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 Sujet du message: Coeurs, d'Alain Resnais
MessagePosté: Ven 24 Nov 2006 13:02 
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Voici donc le dernier film d'Alain Resnais, cinéaste de l'époque de la Nouvelle Vague encore en activité, à côté de Godard, Rohmer ou Rivette. Resnais est celui qui fait le cinéma le plus immédiatement accessible de cette brochette de réalisateur qui on tchangé ma mnière de faire du cinéma. C'est pourquoi je vous fait là une présentation succinte, sorte de réclame plus sur le principe que sur le fond: Coeurs est un film à voir absolument, que vous soyez ou non fmilier de ce type de cinéma.

C'est une histoire, ou un entremêlement d'histoires toutes simple(s), toutes banale(s). Une suite de personnages qui se rencontrent, se croisent, mais ignorent les liens que les uns ont avec les autres. Tout l'équilibre du film repose ainsi sur des mécanismes très évidents, juste tissés entre eux pour construire le discours d'ensemble:
- les personnages (leur portrait, leur histoire)
- les liens qui les unissent, directement et indirectement
- les lieux qu'ils hantent, habitent, visitent ou quittent

Petite présentation des personnages:
- Thierry (André Dussolier): agent immobilier qui fait visiter des appartements à Nicole, ainsi qu'à son compagnon Dan. Il tente d'entamer une relation avec sa collègue Charlotte. Et il vit avec sa soeur Gaëlle
- Charlotte (Sabine Azéma) : collègue de bureau de Thierry. Elle est très croyante, regarde des émissions de chant évangélique, et se propose comme aide bénévole pour personnes âgées. C’est ainsi qu’elle atterrit chez Lionel
- Lionel (Pierre Arditi) : Barman dans un grand hôtel parisien. Son histoire paraît très sombre et triste. Il doit s’occuper d’Arthur (Claude Rich), son père, qui hurle depuis son lit, insultant et agressant tout ce qui passe à portée de voix ou de bras. Lionel, dans son bar, rencontre Dan qui vient tous les jours y boire.
- Dan (Lambert Wilson) : ancien militaire renvoyé depuis 6 mois, il n’arrive pas à sortir du gouffre et devient alcoolique. Il vit avec Nicole, et tous deux songent à déménager. Mais le couple va mal.
- Nicole (Laura Morante) : Jeune femme rongée par l’état de son compagnon, elle cherche un appartement espérant que ce changement sera bénéfique sur l’état de Dan.
- Gaëlle (Isabelle Carré) : sœur de Thierry, sort le soir en disant rencontrer des amis, mais erre seule dans des cafés.

Alors comme ça, ça paraît pas très gai. Je m’en aperçois en l’écrivant. Mais cette noirceur ne se ressent finalement qu’après coup car le film est terriblement drôle. Les dialogues du début ont terrifiants, nous plongeant dans les lieux communs d’où les personnages tentent laborieusement de faire émerger un peu de sentiments ou de vérité. Mais le jeu de faux-semblant règne, et c’est par un travail de sape que petit à petit la construction s’effrite, et que les personnages tombent le masque. Tout tourne autour d’une sorte de ridicule qui permet de relativiser l’aspect sombre des situations. Cela met en balance à la fois une cruauté et une tendresse vis-à-vis des personnages. Mais la réalité est définitivement pas celle que l’on voit, et pourtant, même ressenti, ce trouble ne révèle pas grand-chose…

Si vous allez le voir, et je l’espère, faites attention aux détails qui font la richesse et l’intelligence de cette mise en scène :
- les accessoires : chaque personnages semblent prolonger par un appendice qui en résume la personne, ou le trouble. La cassette pour Thierry, la fleur, pour Gaëlle, le verre d’alcool pour Dan…
- les lieux : tous sont hyper signifiants. Leur symbolique et terriblement soulignée. Mais surtout tous entretiennent un lien étrange avec l’écran ou la transparence. Les plans entravés sont légions, et l’image se donne à voir à travers des filtres, des résilles, des vitres, et même des plafonds (le jeu autour de ceux-ci est délirant). Cela conduit à observer le rythme du film
- les intermèdes : Ils sont multiples, mais surtout ils installent un univers neigeux et d’une blancheur opaque tout au long du film. Pour ceux qui connaissent Resnais, je pense que cela rappelle L’Amour à mort dans lequel une « neige » énigmatique scande chaque séquence. Tout joue ainsi sur l’atmosphère, et c’est remarquable.

Et je pourrais continuer sur les comédiens, la lumière, les effets très discrets de décalage, etc. Bref ce film est une réussite sur tous les plans, un de ces films comme il en passe peu au cinéma. Une véritable œuvre, et pour une fois dans le grand cinéma français, une œuvre intelligente et accessible, intéressante pour tous les publics. Je ne peux plus dire « c’est le meilleur film de l’année » car je l’ai trop dit, mais avec Shyamalan et De Palma c’est vraiment un des très grands chocs cinématographique personnel de l’année

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