La volonté du D http://www.volonte-d.com/forum/ |
|
Alabama Monroe http://www.volonte-d.com/forum/viewtopic.php?f=5&t=10352 |
Page 1 sur 1 |
Auteur: | naorim [ Mer 6 Nov 2013 23:19 ] |
Sujet du message: | Alabama Monroe |
*** « La sincérité des émotions se gravent sur la peau » Leto II « Laissez-vous emporter par la symphonie de la vie » Silenus « Alabama Monroe, plus fort que les oignons » pif-paf « Ça m’a fait pleurer ma mère » Houblon Warrior « Bifidus seal of quality » Bifidus Résumé. C’est l’histoire d’une rencontre entre un joueur de banjo dans un groupe de bluegrass, passionné des Etats-Unis, et une tatoueuse extravagante. De leur amour passionné naîtra Maybelle, une petite fille pleine de joie de vivre. Alabama Monroe se nomme originellement The Broken Circle Breackdown qui est également une pièce de théâtre écrite par Mieke Dobbels et Johan Heldenbergh, acteur principal du film. Alabama Monroe fait partie de ces films qui arrivent discrètement sur nos écrans et qui pourtant nous foudroie de par leur puissance et leur beauté. Félix Van Groeningen, belge flammand de son état, nous livre ici une histoire d’amour qui nous semble a priori décousue sur le plan formel mais qui pourtant nous est limpide tellement celle-ci nous est livrée avec intelligence. Les flash-backs ne sont pas ici pour nous embrouiller mais interviennent quand des sentiments passés font écho à la scène qui nous est présentée. Ils ne nous perdent ainsi jamais. Le film compte également deux autres tours de force supplémentaires. Tout d’abord, en nous décrivant cette histoire de deux « marginaux » ou, tout du moins, deux personnes atypiques (un musicien et une tatoueuse), Van Groeningen arrive à nous montrer l’essence même de l’amour. Et quiconque ayant déjà aimé, reconnaîtra des morceaux de son histoire sur l’écran. Il arrive à nous montrer tout aussi bien l’amour au sens universel qu’au sens particulier, en même temps, en un même instant. L’histoire d’Elise et Didier est un récit que l’on connait ou que l’on aimerait connaître (presque) tous sans pour autant avoir vécu leur vie non-conformiste. Et alors que l’on pourrait penser que les films sur l’amour ont tous déjà été faits, celui nous illumine par sa vivacité et sa fraîcheur. Comment alors ne pas tomber amoureux de ce film ? La seconde réussite du film concerne un thème sous-jacent qui planera pendant toute la durée de l’œuvre. Dès la troisième minute (et c’est pour cela que je me permets de l’évoquer) nous apprenons que leur fille, Maybelle, développe à 7 ans un cancer dont elle peut se sortir si elle suit des traitements lourds (chimiothérapie entre autres). Et autant le dire, c’est LE sujet casse-gueule par excellence. Traiter de la maladie d’un enfant est l’une des choses les plus difficiles à faire quelle que soit la forme « artistique » exploitée. Pour en rester au cinéma, nous avions eu une tentative de Valérie Donzelli avec La Guerre est déclarée que la critique avait applaudi à deux mains (voire quatre ou cinq mains quand c’était possible) car elle avait réussi à ne pas tomber dans le piège du larmoyant. Effectivement, elle avait éclipsé tous les moments de réalité (la maladie chez l’enfant, la tristesse chez les parents) et n’avait gardé que les moments de joie (« ouais on nous annonce que notre fils a une chance sur trois millions de vivre mais on va l’annoncer avec le sourire à la famille ! joie joie joie ! », ceci étant totalement crédible …[1]). Sans compter le côté « haute » parisien qui rendait les personnages absolument antipathiques (exemple : alors qu’ils ont à poser une question ‘anodine’ médicalement à l’hôpital, le père dit à la mère « nan chérie, ne demande pas aux infirmières, elles sont incompétentes, on s’était dit qu’on ne demanderait plus qu’au médecin »). Bref, selon moi, La Guerre est déclarée était passé à côté de son sujet car son idée de base (« raconter le positif ») était surexploitée et mettait en péril la crédibilité du récit. Ici, Alabama Monroe « reprend » en quelque sorte cette idée à savoir qu’à chaque moment « dur » (qui est, je le rappelle, inhérent à l’histoire), le réalisateur nous propose une scène de joie, de bonheur, de sourire comme pour contrebalancer la charge émotionnelle qu’il nous avait envoyé. Et ça marche. Ca marche si bien qu’il parvient lors de plusieurs scènes (et notamment une) à faire se mélanger les deux sentiments, les faire se rencontrer sans se heurter, à trouver une sorte d’équilibre magistral entre la tristesse et le bonheur qui crée un flottement mélancolique ET heureux, une émotion que je n’ai rencontré que trop rarement au cinéma. Ou comment arriver à me faire avoir un gros gros sourire sur ma face et pleurer en même temps sur The Lion Sleeps tonight. Le réalisateur ne s’appesantit pas réellement sur la douleur de Maybelle, il n’est pas là pour ça. Elle nous est exprimée principalement dans un plan intelligemment construit où se succèdent de manière latérale plusieurs moments où Maybelle suit son traitement. Il est fait d’une telle manière pour que cela soit rapide et que l’on ne tombe pas dans un pathos forcené, ce qu’il réussit brillamment. [1] A noter qu’il s’agit d’une « autobiographie », Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm (les deux acteurs principaux) ont effectivement un enfant qui s’est sorti par miracle d’une maladie… Et ceci, est d’autant plus fort car trois autres éléments sont réunis. Je nomme la bande originale, la photographie et le jeu d’acteurs.
Il est le miroir de leur histoire et dès qu’il y a évolution et changement, le bluegrass lui aussi meut et s’adapte. Par conséquent, toutes les émotions du film sont cristallisées dans ses chansons et celles-ci serviront d’annonce des événements qui se déroulent (cf. Le Bluegrass : une guitare, une mandoline, une contrebasse, un violon et un banjo, leur histoire vue par Didier). Lorsque la musique du groupe d’Elise et de Didier se tait, une bande-son principalement composée de cordes (rappel du bluegrass) s’installe, devient stridente ou bien douce selon le moment où l’on se trouve ; à moins que l’on soit dans ces scènes où le réalisateur décide de laisser place au silence, parfaitement maîtrisé, généralement lourd de conséquences. • La photographie est elle-aussi sublime, parfois osée. Elle joue sur les ombres et les lumières, développe tout un jeu de contrastes sur la froideur hospitalière, de la maladie et la chaleur de la lumière et des corps sains. Et que dire de l’une de ces dernières scènes que peu de réalisateurs auraient faites, risquées. Merci pour cette audace, Monsieur Van Groeningen. • Enfin, la dernière et l’ultime qualité du film se trouve dans le jeu des acteurs, parfaitement parfait. Les acteurs épousent tout : la vie marginale, l’amour entre eux, l’amour pour leur fille, le bluegrass, l’univers et l’humanité. Que cela lui, Johan Heldenbergh, timide et doux ou elle, Veerle Baetens, chaleureuse et originale, les deux s’associent sans jamais détruire l’autre (je parle bien des acteurs). Le personnage de Veerle Baetens, du fait de sa construction, nous éblouie peut-être plus mais veille à ne jamais écraser son partenaire. C’est donc le nom d’une actrice mais aussi d’une chanteuse qu’il faut retenir. Elle est, pour moi, la meilleure actrice de cette année. Les éléments qui suivent révèlent l’intrigue de l’histoire (et sont donc sous balises), à ne lire qu’une fois le film vu donc. De l’encre indélébile sur la peau, leur histoire vue par Élise Spoiler: Montrer Le Bluegrass : une guitare, une mandoline, une contrebasse, un violon et un banjo, leur histoire vue par Didier Spoiler: Montrer Les Etats-Unis, pays de rêves et de désillusions Spoiler: Montrer La religion salvatrice et coupable ? Spoiler: Montrer Entre rires et larmes Spoiler: Montrer Et pour finir quelques notes de douceur
*** |
Auteur: | Leto II [ Jeu 7 Nov 2013 00:09 ] |
Sujet du message: | Re: Alabama Monroe |
