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 Sujet du message: Inglourious Basterds
MessagePosté: Mer 19 Aoû 2009 17:15 
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La Nouvelle Cuvée Tarantino est donc là.
Un Grand Cru?
Oui, mais pas le meilleur pour moi en tout cas.

Le trailer nous disait qu'on avait jamais vu la Guerre si on ne l'avait pas vu selon les yeux de Quentin Tarantino et effectivement, c'est bien vrai. Y'a pas à dire que ça change. Une ambiance jazzy et rock dans la France Occupée, ça fait un sérieux bon petit mélange de choses qui à première vue n'ont rien à voir mais qui pourtant se marient à la perfection, un peu comme dans Cowboy Bebop.

Et donc quand Monsieur Tarantino vient mettre son style dans cette époque et cette ambiance que l'on connaît tous, ça fait de sacrés changements. Il remanie l'histoire à sa guise pour ouvrir le meilleur terrain de jeu possible à ses personnages, tous comme d'habitude plus barrés les uns que les autres, dont les fameux "Basterds", belle brochette de winners qui à eux seuls valent le visionnage du film: un Brad Pitt qui nous vient du fin fond de la campagne américaine et qui interprète son rôle comme pas deux (en même temps, Brad Pitt jouer mal, c'est comme Eiichiro Oda mauvais), un Eli Roth bourrin comme pas deux (et quelle classe *__*) et un Til Schweiger en ancien Nazi psychopate juste excellent (il est à des années lumières du très drôle (au sens propre comme au sens figuré) Far Cry quand même). Mention spéciale à la sublime Mélanie Laurent que je ne me lasse pas de voir à l'écran et surtout, le génial Cristoph Waltz, juste divinement diabolique (il l'a bien mérité son Prix d'Interprétation Masculine). Bref, de toute façon, comme dans tous les Tarantino, les acteurs campent magnifiquement leurs personnages donc ça sert à rien de s'étaler dessus.

Non, vaut mieux plutôt parler du film en lui-même.
Alors pourquoi ce n'est pas le meilleur Tarantino à mes yeux pour commencer?
Je suis pas un fanatique du bougre, même si je reconnais son immense talent. Et dans la plupart de ses films, y'a souvent deux genres de scènes qui reviennent souvent:
-les scènes ultra-classieuses, magnifiques, accompagnées par de magnifiques morceaux (du genre l'éxécution de l'allemand par Eli Roth ou le début avec les allemands qui débarquent dans la maison de campagne des français), bref le genre de scènes qui me fait frissonner personnellement et c'est ce que j'aime le plus au cinéma et ce que je rêve de pouvoir faire moi aussi un jour. Le genre de scènes épiques qui vous fait vibrer et vous scotche à votre siège. Alors oui, ça fait pas un film, mais ça lui donne carrément un putain de cachet, un truc en plus. Et c'est pour ça que mon film préféré du réalisateur est Kill Bill Vol. 1, parce-qu'il est bourré de ce genre de scènes, mais ça c'est une autre histoire. Dans Inglourious Basterds, il y en a pas mal aussi, mais il y a surtout l'autre genre de scènes;
-l'autre genre de scènes qui est donc les très longues scènes de dialogues.
Pour beaucoup, c'est ce qui fait tout le charme des films de Tarantino. Pour moi, c'est vrai que ça y contribue, c'est clair, y'a qu'à voir certaines scènes cultissimes de Pulp Fitction (LE Big Mac, les massages etc), mais parfois j'ai tendance à les trouver beaucoup trop longues et un brin ennuyeuses et c'est le cas pour ce dernier film. Le film fait plus de 2h30 il me semble et j'avoue que j'ai quand même senti le temps passer, même si c'est vrai que ces scènes créent une atmosphère, une ambiance, je sais pas, j'ai du mal; je trouve ça trop lent, j'ai du mal à être à 100% dedans.

