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 Sujet du message: Volver
MessagePosté: Lun 22 Mai 2006 13:16 
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Voilà l’autre bon film que je viens de voir, après Inside Man, et que je vais essayer de convaincre d’aller voir. Il s’agit du dernier film de Pedro Almodovar (récemment La Mauvaise éducation, Parle avec elle ou Tout sur ma mère, avant Talons aiguilles, Attache-moi! ou Femmes au bord de la crise de nerfs). Il offre à Penélope Cruz la tête d’affiche avec le rôle d’une jeune femme devant faire face à plusieurs tragédies familiales qu’elle affronte avec une énergie constante.

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Ce film ravira tous les amateurs du cinéma d’Almodovar, et tous ceux qui le fuient aussi, car, malgré sa tonalité fantastique, ce film est somme toute beaucoup plus calme que les précédents. Il réjouira en outre les amoureux de la belle Penélope Cruz, que je trouvais jusqu’ici fadasse, à quelques rares exceptions près, et qui est rayonnante, violente et fragile à la fois, jouant constamment de ses attraits jusqu’à la caricature et le retournement ironique. Mais il touchera aussi le public féminin, car je crois que ses thèmes lui parleront finalement plus qu’aux rangs masculins : c’est de relations entre femmes qu’il s’agit, de communauté féminine, et surtout de relation mère-fille. Tout y est traité avec une finesse et une justesse rares, traitant comme souvent de sujets grave, mais sans glauquerie quelconque. Le propos, dur parfois, est soutenu par un ton léger, par une importance cruciale de la couleur, à travers notamment le motif des fleurs, omniprésent. De plus, si ce film joue moins d’effets de narration cinématographique que les derniers, surtout dans les jeux de travestissement, c’est juste qu’il revient à une simplicité de mise en scène qui se révèle d’autant plus efficace, et qui permet surtout au film de penser de manière plus libre et plus pertinente encore qu’avant. Ce n’est sûrement pas le film le plu poussé d’Almodovar, mais il est parfaitement équilibré et élaboré pour faire mouche auprès de tout spectateur.


Lost in la Mancha

Alors qu’est-ce que ça raconte, le nouveau Almodovar ? Parce qu’à chaque fois, ou presque, c’est, en gros, un sac de nœuds pas possible. Et bien cette fois… pas tant que ça, mais quand même! L’intrigue ne met en scène que des personnages féminins, les rares homes se trouvant évacués de l’action rapidement, par divers procédés. Nous sommes donc stricte compagnie féminine, et plus particulièrement plongés au sein d’une famille, sur trois générations. A côté de cette famille s’animent les voisines : voisine d’en face du village natal (Agustina), ou voisines de quartier à Madrid, dans un tissu social très populaire.

Raimunda (Penélope Cruz) élève sa fille de quatorze ans, Paula, et rend régulièrement visite à sa tante, prénommée Paula également (Tia Paula donc, cf edit et message de Robin K), à la quelle elle est très attachée (au point d’avoir donné son nom à a fille), mais qui a perdu la tête totalement depuis la mort dans un incendie de sa sœur et de son mari, les parents de Raimunda. Raimunda lui fait de régulières visites, accompagnée par sa fille et par sa sœur Sole, laissant la voisine Agustina veiller sur elle, mais songeant à lui trouver un nouveau lieu, ne comprenant pas comment la vieille dame, folle et impotente, arrive à vivre seule. A Madrid, Raimunda s’occupe d’un foyer où son mari est chômeur, boit trop, et jette des regards lubriques sur sa fille. Exposé comme ça la situation paraît désastreuse, mais l’énergie des personnages, et un certain décallage désamorce une partie du sordide tout en laissant leur gravité aux éléments mis en scène.

