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 Sujet du message: Paris je t’aime… (moi non plus)
MessagePosté: Lun 26 Juin 2006 16:49 
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Paris vu par… 40 ans après

Voilà un film pour ma part super attendu, le genre d’entreprise d’emblée impossible tellement elle est ambitieuse et qui, lorsqu’elle est réussi révolutionne pour un moment les enjeux de la création, sa portée, par la confrontation des regards… A vue de nez c’est manqué… On en saura davantage plus tard, quand on verra ce que les réalisateurs ayant participé font de l’événement dans leur carrière, mais a priori l’ensemble produit ne vaut ni comme synthèse esthétique d’un période, ni comme manifeste programmatique d’une nouvelle génération. En gros rien de ce qui a fait la valeur réciproque des deux précédents films de ce type : le Paris vu par des 6 de la Nouvelle vague, et le Paris vu par… 20 ans après de leurs successeurs auto-désignés. Et pourtant ce n’est pas faute d’y avoir mis de l’énergie et du talent. Mais rien n’y fait, ou plutôt rien ne fait cette agrégation disparate d’éclats de pellicule. On dit que le montage a été fait et refait 81 fois. Que deux films ont été enlevés pour l’équilibre de l’ensemble et pour des questions de rythme. Que les plans de coupe ont été rajoutés pour construire un liant. Mais bon, malgré ces efforts ne reste qu’un assortiment hétéroclite de petits fours présentés au spectateur. Et comme toujours dans les buffets, c’est la loterie : il y a toujours ceux dont personne ne veut, ceux que tous s’arrachent, et à la fin on a baffré sans avoir l’impression d’avoir fait un vrai repas.

Alors d’abord qu’est-ce que c’est que ce film ?
C’est au départ un projet visant à faire 20 films sur Paris, un par arrondissement, confiés à 20 réalisateurs, français et étrangers, proposant 20 regards sur la capitale. Le thème commun à ces films serait plus ou moins le duo amoureux. Là, on est bien dans l’épouvantable cliché du Paris des amoureux. Sinon, les différents réalisateurs ont des contraintes de temps (maximum 5 minutes), d’argent (budget très très restreint) et de temps (tournage en 2 jours et deux nuits). Mais ils ont la liberté de faire leur propre scénario (une exception à cette règle toutefois). L’objectif avoué était en outre de faire venir un maximum de comédiens célèbres à même de donner une chair à la ville je pense, en plus d’amener des spectateurs ans les salles. (Là se situe peut-être déjà un souci : que les comédiens connus, sur des courts métrages, ne puissent construire des personnages, que leur image écrase et leur rôle et la ville, au détriment d’une réelle action construite. Ils donnent une voix, un corps, mais masquent souvent j’ai trouvé les regards des réalisateurs). Donc un projet ambitieux, avec l’écueil du Paris carte postale mais les promesses de toute entreprise prométhéenne. Les 18 films à présent, puisque 2 passèrent à la trappe., présentés avec mon avis dessus.



Pas vue pas prise

Montmartre de Bruno Podalydès : une femme s’évanouit, et un homme qui vient de se garer, célibataire qui l’a mauvaise la recueille et l’allonge dans sa voiture. Gentillet mais assez insignifiant. Ne reste en mémoire que parce qu’il ouvre l’ensemble.

Quai de Seine de Gurinder Chadha : des jeunes draguent lamentablement. Une jeune fille voilée passe et un des jeunes a le coup de foudre, ce qui suscite l’étonnement de ses amis. Pour moi le seul complètement raté. Un discours sur la tolérance extrêmement didactique, à tel point qu’on a l’impression d’avoir affaire à un spot d’un ministère public. Le seul intérêt est de voir la Grande Mosquée de Paris et le Jardin des Plantes où je passe tout le temps.

