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 Sujet du message: Inside Man
MessagePosté: Dim 21 Mai 2006 20:13 
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De retour après quelques temps d’absence dans la Salle de projection, faute de films me donnant envie d’en parler. Voici le donc le film qui m’a le plus impressionné depuis un bon moment : Inside Man, de Spike Lee, avec un trio assez impressionnant : Clive Owen dans le rôle du braqueur, Denzel Washington dans celui du négociateur, et Jodie Foster dans celui de… heu… la femme de pouvoir intrigante (à tous les sens du terme) qui offre ses services aux gens fortunés et s’occupe de régler leurs petits problèmes en toute discrétion.


Le dehors et le dedans

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L’intrigue à présent :
Un homme se présente, il apparaît comme situé dans une cellule. Il annonce qu’il a monté le casse parfait (snob à mort, je vous le livre en anglais, mais comme le personnage le dit lui-même, chaque mot a son importance) :

“My name is Dalton Russell, pay strict attention to what I say because I choose my words carefully and never repeat myself. I told you my name, that's the who. The where can most readily be described as a prison cell. But there is a vast difference from being stuck in a tiny cell and being in prison. The What is easy, recently I planned and set in motion a manse to execute the perfect bank robbery, that's also the When. As for the why, beyond the obvious financial motivation, it's exceedingly simple...because I can. Which leaves us only with the How, and therein, as the Bard tells us, lies the rub.”

Reste donc le comment du casse, placé sous le haut patronage de Shakespeare (the Bard). C’est ainsi qu’est présenté le film : montrer ce qu’est un casse parfait, comment ça se passe.

On se retrouve donc dans une banque, La Manhattan Trust Bank. Des clients attendent, des guichetiers comptent des billets, des vigiles surveillent les uns ou les autres, on ne sait pas bien finalement. Des peintres en bâtiment, tout de blanc vêtus entrent, les caméras de surveillance sont aveuglés, le braquage commence, les portes de la banque sont verrouillées, de la fumée est dispersée pour empêcher ceux à l’extérieur de la banque de voir ce qui se passe à l’intérieur, les otages sont regroupés et commence leur usage dans le braquage… La police arrive, avec un négociateur présenté comme atypique et menacé par sa hiérarchie, l’opposition entre les deux hommes peut commencer. L’élément perturbateur est introduit en la personne de Jodie Foster, femme d’influence chargée par le patron de la banque de récupérer par tous les moyens quelque chose dans un coffre à l’intérieur de celle-ci

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Voilà pour l’intrigue telle qu’elle se présente d’abord. Mais cette structure d’opposition, si elle va rythmer le film d’un bout à l’autre, sert en fait d’écran à ce qui se passe vraiment dans le film, à ce qui se dit dans le déroulement de l’action. Le scénario se construit petit à petit de manière diabolique, faisant du spectateur le seul véritable otage de ce qu’il voit et qu’il découvre continuellement comme ayant été trompeur. Le suspens est intense, même s’il ne joue pas vraiment sur le braquage lui-même, mais bien sur ce que cache en fait le braquage. L’action elle-même pourrait se découper en trois temps : le braquage, le détournement du braquage, et l’après casse, résolution des mystères. Dans cette structure, tout repose sur l’opposition entre intérieur et extérieur, aussi bien d’un point de vue spatial, que moral ou psychique, avec des jeux de renversements impressionnants. Sur ce motif, l’entremetteuse apparaît d’abord comme l’intermédiaire entre le dehors et le dedans, mais ce schéma se trouve bousculé lors de l’avancée du film, puisque c’est le braqueur qui devient passeur entre une sphère publique (dehors) incarnée par le policier, et un sphère privé, secrète (dedans) figurée par Jodie Foster. Le déroulement même du braquage est déroutant puisque l’action est ponctuée par des flash forward (sais pas si ça se dit : des prolepse, ou scènes courtes qui montrent des moments postérieurs à l’action principales) montrant les interrogatoires des otages menés par le négociateurs.

Du coup, petite analyse des enjeux présentés par le film, à travers les trois protagonistes principaux (les deux prochains points ne spoilent pas trop, le dernier plus : vous voilà prévenus !! (mais je ne dévoile pas la nature des secrets, juste les passages d’un niveau à un autre de l’intrigue)).