L’intrigue démarre alors avec trois événements qui vont bouleverser la vie de Raimunda et de sa famille (attention, je révèle le premier quart d’heure ; ce n’est pas grand-chose, on s’y attend, mais ce sont trois éléments dramatiques qui conditionnent toute l’action mais que vous pouvez ne pas avoir envie de connaître. Je ne sais pas s’il sont donnés dans les résumés habituellement : je suis allé voir le film juste sur le nom d’Almodovar sans lire une critique avant):

La tante Paula meurt une nuit, la voisine Agustina étant mystérieusement prévenue de l’événement. Dans le village, les superstitions sur le fantôme de la mère de Raimunda et Sole, Abuela Irene, s’amplifient. Dans la même nuit Raimunda découvre le cadavre de son mari, tué par leur fille alors qu’il tentait de la violer. Raimunda n’ira donc pas à l’enterrement de sa tante, et, décide de placer le cadavre momentanément dans le congélateur du restaurant en bas de chez elle qui vient de fermer en attendant un repreneur, et dont elle a les clefs. Lors de l’enterrement, le fantôme de leur mère apparaît à Sole, et la convainc de la laisser habiter chez elle, mais désirant rester cachée aux yeux de Raimunda.

Volver, ça signifie revenir. C’est retourner en arrière, mais ici le retour doit se faire façon d’avancer pour Raimunda. Il y à la fois la nécessité de reprendre les choses passées, mais pas de les répéter. Les drames survenus ont enclenché un irréversible que le personnage affronte. Sa quête apparaît d’abord vaine, de par la présence multiple de la figure de don Quichotte en arrière plan : la Mancha d’abord, avec ses superstitions, ses coutumes et ses paysages, puis les figures récurrentes des moulins à vent à travers les champs d’éoliennes que rencontrent Raimunda et ses proches dans chaque trajet entre Madrid et leur village natal, renommé pour son vent d’est qui rend fou les gens et qui anime et propage les feux dans les campagnes. Mais si Raimunda et Sole peuvent évoquer le couple composé du chevalier à la triste figure et de son écuyer Sancho Panza, le parallèlisme paraît s’inverser au cours du film, et les fabulations gagnent en épaisseurs, se superposant à la réalité de plus en plue étroitement.


Histoire de fantômes espagnols

Très étrangement, le film d’Almodovar s’oriente donc sur une opposition entre une réalité concrète gravitant autour de Raimunda et ancré à Madrid, et un arrière pays tout entier fantomatique, issu de la Mancha, et que Sole ramène dans son coffre en la personne de l’apparition de sa mère. La veine fantastique, plutôt absente ou sourde du moins chez ce réalisateur devient peut-être une expression nouvelle pour un des motifs les plus importants e les plus récurrent d’Almodovar: le travestissement, comme en témoigne la première demande formulée par Irene qui est de se faire couper les cheveux et d’avoir une teinture. Le titre du film prend alors avec cet élément un double sens : retour à la vie des morts, avec le personnage de fantôme, mais aussi retour du pays vers les déracinées, en attendant le retour au pays à la fin du film.

Tout se construit donc sur des séries de chassés-croisés entre les personnages, comme souvent chez Almodovar, mais avec cette fois l’idée d’un basculement entre deux mondes, celui des vivants, concret, qui ont des cadavres bien réels dans leur placard, et celui des morts où les apparitions se manifestent non seulement visuellement, mais aussi de manières sonore et olfactive! Ainsi lorsque Raimunda croit reconnaître l’odeur des pets de sa mère chez sa sœur! Irene devient pour sa fille un fantôme paradoxal, contrait de se cacher pour ne pas lui apparaître, existant petit à petit pour toute la famille sauf pour celle pour qui elle est revenue. De l’autre côté Raimunda doit faire face à la disparition de son mari, subvenir financièrement, et répondre à des exigences élémentaires de la vie : nourrir et se nourrir. C’est ainsi qu’elle se reconvertit dans la restauration, animant un lieu tous les jours pour compenser les effets de la disparition. Raimunda navigue entre deux centres obscures tout au long du film : l’un qui lui est caché et qu’elle approche sans cesse, l’apparition de sa mère chez sa sœur, et l’autre qu’elle cache à tous dans le congélateur du restaurant, sa nouvelle demeure. Derrière les histoires de fantômes, d’apparitions et de disparitions, c’est bien de secrets dont il s’agit en fait, d’histoires taboues et de culpabilité.