Sinon le film est construit comme les précédents, avec des Chapitres et une intrigue qui se construit et se développe au fur et à mesure de l'avancement de ces derniers pour se finir sur un final juste dantesque, sorte de gros Fuck jouissif bien gras à l'adresse de tous ces enfoirés de Nazis: pour notre plus grand plaisir, Tarantino s'est quand même bien, bien lâché sur ce final je dois dire. héhé C'est comme si toute la rage et la haine contenue depuis le début du film s'abattaient d'un coup et ça claque méchamment. Un belle mise en image du pouvoir du cinéma et des images/médias en général (même si forcément exagérée à fond :p)

Un petit sur l'humour: ben c'est de l'humour Tarantino quoi. Donc, énorme. Y'en pas énormément, mais à chaque fois, c'est ce qu'il faut, quand il le faut et ça fait toujours mouche (encore une fois Eli Roth et Til Schweiger ont les honneurs à mes yeux pour ça; Brad Pitt aussi évidemment, mais je vais pas m'aventurer sur un terrain Divin, je suis pas prêt d'en sortir sinon :p).

Bref, mis à part les longueurs (mais qui ne devraient pas déplaire du tout à ceux qui adorent "ces" longueurs), le film est quand même très, très bon et les afficionados de Tarantino ne seront pas déçus en tout cas.
Et qu'on aime ou qu'on aime pas, le réalisateur prouve quand même une nouvelle fois qu'il est un des Grands de ce milieu.

A voir donc, mais ça c'est pas une surprise. :teach:

PS: Quand même, parce-qu'il le faut, Enorme coup de gueule contre les distributeurs français qui ont jugé nécessaires de retirer la Croix Gammée sur les affiches; on dirait qu'on est toujours en 1950...ça me rappelle le cas d'Ace et c'est bien navrant...

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Dernière édition par Deu$ le Mer 19 Aoû 2009 21:27, édité 1 fois.

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MessagePosté: Mer 19 Aoû 2009 19:10 
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Deu$ dit:
PS: Quand même, parce-qu'il le faut, Enorme coup de gueule contre les distributeurs français qui ont jugé nécessaires de retirer la Croix Gammée sur les affiches; on dirait qu'on est toujours en 1950...ça me rappelle le cas d'Ace et c'est bien navrant...

C'est vrai tu a raison mais quand on y pence sur les affiche française on a l'impression que l'on a tiré une balle sur la croix gamé quand on ces que se sont des tueurs de nazi le fait que la croix gamé n'apparaisse pas renforce cette impression je trouve.

Aprés chacun sont avis.

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- Quelle est votre ambition dans la vie ?
- Devenir immortel et mourir.


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MessagePosté: Mer 19 Aoû 2009 21:09 
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Raaaaaah, raaaaaah, raaaaaaaah, je le voulais de ce topic. Oh oui je voulais passer le premier pour faire comprendre aux gens qu'il ne faut pas avoir ce film ; que c'est un navet, un Dragon Ball Evolution, bref une grosse arnaque. Pas grave Deu$ je vais pouvoir le dire tout de même à travers ce post. (cherchez l'ironie ? Mais où est-elle ?)
:Sanji amoureu: :Sanji amoureu: :Sanji amoureu: :Sanji amoureu: :Sanji amoureu: :Sanji amoureu:

Pardonne moi Dieu, oh oui excuse moi. Comment ai-je pu dire du mal d'un de tes films ? J'en ai presque honte. Mais j'avais envie. Alors vous qui lisez ce message sachez que ce que je pense est tout le contraire de ce que j'ai écrit après la première phrase ; et encore ces phrases ne sont que des putains d'euphémismes (caché derrière l'ironie). Oui, oui vous avez bien compris, comme tous les Tarantino, j'ai adoré.

Une surprise ? Non.
Quand on va voir un Tarantino on le sait, on le sent : on va voir un excellent film, voir plus. Là on est dans le cas "plus". Ce film est pour moi le meilleur que j'ai vu cette année. Oui je n'hésite pas à sortir les grands mots. Sur tous les points ce film est une bombe, un GRAND Tarantino. Il n'y a rien à dire. Et que tout les hérétiques de service viennent se la mettre je les attends.

