Désolé de prolonger l'excursus sur La Guerre des mondes, mais pour défendre un peu le film (qui se défend par trop mal tout seul, quand même):
- sur l'américanisme du film: un film américain qui se passe au Etats-Unis, ça ne me paraît pas trop choquant. De plus, ce qu'a dit SSof D Belge sur la puissance est assez évident: le pays prend un statut d'exemple par excellence, mais exemple quand même: il n'y a pas de victoire militaire (ce n'est pas Independance Day)
- la référence au terrorisme: dans un film sur la peur et la panique il aurait été étonnant que la grande peur actuelle ne soit pas mentionnée, ne serait-ce que pour être supplanter par celle amenée par le film
- il y a quand même quelques grandes scènes: la première apparition des ET, la perte de la voiture, le train en feu, ou encore l'oeil dans la cave.
En revanche, il y a, me semble-t-il, beaucoup d'autres reproches que l'on peut faire à ce film. Je ne m'étendrai pas dessus, mais, et ça ramène un peu au sujet des bons films (c'est vrai pas 2005), La Guerre des Mondes se comprend beaucoup mieux en regard de Signs, de Shyamalan, dont il est une sorte d'envers, ou de négatif, à la fois prennant le parti de développer ce qui aait été laissé dans l'ombre par Shyamalan (ligne de front du combat contre arrière pays), et prolongeant le fil métaphorique de l'image et du miroir qui structure en profondeur les deux films (il suffit d'observer comment sont vus les ET dans chacun des films: quasiment systématiquement par es jeux de reflets ou à travers des écrans).
Bref tout ça pour dire que pour moi, La Guerre des mondes est un bon film de 2005, dans lequel le pape Spielberg tente de se confronter à la nouvelle génération représentée par Shyamalan, sans y parvenir à mon sens. Et puisque 2005 appelle 2006, on peut déjà évoquer, de ce dernier, Lady in the water prévu pour l'été
Désolé pour cette reprise hors sujet, mais j'enprofite du coup pour mentionner deux films vus pendant les vacances et vraiment intéressants. Je ne fais pas de sujet en particulier sur eux car j'aurais un peu peur de prêcher dans le vide, étant donné, je le reconnais d'emblée, l'hermétisme de chacun. Ces précautions prises...:
- L'Arc de Kim Ki-Duk: j'ai éjà parlé de Locataires. Le film prolonge la réflexion sur les fantômes et l'usage, ou le non usage de la parole (peu de dialogues, je préviens). Une jeune fille est recluse sur un bateu de pêche avec un vieil homme que l'a recueilli enfant et qui compte l'épouser le jour de ses 17 ans. Parmi les pêcheurs qui viennent sur le bateau, un jeune homme s'éprend d'elle et tente de la ramener au monde. Sur cet intrigue de conte, le film se déploie de manière un peu maniéré mais avec une très grande beauté plastique et narrative.
- Mary, d'Abel Ferrara: une succession de crises existencielles (mystiques peut-être) autour de la figure de Marie-Madeleine, d'un film polémique sur Jésus, et d'une émission de débats théologiques. Alors, présenté comme ça, ça donne pas forcément envie... Mais c'est un film que parle, au-delà de son sujet religieux, de la multiplicité des regards contradictoires et pourtant coexistants gravitant autour d'un même événement (dans le film, la transmission de la parole de Jésus, la réception d'un film menacé de censure, et la vie chaotique d'un couple). C'est un film sur ce qu'est le débat, l'opinion, et le savoir, infiniment précaire. C'est donc d'abord un film sur le doute, et en effet, lorsque l'on sort, on ne sait vraiment pas quoi penser... (non non, pas du film, de ce qu'il a pu dire: il reste une incertitude totale sur l'appréciation que l'on peut avoir de chacun des personnages). Un film pas évident mais une véritable expérience (oui, je sais, ça fait toujours peur ce genre d'expression, mais bon, je veux pas vous tromper sur la marchandise. Après, c'est la curiosité qui joue...)
voilà! Désolé d'avoir été si long!!
|