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Ça s’en va et ça revient

Car la signification de "volver" est en fin de compte à entendre dans les secrets gardés par chacun des personnages. C’est difficile d’en parler sans trop dévoiler de film, mais disons que l’ensemble de l’intrigue est construite autour ‘une structure de crypte, au sens psychanalytique du terme. Des éléments sont celés par des personnages les uns aux autres, comme le motif du fantôme l’annonce dès le début : le revenant est là pour réparer quelque chose qu’il n’a pu accomplir de son vivant et qui est ignoré de tous. Mais ici le jeu sur les secrets, d’abord ludique, se voit redoublé, approfondi tout au long du film. Les secrets deviennent transgénérationnels, et de véritables fantômes apparaissent dans le hors champ du film, dans les personnages réellement absent de l’action.

C’est là la grande force du film : ce jeu autour de ce qui est montré et de ce qui est bel et bien caché, dans ce revenir qui n’est pas tant celui des personnes et des esprits mais celui des histoires vécues par les unes et les autres. Les secrets, s’ils sont ignorés concrètement, laissent toujours transparaître quelque chose dans le creux qu’ils manifestent. C’est là le sens de la crypte : dans les secrets de famille, même ceux qui n’en connaissent pas l’existence y sont confrontés, les devinent inconsciemment par la zone d’ombre et d’évitement que forgent ceux qui les connaissent. Même quand on le chasse, ce quelque chose qu’on rejette revient d’une manière ou d’une autre, retour du refoulé à l’échelle de la famille. Et la caméra est bien là pour montrer l’innommable, pour donner corps à ce qui ne peut être dit. Almodovar fait un film d’une sensibilité extrême, cherchant à impressionner la pellicule avec l’immatériel des relations entre les personnages, principalement ces relations mère-fille qui font la véritable trame du film. Dire l’affection, dire le rejet, et le chanter, comme Penélope Cruz, pour dire qu’il faut revenir pour repartir, qu’il faut retrouver pour quitter, qu’il faut reprendre pour ne plus répéter.



EDIT:
Merci merci Robin K: à force de relire, reformuler, reprendre, on s'emmêle les pinceaux. C'est corrigé! Le Tia constitue précisément la distinction entre les deux, du fait de leur statut dans la famille, leur nom étant bien le même... Ignorance pathologique de l'espagnol de ma part! Rejet inconscient hérité du père de la double ascendance argentine: la grand-mère et la tante, précisément. Quand je disais que ce film que ce film touchait mécanismes psychiques enfouis et secret de famille, je ne croyais pas si bien dire: je l'ai moi-même illustré dans ce lapsus...


Dernière édition par seleniel le Jeu 1 Juin 2006 09:18, édité 2 fois.

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MessagePosté: Mer 31 Mai 2006 22:04 
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(Je crois qu’il y a un bug dans ton post Seleniel : « Tia Paula » signifie en Espagnol « tante Paula », ça me parait bizarre pour un nom d'adolescente.)

C’est un film que je suis allée voir en famille (une fois n’est pas coutume) et qui m’a fait découvrir, entre autre, une partie de l’univers d’Almodovar, univers que je ne connaissais presque pas n’ayant vu qu’un bout « Tout sur ma mère » et de « Talons Aiguille ».

Je dois avouer que, pour moi, Volver est un film marquant.
Peut être d’abord, pour son étrangeté ; par ce qu’on peut dire, rien qu’à la vue du synopsis, que toute l’histoire repose sur l’ambiguïté du scénario, oscillant toujours entre le merveilleux et le vraisemblable.
C’est d’ailleurs une des grandes forces du film, par ce que, bien que ce soit totalement invraisemblable, on y croit. Almodovar, un peu comme Maupassant ou Edgar Poe, arrive à faire admettre au spectateur, le temps d’une projection, que les fantômes existent.
Tout est parfaitement normal, presque logique, sauf la présence du revenant. Mais après tout, on ne peut pas faire sans lui alors on est bien obligé de l’accepter et de se laisser rouler dans la farine par le jeu des actrices et du réalisateur.