Je disais donc une bombe en tout point. Et c'est vrai.
Les acteurs ? Ils sont justes supers-bons. On dirait que leurs rôles ont été fait sur mesure. Comme à chaque films de Tarantino. Là nous ne sommes pas dans G.I Joe où les acteurs ne nous font pas croire aux films. Dans IB, c'est eux qui nous transportent. Qui nous font rentrer dans l'histoire grâce à leur talent. Comment dire... chacun aurait mérité une récompense (en plus de l'homme qui porte LE CHEF D'OEUVRE... Enfin chut ^^). En particulier Brad qui est au dessus des autres comme d'habitude. Juste démentiel il est. Toujours aussi drôles, barrés, il n'y a pas à dire je l'aime cet acteur.

Les musiques ? Bah comme d'habitude. Du lourd, des musiques qui ont été créés pour être dans les scènes du film. Elles se mélangent parfaitement à l'univers qu'a voulu créer maître Tarantino dans ce film. Bien sûr ce n'est pas des musiques comme dans Pulp Fiction, c'est du plus rétro pour coller plus à la situation. Mais cela reste très bon. Je veux la Bande Orginale du film...

Le reste ? Un orgasme. Trop de choses à citer.
Et encore vu que je ne l'ai vu qu'une seule fois je ne pourrais pas les citer TOUTES. Pour cela je dois absolument le revoir. Je sais quoi faire demain ou après demain maintenant.

Mais le plus intéressant et excellent dans ce film reste tout de même l'histoire en elle même : la deuxième Guerre Mondiale façon Tarantino. Un des plus grands moments de l'histoire refait à la sauce de Dieu. Comme dans la plupart de ses films c'est pour le moins explosif. Ça pète de partout, le sang gicle toutes les cinq minutes, ça se barre en couille souvent, c'est gore... Le tout comme toujours accompagné de l'humour bien connu qu'est celui de Tarantino. Un humour qui fait mouche quoi qu'il arrive ; rare mais diablement efficaces. Celui-ci intervient souvent pendant les moments "longs". Oui guillemets, car je ne suis pas du tout du même avis de Deu$. Moi ces moments là, c'est des choses que j'adore dans les films de Tarantino. Ca fait parti de son univers et les enlever, ce serait diminuer le niveau de IB.

Bref si ce film est une bombe c'est parce que c'est du Quentin Tarantino tout craché. Toujours la même ambiance, la même patte, la même signature. Il ne change en rien ses habitudes, non, on dirait même que c'est pire que dans la plupart de ces films. Il s'est lâché en faisant ce film, il s'est amusé, et nous en le regardant on a passé un bon moment. On s'est pris une grosse claque et on est ressorti tout content du cinéma, fier d'avoir vu ce film. La magie de Tarantino.

Pour résumer ce n'est peut être pas son meilleur film mais son deuxième meilleur film. Derrière Pulp Fiction évidemment. Juste du Tarantino juste Divin. Vous là, qui lisez ce message si vous ne savez pas quoi faire (et même si vous savez quoi faire), bougez vos fesses de votre chaise déjà trop usée par vos geekeries. Dépêchez d'aller voir le film de l'année ! Vous en aurez pour votre argent. Comme à chaque Tarantino, comme à chaque fois que vous allez voir un chef d'oeuvre.

PS : Ne vous étonnez pas de la répétion du nom du réalisateur. C'est fait exprès.

PS 2 : c'est moi qui le critique pour le pav' ! Pas touche ! è__é

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"Le réel me donne de l'asthme." - Cioran.


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MessagePosté: Mer 19 Aoû 2009 21:32 
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Trailer Nation's Pride (By Eli Roth)
(A éviter pour ceux qui n'ont pas encore vu le film, les autres, les yeux fermés! :p)


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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 00:24 
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Je ne suis pas motivé pour écrire une critique détaillé du film. Mais je pense énormément de bien du dernier Tarantino, sans doute un des meilleurs, si ce n'est le meilleur (si je veux et peut-être). A la base, c'est quand même un très bon metteur en scène, c'est dit et pesé. Toutefois, Inglourious Basterds est clairement à contre-courant du Tata moyen, et ça, c'est sublimement délicieux, chers amis !

