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 Sujet du message: Festival de Gérardmer 2009
MessagePosté: Lun 2 Fév 2009 17:34 
225 000 000 Berrys

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Du mercredi dernier à hier se tenait à Gérardmer le 16e festival du film fantastique. (Cliquez sur le lien pour un peu plus d’explications à propos de ce festival.)

Et sans plus tarder, voici…

Le Palmarès 2009
- Grand Prix : Morse, de Tomas Alfredson
- Prix du Jury : Grace, de Paul Solet
- Prix de la Critique internationale : Morse
- Prix du jury SciFi : The Midnight Meat Train, de Ryuhei Kitamura
- Prix du Public : The Midnight Meat Train
- Prix du meilleur court-métrage : Dix
- Prix du Jury Jeune : Sauna, de Antti-Jussi Annila

C’est donc un palmarès sans surprise où le favori aura gagné tranquillement son prix. Pour ma part, je n’ai pas pu voir Morse (qui sort néanmoins le 4 février au cinéma), pas plus que Dix. Je pourrai donc donner mon avis (rapide) sur les autres vainqueurs du festival, ainsi que sur un certain nombre d’autres films de la sélection officielle.

Mon périple à Gérardmer
Ce n’est pas que j’aie particulièrement envie de raconter ma vie. Mais en quelques mots, je vais quand même vous décrire mon week-end passé dans les salles obscures de Gérardmer, la ville aux 8500 habitants, car je pense que c’est toujours intéressant de connaitre l’état d’esprit qui m’animait avant de parler des films que j’aie vus.

Levé le samedi à 5h du matin, ce qui, pour moi, est une heure abracadabrantesque, on est arrivés (mes amis et moi) au festival aux alentours de 8h30. Après avoir acheté nos pass, nous avons enchainé immédiatement trois films. Puis, de 17h à 22h, on s’est fait congeler par le temps inhumain de cette ville. Parce qu’on n’a pas pu entrer pour regarder Manhunt (faute de place), et parce qu’on n’a pas pu non plus aller à la séance de 19h30 de Morse (à cause de la présence du Jury et à cause qu’on a trop trainé). Résultat des courses : on a passé 5h à faire le tour des différents cafés et bars de Gérardmer, pour au total absorber près de cinq grandes tasses de café chacun. Requinqués, on a pu voir trois autres films de 22h à 4h du matin.
Et de 4h à 7h30, on est tous morts. Un conseil : ne passez jamais la nuit à Gérardmer, enfermé dans une voiture. C’est l’enfer assuré. Bref, en raison d’un froid polaire, on n’a pas pu fermer l’œil ; et c’est donc aux aurores qu’on est allés prendre un énième café pour pouvoir tenir le coup la journée restante. La suite n’étant faite que de films et de pauses café, nous sommes partis de Gérardmer vers 21h30, trop fatigués pour tenter la séance de 22h de Morse

A noter une tradition amusante et caractéristique de ce festival : à l’entrée de chaque film, des hôtesses nous distribuent une glace. Une… glace… alors qu’il fait dans les -7°C à l’extérieur… et le pire… c’est que j’ai tout mangé ! x__x

Avis rapides sur certains films
Bilan comptable : 11 fims vus en deux jours. C’est beaucoup moins que le programme qu’on s’était fixés (17 films), mais au fond, c’est déjà pas mal. D’autant que cette année, il y a eu un monde fou pour visiter le festival et que ce faisant, il était assez délicat parfois de se trouver une place correcte pour regarder le film de son choix, à l’heure de son choix.

► Grace, de Paul Solet
Madeline Matheson, enceinte de huit mois, est déterminée à accoucher naturellement. Suite à un grave accident, le bébé qu’elle porte meurt dans son ventre. Néanmoins, elle décide de mener sa grossesse à terme. Après l’accouchement, le bébé revient miraculeusement à la vie…

C’est un genre déjà vu cent fois que celui de la jeune maman prise de panique. Et pourtant, Grace tire son épingle du jeu de manière terriblement efficace, en prenant le parti de ne rien accorder à la surenchère. En la jouant profil bas, le film insiste davantage sur le suspense que l’horreur à proprement parler. Il n’y a rien de spectaculaire, de fait, dans ce film, mais le crescendo proposé par Solet (dont c’est la première réalisation) est suffisamment solide pour nous convaincre. Spécialement, on est marqué par le côté indécis et latent de ce film : c’est, en quelque sorte, un long huis-clos où la tension est omniprésente, et ce, sans avoir besoin d’artifices (la musique ne joue pas un grand rôle, de même que le montage, assez linéaire). Une bonne découverte.

