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MessagePosté: Sam 24 Juin 2006 02:49 
Seigneur des Pirates Intérim

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Lundi, lors du Best Of du Grand Journal à Cannes j'ai revu l'interview d'une Hardeuse. A la question si elle considérait ce qu'elle faisait comme étant du "vrai" cinéma elle répondit : le cinéma c'est avant tout du fantasme et c'est que je donne - du fantasme.

ça m'a plu.


Je vais surment faire un Hors Sujet mais bon m'en voulez pas^^
Je vais étre catégorique mais entre faire un film X et faire un vrais film je suis désolé mais y'a vraiment de la marge!!
Rien qu'au niveau du travail d'acteur... Un acteur fait un vrais travail de fond sur son personnage ce qui représente enormément de travail et je sais de quoi je parle! C'est une véritable recherche, il faut arriver a comprendre le personnage que l'on interpréte, savoir pourquoi celui ci prend tels ou tels décisions!! Le travail d'un hardeuse ce résume a simuler l'acte sexuels du moins dans les intentions rien de plus...Et encore on peut pas appeler ça jouer la comédie y'a qu'a voir comme les hardeurs et les hardeuses ne sont pas crédibles. Une scéne d'amour jouer par deux acteurs c'est réellement autre chose...
Il en va de méme au niveau de la réalisation le travail est bien plus apronfondis pour un "vrai" film, la recherche du bon plan, la maniére dont on raconte une histoire, c'est vraiment différent!

Donc voila, perso je suis un soulé par tout le monde du X qui pretend faire du vrais cinéma, les hardeurs qui se prénent pour des comdédiens...Arf j'en est par dessus la tete!!!!
Le métier d'acteur je le vis au quotidien et c'est trés loins de tout ça, a des années lumiéres!!!!!!!!! Aprés ces histoire de donner du réves ou du fanstasme je trouve que c'est un réponse un peu facile... (de la part de l'actrice...)

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MessagePosté: Sam 24 Juin 2006 09:16 
The old man
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Je peux comprendre que tu te sentes agressé Eru mais bon aucun Art, il me semble, ne peut être défini par des quantitatifs, et même pas des qualitatifs.
Le travail d'acteur n'a pas grand chose à voir dans ce débat à mon sens.

Si on suit ton raisonnement alors un film de série Z ne relève pas du "vrai" cinéma ?
Qui oserait dire de nos jours que Ed Wood ne faisait pas du vrai cinéma ?
Le cas du film X est extrême, mais à part le fait que ce soit extrême on peut le rapprocher d'une série Z.

La pseudo définition que j'ai cité au début de mon post relevait de la substance : à aucun moment il n'est question de faire un rapprochement entre la qualité et la quantité de travail entre un film X ou un film d'auteur.

La forme importe peu dans ce débat. Cette citation mettait en avant le pouvoir évasif du cinéma et en ce sens le film X a bel et bien un pouvoir évasif - de nature différente d'un film "classique" of course mais ce pouvoir évasif est bien là.

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MessagePosté: Sam 24 Juin 2006 15:29 
Seigneur des Pirates Intérim

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Citation:
Si on suit ton raisonnement alors un film de série Z ne relève pas du "vrai" cinéma ?
Qui oserait dire de nos jours que Ed Wood ne faisait pas du vrai cinéma ?
Le cas du film X est extrême, mais à part le fait que ce soit extrême on peut le rapprocher d'une série Z.


Je dit juste que tailler une pipe c'est pas du cinéme... (désolé pour le coté vulgaire mais ca résume bien ma pensé^^)
Aprés peut importe que ça soit un film de série Z ou pas...

Citation:
La pseudo définition que j'ai cité au début de mon post relevait de la substance : à aucun moment il n'est question de faire un rapprochement entre la qualité et la quantité de travail entre un film X ou un film d'auteur.


Je suis tout a fait d'accord avec ça et c'est d'ailleur pour cela que j'ai dit que j'allais faire un HS... C'est juste que ca m'énerve un peu ce monde là qui prétend faire du "vrai" cinéma...Et juste bon voila je suis partit au quart de tour^^

Citation:
La forme importe peu dans ce débat. Cette citation mettait en avant le pouvoir évasif du cinéma et en ce sens le film X a bel et bien un pouvoir évasif - de nature différente d'un film "classique" of course mais ce pouvoir évasif est bien là.


