car clivante pour qui préfère avoir quelque chose de concret devant les yeux. Après, il n'y a pas à s'inquiéter si on recherche l'action brute de décoffrage dans cette aventure : il y en a, le tout servi par une photographie de très haute volée et une bande-son de Cliff Martinez qui a une nouvelle fois son charme (on échappe toutefois à la violence gratuite évoquée par les critiques depuis la présentation du long-métrage). Film atypique s'il en est, Only God Forgives est une expérience à tenter pour la surprise qu'elle constitue. Et aussi, parce que le film bénéficie d'un trio d'acteurs principaux saisissants dans leur registre (Kristin Scott Thomas, la révélation thaïlandaise Vithaya Pansringarm et bien évidemment, Ryan « Mâle alpha stoïque » Gosling). Pour ma part, j'ai bien apprécié le voyage même si il a été très déroutant à cerner.

Sur ce, mon ressenti sur cette supposée histoire centrale pleine d'évocations...

Spoiler: Montrer
En fait, Only God Forgives, c'est le jubilé d'un complexe d'Oedipe profond (Kristin Scott Thomas/Ryan Gosling) qui se heurte à l'interdit moral (Vithaya Pansringarm) ? À moins que le film soit d'un vide intersidéral et que j'interprétais un véritable néant durant la séance du film, j'ai tout le temps eu l'impression que c'était le propos du long-métrage alors que les personnages mettaient rarement des mots dessus (la scène du repas entre la mère, le fils et l'hôtesse thailandaise – l'évocation du meurtre du père) pendant que les mains et les avant-bras volaient ou bénéficiaient de gros plans. Entre les séances de masturbation tarifées, de mains baladeuses dans les karaokés, en enchainant avec une visite manuelle du ventre de sa cadavérique mère pour terminer par l'amputation de ces mains « souillées » par les soins du redresseur de tords local, je ne peux qu'avouer que j'ai trouvé que cette clé de lecture pour me représenter le sens dégagé par ce film.

Toujours est-il que la confrontation bien stylisée entre le champion de l'ordre et le chevaleresque dealer ainsi que leurs motivations m'a bien plu. Avec ou sans message ou réflexion véritable à clé, il n'en demeure pas moins que le spectacle était de qualité à mes yeux (j'avoue avoir été ébloui par la photographie tout en ombres et textures rouges proposé avec le bordel où se rend fréquemment le personnage de Ryan Gosling, tout en appréciant le sentiment de toute puissance dégagé par le Vithaya Pansringarm et son katana - dignes d'un film de genre).

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 Sujet du message: Re: Only God Forgives
MessagePosté: Ven 24 Mai 2013 11:00 
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En plus d'être beau, Only God Forgives est surtout un film beau.

Ah souvenir souvenir, il y a deux ans Drive était mon coup de cœur de l'année 2011, la BO d'abord était magique et planante, amenant par la suite une vague de musiques électroniques à la mode 80's et puis il y avait surtout Ryan. Incroyable Ryan qui n'était pas un soldat à sauver mais un héros solitaire, muet et violent. Presque une sorte d'autisme classe sauf que le bonhomme savait quand même être tendre et rassurant quand il le fallait. On sortait du film des étoiles dans les yeux et un scorpion sur le dos.

Alors forcément quand on annonce le retour du trio Gosling-Cliff-Winding, tout comme Bullzor j'ai appelé toute ma famille, mes amis et le chien : je serais momentanément indisponible pendant 1 heure 30. C'est cool ça un film qui dure si peu longtemps et qui ne contient ni princesse ni vicking ni homme-feuille.
Only God Forgives a tout pour plaire : une photographie à pleurer, de très bons acteurs et un compositeur de talent.
Sauf que faut pas pousser maman dans les orties (à peine faut il lui faire la bise), OGF ne sera pas OMG, j'ai défendu avec acharnement Drive mais là stop.

Il y a d'abord la musique. Oui c'est rarement le point le plus important mais j'avais quand même acheté la BO de Drive tant Cliff Martinez entouré d'artistes géniaux avait pondu un bousin de qualité tip top. On se sentait emporté par cet héros réel qui nous passait un appel de nuit, encore et encore. En voyant la bande annonce d'OGF et cette petite musique qui contraste avec la violence de l'image je m'attendais à une même claque auditive et finalement non, un million de fois non. Des mélodies au violons, encore et encore qui augmentaient la distance entre moi et le long métrage. Et déjà, une odeur de déception émane du grand écran.