► Long weekend, de Jamie Blanks
Un couple profite d’un long week-end pour partir en camping et se retrouver. Mais leur intrusion sans gêne dans ce bush "préservé" excite la faune et la flore. Face à une Mère Nature qui sait comment leur faire sentir qu’ils ne sont pas les bienvenus, ils ne savent pas s’ils vont pouvoir s’en sortir…

Dans la lignée directe du Phénomènes de Shyamalan, Long Weekend ne fournit pas d’explications aux mystérieux événements qui jonchent le film. Après tout, ce n’est pas un problème, loin de là. En revanche, ce qui est plus désagréable, c’est le message réchauffé et diantrement écolo que laisse planer ce film ; les quinze plans de la nature précédant chaque scène témoignent d’eux-mêmes. Les dialogues sont, volontairement ou involontairement, hilarants, et le héros un grand comique, doublé (comme par hasard) d’un pollueur devant l’éternel. La courte scène où il observe un camping-car à travers la lunette d’un sniper riffle reste quand même d’un décalage rare. C’est caractéristique de ce genre de films, mais la multiplication des petites coïncidences pèsent lourdement sur l’atmosphère de Long Weekend, comme par exemple ce moment où le couple écrase l’unique crabe présent sur une plage de plus de dix hectares. Si le film n’est pas ennuyant et se laisse regarder malgré tout, il ne restera sûrement pas dans la mémoire collective. Tout le monde sait à présent que l’homme est un loup pour l’homme.

► Sauna, d’Antti Jussi Annila
1595 : la guerre russo-finlandaise vient de se terminer. Deux frères finlandais font partie d’une commission qui a pour but de délimiter de nouvelles frontières. En chemin, ils sont responsables de la mort atroce d’une jeune russe. Un des frères, rongé par le remords, est hanté par le fantôme de la jeune fille. La commission décide de faire une halte dans un village situé dans un marais…

Visuellement très beau, ce film se perd cependant dans sa démarche narrative, somme toute étriquée, ainsi que dans son scénario, poussif et sans réel relief, à la fois alambiqué et nébuleux. Le développement n’est jamais empreint de justesse et semble toujours contrit dans une contemplation de façade, ni percutant ni satisfaisant. A côté de ces défauts quand même importants quant à la valeur d’un film, Sauna bénéficie d’un tel sens visuel que d’une certaine façon, il parvient à rester à quai. Un décor fascinant, un village perdu (influence de Shyamalan ?), Sauna est traversé de quelques fulgurances plastiques. Du coup, sans être une excellente surprise, ce n’en est pas non plus une mauvaise. Dommage tout de même que la fin, qui se veut résolument démonstratif, ternisse un peu le tableau.

► The Midnight meat train, de Ryuhei Kitamura
Depuis que ses œuvres photographiques provocantes ont attiré l’attention d’une galeriste réputée, Leon Kaufman est prêt à aller encore plus loin pour faire de sa première exposition un événement. Il se lance dans une quête obsessionnelle des plus sombres aspects de l’homme, ce qui le conduit sur les traces d’un tueur en série qui traque les banlieusards prenant le métro très tard.