Parce que je peux

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Et d’abord le héros, Clive Owen magnifique de pure présence et d’effacement, de neutralité à la fois, et l’intérieur de la banque. C’est là que le film prend tout son sens. Les braqueurs, portant tous le même nom, et le film lui-même avec eux, tentent de brouiller les pistes d’entrée de jeu. La musique d’ouverture évoque des rythmes orientaux, et le héros va d’abord prendre un accent arabe pour s’adresser aux forces de l’ordre. Mais surtout, tous sont masqués, avec lunettes noires, pour rester méconnaissables. Jusqu’ici rien de très original, sauf qu’ils imposent aux otages de mettre les mêmes vêtements qu’eux (noirs après le début du braquage), et leur bandent les yeux, après les avoir déstabilisés de différentes manières. Le but est de rendre similaires braqueurs et otages, révélant la profonde identité qu’il y a entre les uns et les autres. Tous peuvent être innocents, tous peuvent être coupables. Mais surtout tous ont la possibilité, le pouvoir de commettre le braquage. La seule différence réside dans l’actualisation de cette puissance partagée par tous. Le héros, constatant cette puissance en lui, décide simplement de passer à l’acte. C’est une façon d’exercer son humanité, facteur essentiel de compréhension du film puisqu’il s’agit en fin de compte dans celui-ci, à différentes échelles, à différents niveaux d’interprétation, de l’humanité de chacun, de ses limites, de son exercice, et du sens qui lui est donné. La confusion entre braqueurs et otages est complète, puisque les braqueurs rejoignent les rangs des otages, se faisant passer auprès d’eux pour eux, par des jeux de mise en scène subtils. La nature réflexive du film apparaît donc ici, et le patronage de Shakespeare (le monde comme théâtre) prend lors tout son sens. Cette trame, de l'agir, de l'humain et du jeu, court tout au long du film, et constitue sa lecture la plus immédiate, après l’intrigue proprement dite. Elle se révèle facilement dans les espaces laissés par l’action, qui suit un faux rythme, allant s’enlisant petit à petit après une ouverture en fanfare. L’apparition, dans l’action, des interrogatoires menés à la suite du braquage, et concernant les personnages que l’on voit comme otages nous indiquent rapidement l’issue du casse à travers la perplexité et l’énervement de l’enquêteur durant ces interrogatoires.


Surveiller et punir

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Le négociateur, Denzel Washington, se trouve donc placé comme pendant du braqueur. Futé, atypique, il fait avancer l’enquête assez vite, déjoue certains pièges du héros, et gère l’intrusion de Jodie Foster dans sa négociation. Il s’affirme face aux autorités (hiérarchie, pouvoir occulte ou pouvoir politique…), et apparaît au début comme un alter ego du héros, simplement placé de l’autre côté de la porte de la banque. Mais ce statut d’interlocuteur du héros se voit rapidement dénié, refusé par le héros lui-même. Ce n’est finalement que dans la dernière partie du film qu’il pourra réellement l’acquérir car, lorsqu’il semble parvenir à le conquérir pendant le braquage, le héros le rejette violemment, et cherche à le mettre hors jeu. De plus, sa figure positive se trouve écornée par les scènes d’interrogatoire. La dimension politique du film se révèle alors. Celui chargé de faire respecter l’ordre, de préserver la santé des otages, devant son impuissance à discriminer otages et braqueurs, choisit de tous les molester afin de faire craquer les coupables. Il sacrifie donc des innocents au profit sa quête de vérité, de la vaine gloire de pouvoir triompher sur son adversaire. Ces scènes sont assez terrifiantes, montrant un potentiel héros s’abîmer dans les travers de sa fonction, et exercer son pouvoir de manière abusive. La présomption d’innocence se renverse en présomption de culpabilité, et tous se trouvent traités en conséquence, droits humains, respect de la personne et des libertés se trouvant bafoués. Le spectre d’une société répressive se profile là, avec sous-jacente une critique vraisemblablement de Guantanamo et du PATRIOT Act. Cette perspective du film, ce développement peut apparaître comme n’ayant pas été mené jusqu’au bout, puisque le politique s’égare en intrigues secondaires sur le pouvoir, puis sur l’Histoire, n’achevant pas le portrait de l’enquêteur inquisiteur, et lui accordant même une rédemption dans la dernière partie du film. Mais même lorsqu’il se rachète ce personnage ne peut s’empêcher de procéder comme ceux qu’il entend dénoncer, cet apparent abandon du motif se justifie par l’apparition d’une autre lecture possible, qui la dépasse et donne sa véritable portée au film.