Et c’est comme ça que, sur la toile de fond d’un Pueblo espagnol, parfaitement réaliste et magnifiquement rendu par la caméra, s’installe une intrigue à la foi drôle et tragique, remettant en jeu la vie pourtant banale de toute une petite famille.
C’est d’ailleurs de son décor que l’histoire tire une partie de sa crédibilité. On aurait pu retranscrire tout ça en plein paris ou dans un pavillon chic de Beverley Hill, Volver serait devenu une histoire fantastique joliment filmée, joliment mise en scène… mais personne n’y aurait cru. En Espagne, on sent qu’Almodovar est chez lui, il retranscrit magnifiquement l’atmosphère omniprésente du petit village aux murs tous aussi blancs les uns que les autres, des grandes maisons fraîches construites autour du patio, de la ville, des voisines qui se connaissent toutes, des légendes et des superstitions … Rien que le fait de retrouver toute une ambiance dans ces quelques images encourage le spectateur à se laisser guidé dans ce tableau original, ressemblant et invraisemblable à la fois.
Les personnages sont, à l’image de leur lieu de vie, à la fois « vrais » et un peu « trop » typiques. Le rôle qu’ils jouent leur donne des allures de caricatures, mais l’histoire et la progression de chacun révèlent en eux une dimension profondément humaine et touchante.
Tous ces portraits de femme sont d’ailleurs magnifiquement interprétés par les actrices (ce qui me pousse d’ailleurs à saluer le chois du festival de canne !^^). Chacune est parfaite dans son personnage, se reposant à la fois sur la « force » de l’icône incarnée et sur la faiblesse de la mère, de la sœur, de la fille…. Elles retranscrivent aussi bien l’individualité des personnages et les liens profonds qui existent entre elles et se resserrent tout au long du film, excluant par là-même tout élément masculin potentiellement gênant (Notons d’ailleurs que le peu d’hommes présents dans le film sont généralement présentés comme de grands salauds pervers et bebidos).

Et, sur ces bases bien solides que sont une ambiance fascinante, des personnages attachants et des actrices formidables, se tisse une intrigue drôle et tragique, qui nous semble assez complexe jusqu’à ce qu’on connaisse le fin mot de l’histoire. Le film est bourré de scènes magnifiques, pleines d’humour, mais aussi d’émotion, car c’est avant tout l’histoire d’une famille qui se retrouve, se confit et apprend à se pardonner.

Personnellement, pour les aveugles, les analphabètes et ceux qui commenceraient mon post par la fin, j’ai adoré ce film, les relations entre les personnages sont magnifiquement retranscrites, l’histoire est émouvante, mais toujours abordée avec une certaine légèreté qui nous permet aussi de rire un peu, certaines scènes sont d’une rare intensité ; je pense par exemple à celle ou Penelope Cruz chante (o_O qu’elle est belle cette chanson d’ailleurs ! Je ne sais si c’est la voix de l’actrice mais elle est magnifique) ou aux scènes mère/fille entre Sole et « le fantôme ».

En bref, tant que vous n’êtes pas un machiste dans l’âme, Volver est vraiment un film à voir, et personnellement, je me ferais un plaisir de le revoir encore.^^

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MessagePosté: Jeu 22 Juin 2006 14:28 
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Bon, cette fois je prend un peu de temps pour ce film^^
Je l'ai vu il y a un p'tit moment, ça faisait longtemps que j'avais pas vu du almoldovar

Ce dernier renoue donc avec l'une de ses actrices fétiches, en la personne de Penelope Cruz, éblouissante dans ce film : Belle, forte, fragile...elle incarne une femme qui en aura vu dans sa vie, et qui aura su se reprendre, le résultat est surprenant.