Effectivement. :Vogue Merry:

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 Sujet du message: la maman et la putain
MessagePosté: Lun 26 Juin 2006 13:19 
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Pendant que l’une jette des pierres, l’autre lance des fleurs… Le ying est faux et le yang se trompe. Seul le ping-pong a raison. Tout ça pour dire que j’ai édité mon message plus haut et que je fais donc une critique du film maintenant que Namienator a fait la sienne.

Mais pour ne pas flooder quelques réactions sur le débat du dessus.

Attention : (Gros) Hors-sujet !! ceux qui veulent directement la critique de Marie-Antoinette remontez de quelques messages !!


La question soulevée par l’actrice porno n’est pas tant celle du comédien que celle du fantasme. C’est-à-dire ce que l’on entend par fantasme. Le film porno montre directement des fantasmes. La question est de savoir s’il laisse fantasmer, ou sur quel plan il fait fantasmer. Mais le fait demeure bien que le cinéma est machine à fantasme. La différence se situe dans la finalité et dans l’emploi qui est fait du fantasme. Ce qui est intéressant alors, pour ne pas débiter comme je viens de le faire que des banalités, c’est de voir comment le film pornographique et le film non pornographique (déjà une définition négative est problématique…) échangent leurs procédés, et se trouvent eux-mêmes parfois dans une fascination réciproque.

Mon idole philosophique du moment termine son dernier ouvrage sur la pornographie. Ca a l’air de l’obséder (déjà des occurrences avant), et ce n’est pas le plus fin de ses analyses, mais comme il part de haut ça lui laisse de la marge quand il redescend. Dans Profanations donc, Giorgio Agamben termine en expliquant que la pornographie a réalisé le rêve capitaliste de la production de l’Improfanable (je ne m’étend pas : il vient de passer plus de cent pages à définir la notion, si je commence on n’est pas rendu). Et une des procédés majeurs de la pornographie, l’exhibition de la conscience d’être exposé à l’objectif, a en fait été inventé par le cinéma « classique » : « Les historiens du cinéma ont enregistrés comme une nouveauté déconcertante la séquence de Monika (1952), où l’actrice Harriett Anderson plante pendant quelques secondes son regard dans l’objectif (« ici pour la première fois », dira plus tard Bergman « s’est établi un contact impudique et direct avec le spectateur ». Depuis la pornographie a sans aucun doute rendu le procédé banal ». Ce regard caméra vide peu à peu les actrices ou les mannequins (pour Agamben c’est le même phénomène) de toute expressivité, puisque la conscience d’être exposé au regard fait le vide dans la conscience et désagrège l’expression du visage, la personne devenant une pure "médialité". Non seulement on voit là une différence avec la conscience du regard d’autrui du comédien classique, mais en outre, et je reprends le fil d’Agamben, « l’érotisme pénètre précisément là où il ne saurait avoir lieu : dans le visage humain qui ignore la nudité parce qu’il est déjà nu ».


A l’inverse (je reprends maintenant mon propre fil), le cinéma classique aussi emprunte au genre pornographique. La question est de voir le sens que cela revêt, la finalité poursuivie. Là où la pornographie se pose comme improfanable car prisonnière d’un système, l’emprunt du pornographique dans le cinéma classique se prétend relever de la profanation, avec plus ou moins de bonheur. Je ne parle pas ici de la nécessaire scène de femme déshabillée et un peu plus que l’on retrouve quasiment obligatoirement dans tout film commercial depuis près de 20 ans (à croire que le sexe est à lui seul devenu une minorité qu’il faut représenté à l’écran). Mais de quelque chose qu’on pourrait faire partir au moins de L’Empire des sens, et ue l’on retrouve chez quelques réalisateurs plus particulièrement comme dans certain films de Verhoeven ou Cronenberg qui chacun à leur façon interroge les corps et la chair, ce qui nous renvoie bien à l’étymologie de la pornographie.