L'image quand à elle est irréprochable. Il faudrait avoir une mauvaise foi grande comme le sabre de Chang pour dire que ce n'est pas beau. Nicolas Winding Refn use de la symétrie, il en abuse même. Chaque plan est l'occasion de nous montrer que c'est génial d'avoir un personnage au centre et les mêmes éléments de chaque côté. NWR use des scènes nocturnes et des néons rouge, il en abuse même. Bangkok est sale mais conserve un certain charme, une sorte de trip permanent où l'on ne distingue presque plus les formes et les couleurs, où le rouge sang se teinte parfois de bleu livide. Avec seulement 10% de scène de jour on voit que le travail effectué sur les plans nocturnes n'est pas annodin et j'ai beaucoup pensé à Enter The Void (mais la comparaison s'arrête là).

Les acteurs peut être ? Si tous à la base sont bons leur personnage le sont nettement moins. Déjà car il y a ce parti pris d'un casting de pantins qui marches les bras ballants, prends des poses digne d'un Jojo Bizarre Adventure (coucou Kristin), qui ne parlent jamais et qui est insensible à tout (sauf aux baguettes à cheveux et encore). Le truc c'est que dans Drive ça fonctionnait très bien sur Ryan Gosling entouré de gens plus humains mais là on dirait un fan club de l'acteur susnommé qui décident tous d'adapter le même jeu de rôle. Ryan mon chouchou s'en tire encore à peu près bien en campant presque le même personnage que dans Drive avec le charisme et la pitié qu'on a pour lui en moins mais pour Chang et Crystal j'ai trouvé leur scènes assez ridicules la plupart du temps.

Je ne dis pas que le film est mauvais dans le sens où le réal se serait foiré car tout les choix de mises en scènes sont voulus, réfléchis et maitrisés seulement je ne suis pas rentré dans le trip. L'ambiance lourde, déshumanisé et froide ne m'a pas convaincu. Bien évidemment que j'attendais un Drive bis et que ce n'était pas possible mais je resterais au moins satisfait que Nicolas Winding tente de nouvelles choses et ne fasse pas du fan service basique. Seulement quand on tente ça passe où ça casse et ici ça coupe.

Have fun !

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A court terme j'écris cette phrase, à moyen terme vous la lirez, à long terme, nous serons tous morts.


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 Sujet du message: Re: Only God Forgives
MessagePosté: Dim 2 Juin 2013 10:42 
Ô-Totoro
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Je vais passer pour un original : j'ai bien aimé Only God forgives.

Je trouve que, à l'instar du dernier Terrence Malick, ce film est une synthèse des deux précédents du réalisateur, sauf que là, ça m'a paru réussi. De Valhalla rising, il reprend les scènes contemplatives et l'esthétique sidérant ; de Drive, l'idée de raconter son histoire en la ponctuant de scènes kitsch. Sinon, on retrouve la patte de Refn pour les scènes gores fulgurantes bien pachydermique mais efficaces et cet amour du mauvais goût (ouh la dernière scène entre Julian et sa mère, ouh les karaokés de Vithaya Pansringarm) qui serait grotesque s'il n'était pas assumé jusqu'au bout comme c'est le cas dans Only God forgives.
J'ai une réserve sur les scènes contemplatives qui m'apparaissent comme un moyen de meubler l'heure trente du film sans faire parler Ryan "puppy" Gosling, plus inintéressant que jamais (hélas, l'un des points noirs du film), à moins que ce soit une manière d'expliciter à la hache les enjeux du film, mais la patte Refn c'est surtout d'être un éléphant dans un magasin de porcelaine alors bon.

Je raille je raille, mais j'ai vraiment adhéré à toute l'esthétique du film, bourrée de parti-pris qui, esseulés, exploseraient de ridicule (les collègues policiers, tellement monolithiques que puppy apparait presque comme un acteur exceptionnel à côté), et à la volonté du réalisateur de raconter son histoire post-it mais de bien la raconter avec un quantité de passages qui oscillent entre le fun et la violence gratos la plus abjecte mais bien moins le cul entre deux chaises que les deux précédents films du réalisateur, il y va à fond les ballons et moi aussi.

Bullzor a écrit:
il n'y a pas un clair fil rouge qui relie les thématiques entre elles

Je ne sais pas ce que tu entends pas thématiques, mais l'histoire est d'un seul tenant et c'est bien ça l'essentiel.

Bullzor a écrit:
on échappe toutefois à la violence gratuite

J'aurais plutôt tendance à dire qu'il se jette à fond dans la violence gratuite, ce qui fait que paradoxalement elle passe mieux.