De ce réalisateur, je ne connaissais que son Azumi de 2003 que j’avais bien aimé, ayant beaucoup accroché à son côté un peu teen et à ses décors du Japon de naguère. Ici, le film est ultra léché par son visuel un brin bizarre et sa photographie qui l’est tout autant. Serti de quelques montées dramatiques à mi-chemin entre gore et exagération à outrance (l’œil sortant de la tête), The Midnight meat train se démarque par sa réalisation, que je trouve vraiment bonne, et par son découpage, qui instaure une ambiance malsaine. En effet, l’alternance entre les séquences dans et en dehors du train, complètement différentes dans leur traitement, est si fréquente et abrupte qu’elle donne à ce film un cachet unique. Ce choix de mise en scène permet, en plus de jouer avec les nerfs du spectateur, de dédramatiser la violence et les meurtres. Le tout est bien filmé, les combats en particulier étant très lisibles. Et bien qu’ayant un sens de l’esbroufe plutôt prononcé, je ne peux nier que j’ai totalement marché dans le trip de ce film. D’ailleurs, je retiens prioritairement une scène, celle où l’on visite la chambre du tueur. J’ai adoré cette caméra qui monte dans le plafond pour tourner à travers les pièces afin de créer la sensation que les fouineurs étaient observés, et déjà pris au piège…

► Cold Prey I et II, de Roar Uthaug (I) et Mats Stenberg (II)
Un groupe de cinq jeunes amis partent en vacances dans une montagne pour se retrouver et faire du snowboard. Mais dès le premier jour, l’un d’eux se casse une jambe. Forcés de trouver un refuge pour y passer la nuit, ils arrivent dans un hôtel abandonné. Où ils vont comprendre qu’ils n’auraient jamais dû y venir…

Ces deux films, de 2006 et 2008 je présume, font partie de la thématique « L’effroi qui vient du froid », projetée dans la nuit de samedi à dimanche. Comme je les ai vus rompu de fatigue, mon avis là-dessus sera peut-être logiquement faussé. Toutefois, je dois reconnaitre que je ne me suis pas ennuyé. Si le premier volet de ce diptyque ressemble à tout un tas d’autres films horrifiques du genre, derrière son aspect un poil Shining (le cadre surtout), il reste sobre et rythmé, de même que déjanté et débile à bien des égards (la colle forte pour réparer la jambe cassée). Dans une salle de cinéma remplis de festivaliers totalement fous, ce film a fait sensation, notamment pour ses dialogues sublimement tordants. En gros, Cold Prey c’est Souviens-toi l’hiver dernier, pour le meilleur et pour le pire. Quant à son deuxième volet, le niveau est foncièrement plus modeste, changement de réalisateur oblige. Accumulant un nombre hallucinant de clichés, le film, en voulant trop en faire, n’en fait au final pas assez (ou vraiment trop, c’est à votre convenance). En bref, ça peut se regarder si vous êtes entre amis et que de minuit à 4h du matin, vous ne savez pas quoi faire pour vous occuper.

► Deadgirl, de Gadi Harel et Marcel Sarmiento
Deux lycéens décident de sécher les cours et se retrouve dans un hôpital voisin désaffecté. Ils font sur place une macabre découverte : le corps dénudé d’une jeune femme enchainée à une table et recouverte de plastique.

Sorte de teen movie horrifique et discount, un peu crado qui plus est, Deadgirl part pourtant d’un synopsis alléchant et bien trouvé, racontant la solitude et l’isolement de quelques lycéens pour qui la copine idéale serait un corps inerte, manipulable et gonflable. Beaucoup macho, un tantinet morbide, l’écriture caricaturale et la mise en scène avec tension zéro fusillent en un tour de main le postulat de départ, si bien que le film parait incontestablement fade et sans vie, à la manière de son héroïne, en vérité immortelle. Mais Deadgirl, lui, est immortellement féministe dans sa métaphore et sans subtilité aucune. A l’instar de tout son propos, la fin est, au passage, des plus ternes.

► Mutants, de David Morley
Dans un monde où un terrible virus a contaminé la population, un couple en fuite tente de trouver une zone où se réfugier. Pris au piège par des créatures sanguinaires, Marco et Sonia vont devoir lutter pour leur survie…

Zombies étant déjà pris, David Morley a décidé d’intituler sa réalisation Mutants. Blague à part, le début m’a fait extrêmement peur quant à la suite des événements : mauvais jeu d’acteur et répliques téléphonées en sont la cause. Pourtant, peu à peu, Mutants sort de sa coquille pour exploser tout en douceur, et ainsi étaler un à un ses arguments. Bonne photo, bonne mise en scène, et des acteurs qui montent en puissance. Si les scènes de combats contre les zombies sont bien mal filmés, Mutants se distinguent par une forme exemplaire. Le rythme un peu tronqué, en deux temps, disparate et poussif, dessert, certes, pas mal le film. Mais on ne peut qu’être admiratif de ce travail sincère, surtout lorsqu’on sait que c’est le premier coup d’essai de Morley. Un clone de 28 jours plus tard ou de Je suis une légende loin d’être mauvais.

