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 Sujet du message: Le Vent se lève
MessagePosté: Mer 22 Jan 2014 20:49 
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Le Japon, été 1918. Le jeune Jiro Horikoshi est passionné par l'aviation naissante et ses multiples perspectives. Malheureusement, il est bien conscient que sa mauvaise vue l'empêchera de piloter un jour un appareil... Après avoir lu un article consacré à l'ingénieur aéronautique italien Caproni, les songes de Jiro rejoignent un soir ceux du célèbre ingénieur : sa vie sera consacrée à faire voler de beaux avions.

Su-per-be film.
Ah oui, j'ai carrément été secoué par ce dernier film en date de Miyazaki : moi qui m'attendait à un récit tourné principalement vers la conception du chasseur Zero et sa place dans la Seconde Guerre mondiale, j'ai carrément été surpris par le voyage proposé car le film allait dans une autre direction. J'ai ainsi adoré principalement deux choses dans ce film : la représentation du plaisir intellectuel de l'ingénieur et la poignante histoire de Jiro et de sa femme.

N'ayant pas un bagage intellectuel qui me permette de comprendre véritablement quel accomplissement ou plaisir peut ressentir un ingénieur devant sa création, j'ai accueilli avec joie les tentatives de Miyazaki pour transmettre cette sensation. J'ai beaucoup apprécié les séquences où « le vent se lève » qui mettaient bien en perspective cet élan de création.

En ce qui concerne l'histoire de Jiro et de sa femme, j'ai simplement été bouleversé par ce qui leur arrive. À la sortie, j'aurais même pu conseiller n'importe qui d'aller voir ce film uniquement pour ce pan du scénario... et je continue d'ailleurs à le soutenir ! Vous avez intérêt à voir Le Vent se lève pour vous prendre un bon uppercut à ce sujet !
:Ballamy mark:

Mis à part ces deux points, je pourrais continuer d’égrainer les choses réjouissantes comme une réalisation technique bien enlevée, le soin apporté à la bande-son et notamment pour les sympathiques bruits des avions (si, je vous jure qu'ils sont sympathiques !) ou bien encore... Hideaki Anno qui double un personnage historique qui a carrément eu la même vie personnelle ou presque que la sienne, ce qui est assez cocasse.
:Luffy hilare:

Je recommande chaudement ce dernier film de Miyazaki (est-ce véritablement le dernier ?) pour son tourbillon captivant de sentiments.

Aparté : Le fait que j'ai adoré le film n'empêche pas que j'ai quelques réserves sur son message du point de vue du rapport Histoire/mémoire...

Spoiler: Montrer
Que Miyazaki ait été marqué par le conflit dans son enfance, c'est noté. Qu'il a un rapport familial très particulier avec le sujet de ce film, c'est noté. Que son œuvre n'a peut-être pas d'ambition scrupuleusement historique, c'est noté. Il n'empêche, j'ai trouvé la vie de Jiro trop déconnectée du contexte de son époque dans les années 1930 et 1940. Je ne suis pas spécialiste de l'histoire ce monsieur, je veux bien y croire quand on me dit que lui et ses collègues étaient au mieux des pacifistes, au pire des gens désintéressés par l'emploi de leurs recherches. Mais quand même, passer sous silence ou presque l'impérialisme exacerbé du Japon impérial qui a poussé ces ingénieurs a intensifié leurs recherches, c'est fort. Tout au plus, il y a une scène où Jiro présente son projet à l'armée qui fait référence à ce sentiment très important ; ça me paraît peu par rapport à l'importance du sujet. Après, présenter Caproni sans suggérer ses liens supposés avec le fascisme mussolinien puis l'occupant nazi en ce qui concerne ses activités d'industriel dans l’aéronautique... Voire, pire, qu'effleurer lors de la séquence en Allemagne la montée du racisme qui amènera ce que chacun sait dès 1933... Que doit-on d'ailleurs comprendre de la scène où Jiro et son ami surprenne le garde de l'usine Junkers en train de poursuivre armé un jeune avec des compagnons ? Quitte à faire, n'aurait-il pas fallu aller dans l'explicite et rappeler que ces premiers manquements au traité de Versailles de 1919 (interdiction d'avoir une aviation militaire pour l'Allemagne) allait mettre en place les prémisses d'une grande tragédie ? En parlant d'Allemagne, comment comprendre le rêve de Jiro où un zeppelin allemand menaçant vient perturber son rêve à une époque où l'empire nippon copie encore le modèle impérial allemand ? Pour terminer cette réflexion, je dois bien avouer que j'ai été déçu de ne pas voir une véritable confrontation entre les idéaux de Jiro et l'emploi de ses Zero lors du conflit : une phrase pour dire qu'il est déçu de ne pas les voir revenir, c'est vraiment peu vu encore une fois l'importance du sujet... Je me répète, l'ambition de Miyazaki était peut-être simplement de transmettre sa vision de l'homme et de son œuvre (faire donc acte de mémoire), mais malheureusement, vu la frontière ténue qui existe aujourd'hui pour le public entre mémoire et Histoire, ça me dérange quand même que certains éléments soient passés à la trappe dans un processus de transmissions de connaissances.