Pour reprendre l’exemple donné par Eru de scène porno, il est notable de la retrouver utiliser par nombre de cinéastes par particulièrement trash, et plutôt artiste (récemment un film mexicain que je n’ai pas vu mais qui a fait du bruit : Batalla en el cielo). C’est le cas bien évidemment de Breillat, qui fait elle du pornographique un matériau privilégié et récurrent. Je me souviens avoir été saisi pour le moins lors de la projection d’A ma sœur ! Mais Patrice Chereau aussi s’y est essayé avec Intimité. Lors de la séance, quelques mecs avant le début du film foutaient le bordel dans la salle, beuglant et riant grassement. Mais dès la première scène, toute fanfaronnade s’est éteinte, l’on n’a plus entendu que des murmures gênés, et l’impression des sexes sur l’écran les a conduit directement à la sortie moins de 5 minutes après le début du film. Cela montre bien qu’un même matériau peut être perçu très différemment selon son contexte. La scène montré par Intimité en soi ne différait pas beaucoup je pense de ce qu’ils avaient pu voir chez eux. Mais la mise en scène certainement, et surtout le contexte de visionnage (public ou privé). Le fantasme ne déployait pas de même, et n’était donc pas le même. Un même type de scène ne déploie donc pas le même imaginaire sur un même public selon les modalités de réception et selon la finalité dans laquelle elle est enchâssée.

Il y a ainsi une certaine pudeur qui transpire de cette exhibition des corps au cinéma, et cela au moment même où cette dernière se fait de plus en plus crue. Quelque chose de difficilement cernable qui pour moi fait la réussite de l’entreprise. Ainsi j’avais trouvé franchement raté de film de Gaspard Noé Irréversible (pourtant avec un nom comme ça il n’avait pas le droit de se satisfaire de ce qu’il a produit !), même si effectivement la scène avec Monica Belluci était bien dérangeante, mais sans signe par delà elle pour lui donner sens finalement. A l’inverse je me souviens avoir été, ces dernières années, très ému par deux films très différents sur le sujet. D’une part Le Pornographe de Bertrand Bonello, que j’avais été voir pour Jean-Pierre Léaud, étant moi-même en pleine période Antoine Doinelle. Ce n’était pas un grand film, mais le dialogue final entre le personnage de Léaud et une journaliste sur ce qu’était pour lui une éthique de la caméra et du corps je crois m’avait bouleversé. D’autre part The Brown Bunny, de Vincent Gallo. Ce type est certainement un enfoiré achevé, mais c’est un génie du cinéma (si vous n’avez pas vu Buffalo 66 courrez-y !). Le film se finit par une fellation, encore une ! Et Chloé Sévigny a beau être une égérie underground new-yorkaise et l’ex du réalisateur la scène est à la fois extrêmement gênante et extrêmement belle pour la nature profonde de fantasme finalement onaniste qu’elle recèle. L’image cinématographique peut donc être crue, et peut faire fantasmer au-delà même de la nudité, ou crudité, qu’elle exhibe.

Mais c’est pas tout ça : aller plutôt voir au-dessus (deuxième message du sujet) ce que je dis de Marie-Antoinette histoire de me faire pardonner mon hors-sujet… Désolé pour ce développement mais les considérations d’Ange Bleu et Eru m’ont plu…

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MessagePosté: Lun 26 Juin 2006 13:38 
Seigneur des Pirates Intérim

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Good post seleniel^^
Perso je crois avant tout que ce qui est important c'est de savoir si le coté pornographique d'un film est oui ou non au service de l'histoire...
En effet dans les films que tu as cité le coté pornographique n'est pas là simplement pour montrer des gens tout nu qui font l'amour mais est présent pour traiter un sujet. Enfin bref il y'a un fond!!
Alors que l'industrie de X que je critiquais tout a l'heure n'a aucun fond fond, aucune idée a défendre! En effet elle utilise la pornographie que comme un élément brut en penssant faire du cinéma...
C'est là que le bas blaisse!!