Deu$ a écrit:
Et donc quand Monsieur Tarantino vient mettre son style dans cette époque et cette ambiance que l'on connaît tous, ça fait de sacrés changements.

Tata reste Tata, mais si par "son style", vous entendez "ce qu'il fait d'ordinaire", alors je ne suis pas spécialement d'accord. Dans Inglourious Basterds, j'ai personnellement vu chez Tata comme un souhait de s'affranchir de ses précédents films, du moins de démarquer celui-ci, ne serait-ce que dans les dialogues, secs et nets (et qui font sans cesse avancer l'absence d'histoire – ô surprise), dans la quasi absence d'humour, ou (plus pertinent encore) dans le découpage même de son film. Complètement linéaire, le récit suit son cours de manière totalement guidée, "supprimant" (j’y reviens vite) du même coup l'aspect "perte du spectateur" qu'il pouvait y avoir dans ses précédentes réalisations, ponctuées souvent de retour en arrière, en avant, sur les côtés, et cetera... Inglourious Basterds est prolifique en déclarations, homélies, dialogues, en un mot il est bavard, certes, mais on ne recule pas, ce n'est jamais décalé, insensé, on avance toujours ; et cette avancée se fait par fausses pistes et surprises. Tata déroule son film et nous surprend parce qu'on ne sait JAMAIS ce qu'il essaie de nous dire. Selon moi, c'est vraiment ça, le gros point fort du film : le dialogue qu'il y a, non pas entre les différents personnages d'Inglourious Basterds, mais entre Tata et le spectateur lui-même, c'est-à-dire, nous. Dit autrement, tout passe par la mise en scène (merveilleuse, par exemple dans les mouvements circulaires de la caméra pour s'émanciper le plus possible du banal champ/contrechamp – voir la scène d'interrogatoire des Basterds au début) et le montage.

S'ensuit un atout majeur du film : le rythme. Je parlais de la perte du spectateur dans le cinéma de Tata, elle est pourtant bien présente ici encore, mais sous une autre forme, et c'est toute la différence. Tout Inglourious Basterds s'articule autour d'une constante surprise. Du fait que Tarantino étire les scènes à n'en plus finir (l'introduction est un exemple très viable), il désoriente tout à fait le spectateur qui, sans se lasser (car on avance dans l'intrigue, bis repetita), perd tous ses repères et ne sait plus, dès lors, à quelle conclusion les chapitres vont aboutir. C'est lent, long si vous voulez, mais c'est parfaitement maitrisé ; et c'est juste assez énorme. En définitive, avec Inglourious Basterds, Tarantino s'essaie à la Liberté, celle avec un L majuscule (il n'y a qu'à voir la scène finale, où non seulement dans la dernière mèche mais aussi dans son processus narratif, Tata se joue de tout, absolument tout, y compris – et même surtout – de nous, spectateurs). Plutôt splendide, faut dire.

JCC a écrit:
En particulier Brad qui est au dessus des autres comme d'habitude.

Non. Ce n’est pas parce que Brad Pitt (vraiment très bon, je suis d’accord avec vous, JCC) est la tête d’affiche qu’il porte forcément le film ; parce que le film, c’est Christoph Waltz qui le porte. Il est ultra précis, aucun faux geste, aucune gourmandise, en bref, une copie irréprochable, à tel point qu’à la limite, il aspirerait tous les autres par son rayonnement. Après, il ne s’agit que de points de vue, soit.

JCC a écrit:
Toujours la même ambiance, la même patte, la même signature.

Je ne vais pas y revenir mais je suis pas d’accord. Pourquoi vouloir mettre Inglourious Basterds au diapason avec ses autres films quand, justement, Tata fait tout le contraire ? Sa volonté concrète, je ne peux effectivement pas le dire, mais par sa mise en scène, toujours en décalage avec ce qu’il fait d’habitude, ça me parait assez visible qu’il a innové, ou en tout cas, qu’il a essayé. (Et pour moi, il a réussi, soit dit en passant.)

