Remontage de topic, certes, mais pour la bonne cause.
J'ai vu ce film en fin d'année dernière, découvert grâce à ce topic-même, et je ne regrette absolument pas.
Que dire de ce film ?
Une perle ? Nan nan nan, plus, bien plus. Un chef d'oeuvre.
L'histoire d'Harry Goldfard, de Sarah Goldfarb, de Tyranne et de Mariane commence tout doucement, avec d'abord pas mal d'incompréhension avec la scène de la télévision. Impression d'être perdu, qui s'estompe vite. Très vite.
Le plan d'Harry est de vendre de la bonne drogue plus cher que le prix d'achat, pour pouvoir se payer ensuite une vie tranquille. Légal ? Non, mais tellement bon comme plan, d'autant plus quand on se drogue soi-même. Et c'est ainsi que commence l'enfer.
Sarah, quant à elle, croit qu'elle va participer à un jeu de télévision dont elle est fanatique. Suite à un appel qui lui fait croire à ce rêve, elle s'entête à vouloir mettre absolument une robe rouge, SA robe rouge. Elle ne rentre hélas plus dedans (Ô malheur des kilos en trop !), et se met au régime par gellules. Et c'est ainsi que commence l'enfer bis.
Enfin, je dis que l'enfer commence, mais ce qu'on ne remarque qu'après, c'est qu'on y est dès le début. Dès le début du film, on sait que ça mal finir, que rien ne pourra arrêter la machine mise en route, que tout se déroulera indéniablement, et ce quoi qu'on fasse. Car déjà, la tension est présente entre le fils et la mère, car déjà Harry et ses amis se droguent. Immiscion dans l'enfer sans s'en rendre compte, pour finalement décrire la descente finale.
Et c'est ainsi que ces quatre personnages meurent. Non pas au sens propre du terme, oh que non, mais cela pourrait presque en être pire tellement la réalité pour eux est dure.
Un grand point fort du film est peut-être, sans compter une descente vers l'horreur extrémement bien décrite, que le réalisateur nous berne sur la situation des personnages. On croit au départ que les personnages sont biens, qu'ils sont en bonne santé et tout le tralala, alors que déjà la drogue (télévisuelle ou pure) est entrée et présente dans leur vie. On nous berne ensuite (pour mon plus grand plaisir, je dois l'avouer) à nous faire croire qu'ils peuvent se relever. Ces personnages croient encore qu'ils vont se redresser et repartir du bon pied alors qu'ils sont finis avant même d'avoir commencé. Comme pour "L'histoire des trois Adolf", où l'on croit jusqu'au dernier moment et l'acte final que les deux Adolf pourront encore redevenir amis, on a de l'espoir, on y croit, on veut y croire, pour eux, pour nous, pour la beauté du renouveau. On ne veut pas voir venir l'hiver. Sauf qu'ici, le renouveau arrivera, certes, un autre départ viendra, mais seulement après avoir touché le fond, et pas le petit fond, mais le fond du fond.
Autre point fort du film : la gestion du temps. Pas réellement d'éléments précis, mais un rapprochement de la drogue avec les saisons : l'été (le plaisir), l'automne (la dépendance), l'hiver (le néant). Il est vrai que l'été fait gentillet par rapport à la suite. Et c'est vraiment dès le début de l'automne que l'horreur arrive (scène de meurtre en voiture, fuite et arrestation de la police, le tout la nuit, avant que le rideau noir "Automne" ne tombe... Le genre de scènes qui reste !).
Alors oui, malgré un scénario qui pourrait en rebuter plus d'un (la réalité des drogués est dure, rien à dire là-dessus), on prend plaisir à voir, à espérer, à vivre avec les personnages. Ajoutez à ça de beaux décors, une réalisation impeccable (mention spéciale aux scènes post-shootage), et une bande-son plus qu'énormissime, vous obtenez un film dantesque, exceptionellement bon. Pour le peu qu'on apprécie, on appréciera. Non, pardon, on n'appréciera pas, on sera happés par la noirceur du film, par la profondeur du contenu sans être pour autant moralisateur, par le tout.
"Requiem for a dream" est simplement réussite, et ce à tous les niveaux. Simplement magistral.