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 Sujet du message: Re: Le Vent se lève
MessagePosté: Mar 4 Fév 2014 16:33 
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Je l'ai vu !

Etant "fan" de ses précédents films je suis allé voir son dernier au cinéma le week-end dernier (Ma vie est belle, hein...?). Et j'ai, ma foi fort apprécié bien que ce ne soit pas mon préféré il reste tout de même très bon. La relation entre Jiro et Nahoko (sa femme) est très prenante, visuellement il est juste magnifique (le film bien entendu..) les couleurs sont éclatantes et l'on a réellement l'impression de sentir le vent qui se lève à plusieurs reprise dans le film.
Il est réellement différent des autres films de Miyazaki car il est globalement très réaliste, même si Jiro rencontre plusieurs fois Caproni au monde des rêve, il n'y a pas de sorcière, d'entité démoniaque ou de dragon chinois rongé par une étrange maladie...Ce qui est plutôt surprenant. Et c'est sans doute pour ça qu'il m'a un poil moins plut que les autres.
Mais n'hésitez pas à aller le voir, quand on sort de la salle on l'impression de s'être pris une bourrasque en pleine poire (c'était monsieur jeu de mot !).


le vent se lève il faut tenter de vivre


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 Sujet du message: Re: Le Vent se lève
MessagePosté: Ven 7 Fév 2014 20:25 
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Ah.

En fait je suis le seul à avoir l'impression de m'être fais arnaquer par la presse cinématographique en ce qui concerne le dernier Miyazaki ? Parce que j'ai beau retourner la chose dans tous les sens, je ne vois pas en quoi c'est une réussite. Au delà de l'aspect historique/polémique du film et du fait que c'est le dernier Miyazaki (mais en fait non, c'est juste pour que la presse soit indulgente *clin d'oeil*), j'ai vraiment rien vu dans Le Vent se lève.

Bon allez, j'exagère. L'histoire d'aviation reste le point fort du film. Mais en ce qui concerne Jiro et sa femme. Mais wow ce que c'est cucul avec des dialogues sortis d'un scénar réalisé par un gosse de 10 ans. Je déconne pas, j'avais l'impression de voir un film pour des enfants et uniquement pour des enfants. Pourtant Miyazaki a toujours su dans ses films précédents faire la part des choses pour que tous les publics s'y retrouve, mais cette fois c'est entièrement raté, et ce à cause de toute l'histoire d'amour à l'eau de rose, prévisible comme pas permis, et amenant des scènes tout aussi inutiles que wtfesque. Du coup, le milieu du film traine en longueur, et on perd la partie de fantaisie, marque de fabrique de Miyazaki, qui se trouvait dans l'histoire des avions pour Le Vent se lève.
Sans déconner, je ne compte pas le nombre de fois où j'ai levé les yeux aux ciels en étant subjugué par des dialogues plats et sans véritable logique parfois. Ou alors c'est logique au Japon de faire sa proposition de mariage à une fille avec qui tu ne sors même pas/que tu as vu 5 fois dans ta vie. Tu passes plus pour un stalker qu'autre chose dans la vraie vie.