La transparence intérieure

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C’est Jodie Foster, avec son personnage trouble, qui finalement apporte indirectement ce nouveau niveau de signification. Personnage d’intermédiaire, elle doit faire office de transition, de médiation lorsque le personnage du négociateur se retrouve en situation d’échec. Abandonnant la lumière au profit de l’ombre pour agir, elle sert en même temps de masque pour le patron de la banque qui ne peut intervenir directement. A l’opposée du négociateur premier temps, elle n’est soucieuse que de la fin, tout moyen étant bon pour y parvenir. Le champ moral redouble donc celui politique. L’identité d’une personne se trouve là directement mise en scène : les actes accomplis, c’est-à-dire à la fois leur finalité et les moyens utilisés, le fameux « comment » susceptible de subir des accrocs, objet de la véritable difficulté comme l’annonce le héros dans son monologue d’ouverture. Il s’agit donc de montrer ce qui fait l’intérieur même de la personne, ce qu’elle est derrière le masque, derrière la façade sociale. Ce fil narratif prend son essor autour du mystère que veut garder caché le patron de la banque. Les documents secrets fonctionnent comme un nouveau ressort de l’intrigue, et figurent cette part d’ombre de chacun, la dimension tabou, refoulée universellement partagée et qui se trouve ici mise au jour par l’action des braqueurs. Mais alors que l’on croit tenir là le sens du film et de l’action des personnages, l’on se rend compte que tout ça est trop facile. Les documents sont eux-mêmes des écrans pour une autre dimension cachée. Le coffre mystérieux, espace occulte faussement vide, n’apparaissant pas sur les registres, figure l’inconscient de chacun. Le film matérialise là dans ce trou noir autour duquel gravite tout sens un schéma psychique dans lequel quelque chose résiste encore et toujours. Et il faut que la fonction d’enquêteur change de main, passe de l’homme du public à la femme du privé, pour que le spectateur comprenne de quoi il retourne, donne un sens non seulement à la présence des braqueurs dans la banque, mais aussi à leur action à l’intérieur de celle-ci, le spectateur les voyant sans cesse creuser, allégorie et du travail d’enquête et de celui d’introspection. Et ce n’est que derrière cet écran des documents compromettants que se trouve révélé le but du braquage, suprême et évidente ironie, sous la forme d’une double transparence, extérieure et intérieure à la fois.


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MessagePosté: Dim 21 Mai 2006 20:47 
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J'ai vu ce film il y a un petit moment maintenant (c'était pendant les vacances de Paque, c'est pas très précis mais c'est tout ce que je peus donner comme indication), et j'ai bien aimé mais sans plus.

Je reconnais que c'est un film très bien construit, contenant beaucoup de suspens et de surprise, avec de très bon dialogues, de bons acteurs, une bonne mise en scene, des scenes vraiment chouette (ex: la scene du téléphone portable).

Mais je n'ai pas trop accroché à ce film, pour moi au final ça me parait assez creux, je ne sais pas vraiment pourquoi, je n'y trouve pas vraiment de profondeur. Je pense que mon sentiment vient surtout des personnages qui sont totalement au service de l'intrigue, je ne veus pas dire qu'ils n'ont tous aucune volonté, mais j'ai cette impression bizarre qu'au final, ils sont juste des pions et que tout est joué d'avance, qu'ils n'ont qu'a subir l'enchainement de péripéthie qui auront lieu autour de cette banque, est d'ailleurs c'est à peu près ce qui se passe, que ce soit les braqueurs ou les gendarmes (le troisieme parti) tous en général ne font que subir, il faut juste que la scene se mette en place et après tout glisse, ce sentiment me revenant souvent au cours du film. Au final les personnages en deviennent presque superficielle.


Donc au final, je trouve ce film sympathique, mais tout de même assez gentillet, je n'ai pas passé un mauvais moment en le regardant, j'irais même jusqu'a dire que c'est un bon, voir très bon film. Mais ce genre d'histoire où à la fin les méchant sont enfermé et les gentils s'en sortent bien et puis basta, ça ne m'attire pas trop, ma définition est assez vague mais pour citer un exemple je prendrais par exemple "Le fugitif" (peut-etre pas le bonne exmple), qui m'a laissé la même impression que ce film, ou presque et même si ce film est un peu plus développé que la définition que j'ai donné plus haut, il reste néanmoins dans la même catégorie, et j'ai assez de mal à expliqué pourquoi je le considere comme telle. Je me demande si ce n'est que à cause de ce que j'ai dit dans le précédent paragraphe ou si il y a autre chose, mais dans tout les cas, mon avis reste le même.


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MessagePosté: Jeu 25 Mai 2006 22:57 
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Pareil que Saru, un bon film sans plus, fan de Denzel je saute toujours sur l'occasion de voir un de ces films, un très bon casting !

Le moins que l'on puisse dire c'est que l'histoire est loin d'etre originale, c'est peut etre pour cela qu'on se prend pas complétement au jeu, il y a du suspense mais au final j'ai l'impréssion qu'on s'en fous un peu de ce qu'il peut arriver aux mecs dans la banque, on a pas de réels émotions envers les détenus, par contre je dois avouer que les multiples ruses sur la fin m'ont un peu étonné, je ne mi attendais pas du tout !

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