Captain Kévin a écrit:
Des mélodies au violons, encore et encore qui augmentaient la distance entre moi et le long métrage.

Les musiques qui m'ont marqué sont loin des violons : "Vithaya raps on motherfucking lyrics!" "appuie sur le bontempi Martinez!" (j'arrive pas à trouver la version avec le gong au départ mais elle surbute bien)
On est loin des excès de guimauve de la B.O. de Drive, je trouve 8)


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 Sujet du message: Re: Only God Forgives
MessagePosté: Dim 14 Juil 2013 13:19 
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En plus d'être un chef d’œuvre, Only God Forgives est surtout un film que tout le monde ne comprendra pas.

Jamais je n’avais pris une telle baffe au cinéma depuis 2009. D’ailleurs si Drive m’avait encouragé à voir le précédent film de Refn, celui-ci m’a poussé à voir un peu plus largement sa filmographie. Dans l’essence même du film j’ai été totalement subjugué par l’ambiance glauque du film. L’accroche était viscérale tant et si bien que même jusqu’à la fin du générique j’étais comme un con dans mon fauteuil éreinté par toutes les images du film, sa mise en scène et sa photographie exemplaire, et sa thématique développé de manière bien particulière et profondément malsaine. Le fait de voir une comparaison avec Enter the Vest évidemment amusante tant ce dernier est aussi visuel que creux alors que OGF arrive, lui, à plonger véritablement le spectateur dans un trip bien particulier, tout cela en restant visible pas comme Gaspar Noé.

Lire également que Refn se complait dans le fan service me fait tendrement glousser tant je trouve cela complètement inversé. Si on est grand fan de Gosling probablement, si on connaît un peu la filmo du réal on sait que c’est plutôt éloigné. Refn à toujours joué sur des plans prolongé des personnages pour montré le comportement et la réaction de ces personnages et cela dès ses débuts. La différence ici c’est qu’au préalable il a fait Drive et Valhala Rising, deux films qui sur lesquels il a vraiment pas mal amélioré ses techniques. Certes oui pas mal de scènes contemplative mais qui avec l’ambiance du film et la mise en scène fonctionne extrêmement bien. C’est l’un des rares réalisateurs à avoir encore en tête qu’au cinéma montré c’est mieux qu’expliquer. (N’est-ce pas mr Nolan) Du coup je rejoins assez Leto par rapport à cette idée de synthèse. A un détail prêt cependant. Comme dis plus haut avec ce film je me suis plus en avant plongé dans les films de Refn et si j’ai bien aimé Bronson, une mise en scène originale pour raconter son récit bien que le film soit spécial, sa trilogie Pusher m’a laissé un souvenir plutôt détonnant. Les deux premiers son vraiment très bien et cela permet de voir que les scènes contemplatives ce n’est pas que depuis Valhala qu’il en fait, mais c’est surtout l’apothéose avec le dernier volet. D’ailleurs je trouve Only God Forgives bien plus proche de Pusher III que ces autres films, d’où ma comparaison. Ce sentiment que le personnage principal à véritablement à cœur de s’en sortir mais qu’il sait au fond de lui, dès le départ, que malgré sa volonté il ne pourra changer sa destiné. La violence visuelle de ces deux films est vraiment proche et le côté psychologique des personnages est vraiment plus fouillé qu’on puisse le croire, seulement c’est dans la mise en scène qu’il faut le comprendre. Cela n’est pas étonnant d’ailleurs qu’il soit le premier film pendant lequel j’ai vu des gens quitté la séance avant la fin.

Refn à véritablement fait l’exploit de faire un film à contre courant total de ce à quoi on l’attendait. Les gens voulait un Drive, qui finalement s’avère extrêmement classique, il part sur un vrai film de genre qui ne pourra pas plaire à tout le monde, et ne sera pas forcément compris par tout le monde. L’exemple en est son interdiction aux mineurs de 16 ans à sa sortie qui est finalement passé à 12. Outre les problèmes de distribution qu’implique le -16, cela montre vraiment que les gens qui mettent ces interdictions ne se basent que sur le côté visuelle de l’œuvre et en oublie fortement ce qui est clairement explicite par les multiples scènes du film. Ce film est d’une violence exacerbée ahurissante et tétanisante. On a l’impression de traverser, nous aussi ce sombre couloir rouge sang et devoir accepté ce à quoi nous nous sommes risqué. En deux mots et en complète subjectivité : ‘Une Claque’.

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