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 Sujet du message: Miami Vice
MessagePosté: Jeu 7 Sep 2006 15:43 
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Pfiou… Retour de vacances et que de messages… Mais rien sur l’autre très (très) grand film de l’été !! (L’autre de l’autre étant le Shyamalan, mais Ange Bleu en ayant déjà fait l’article, je me sens pas pressé de renchérir). Alors hop, un peu de pub, car il ne doit pas encore être tout à fait sorti des salles, et il est susceptible de prolonger un poil la torpeur estivale. Je le dis d'emblée: ce film m'a plus qu'impressionné. Mais l'on en sort bizarre, presque que comme déçu (c'est pas le bon terme, mais bon, derrière moi, dans la salle, il y avait un groupe franchement déçu, genre tromperie sur la marchandise, donc je préfère faire grossier et prévenir). Il s'est tellement construit à côté de ce que l'on attendait du fait de la trame, que l'on en ressort perplexe. Mais c'est d'abord un film complètement fascinant, et je vais essayer de montrer en quoi, pour moi.


You’d better wise up, Janet Vice!
Alors de quoi que ça cause, Deux flics à Miami? Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit : l’adaptation ciné de la série des années 80, par Michael Mann, créateur et producteur de la série. Pour les plus jeunes, il s’agit de ne pas confondre : nos deux flics ne sont pas sur de grosses motos moches avec des gyrophares, casques sur la tête. Ca c’est Chips. Pas la même atmosphère, pas la même ambiance, pas le même impact. Non, les deux flics, ils se la pètent à mort, mais avec classe. Pas d’uniforme, pas de badge ; pas de tenue réglementaire, pas de procédure réglementaire. C’est bien les gentils, mais on nous le dit au début, au cas où on aurait des doutes… Parce que c’est là que commence vraiment, non pas l’intrigue proprement dite, mais la dynamique, l’esprit du film. Des flics font leur boulot, mais par le crime. Non pas vengeance, meurtre etc. Simplement en devenant des membres à part entière de la chaîne criminelle. Après, tout le reste n’est que fioritures.
L’intrigue donc : je serai tenté de dire inexistante, mais c’est tout le contraire. Elle se ramifie sans cesse, se déploie à mesure qu’avance le film, se transforme, chaque nouvelle action supplantant la précédente, la rendant obsolète, et menaçant donc de vanité le travail même des héros… Le film s’ouvre sur une scène de boîte de nuit, réécrivant directement celle de Collateral. Une affaire de prostitution assez sordide, un caïd présenté comme le grand méchant, et puis, alors que l’action semble sur le point de s’engager, un accident. Autre chose survient, et tout est remis en question. Une nouvelle affaire, des nouveaux adversaires, de nouveaux échecs. Et ainsi de suite, plus subtilement, plus simplement tout au long du film. C’est un temps de la vie des héros. Cela aurait pu commencer avant, s’achever plus tard. Ca n’a pas tellement d’importance.