En fait c'est cette manie de tout faire en accéléré qui m'a constamment agacé dans le film. On a l'impression de sauter des étapes, et du coup de subir un film réalisé pour un public indulgent avec pourtant la prétention de vouloir en faire plus.

Ceci étant. Le Vent se lève n'est pas non plus mauvais. Mais si je me permet d'autant le saquer c'est que j'ai l'impression que tout le monde est subjugué par l'aspect "C'est le dernier Miyazaki" et en oublie franchement le film et ce qu'il propose réelement. On est loin des mondes imaginaires et fantaisistes de ses précédentes réalisations, mais pourtant Miyazaki en garde la prétention et l'intention. Et ca ne donne pas vraiment un bon résultat.

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 Sujet du message: Re: Le Vent se lève
MessagePosté: Sam 8 Fév 2014 01:01 
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Ce film a au moins le mérite de porter dignement la marque de fabrique de Miyazaki, à savoir ce cadre poétique construit de moments de pures contemplations et rythmés par de charmants thèmes musicaux, mais aussi la distorsion de la question temporelle, le traitement modeste des émotions "primaires" de personnages motivés par des désirs contradictoires, la fragilité d'un monde qui peut s'écrouler la seconde suivante...

Jiro est constamment traversé par trois grands flux d'énergie qui évoluent parallèlement dans trois univers différents (celui du rêve avec Mister Caprioni, de sa carrière professionnelle en tant qu’ingénieur en aéronautique et sa relation amoureuse avec Nahoko) qui vont finir par se fracasser dans une alchimie vraiment surprenante*, qui m'a laissé sans voix à la fin de la séance.


Spoiler: Montrer
*De mémoire je ne me souviens pas d'une fin aussi tragique dans ses films précédents, c'est tout l'art de cogner la belle naïveté de la jeune adolescence... et surtout cette manière un peu acide de questionner la responsabilité du créateur (qui porte en lui des rêves prometteurs.. et pourtant si destructeurs !), de parachuter une histoire d'amour vouée à l'échec, et cette phrase absolument géniale de Caprioni (à quelque chose près) et furieusement prémonitoire : "attention ! même dans un rêve on peut se faire couper la tête" On aura été prévenu..


Alors oui, ce n'est pas LE meilleur, le plus beau, le plus percutant, mais il en reste que la tentative de l'approche historique et réaliste est bien reçue, la dimension artistique maîtrisée.

Et puis, qu'est-ce que c'est difficile de se montrer exigeant devant le maître, quand il vous propose si gentiment cette dernière escapade en avion ?


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 Sujet du message: Re: Le Vent se lève
MessagePosté: Lun 17 Fév 2014 13:34 
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J'ai vraiment beaucoup aimé, étant franchement impressionné par le début (c'est quand même une démonstration des possibilités qu'offre le cinéma d'animation) et pleurant comme une madeleine à la fin, quand bien même tout indique, depuis longtemps déjà qu'on se dirige vers ce terme. L'impression finale est émouvante certes, mais prenante surtout, lourde, pesante, ça hante et c'est vraiment selon moi très beau, très bien amené.

Je retiendrai une série de scènes absolument splendides: le rêve italien et ses fonds peints (??) magnifiques, le tremblement de terre, le premier plan sur la planche et son accompagnement musical, les retrouvailles avec Nahoko, la salade de l'Allemand, la scène des avions de papier, le mariage, l'envol et la fin. C'est une suite de moments de grace et malgré un rythme lent, malgré un aspect de chronique assez décousu, je ne me suis pas ennuyé un moment, emporté que j'étais.