J'ai beaucoup aimé Alabama Monroe. Je dois avouer que ça fait parti des films que je suis allé voir sans connaitre le pitch ni avoir vu de bande-annonce, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Son affiche suffisait pour intriguer. Bon, et puis j'ai été poussé par d'autres personnes, mais chut. Et c'est une bien belle histoire qui est bien racontée, sur le fil du rasoir entre le clicheton, le tire-larme et les eaux usées, qu'il évite brillamment. Difficile de le concevoir, surtout lorsqu'on raconte ne serait-ce que le premier quart d'heure du film. La palette d'émotions qui traverse les personnages et guide le film est d'une justesse et d'une sincérité qui en font la force. La mise en scène est au service de cette émotion, restant régulièrement en retrait pour laisser cours aux acteurs (ce mariage !) Dans les rares fois où le film s'autorise à des effets de style, principalement sous la forme du montage très brefs de plans disparates, ceux-ci font mouche et agissent comme un mille-feuille émotionnel, réunissant et faisant dialoguer des séquences passés et à venir (Elise dans la voiture !!) dans un subtil jeu d'interprétation des sentiments des personnages qui sera laissé au spectateur. naorim a trouvé le début de la séquence aux urgences too much, personnellement pour avoir vécu cette sensation, ce plan douche sur le visage d'Elise qui s'étire a été peut-être le passage qui m'a le plus interpellé. Globalement, un très beau film, qui a eu droit à un très beau topic. |
Auteur: | Bifidus [ Jeu 7 Nov 2013 22:29 ] |
Sujet du message: | Re: Alabama Monroe |
Alabama Monroe est l'un de ces nombreux films dont je n'entends que du bien, mais que je ne me décide pas à voir au cinéma. Eh bien, je remercie la personne qui m'a emmené dans la salle intimiste qui diffusait encore le film (et après plus de deux mois d'exploitation, c'est pas si mal). Je ne reprendrais pas l'histoire, le film étant une machine à spoiler et surtout Nao s'en est très bien chargée, mais le métrage mérite qu'on se penche sur lui. La première chose qui m'a frappé dans Alabama Monroe c'est l'esthétique du film. Très soignés, réfléchie, basculant de plans euphoriques ultra colorés aux séquences beaucoup plus sombres à travers les étapes de l'histoire de Didier et Elise. Toute la construction du film se fonde sur cet enchaînement de musique bluegrass le maelstrom visuel d'émotions du couple, remarquablement bien joué. Souvent, le fond et la forme se dissocie dans un tel film, c'était même le reproche principal que je faisais à Gatsby. Ici justement, l'esthétique et l'ambiance sonore serve parfaitement le propos du film et rende sa construction limpide et efficace, ses événements n'en sont que plus dramatiques et réjouissants. Ponctué de parenthèses, de plans incrustés Elise dans sa voiture *__* en sourdines, qui paraissent lointaines dans le temps et pourtant si proches. La symbolique a une place entière dans le récit, que ce soit sur le plan permanent sous la forme des tatouages d'Elise ou au contraire sur l’éphémère avec les chansons et discours de Didier. Deux visions qui s'opposent et finalement se rejoignent. Leto II a écrit: Dans les rares fois où le film s'autorise à des effets de style C'est marrant, mais je trouvais au contraire que le film était plutôt personnel. Si la construction en flashbacks n'est pas une originalité, la ligne scénaristique est plus complexe que l'ordinaire, et les quelques filtres utilisés donnent l'impression d'un bon vieux kaléidoscope hippie. On est pas non plus dans un Enter the void , mais dans un film traitant d'un sujet aussi réaliste et proche de nous, il fallait oser. En bref, pour reprendre les termes de Leto, un très beau film, qui a eu droit à un très beau topic, une grande bouffée de fraîcheur et d'émotion, qui nécessite un certain moment pour s'en remettre. Je connais un très bon groupe de Bluegrass qui passe vendredi. |
Page 1 sur 1 | Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ] |
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group http://www.phpbb.com/ |