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The Neon Demon
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Auteur:  Donnie Darko [ Dim 12 Juin 2016 20:14 ]
Sujet du message:  The Neon Demon

Image
(notez la fougue dans les yeux d'Elle Fanning, © Refn)

The Neon Demon
(avec plein de couleurs pour faire joli, © Refn)

Jesse, adolescente jeune et jolie sans personnalité ni nuance aucune (© Refn), débarque à Los Angeles pour commencer sa carrière de mannequin. Elle y rencontrera la compétition et la jalousie d'autres mannequins insipides sans personnalité ni nuance aucune (© Refn). John Wick est devenu gérant de motel. Ryan Gosling (© Refn) était trop occupé à faire The Nice Guys et The Big Short afin d'exorciser sa carrière post-© Refn.

Difficile de parler du film sans le spoiler. Je serai donc bref. Ce film n'est vraiment pas ma came. Refn continue dans sa lancée symétrique qui démarrait avec Only God Forgives mais dont on pouvait entrevoir les symptômes dès Valhalla Rising. On y retrouve donc ses lourds silences, voire le quasi-mutisme des personnages, les lumières aveuglantes et épileptiques, une intrigue minimaliste et la relecture d'un (sous-)genre populaire (Revenge movie, Giallo) en oeuvre pompeuse et film d'auteur. The Neon Demon est très lourdingue dans sa mise en scène et ses métaphores. Si vous cherchez un film qui explore en nuance le monde de la mode, passez votre chemin. Le propos du film est très similaire à celui de Black Swann: les filles s'y foutent sur la gueule, se détestent mais ont aussi des fantasmes lesbiens intenses et disproportionnés qui surgissent de nulle part, il faut souffrir pour être belle, etc. Le pire étant que Refn croit à fond à la profondeur de son propos et pense révolutionner le féminisme en sortant des sentiers battus: le monde du mannequinat réifie et sexualise la femme à outrance. C'est encore plus con que Sucker Punch... Refn a relu Freud (hélas!) et traite en surface Eros et Thanatos et la sexualité masculine, mais oublie que derrière les concepts psychanalytiques et les symboles sataniques peuvent aussi se trouver des êtres humains. Le spectateur s'inflige aussi les jeux de mots qui sont pris au pied de la lettre: (un) shooting ça veut dire 'prendre une photo' mais aussi 'tirer sur quelqu'un', le défilé des mannequin s'appelle le catwalk (donc faites gaffe aux félins),
(SPOIL)
Spoiler: Montrer
les mannequins ne mangent rien (elles ne boivent que du café) mais s'entre-dévorent littéralement ('I ate her' dit-on dans le film // to eat someone alive veut dire manger quelqu'un tout cru, réduire quelqu'un à néant); et puis tous les jeux de mots sur l'oeil, n'en parlons pas !
(FIN SPOIL)
Je dois avouer que je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire en regardant Refn matérialiser des concepts et des symboles tout en écrivant des dialogues dont la profondeur philosophique ferait rougir la voix off des films de Terrence Malick post- Tree of Life. Ce film est impardonnable dans son écriture. Il faut être à la fois très naïf et très prétentieux pour filmer cette scène et se dire 'je suis subtil, je suis intelligent' sans y voir le ridicule du jeux d'acteur et des dialogues:



Il n'empêche que j'ai adoré ce film pour sa niaiserie et son manque d'ambition. On voit de moins en moins des réalisateurs en roue libre qui s'autorisent à signer de ses initiales chaque intertitre dans le générique d'ouverture.

Bref, merci pour ce fou-rire Refn. A bientôt avec Ryan Gosling.

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