Je profite du retour d'Ange Bleu dans la salle de projection pour un peu développé ce que j'avais simplement évoqué concernant ce film dans un autre
sujet. Ce film de Takahata, s'il paraît s'adresser d'abord aux enfants, se révèle très subtil, et aborde comme l'a dit Ange Bleu la difficile cohabitation des traditions et de la modernité au Japon. Cela se trouve doublé par une reflexion à consonnance écologique. Je ne peux pas ajouter grand chose à ce qu'en a dit Ange Bleu qui résume à la fois le film et l'esprit du film, mais vous enjoint fortement à avoir la curiosité de découvrir ce film qui peut sembler un peu lourd ou vieillot, et dont le public n'est pas nettement dessiné. Car c'est bien là que réside sa force: il s'agit d'une oeuvre vraiment originale et atypique dans ses choix de mise en scène et de propos. A voir donc, en salle ou en dvd...
Ce qui m'a le plus intéressé dans ce film est l'enchevêtrement de deux fils, ou deux tonalités différentes tout au long de l'histoire. D'une part un propos didatique et militant montrant les conséquences de la modernisation pour l'environnement, et les changements de moeurs et de mentalités qu'elle entraîne. Et d'autre part des évocations féériques, des mises en scène magiques plus proches de ce que fait Miyazaki par exemple. Alternent donc en permanence dans ce film, en quelque sorte, un monde et un contre-monde, un discours poétique et un puissance poétique qui sont amenée à se nourrir l'un l'autre. Ce très bel agencement a toutefois un inconvénient: le film paraît parfois très fragmenté, ou éclaté. Il n possède pas la même unité de ton que l'on voit dans d'autres films de Ghibli.
Je ne rajouterai qu'un mot sur le comique présent dans le film. Il ne s'adresse pas là encore qu'aux tout petits, bien au contraire. de nombreuses scènes sont vraiment drôles, et un gag en particulier (celui auquel Ange Bleu fait allusion dans la première ligne de son message) est écliné de multiples façons de manière très efficace! A ce propos, il s'avèrerait qu'il ne s'agisse pas là d'une extrapolation de Takahata, mais bien d'un élément constitutif de la légende des Tanukis...