Le Vice dans la peau
Dit comme ça, ça peut paraître pas très engageant. Mais c’est précisément là que tout prend forme. Michael Mann entreprend un large travail de sape de tous attendus d’un tel film. Il s’agit bien d’un film de genre : des flics infiltrent un réseau de trafiquants pour en faire tomber la tête. A mesure qu’ils s’y enfoncent, leurs ambitions augmentent, ainsi que le danger inhérent à ce type de double jeu. Mais pendant ce temps, le film lui accumule les scènes typiques d’un tel propos, gravitant toutes plus ou moins autour de l’affirmation de la virilité, pardon grandeur, des deux héros. Ainsi course de voiture, scènes de hors-bord (vitesse), scène d’avion (furtivité), affrontement verbal et bluff, et bien évidemment sexe et séduction (oui oui, c’est bien dans cet ordre). Et chancun de ces éléments est à la fois traité dans les règles de l’art, stylisé au possible, magnifié, mais en même temps décalé, suspendu, comme frustré, exhibé comme élément clichéique. C’est toute une esthétique déceptive, mélancolique qui transparaît derrière le block-buster attendu. Deux exemples de décalage par l’humour : la scène de poursuite en voiture, qui met en scène un Ferrari que la caméra sublime, mais course qui dérape en pétard mouillé : la voiture poursuivie, une fois rattrapée, se range sur le bas côté ; la première scène de sexe désamorcée par le rire de Jamie Foxx qui simule un orgasme précoce. Je n’en mets pas plus, car ce sont ces effets qui font l’une des forces du film. Mais ce traitement se superpose à la virtuosité visuelle et plastique mise en place. Tout le film est donc comme lui-même vicié, comme si quelque chose oeuvrait en lui pour sans cesse le désaxer. Le film est double sans cesse, sans cesse en train de jouer son propre rôle. Un film d’action et un film de réflexion, film commercial et film d’auteur, et se prenant au jeu de cette dualité. Le bandit et le flic à la fois.
Le film fonctionne ainsi exactement comme ce qu’il montre : ses personnages jouent pour lui l’intrigue qui l’anime. D’abord par le miroir que se renvoie Collin Farrell et Jamie Foxx, les deux flics qui n’abordent par de la même manière l’infiltration qu’ils mènent, mais indissociable pourtant, deux facettes d’une même entité. Cette dualité là reprend directement celle amorcée dans Collateral, mais en lui donnant une nouvelle dimension. Chacun des deux doit affronter le basculement de l’autre côté de la barrière qu’ils s’ingénient tant à effacer par souci d’efficacité dans leur mission. C’est leur identité qui se trouvent questionné, leurs actes qui les définissent comme des bandits, une finalité qui devraient les ramener du bon côté mais qui petit à petit perd son sens, se transforme, passe au second plan, se trouve comme oubliée. Comme le film, les héros ne savent plus très bien où ils se situent, ne savent plus très bien qui ils sont, ce qu’ils font.


Me a Me
Troubles de l’identité, pour les personnages, pour l’action, pour le film lui-même. Mais surtout peinture d’une ville, ou plutôt d’une région, d’une nuit qui s’étend et se fragmente. Comme pour Collateral, Michael Mann nous plonge complètement dans le noir. Toute lumière est explicitement artificielle. C’est le film seul quasiment qui nous éclaire, ou plutôt qui parfois dissout, de manière fragmentaire, l’ombre. Parfois pourtant des trouées de jours, en guise de contrepoint inversé, surviennent, et le plus souvent annoncent une action qui va de soi, comme un déroulement blasé de l’histoire. La tension réside d’abord dans l’espace forgé par la caméra, et pour que l’on sente à l’écran cette construction, il faut partir du néant, du noir, donc de la nuit. Dès lors la vision donnée ne peut être que dispersée. Elle s’oppose à toute idée de plénitude. Il faut apprendre à voir, et l’on ne voit jamais nettement, totalement un objet, mais simplement certains de ses aspects, une partie de sa forme. Même lorsqu’il fait jour, même avec une technologie de pointe, le voir est sans cesse à réinterroger, comme le suggère la superbe scène de l’avion. (Et je vous parle même pas de la thématique des lunettes, transparentes ou teintées, parce que les lunettes, depuis De Palma, ça fait un peu tarte à la crême, mais moi ça me fascine complètement!) C’est cela que nous dit Miami Vice, instaurant La Havane en double symétrique de Miami, et lui rattachant, comme des reflets dégradés, des lieux faussement éloignés, comme Haïti, ou la retraite du parrain que les héros pourchassent. Les deux héros sont des passeurs, des transporteurs. Ils font le lien entre ces zones séparées. Ils rapprochent, et font sens ainsi. C’est le principe même de toute figure poétique : la métaphore signifie étymologiquement le déplacement, transport. Truands, ils pouvaient être beaucoup de choses. Michael Mann en a fait des transporteurs, et cela fait sens. C’est un monde fragmenté, éclaté, multipolaire que décrit Michael Mann, aussi bien à l’intérieur des consciences que dans son fonctionnement, dans ses géographies psychique et physique. En ce sens, en plus de faire une œuvre, une pensée du monde se dessine, et ancre le film dans un discours politique sous-jacent. A Hollywood, dans une société structurée en grande partie sur une idée bilatérale, Michael Mann tient un discours sur les dessous multipolaires du monde et des individus. C’est en fragmentant sans relâche le 2 que Michael Mann élabore un pluriel.