Le Marais de Gus van Sant : celui-là je l’attendais particulièrement, et il m’a un peu déçu. Alors oui, c’est un superbe travail d’orfèvrerie comme toujours avec le réalisateur, mais un peu facile néanmoins. Ne serait-ce que parce que le Marais est pris comme quartier gay ultra cliché. On a donc le film de la relation homo. Mais Gaspard Ulliel est très bon, et le dialogue de séduction est magnifique. Plus j’y repense et plus je me dis que quand même, même si c’est davantage le Gus Van Sant de Will Hunting et Elephant que j’aime beaucoup moins que celui de Gerry ou Last Days, c’est quand même une vraie réussite. Ne serait-ce que par l’échappée finale qui est très belle. C’est de toute façon un des seuls véritables regards dans tout l’ensemble, même s’il n’y a pas de réel discours tenu.

Tuileries des frères Cohen : pareil, grosse attente, et là pas trop déçu : un bon délire comme ils savent faire, avec un renversement justement des codes autour des Paris qui fait mouche, avec un touriste confronté dans le métro au regard des Parisiens, à leur aimable caractère naturel…. Ils auraient peut-être pu allé plus loin…

Loin du 16è, de Walter Salles : une jeune femme d’origine immigrée qui sa banlieue et son bébé pour un hôtel particulier du 16è où elle est bonne à tout faire, et vraisemblablement nourrice. Court, mais très efficace. Pas vraiment de regard esthétique, mais une réelle acuité, et un propos clairement tenu, mais pas de manière grossière ou didactique. Bien aimé même s’il ne laisse pas de souvenirs impérissables. Mais c’est bel et bien une réalité parisienne (et occidentale globalement, universelle aussi d’une certaine manière) qui est montrée.

Porte de Choisy, de Christopher Doyle : complètement délirant ! un vieil homme arrive aux Olympiades dans le 13è pour rencontrer une femme, mais… non c’est vraiment indescriptible ! Extrêmement frais et vivant, j’ai beaucoup aimé. Un court léger comme il en faut, et réussi parce que doté d’une image éclatante et d’un rythme percutant.

Bastille, de Isabel Coixet : pour moi un de ceux qui ont le plus fonctionné. La narration en voix off est un outil bien pratique pour les courts, même s’il est une facilité. Là ça fonctionne parfaitement. Un couple est sur le point de se séparer dans un café, mais… Un des deux films qui m’a le plus ému, direct et sobre pourtant. Et en plus c’est Barbet Shroeder qui joue le rôle principal !

Place des Victoires de Nobuhiro Suwa : une histoire de deuil maternel, mâtiné d’onirisme. J’ai pas aimé, malgré la prestation de Binoche, extatique comme dans Mary, et la présence Willem Dafoe qui me fascine toujours. Je ne saurais dire pourquoi, mais je n’ai pas accroché.

Tour Eiffel, de Sylvain Chomet : un vrai film, pas d’animation, mais une histoire de mime quand même. Avec moi ça a marché, même si les mimes c’est peu toujours la même chose. Bon ben disons qu’ils sont habillés en caricatures parisienne belle époque et nez de clown pour parfaire le tableau. Moi les clowns, ça me donne toujours plutôt envie de pleurer que de rire. Jamais rien vu d’aussi déprimant. Mais ici j’ai trouvé ça joliet.

Parc Monceau, de Alfonso Cuaron : et non, pas de Dumbledore dans ce court, mais Nick Nolte et Ludivine Sagnier. Une marche des deux avec un dialogue tout en sous-entendus. Je n’en dis pas plus puisqu’il y a un truc à la fin. Bof bof facile, et gros comme un camion, même si les deux comédiens sont bien (Nick Nolte !!!). Sinon, pourquoi le Parc Monceau ? Ah tiens, aussi, petite référence à Rohmer en passant…

Quartier des Enfants Rouges, d’Olivier Assayas : je l’attendais doublement, pour le réalisateur et pour le quartier où j’ai grandi et vécu près de 20 ans. Bon pour le quartier on peut repasser (en même temps, moi, je m’en fous, je le connais par cœur) parce que de beaux apparts, même si c’est bien une caractéristique du lieu, c’est pas très original, et les rues de nuits elles se ressemblent toujours un peu. Sinon, une amourette déceptive à contretemps sympathique. Assayas donne toujours une saveur amère à ses films. Un fois encore, mais sur 5 minutes ça fait bizarre.