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MessagePosté: Lun 26 Juin 2006 21:10 
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selenouche a écrit:
Pendant que l’une jette des pierres, l’autre lance des fleurs


Vous êtes pénibles, à me diaboliser. Je ne jette pas des pierres, j’ai qualifié Marie-Antoinette de « captivant » … il y a pire comme pavé dans la marre. Je me targue juste d’avoir une démarche critique et réfléchie. Je ‘n’aime pas qu’on me vende du vent, je demande à un filme qu’il me prenne aux tripes, qu’il me donne envie d’y adhérer, qu’il me rende heureuse d’avoir payé le prix exorbitant d’une place de cinéma, d’un ticket de métro etc :luffy langue: … c’est pour ça que je suis exigeante. Moi aussi, après le filme, je mets mes tripes sur la tables pour en donner la vision la plus globale et la plus juste possible. Sans complaisance, certes, avec parfois un goût pour la polémique, bien sur, mais je ne jette pas de pierres.

Si j’avais voulu descendre en flamme ce filme, j’aurais donné tête baissée dans le sarcasme : Sofia Coppola prête gentiment le flan, avec sa vision d’une pauvre petite fille riche, à un humour noir que j’affectionne. Mais, non, je n’ai pas donné dans la facilité, je pense que ça mérite d’être signalé.

Bref, pour la peine, je ne répondrais même pas à ta critique, alors qu’il y aurait tellement à dire, notamment sur le fait que je ne vais pas voir un filme pour observer pendant 2 heures ce qui est hors du champ de la caméra … ;) (en fait, c'ets juste qu'on a démarré un débat autrement plus interressant)

eru a écrit:
En effet dans les films que tu as cité le coté pornographique n'est pas là simplement pour montrer des gens tout nu qui font l'amour mais est présent pour traiter un sujet. Enfin bref il y'a un fond!!
Alors que l'industrie de X que je critiquais tout a l'heure n'a aucun fond fond, aucune idée a défendre! En effet elle utilise la pornographie que comme un élément brut en penssant faire du cinéma...
C'est là que le bas blaisse!!


Pour en revenir à la relation entre fantasme et cinéma, je pense que c’est juste, en partie. Le fantasme, c’est tout produit de l’imagination ou l’esprit humain tente d’échapper à la réalité, ou à peu de chose près. Donc, le X, qui fourni du sexe là où il n’y en a pas, correspond à cette définition. Après, le fantasme implique que nous nous fassions notre propre idée, et reste à mesurer personnellement la marge de manoeuvre offerte par le X.

Le cinéma nous projette, le temps d’une séance, dans un ailleurs bien différent de notre quotidien. D’où le fantasme : un filme, produit de l' imagination d’un staff, qui nous porte ailleurs et nous offre une vision toute personnelle de ce travail.

Que le x soit du cinéma, ça ne me dérange pas. Je n’ai pas une définition du cinéma restreinte, qui doive être uniquement politiquement correcte. Après, le sexe est représenté d’une manière biaisée, plus ou moins polémique mais c’est aussi ça qui fait l’intérêt du x pour ses consommateurs : pas, ou peu de scénario, et beaucoup de fesse. De l’efficacité, plutôt que de la réflexion.

Mais ça marche aussi, comme définition, pour Marie-Antoinette : il ne se passe pas grand chose dans ce filme, et cela représente un certain train de vie fantasmé. On peu aussi remarquer que, alors que les conditions de vue des châteaux à cette époque était hygiéniquement impensables de nos jours, les acteurs sont propres et on le sourire colgate qui va bien. Ils correspondent à ce que nous avons envie de voir : des gens beaux, propres : désirables. Alors qu’il n’y avait pas de toilettes dignes de ce nom à Versailles. Donc, de ce point de vue, Marie-Antoinette relève non seulement du fantasme, mais aussi d’une démarche commerciale. ;p

D’ailleurs, tu dis que dans le cinéma porno, le sexe est plaqué sans servir l’histoire. C’est normal, c’est l’histoire (enfin, les 3 lignes de script) qui est au service du sexe, mais bon … ta définition marche aussi pour les scènes dans Marie-antoinette ou Kirtsen Dunst est nue ou presque : on pourrait très bien suggérer, par exemple, le moment dans la tente à la frontière ou elle doit renoncer à tous ses souvenirs d’Autriche, par un cadrage sur les vêtements qui tombent, ou quelques répliques. Nan, on film son postérieur. De même avec Sophie Marceau dans Belphégor : dès qu’elle est possédée, elle se dessape au beau milieux du Louvres, c’est tellement crédible …
Ca marche aussi avec les scènes à destination du publique féminin, hein … la jupette de brad pitt et sa scène au lit dans Troie…que sais-je …

On peut faire du vrai cinéma, sans scénario, ou sans rapport avec celui-ci et en voulant juste en mettre « plein la vue » au spectateur.