J'ai apprécié ce côté " irréel " que prend le film à certains moments, entre les personnent dites mortes qui réapparaissent, mélée aux superstitions espagnoles à propos des morts.

Citation:
Robin K a écrit :
Les personnages sont, à l’image de leur lieu de vie, à la fois « vrais » et un peu « trop » typiques. Le rôle qu’ils jouent leur donne des allures de caricatures


Ah? J'aurai pensé au contraire qu'on ressentait un individualité propre des personnages principaux du fait des choses qu'ils ont vécu et en particulier des trois générations de femmes représentées par Penelope, sa mère et sa fille.
Enfin, je n'y avait pas vu cette image de caricature sur les personnages, mais il va s'en dire que je ne suis pas le plus qualifié à ce propos^^

Citation:
je pense par exemple à celle ou Penelope Cruz chante (o_O qu’elle est belle cette chanson d’ailleurs ! Je ne sais si c’est la voix de l’actrice mais elle est magnifique)


Pareil!
J'serai curieux de savoir si c'est elle qui a chanté, en tout cas la chanteuse avait une voix vraiment limpide, en espagnol ça devenait sublime à écouter^^


Pour terminer, je dirai qu'il est des films, des "expériences de de spectateurs" pour lesquels les mots sont incapables, la traduction sentimentale confuse, et l'intellectualisation bien vaine... Volver est une histoire de morts en vie, de femmes revanchardes, de filles rebelles, d'amour, de meurtre, d'amitié, de cinéma, de cadavre dans le congélo, de mensonge, de famille. Une comédie tragique, une tragédie pour rire... Almodov..art de filmer. filmer les femmes, les gens, la vie. Art de façonner du génial avec les ingrédients du kitsch, d'accomoder genres et couleurs dans un patchwork de cinéma hautement improbable mais au combien efficace. Volver n'est pas un film pour parler. C'est un film à voir. Vamos Pedro !!

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MessagePosté: Jeu 22 Juin 2006 15:29 
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J'ai vu Volver dimanche dernier et je suis assez partagé sur ce film. N'ayant vu d'Almodovar que Parle avec elle, que j'avais trouvé assez agréable et beau, j'ai été un peu déçu par Volver. J'aurais pleins de reproches à formuler mais deux principaux me viennent à l'esprit :
- c'est vrai que les persos sont très (trop ?) typiques, et je pense que c'est bien sûr voulu, mais en conséquence je suis resté complètement extérieur aux tragédies montrées dans le film : je sais pas vous, mais je n'ai pas trop senti la douleur de la mère abandonnée, de la tante atteinte d'un cancer
- je trouve qu'il y a beaucoup de choses laissées en suspens (la fin même)
Bien sûr dans les deux cas je suis convaincu que c'est un choix délibéré de l'auteur, mais j'avoue ne pas toujours avoir compris où il voulait en venir. On peut apprécier un film qu'on ne comprend pas très bien mais là j'avoue que j'ai eu du mal. En fait, ces carences de sens, je crois que je cherchais quelque chose dans le film qui aurait pu les compenser et que je n'ai pas trouvé.
Mon avis : je pense qu'Almo est un grand cinéaste (en cela il faut voir le film) mais je suis pas persuadé que ce soit son meilleur film.
PS : je suis pas d'accord pour dire qu'il arrive à nous faire croire à l'existence des fantômes. Pour moi, l'idée était belle au départ, lorsqu'on ne savait pas si la mère était un fantôme ou pas, mais je trouve qu'il lève assez nettement l'ambigüité après et je le regrette, car je trouvais cette hésitation davantage poétique.