Place des fêtes, d’Oliver Schmitz : jolie fable sur la rencontre manquée, répétée, ou tardive. Un jeu de miroirs brisés, ou qui ne se réfléchissent plus l’un l’autre exactement. Deux peitis cafés qui ne trouvent plus preneurs. Très simple mais très joli, sans prétention, mais tout à fait juste. Pas un chef-d’œuvre, mais quelque chose de réussi.

Pigalle, de Richard LaGravenese : Fanny Ardant et Bob Hoskins, ça, c’est vraiment une excellente idée. Et ça marche du tonnerre. Une jolie amorce, un dénouement mignon tout plein, qui font passer un « épisode » assez bof. Mais j’ai quand même beaucoup aimé.

Quartier de la Madeleine, de Vincenzo Natali : un hommage aux films de vampires et de Wes Craven, qui fait d’ailleurs une apparition. Elijah Wood sert là de touriste confronté au mystère. Le traitement de l’image, et la présence du comédien semblent faire référence à Sin City… Un exercice de style qui vaut pour le décalage qu’il apporte. En soi, pas grand-chose…

Père Lachaise de Wes Craven :Un couple de touriste anglo-saxon en pré voyage de noce à Paris. La femme veut se recueillir sur la tombe d’Oscar Wilde, incompréhension du mari… Wes Craven m’a stupéfié. Il prend tout le monde à rebours, évite jusqu’au bout (croit-on) le fantastique, et parle de l’esprit, en terme de communication, de langage, d’inspiration, peut-être d’un peu plus aussi. Intelligent, efficace, bien interprété, mais romantique aussi… Ce film m’a beaucoup plu !

Faubourg Saint-Denis de Tom Tykwer : C’est je crois une des icones de l’ensemble, soutenu par présence de Natalie Portman dont la séduction est toujours aussi efficace. Mais ça suffit quand même pas : pour moi un gros clip très flashy, très grosses ficelles, avec un héros aveugle qui apprend aux autres à voir la ville, un héroïne comédienne surdouée, et une histoire d’une banalité affligeante. Sur le fil du rasoir, mais pour moi, là, ça reste vain, à cause d’éléments trop grossiers.

Quartier Latin, écrit par Gena Rowlands, réalisé par Gérard Depardieu (si si! Vous avez bien lu !) : Un couple d’Américains, retraités, règlent les modalités de leur séparation au Rostand, à côté du Luxembourg (très chic !). Là encore, simple, mais réussi. La fin et le recommencement, sans prétention, sobrement, sourire et gravité à la fois.

14è arrondissement, d’Alexander Payne : dernier film, et la grosse très bonne surprise. Alors Alexander Payne, je sais pas trop d’où il sort, mais au prochain film j’y vais sans hésitation. La voix mécanique d’une américaine qui raconte sa rencontre avec Paris. Brillant tout simplement. Sur ce que les lieux apportent comme métamorphoses.



Paris perdue ?

Alors finalement, qu’en penser, après cette déferlante de présentations ? Ben que comme quasiment chaque entreprise de ce genre c’est inégal. Mais que le miracle n’ait pas eu lieu ne doit pas détourner du film, qui globalement est bon, avec une qualité d’ensemble réelle. Pris séparément les différents films sont souvent au moins réussis, et au mieux de petits bijoux. On ne s’ennuie pas un seul instant, et les deux heures passent très vite. Le rythme est bon, même si les plans de coupe montrent le Paris que les films ne montrent pas finalement. Beaucoup auraient pu être fait pour n’importe quelle ville.