Mais, bon après, on va encor m’accuser de tirer sur les ambulances. Je vais donc ajouter que ça marche très bien pour le cinéma d’action, qui emprunte souvent des voies cinématographiques éculées pour le plaisir des yeux du spectateur (avec des scènes d’action, cette fois)(j’ai vu un film avec jackie chan ou il était question d’un médaillon, j’ai beaucoup ri. Regardez Mission Impossible 2, et fendez-vous la poire, vous aussi.)



Donc, passons à la suite. Cette définition est néanmoins fausse parc qu’elle évince tout un genre cinématographique, certes peu populaire, mais remarquable : tous les documentaires, les films à vocation politique, les films qui se veulent des critiques sociales … bref, tout ce qui à pour vocation de retranscrire sur pellicule une certaine forme de réalité, de véracité.
Même s’ils restent du cinéma, c’est-à-dire que le spectacle est distancié de la réalité :vous ne volez pas quand vous regardez le peuple migrateur, de même que ce que vous voyez relève d'un choix de l'équipe. Et vous pouvez revivre la même chose plusieurs fois, à différents endroits, fragmenter à volonté le récit à l’aide de votre lecteur de dvd/vhs … ça n'a plus rien à voir avce du vécu, mais la démarche reste néanmoins de retraduire un message, une ambiance, un événements directement tiré du réel dans un film. Et là, on ne laisse plus, sur cet aspect au moins, de marge au spectateur, et l'imagination de l'équipe doit se mettre au service de cette retranscription du réel.

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 Sujet du message: docu fiction ou fiction de cul...
MessagePosté: Mar 27 Juin 2006 17:32 
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Alors quelques remarques/réponses en vrac à ton message Namienator, avant d’en venir à la question du documentaire qui est la plus complexe et la plus stimulante (je préise d’emblée : je ne te jetterai pas de fleurs ; ce que je ne relève, c’est que j’y adhère. Que des pierres au menu donc).

Sur le fantasme d’abord, en gros d’accord (on ne va pas ergoter, et tes définitions, notamment portant sur le X fonctionnent bien. Tiens ! une fleur quand même…). Précision quand même : le fantasme est affaire de projection de chacun sur quelque chose. D’où des variations d’appréciation. Mais également, à la différence de l’imagination, le fantasme échappe par définition. On peut en avoir plus ou moins conscience, jouer avec avec plus ou moins de bonheur, certains se jouent de nous au contraire. C’est un matériau que l’on ne maîtrise pas pleinement (heureusement). Donc là on parle plutôt de schémas fantasmatiques collectifs, de grosses catégories assez évidentes.

Le X est précisément politiquement correct je crois. Si c’était aujourd’hui un outil de contestation politique ça se saurait. C’est un pur produit de l’époque, de la société et de l’idéologie du moment. Je ne porte pas là de jugement, mais dis simplement ce qu’il en est selon moi. Il y a une adhésion profonde entre cette forme d’expression et la société. Son aspect encore pseudo tabou est un leurre, subtil certes, mais un leurre néanmoins. La présence partout de son imagerie, de ses icônes en sont des exemples. Ce n’est ni bien ni mal. Je ne me situe pas là sur un plan moral. Mais politiquement, si le pornographique pouvait encore il y a quelques temps être porteur d’une profanation, ou d’une marge, cela a complètement disparu. D’où je pense la reprise de ces motifs dans un cinéma davantage d’auteur : il reprend un motif qui n’est plus utilisé comme il pourrait l’être par sa branche d’origine. Pour l’illustrer aussi, je vois bien la scène que je décris plus haut à propos d’Intimité, et cette gêne inattendue qui s’insinue chez des spectateurs qui pourtant se pensaient accoutumés au pornographique, et en riaient d’avance.