Mais autrement, oui, l’un des cinq films de l’année pour l’instant. Rien que ça ! C’est dire si ce nouveau Tata m’a admirablement époustouflé !


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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 10:08 
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Ce n'est pas un Tarantino - Un bon film, clairement. La Seconde Guerre Mondiale réécrite est très intéressante à découvrir, bien que le réalisateur a recours a certaines ficelles peut-être trop faciles (mettre fin à la guerre de cette façon me semble quelque peu improbable). Malgré que ce soit un film de guerre au départ, quelques dialogues sont délicieux et permettent d'instaurer prudemment mais malicieusement un suspense qui sera à son comble à la fin du film, une vraie tuerie dans tous les sens du terme. Les acteurs sont tous très bons (à part Mélanie Laurent dont je n'ai pas aimé la prestation), et chaque personnage apporte quelque chose de différent et d'unique.

C'est donc bien un Tarantino - Déçu, certainement. Tarantino nous apporte une vision de la Seconde Guerre Mondiale propice à un terrain de jeu dont il pourrait largement dominer, mais on sent qu'il se restreint et qu'il ne va pas au bout des choses. J'attendais sûrement un peu trop le style Tarantino mode bourrin comme pour Boulevard de la mort où tout le monde en prend pour son grade. Certes, la manière est la même : il nous amène à kiffer la mort de chacun de ses personnages, mais cela est moins accentué que sur certains de ses autres films. Un bon point qui est néanmoins à souligner est la multitude des langues que l'on peut entendre : beaucoup de français, d'allemand, d'anglais et d'humour à la sauce italienne. Ce qui nous donne un casting international très intéressant et en corrélation avec le sujet, qui est mondial.

Aldo Raine - "It should be my masterpiece" (de mémoire).

Ce n'est en tout cas pas ton chef-d'œuvre pour moi, cher Quentin, Pulp Fiction et Reservoir Dogs restant intouchables.

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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 10:20 
The old man
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Localisation: Joker
Le problème majeur d'Inglourious Basterds sera certainement de ne pas être ce que la promo a vendu. En effet le film a été plus ou moins vendu comme un joyeux délire et massacre de nazis à tout va alors qu'en fait ce n'est pas ça du tout.
Les Basterds sont loin d'être les héros du film et disposent au final de peu de scènes. Des scènes marquantes et géniales, mais qui sont loin de remplir tout le film. Le film se partage en réalité entre 3 points de vue principaux et les Basteds sont seulement l'un des 3.
Sur cet aspect, certains risquent d'être déçus même si les scènes avec les Basterds sont à la hauteur de leur réputation ^__^

Donc le film est construit autour de 3 points de vu et met en scène 3 Héros : Le Chasseur de Juif, La Juive Vengeresse et Les Basterds.

L'aspect référentiel est toujours aussi présent et les relans de Western (toujours si cher à QT) sont vraiment bien trouvés - le premier chapitre est un morceau de cinéma comme on en voit rarement, surtout qu'il joue sur plusieurs niveaux avec un jeu sur la langue bien trouvé.
En somme après avoir utilisé des éléments de Western Spaghetti dans du film d'art martiaux, cette fois-ci c'est le film de guerre qui se voit traité par moment avec ces codes - c'est assez jubilatoire.

Autre élément référentiel/hommage : l'art du cinéma. Ici ce ne sont pas les films en eux-mêmes auxquel QT rend hommage, mais bel et bien à cet art en lui-même que ce soit à travers les explications sur les pellicules, les films de propagandes, les actrices star ou encore lorsqu'il glisse l'air de rien dans un dialogue l'analyse symbolique du film King-Kong ^_^
Et bien d'autres choses ^_^

Enfin autre thème cher à QT que nous retrouvons c'est bien évidemment le Girl Power à travers les personnages de Mélanie Laurent et Diane Kruger qui sont les têtes pensantes de cette histoire car ce sont elles qui provoquent et font avancer le récit.