C’est le plus gros reproche que je ferais. Certains réalisateurs ont un regard c’est vrai, d’autres un discours c’est vrai également. Mais ces deux qualités se rencontrent peu souvent en fin de compte, et Paris n’est pas tant que ça l’objet, ou le personnage central de ces différents univers. Paris devait faire liant en tant nerf, elle le fait en tant que décor, faute d’animation, de vie introduite dans les regards sur la capitale. C’est ce que je regrette le plus. Mais tout fait néanmoins partie de la Ville, on peut l’admettre, mais pas vraiment spécifiquement. C’est sa nature universelle qui est mise en avant, avec pour colorer et tromper le petit cachet « typique ». Pourquoi pas après tout, les films sont majoritairement réussis.

Un film à aller voir donc je crois, ne serait-ce que l’occasion de profiter de la fête du cinéma. Les Parisiens retrouveront un univers familier, parfois étranger (c’est cela qui est le plus intéressants, et qui manque parfois, tant le jeu autour des clichés et vivace). Les non Parisiens pourront découvrir la ville de manière quand même originale même si indirecte. Cette longue présentation que j’ai faite est aussi pour vous inviter, ceux qui verront le film, à poster ici ceux que vous avez aimé, détesté, ou oublié. Car c’est aussi un paysage cinématographique qui se dessine, et c’est intéressant de voir à quoi les uns et les autres nous avons été sensibles, ce que nous avons dégagé de la masse, ce que nous avons rejeté ou manqué. En espérant que quelques uns iront voir cette pub géante de la municipalité parisienne !

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MessagePosté: Lun 3 Juil 2006 20:18 
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Je suis aller voir "Paris je t'aime" aujourd'hui, après en avoir entendu parlé tout autour de moi. Je ne suis pas arrivé au cinéma sans savoir de quoi il s'agissait, je me suis renseigné des différents réalisateurs et acteurs et quelle surprise!! Une très bonne affiche il faut bien le dire.

Avec en particulier Walter salles ( je conseillerai d'ailleurs de lui Central do Brazil, La cité de Dieu et Carnets de voyage qui sont des films extrèmmement touchant pour ne citer que ceux la), les frères Coen, Gus Van Sant ... Connaissant moins les autres réalisateurs je ne les cite pas, excuser moi en.
Pour les acteurs, les choix sont vraiment géniaux, j'ai été surpris de retrouver de très grand(e)s acteurs(trices) comme Fanny Ardant, Steve Buscemi (un peu logique ce choix des frères cohen), Juliette Binoche, Bob Hoskins, Natalie Portman ... Et mon coup de coeur pour Catalina Sandino Moreno ( qui avait déja produit un jeu remarquable dans Maria pleine de grâce)...

Je parlerais donc des 2 histoires qui m'ont le plus touchés pour le moment, il s'agit du court métrage de Walter Salles ainsi que celui d'Oliver Schmitz.
Attention Spoil!!

[size=12]Le court métrage de Salles, mettant en scène uniquement le personnage d'ana joué par Catalina Sandino Moreno est assez simple de la par du réalisateur mais tellement touchant. Attention spoil, une jeune mère immigrée est filmée lors de son trajet (quotidien?) pour son travail, au passage elle laissera son enfant à la garderie et l'endormira par une (magnifique) berceuse. Elle se rend par la suite a son travail qui consiste à garder un enfant, au final nous la voyons endormir cet enfant qui n'est pas le sien par la meme berceuse que son enfant avec une expression qui nous montre bien le gène qu'elle éprouve.

Pour le court métrage d'Oliver Schmitz, nous sommes projetés dès le départ dans une discussion d'une personne qui se reveille en pleine rue avec une autre voulant l'aider. On progresse dans cet histoire en apprenant que l'homme est sous le charme de la femme et u'il aurait aimé prendre un café avec. On remonte ainsi son passé en découvrant qu'il se fait planter sans avoir pu prendre son café, la femme le soignant à son réveil se révèle être cette femme. L'homme finira par décéder de ses blessures. Court métrage très intense, avec une mise en scène très sympathique.

Au final ce sont les 2 qui m'ont le plus marqués mais tout les courts-métrages ont un petit quelque chose, chacun se trouvera.
En espérant que ce topic vivra!

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"Tu dois rire ! Même quand tu souffres ! - Haguar D Sauro"


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