Concernant l’hygiène et sa représentation dans Marie-Antoinette. Elle est déplorable pour nous, mais la Cour de France était raffinée pour l’époque : Dans la sublimation opérée par Sofia Coppola on peut donc voir deux choses antagonistes, contradictoires en apparences. Ce que tu dis d’une part, à savoir une sorte de surmoi colgate qui se présente sous la forme d’une aseptisation, et qui évite un réalisme trop cru qui jurerait dans l’esthétique du film. Et d’autre part une simple transposition qui si elle est historiquement fausse laisse justement place à l’essentiel : le désir peut bien nous apparaître dans ces lieux. La différence se situe là entre la lettre et l’esprit, entre véracité et vérité. Je ne trancherai pas : pour moi c’est un peu des deux, et aussi/surtout le fait que Sofia Coppola avait un projet précis, et que le contexte n’était finalement qu’un prétexte

Sur Marie-Antoinette, je ne vais pas (trop) y revenir car ce n’est pas/plus le lieu, mais quand même, le parallèle entre Marie-Antoinette et Belphégor fait mal ! J’avais entendu plein de commentaires de critique, au moment de Cannes, sur les « nus » de Marie-Antoinette, et je me demande encore pourquoi on en fait un tel foin. Il n’y a rien, à peine un quart de sein et une demi fesse ! De plus je trouve que cela joue quand même sur une forme de suggestion, et que les deux-trois apparitions soit sont porteuses de sens, soit relève d’une forme d’ironie (superposition de deux lectures quasiment en permanence dans le film). Pour le peu de scénario, on peut comparer, mais cela n’a pas le même sens, de même que n’ont pas le même sens la fellation dans le film X et celle des films dont j’ai parlé dans mon précédent message. Encore une question de finalité qui modifie la signification, et je renvoie à ce que je dis du refus de l’Histoire et de l’histoire par Marie-Antoinette et Marie-Antoinette de conserve dans mes messages au sein du sujet sur le film.

Pour le cinéma d’action, entièrement d’accord sur le principe (seconde fleur, c’est pour me faire pardonner). C’est dans ces mêmes films que souvent on retrouve seins et fesses (en petite quantité, juste ce qu’il faut pour exciter le spectateur) comme pendant de l’action virile, et comme élément incontournable semble-t-il du cahier des charges (je pense que Sofia Coppola en joue comme d’un cliché cinématographique, mais c’est en fonction de mon interprétation du reste que je puis le présenter comme ça ; sinon ça paraît forcé). Mais on peut voir la scène de sexe comme une simple évolution du baiser tel qu’il apparaissait pour évoquer la même chose dans le cinéma pré années 80, lui-même peut-être évolution du regard en cours auparavant encore. Prochaine étape alors ? Je pense que cela rejoint ce que je dis sur le rapprochement entre pornographique et idéologie de la société : son expression est de plus en plus admise, au point de perdre toute puissance de subversion. Mai sur les scènes d’action, sur ce matériau qui paraît souvent galvaudé, il y a matière à construction de sens, par l’image et/ou la narration. J’y suis de plus en plus sensible, depuis que j’ai fait l’effort de davantage m’intéresser au cinéma américain. Michael Mann pare exemple m’a à ce titre complètement stupéfié, ou encore, dans une moindre mesure, le King Kong pour ce que j’en ai dit sur ce forum entre autre.



J’en viens à présent à la question du documentaire, et là je vais prendre des précaution, car je n’ai pas très bien saisi. Tu poses le fantasme comme échappatoire à la réalité, et tu es déduis que cette définition met de côté le documentaire et le film politique (engagé, j’imagine à la Michael Moore). La définition peut en effet être finalement contestée : fort heureusement c’est la réalité qui est en très grande partie source de nos fantasmes, c’est elle que nous déformons pour produire ces derniers. Et concernant le réalisme lui-même, celui en sens général, ou le mouvement artistique du 19è, on peut le voir aussi comme un fantasme dans une certaine mesure. Ce qui serait intéressant, avec cette irruption, c’est de savoir si le porno, du fait de sa faible narration, et de son exposé cru, brut (réaliste ?) des corps ne se rapproche pas davantage des documentaires. Si le porno fournit du sexe là où il n’y en a pas, le docu fournit souvent de la nature, de l’exotisme là où ils sont absents.