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MessagePosté: Jeu 22 Juin 2006 15:57 
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Ah... je suis bien content de voir que ce film suscite quand même réactions et surtout qu'il est vu par pas mal de monde! Pour ce que tu dis TonerTonerChopy sur les allusions ou ellipses (les suspens quoi), ça fait pour moi effectivement partie de l'esthétique du film. Tout doit rester dans la suggestion, quasi spectral. Mais qu'on ne se trompe pas: un discours se déploie, précis profond et puissant tout au long de la narration. Prolongement de cette esthétique, ou envers: l'ambigüité sur la nature de fantôme de la mère montre bien deux choses:

1) ce sont les fantasmes qui nourrissent ce type de représentations, et nous vivons tout le temps avec nos fantasmes, à tel point que cette familiarité nous fait parfois perdre la notion même de réel. Parllant des fantasmes, des projections, du travail de deuil et surtout de la communication au sein d'une famille, le fantôme ne pouvait n'avoir qu'un temps dans le discours mis en place (si le fantôme restait ambigü, ça pouvait être intéressant, mais c'était un autre film, un autre propos; ça apportait, mais perdait aussi. L'important n'est pas ce qu'aurait pu dire le film mais ce qu'il dit et comment).

2) le fantome est une métaphore des procédés utilisés par le film lui-même: cette esthétique de la suggestion que je mentionne plus haut grossièrement. Dans cette optique, il est intéressant de voir le personnage d'Agustina qui elle vit vraiment avec des fantômes que personne ne voit, du fait de l'indicible, ou de l'innommable lié à son deuil qu'elle ne peut donc pleinement accomplir.

Enfin, pour ce qui est de savoir si c'est son meilleur film, là je te rejoins, ou m'interroge aussi. Je serais bien en peine d'affirmer l'un ou l'autre avis. Mais c'est une veine d'Almodovar qui m'a bien (énormément en fait!) plu alors que je préfère habituellement ses films plus "baroques". Que ceux qui n'y sont pas allés aillent le voir!!!

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MessagePosté: Jeu 22 Juin 2006 21:00 
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Hitsugaya >> Je tiens à préciser que je ne considère pas les personnages de ce film comme de simples caricatures, sur ce point je ne me suis peut être pas bien exprimée ; simplement ces femmes collent tellement bien avec le décor, avec la représentation de L’Espagne offerte par Almodovar, que je serais totalement incapable de les imaginer autrement que dans cette ambiance. Je suis incapable d’imaginer le personnage de Sole ou celui d’Augustina dans un autre univers que celui du film et, en cela, elles me semblent éloignées de notre monde « réel » ; elles vivent dans leur bulle.

Par contre, je ne suis pas du même avis que TonerTonerChopy, même si les personnages me sont apparus tout le long du film comme faisant partie d’une « autre dimension », je n’ai eu aucun mal à « percevoir » les émotions, et ce notamment grâce au jeu des actrices.
C’est vrai que les protagonistes me semblaient in transposables dans notre « monde » mais ça ne m’a pas empêché d’imaginer la solitude et le sentiment de culpabilité de la mère ou l’angoisse de la voisine qui se prépare à la mort après avoir vu son entourage y succomber.

Quant à l’existence des fantômes, moi non plus Almodovar n’a pas réussit à m’y faire croire, je veux dire que je ne me suis pas dit en regardant Volver que je pouvais voir feu mon grand-père sortir du coffre de la bagnole ; mais je me suis demandé un long moment si Almodovar était Vraiment entrain de nous faire un conte fantastique, et j’ai cru que la mère était réellement un fantôme, même si ça me paraissait étrange. J’ai passé tout le film à me poser des questions et à rester dans l’expectative et je ne regrette pas qu’il lève l’ambiguïté ; d’abord par ce que ça m’aurait torturé encore pendant un certain temps, et ensuite par ce que ça donne plus de force au film, le fait que l’histoire reste « plausible » rend les émotions plus poignantes et plus concrètes.

Je ne peux pas dire si c’est un « bon » ou un « mauvais » film d’Almodovar mais dans tous les cas je l’ai trouvé extrêmement prenant et ça reste un film que j’ai énormément aimé.