► Hansel et Gretel, de Yim Phil-Sung
Perdu sur une route de campagne, Eun-Soo rencontre une mystérieuse jeune fille qui l’entraine dans sa maison digne d’un conte de fée, en plein milieu de la forêt. Il découvre rapidement que tous les adultes qui sont passés dans la maison ont mystérieusement disparu…

Censé être une relecture du conte éponyme, je vais faire simple : je n’ai strictement rien compris à ce film. Faut avouer que j’ai dormi pendant toute la deuxième moitié de la projection mais quand même. Esthétiquement pas moche et même contemplatif sur plusieurs plans, selon moi, le film perd carrément son temps à entrer dans des délires labyrinthiques vraiment trop prises de tête. Lynch, par exemple, emploie également ce procédé mais c’est, néanmoins, toujours à bon escient avec un objectif caché derrière, et jamais gratuit. Ici, je n’ai entrevu rien de tout ça. J’ai eu l’impression de me retrouver devant un film basique, enjolivé par une construction aux dédales inénarrables. A la sortie, je me suis dit : « Tout ça pour ça ? » En tout cas, il est clair qu’Hansel et Gretel sera vite oublié.

► Bad Biology, de Frank Henenlotter
Un jeune homme, dont le pénis est génétiquement modifié, et une jeune femme, possédant naturellement sept utérus, vont se rencontrer. Et de cette rencontre va s’ensuivre des répercussions catastrophiques, voire monstrueuses…

Vache, pour faire ce film, il fallait être entièrement déglingué et tout fou. C’est définitivement cinglé et délirant, autant détraqué qu’inconcevable. Je me rappelle qu’un jour ange bleu avait fait la distinction entre nanar et navet. Eh bien, je suis d’accord avec lui, puisque Bad Biology est très sûrement LE plus grand nanar que j’aie jamais vu, sans pour autant être un navet pur ! Passionnément barré, tout est fait à l’arrache dans ce métrage contant les mésaventures hypersexuées de ses deux personnages principaux. Allant à cent à l’heure, déjanté et dingo à souhait, Bad Biology est un véritable ovni underground qu’il faut voir au moins (et au plus) une fois dans sa vie. Choquant, hallucinant et tordant comme y’a pas !

► Hush, de Mark Tonderai
En plein cœur des Midlands, un jeune couple roule sur l’autoroute. Lorsqu’un camion blanc manque de les percuter en doublant, les portes arrière s’entrouvrent l’espace d’une seconde. Fugacement, ils aperçoivent une jeune femme ligotée à l’intérieur…

On termine avec une très grande surprise. D’après moi, c’est l’un des meilleurs films de ce festival de Gérardmer 2009. Même si ce film anglais, produit en 2008, démarre de façon très prévisible, dès que la poursuite entre Zakes (le héros) et le tortionnaire (le méchant) se met en place, on bascule dans une atmosphère incroyable où la palpitation en est le maître mot. De même que le suspense est présent à tous les étages de ce thriller des plus brillants et des plus nerveux, de même, son écriture est vraiment excellente, tout autant cohérente qu’efficace et inattendue. C’est bien filmé, très bien rythmé, et les twists sont nombreux et terriblement bien amenés (je pense essentiellement à la chute finale bien trash). A noter aussi quelques jolis effets de montage qui ne sont pas sans rappeler Sueurs Froides d’Hitchcock, ainsi que des idées énormes qui, sans être inédites en soi, sont toujours utilisées avec bon goût et originalité. Tout est très crédible et équilibré. En un mot : génial ! Ce qui est sûr maintenant, c’est que je vais suivre ce réalisateur avec intérêt…

Derniers mots
C’était cool. :)


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