Bref, pour dire effectivement que le documentaire semble redéfinir les frontières du fantasme au cinéma, mais en apparence seulement pour moi. C’est plutôt que l’on a là un cinéma qui se présente comme montrant une réalité plutôt que le figurant ou la transposant. Le pacte n’est pas exactement le même. Et le fantasme n’a pas tout à fait la même place. Mais il est quand même présent, dans ce qui est suscité chez le spectateur comme réaction. Je ne suis pas convaincu par l’opposition entre fantasme et réalisme, et ce pour deux raisons :

1) les docu qui se veulent les plus réalistes parfois sont aussi d’énormes machines à fantasmes. Ainsi le très bon Cauchemar de Darwin, où ce qui est trouvé n’est pas ce qui était recherché, et où la fin sur le trafic d’arme, pressenti comme crucial, ne peut jamais être prouvé, ne peut jamais rejoindre le pacte réaliste. A l’inverse, certaine scènes insoutenables ne peuvent rejoindre l’imaginaire du spectateur je pense qu’à travers le vecteur du fantasme (les enfants se jetant sur le riz, ou les ravages des vapeurs acides).

2) le mode documentaire est aussi principe d’évasion, qui va chercher non pas du côté de la preuve réaliste, mais aussi du côté de l’extraordinaire, et donc du poétique. Ainsi les docu exotiques ou animaliers, ou certains film extatiques, poétiques, ayant aboli les codes classiques de la narration pour ne plus laisser qu’ l’image face à ses propres pouvoirs d’évocation. Je pense là par exemple aux films poétiques d’un Jean-Daniel Pollet comme Méditerranée.

Ainsi, le docu, ou le film engagé, ou tout film qui renonce un tant soit peu à l’intrigue imaginaire nette, se doit de pousser pour exister, posséder une tension ou une dynamique interne, sa logique propre plus avant que d’habitude sur deux axes distincts, choisissant l’un ou l’autre. Axe horizontal du réalisme, où le monde tel qu’il se présente devient le moteur de l’avancée du film, de sa logique. Axe vertical où l’image pure domine, où la poésie devient loi. A partir de là se pose la question que tu soulèves de la navigation du spectateur au milieu de ce type d’œuvres. Est-ce que s’il n’y a pas de narration comme dominante, le spectateur peut faire ce que bon lui semble ? Là encore je ne crois pas vraiment, où alors il faut poser l’hypothèse comme cas limite à atteindre. Tout film présente une durée, donc une continuité à travers lequel se développe un discours. Un film dont la progression pourrait être négligé par le spectateur ne pourrait être que de deux ordres : un film sans montage d’une part, ou un film dont le montage serait tout. Le premier cas ne présente pas d’intérêt, et le second est un idéal que certains réalisateurs tentent d’atteindre. L’exemple type serait Les Histoires du cinéma de Godard, dans lesquelles tout fait sens avec tout, à tel point qu’il vaut mieux, pour commencer à y entrer, ne s’attaquer qu’à des fragments, les maîtriser chacun avant de recomposer l’ensemble.

Mais cela renvoie encore en dernier ressort à un fantasme d’artiste, de l’œuvre totale, d’une maîtrise complète de l’objet produit. C’est le fantasme du répertoire, d’une sorte de dictionnaire à entrée multiples, qui se donnerait à lire, ou à regarder, dans son sens normal, mais en plus dans des sens éclatés et multiples. Et l’on retrouve, dans ce type de préoccupation, dans un genre que je maîtrise plus, un poète symboliste comme Mallarmé (fantasme du Livre, essayé dans Le Coup de Dé), ou encore un certain Flaubert, avec son Dico des idées reçues jamais réalisé, et qui contre son gré était devenu icône du réalisme avec une certaine Madame Bovary que je mettais en parallèle avec Marie-Antoinette ! Tout se mélange, le serpent se mord la queue, tout devient noué et compliqué… je m’arrête donc là avant de tout davantage embrouiller (en plus j'ai pas dû être très clair, là...) … Mais tout ceci soulève bien des questions troublantes et complexes…

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