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MessagePosté: Ven 8 Sep 2006 18:19 
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WOW, encore un article tres complet de notre cher Seleniel; j'aimerais bien savoir combien de temps t'as mis pour l'achever. :Ussop big gloup:

Bon venons en au film: Ce film m'a beaucoup plu pour de multiples raisons que seleniel a parfois evoqué

Tout d'abord, disons le tout de suite, mis a part la presence de certains themes recurrents (trafics de drogue, grosses cylindrés ....), ce film est selon moi tres different de la serie. Par exemple pas de place pour l'humour potache present dans la serie.

Dans ce Miami Vice version new look donc, on retrouve bien la patte de Mickael Mann qui fit le succes de plusieurs de ses films anterieurs (Heat, Collateral) : nuit omiprésente, B.O. oppressante et violente (mention speciale pour la scene d'intro dans la boite de nuit avec la superbe musique de Linkin Park que je ne me lasse pas d'ecouter), personnages taillés dans le vif. Ce film reprend quelques plans de Collateral et certaines séquences sont carrément filmées pareil (caméra désaxée, image numérique bruitée par le manque de lumière, caméra grand angle sur le tableau de bord...) L'aspect visuel et la mise en scène de ce film tres noir (dans tous les sens du terme) sont très réussis. Ils portent en eux seuls une partie du message du film.

Sinon, le film est je crois tres bien pense en ce qui concerne l'alternance sequences d'action a suspens (pas si nombreuses que ca, a part vers la fin), sequences de parlottes et scenes de sexe (un peu trop nombreuses a mon gout : vers le milieu du film, il doit bien y avoir un quart d'heure ou c'est non stop).

Voila, en ce qui me concerne, j'ai trouvé que c'etait une excellente surprise; j'irais meme jusqu'a dire que c'est le meilleur film de l'ete (pirates des caraibes fut pour moi une grande deception, dans la mesure ou il sert surtout a vendre le troisieme volet de la trilogie, mais ce n'est pas le propos).

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MessagePosté: Dim 17 Sep 2006 22:39 
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Inscription: 24 Jan 2006
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Localisation: Kokoyashi
J'ai regardé ce film hier soir et j'ai plutôt bien apprécié.
Ya du bon et du mauvais, mais plus de bon que de mauvais^^
Certains passages sont étranges à imaginer dans le scénario, comme colin farell qui tout à coup décide de se faire la nana de leur commanditaire ( je crois ). Et on se demande vraiment ce qui lui prend.
Pareil pour son collègue ( jamie foxx ) qui est difficile à saisir des fois, à mélanger boulot et vie privée ( malgré lui bien souvent ).

Mais il y a des scènes à bonnes ambiance comme on les aime, entre magouille et jeu de celui qui devinera le jeu de l'autre.
Les scènes d'actions sont très bien filmé et on évite le gros abus.

Et puis surtout il y a la relation des deux compères, une confiance totale et mutuelle, une confiance où les mots n'ont presque plus leur place et qui donne toute sa force au duo.
Une confiance que l'on ressent, que l'on envie, que l'on imagine.
Les deux acteurs s'en sortent à merveille dans ce lien invincible car iréel. Et c'est ce qui fait la force principale du film, bien tiré de Deux flics à Miami.

Voilà, je pense que ce film mérite d'être vu, même si certains passages scénaristiques m'ont intrigué.

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