Sur le film en lui-même pour ma part j'ai beaucoup aimé, entre ses personnages excellents, ses dialogues net et précis et son récit clair et parfaitement agencé, c'est certainement le film le plus abouti et maîtrisé de QT. Les digressions sont parfaitement maîtrisés et son va et vient entre ses points de vue est très équilibré.

Bref un film à la maîtrise excellente aux points de vue bien trempés et qui distille un joyeux moment pour peu qu'on soit amateur de ce style d'ambiance.

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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 16:22 
Ô-Totoro
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Inscription: 25 Mar 2006
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Localisation: Échappe à la connaissance
J’ai toujours eu du mal avec les films de Tarantino. Non pas qu’ils soient moyens ni mauvais, mais il y a quelque chose qui me gène énormément dans le style du réalisateur. La patte tarantinienne vient essentiellement des dialogues absurdes qui donnent un air conceptuel à ses films, mais si ceux-ci sont un point fort, ils sont aussi pour moi une très grosse faiblesse : Tarantino essaye toujours de nous intéresser le plus possible à ses histoires, de nous emporter à l’intérieur (comme tout bon réalisateur) et les dialogues conceptuels créent des faux rythmes frustrants et pas entièrement justifiés. Il prend toujours son temps dans les scènes, alors que l’ensemble pourrait être par moment plus nerveux.
Le seul film où les dialogues interminables sont justifiés, à mon goût, se trouvent dans PULP FICTION (pour le coup, un chef-d’œuvre) car le film repose sur une absence d’histoire, de temporalité narrative et de personnages (j’aime bien l’appellation EnOdienne qui dit qu’ils sont « durassiens »), et les dialogues finissent d’annihiler le film. Alors que tous ses autres films sont créés sur un scénario qui va se décomposer son l’effet des dialogues. C’est un style ; c’est assez réussi ; je n’en suis pas fan parce que la contradiction me gène profondément.


Arrive donc maintenant INGLOURIOUS BASTERDS, un film qui annonce dès la bande-annonce que, fuck yeah, Brad Pitt va butter du nazi à la machette et à la sulfateuse, genre pas fin du tout, et que ça va être l’orgasme Godwinien du siècle. Yeah yeah yeah yeah. Ca me gonfle par avance, mais quelqu’un de bien me dit que c’est un super bon film, et de toute manière j’avais prévu d’aller le voir pour taper dessus. Discipline naz... de fer, voyons ça en 5 points.


CHAPITRE 1
La vacuité de l’histoire


Hormis PULP FICTION qui va être mis entre parenthèse parce que je l’aime beaucoup, les films de Tarantino c’est avant tout un synopsis cool. Des gangstas qui font un casse qui foire, des nin... samouraïs qui se vengent, des jeunes qui se font dessouder, des hôtesses de l’air qui arnaquent des mormons etc. INGLOURIOUS BASTERDS n’y déroge pas : des bons américains avec des burnes et des couteaux vont taillader des salauds de socialistes nationaux au lance-flamme pour s’en faire des scalps (joie d’un des plus gros cabotinages de Pitt dans la scène où il l’explique).

Sauf que là, premier piège : le synopsis, il est bien stylé, mais est-ce qu’on va VRAIMENT se taper ça pendant deux heures ? Je veux dire, c’est marrant comme situation de départ, mais il n’y aurait pas, genre, ce qui s’appelle une trame ? Et c’est là qu’intervient la grosse feinte de Quentin Tarantino.
A ce niveau, j’ai appris de source sûre que le réalisateur est allé voir Brad Pitt avec ce synopsis, il avait tout écrit, tout était prévu, mais l’acteur a voulu piquer au vif Tata (parce que ce dernier l’avait balancé pour avoir fait une soirée où ils avaient fumé du hasch). Il a dû lui parier de faire ce film sans nazis avec des lance-flammes. Et là, attention ça devient drôle, Quentin il est devenu tout rouge, il a dit que sans ça, le film avait plus aucun intérêt et ça aurait rien eu de marrant. Mais comme c’était une atteinte à son talent, il a dit que pour la peine, il retirerait tout l’action de son film, nah ! Sauf que là il n’y avait plus de scénario, donc il a décidé de filmer que les dialogues, tout en respectant la durée initiale de 2H30.
Voilà pourquoi l’intrigue commence alors qu’une heure a dû se passer ; et qu’on comprend le pourquoi du comment très tard.