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MessagePosté: Jeu 22 Juin 2006 21:36 
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Ah oui aussi, j'ai oublié de le mentionner dès le départ, et plusieurs se sont posés la question: la chanson n'est pas chantée par Penelope Cruz, mais par Estrella Morente, une chanteuse de Flamenco très connue de l'autre côté des Pyrénées. Et pour me faire pardonner d'avoir tant tardé à le mettre, et pour faire que ce message ait un contenu, quelques précisions glanées sur la toile:

"Estrella a vu le jour à Granada del Albaicín. Fille du Cantaor Enrique Morente ,elle travaille le chant avec celui-ci . En 2001, son deuxième album parait. Intitulé " My song and a poem ", il est une véritable réussite musicale. Dans cet album figurent 12 thèmes de flamenco traditionnels adaptés par Estrella, un poème choisi de Juan Ramon Jimenez, et une composition personnelle de la chanteuse, dédiée à la plus importante de ses influences, la grande chanteuse Niña de los peines.

Du cante ancien interprété avec une étonnante fidélité, très remarqué par les aficionados. Sans maniérisme et avec une émotion véritable, Estrella chante un répertoire de tarantas, bulerias, solea, malagueña, sevillanas, tangos et alégria. Elle compose " for pastora", une sévillane toute en retenue , qui constitue un poème du titre. Dans cet album, elle réunit des guitaristes du sud du Guadalquivir:Pépé et Juan Habichuela, Alfredo Lagos, et Manolo Sanlucar qui rythment et enrobent de leurs accords de guitare la voix limpide d'Estrella." Du timbre voilé d'Estrella montent des notes de feu dans le tango intitulé " at the top of the cerro de palomares" Elle laisse émerger le duende avec une force et une finesse digne d'une" Morente ". "

Source:
http://sitemusiquealhambra.free.fr/estrella_morente.htm

Cela explique la très grande qualité du chant qui je pense fait l'unanimité auprès des spectateurs. Par ailleurs, le fait que l'on ait ainsi une voix "extérieure" n'est pas anodin, et ne peut être simplement imputable à la volonté d'avoir une très belle chanson (ou au fait hypothétique que Penelope Cruz chanterait comme une casserole).C'est un critère important, mais on peut ajouter quelque chose. Le personnage se trouve là comme "habitée" par une voix qui la dépasse... Et on retrouve sous une nouvelle forme ce motif des fantômes...

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Dernière édition par seleniel le Dim 25 Juin 2006 20:44, édité 1 fois.

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MessagePosté: Ven 23 Juin 2006 00:39 
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Ah dommage, ça m'aurait bien plus que ce soit Penelope Cruz qui chante, mais bon on peut pas tout avoir ( elle en a déjà assez comme ça après tout^^)

Bizarrement dans les tons de voix ça ne m'a pas frappé, je l'ai vu en VF ( honte à moi ) mais bon...

Robin K>>Ah d'accord, effectivement je l'avais pas compris comme ça ( qui a dit " c'est parece que tu comprend jamais rien??" )
Perso l'ambiance dans la chambre lors de la mort de la tante de Sole, quand augutina accueille cette dernière m'a beaucoup fait penser à l amême ambiance que j'vaais retrouvé dans un film corse ( L'enquête corse, un des rares "récents" bons film de Clavier ( qui ensuite a principalement sorti de la daube )), où l'ambiance et la tenue vestimentaire lors d'un hommage à un mort dans une chambre est très semblable.

Quand à la question des fantomes; mon avis rejoins totalement le tien, j'étais à peu près sur de mon coup, mais je ne faisais qu'attendre une confirmation d'Almoldovar.. ( pas si sur que ça faut croire..^^)

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MessagePosté: Dim 25 Juin 2006 20:20 
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Hum....... oui c'est vrai que cette histoire de fantôme pour les deuils non achevés m'ont donné envie de me replonger dans le film. J'attends avec impatience la suite des avis....... :Luffy hilare:

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