Évidemment, le sens du film, ou plutôt sa "leçon", sont assez passionnants, parce qu'à tiroir bien entendu. Depuis la métaphore sur la création, la question du sacrifice amoureux, de l'absolu d'amour (non non: ce n'est pas niais du tout, pour moi c'est comme Duras, c'est juste sublime. C'est du bon côté parce que c'est consciemment, délibérément, dans l'absolu), on a choses à creuser à foison. La relation entre le créateur et son objet, le dévouement à la pensée.

Sur la dimension historique, j'avais un peu peur, mais franchement j'ai trouvé ça encore une fois très juste. D'abord parce que ce n'est pas le propos premier. Ensuite parce que la guerre est plusieurs fois sous-entendue et critiquée, y compris par Caproni (quand il se moque des délires de grandeur de Mussolini). Si on est dans une perspective d'engagement, ça coince évidemment, mais comme justement c'est tout le contraire (la question globale de l'engagement, au niveau personnel et familial est assez clairement exposée: cela passe au second plan, après la création). Au pire, on peut clairement considérer que Miyazaki nous explique que l'art n'a que faire de la société (mais ça serait en contradiction avec la dimension écolo de son oeuvre; cela dit ça trace aussi une vraie différence avec Takahata par exemple).

Je passe sur les liens avec le reste de l’œuvre, je pourrais disserter dessus pendant une éternité, donc... Mais je trouve ce film particulièrement éclairant pour pleins de motifs, essentiellement familiaux, des précédents films.

Voilà un film que je reverrais volontiers, rapidement. Ça ne m'était pas arrivé depuis un bon moment.

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 Sujet du message: Re: Le Vent se lève
MessagePosté: Mar 18 Fév 2014 00:46 
The old man
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Localisation: Joker
Très beau, très poétique avec des moments de grâce, mais effectivement un film essentiellement sur le processus de création, radical et total. Difficile de trouver un personnage comme Jiro à la fois autant sympathique et égoïste. Tout le récit est vécu de son point de vu, et donc construit autour de son rêve. Il ignore (parfois sciemment) le monde qui l'entoure (et même pas de réelle chronologie, avec un fil décousu), même s'il y a cette scène avec les enfants où il est apparemment titillé par sa conscience. A noter également la séquence du train et du tremblement de terre qui est une sorte de trompe-l'oeil ou plutôt montre ce que serait Jiro s'il n'était pas habité par son rêve (entre autres interprétation).
L'aspect sacrifice où tout son entourage le "protège" et le "préserve" est lui aussi développé par le menu avec l'ultime sacrifice de son amour - j'avoue que la scène où il fume quand même alors qu'il est dans la même pièce que sa femme et qu'il sait que ce n'est pas bon pour elle, et qu'il se laisse si facilement convaincre de fumer par elle... j'avoue que je me suis dit à ce moment-là que Miyazaki ne voulait laisser planer aucun doute sur son personnage^^
Signalons aussi un autre point important : le côté éphémère et presque vain du rêve poursuivi. La mention des 10 ans de créativité (avec l'analogie avec le maître évidemment) redouble de sens lors du dénouement. Tout sacrifier, réaliser le rêve, l'oeuvre de sa vie, et le résultat de cette oeuvre est vouée à la destruction ? La question de savoir si le créateur a gâché sa vie hante l'épilogue même si l'apparition finale de sa femme lui déclarant qu'il peut désormais commencer à vivre sa vie apporte une pointe de lumière (enfin je crois^^).
Enfin il y a la contradiction du personnage, sympathique et égoïste donc, fondant une famille et se jetant à corps perdu dans son travail (son ami explicitant carrément cet aspect lors d'un dialogue).
Il y a beaucoup de choses à dire, mais en même temps je trouve que Miyazaki a rarement été aussi explicite et clair dans son propos - qui plus est un propos centré sur "lui".

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