CHAPITRE 2
Le vide humoristique


En principe, ce qui caractérise très bien les Tarantino, c’est la présence prolongée de dialogues humoristiques et complètement délirants sur Superman ou les Big Mac. Voire des situations qui partent en live avec pleins pleins pleins de fuck et nigga qui sont, voyez vous, drôles.

A ce niveau, mes sources deviennent floues, mais à ce qu’il parait, dès que Tarantino a relevé le premier défi de Brad Pitt, ce dernier en a profité pour relancer le jeu en disant « J’parie que tu ne seras jamais capable de faire des dialogues pas délirants ». Donc Quentin, ça l’a énervé parce que son film il commençait à ne plus avoir d’intérêt, mais il a dit OK. Et il ne nous a pas déçus à ce niveau ! Il a à peu prêt tenu son pari parce que les seuls moments où on esquisse un sourire, c’est lorsqu’ils parlent en italien ou que Mélanie Laurent affiche un sourire gêné devant des officiers allemands qui parlent dans leur langue natale.
Le reste des dialogues n’est donc absolument pas drôle, absolument pas exubérant, c’est même d’une platitude extrême (les injures ont été retirées !). Et pour combler cette absence de style tarantinienne, ben il a décidé de faire avancer toute son histoire grâce à eux. Là, on comprend mieux pourquoi ça met trois plombes à démarrer.


CHAPITRE 3
Les acteurs en roue... libre ?


Tarantino n’est pas un manchot pour diriger ses acteurs, il leur donne des répliques qui claquent et après il leur dit d’en faire un maximum avec des cris aiguës parce que ça fera rire le spectateur. Mince, on n’a plus le droit à l’humour dans INGLOURIOUS BASTERDS ! Décidemment, le film va être super naze et ennuyeux. Surtout que Brad Pitt, il avait fait la nique à Tata mais il voulait aussi des scènes où il pourrait s’éclater. Ca va devenir un four, bientôt !

Pas de panique, Quentin il a eu la bonne idée de demander à son acteur principal d’en faire des quintaux dans sa première scène, il l’a mise en bande-annonce pour lui faire plaisir et il a essayé de réparer le désastre par derrière parce que ça commençait à faire beaucoup pour son pauvre film. Vous pensez ! Pour un film comique, ne pas avoir le droit de faire des nazis fous avec des couteaux qui s’attaquent aux innocents, c’est un handicap de taille ! Tarantino demande donc à tous ses acteurs (même Brad Pitt, qui a eu sa petite scène au début et qui est content) de la jouer normalement, même ceux qui sont socialistes nationaux ; et Christoph Waltz il n’a pas pu se lâcher donc il fait tout son jeu en subtilité. Pétard, qu’est-ce qu’il produit son effet dans le film, la récompense est méritée ! Pour une fois qu’on se tape pas un point Godwin, même avec la première scène ! Joli, joli. La seule exception, c’est Hitler, mais de toute manière on ne peut pas y échapper, il faut qu’il soit fou sinon c’est pas bien.


CHAPITRE 4
La réalisation du néant


Ca craint à mort pour ton film, Quentin ! Revoyons tout ce qu’il a fallu retirer à ton style habituel : l’histoire qui est sympa, l’humour qui fait son effet, les acteurs qui s’éclatent dans leur rôle. Autant dire qu’il n’y a plus rien, que c’est le néant.
Mais c’est bien sûr, tout n’est pas perdu ! Il reste quelque chose qu’on ne peut pas retirer, c’est la réalisation !

Maintenant qu’il n’a plus rien d’autre à mettre dans INGLOURIOUS BASTERDS, Tarantino il décide qu’il va se concentrer là-dessus, parce que bordel c’est aussi ça le cinéma et être cinéaste. Non pas que d’habitude il ne s’en sert pas, mais là il va mettre le paquet. Parce qu’il a besoin de tenir 2H30 sur un synopsis qui tire la gueule, va falloir meubler !
Donc il passe d’abord par la musique parce que ça ce n’est pas un problème. Il met dans la bande originale de la Lettre à Elise remixée et pleins de chansons connues ou pas mais qui vont vachement bien avec l’ambiance, ça passe comme dans du beurre. Mais en plus, comme un bon cuistre, il se marre bien en rajoutant des gros bruits genre TATIIIIN à certains moments pour réveiller le spectateur et lui dire qu’il va se passer un truc énorme. Ca reprend forme.
Ensuite, il a la bonne idée de laisser les personnages parler dans leur langue natale, histoire qu’il y ait de quoi en tirer quelques passages sympathiques et des quiproquos. Le comble, c’est que le film ne se veut pas crédible, mais il est sur ce point beaucoup plus que tous les films sur la WWII (même BABEL, qui porte son nom d’une tour où le langage humain a été divisé !!) ; et que ce point de détail sert amplement le scénario !!
Après avoir torché ça, de toute manière même en y passant un quart d’heure il gère la BO et les langues ce n’était pas dur à trouver, il se dit que si les scènes sont vides et qu’il y a que des dialogues qui font avancer l’histoire, il va tenter une bonne approche d’excellent réalisateur : il va rendre tout ça intéressant grâce à la caméra. Et donc il te fait des mouvements qui poutrent lors du dialogue entre les Basterds et le soldat allemand prisonnier pour ne pas avoir à couper sa séquence ; il filme Mélanie Laurent qui a fini de se maquiller par le haut de la pièce parce que la scène sert à rien mais ça va donner de l’intérêt ; il dose le moment où il montrera que le bon français de la première scène abrite des juifs, histoire que tu doutes d’abord du fait qu’il en aide et ensuite t’as envie de Wantz se casse parce qu’il est quand même sympathique. Mais ce n’est même pas fini ! Quand Diane Kruger s’est pris une balle dans la jambe, ben Tata il s’éclate à mettre de biais la caméra, ce qui te font mal à l’aise mais t’as du mal à comprendre pourquoi ! Et le must, c’est quand même le plan séquence dans le cinéma, avec tout l’Etat Major nazi, où il ne fait aucun cut et il ballade sa caméra au milieu des gens, genre il n’a pas besoin d’artifices pour que ses acteurs jouent bien plus de trois secondes et pour passer d’un endroit à l’autre de manière fluide. Et tout ça fait qu'on s'emmerde pas une seule seconde devant le film, malgré le vide qui l'habite. Chapeau !


CHAPITRE 5
Duel final


Ca se complique foutrement, à ce niveau. Reprenons. Quentin Tarantino ne fait pas du Tarantino (pas drôle, pas d’histoire, des acteurs qui sont dans leur rôle) mais qui, en réalité, en fait à mort (dialogues interminables, concept nihiliste du cinéma, réalisation très très impressionnante, folie scénaristique - le Fürher qui se fait tuer, un moment d'anthologie pour cette uchronie : toute la dernière partie repose sur le fait qu'on pense que le plan va foirer, mais finalement...) ! Mais pas tant que ça. Quoique, sa patte est plus que jamais présente depuis PULP FICTON.
Et donc on finit le film sur le cul, parce qu’on s’en fait avoir par la bande-annonce qui nous montrait un truc à l’opposé du vrai film, et finalement le vrai long-métrage il est encore mieux que ça.

Très agréablement surpris par le film, cinématographiquement très abouti ! Quand je me dis qu’INGLOURIOUS BASTERDS m’a quasiment réconcilié avec Quentin, c’est que le film est très fort ! En tout cas ça s’approche du chef-d’œuvre, et ça fait plaisir venant du réalisateur de PULP FICTION. Tarantino, MERCI !


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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 20:09 
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Inglorious Basterds, ou comment réaliser un fourre-tout gigantesque sur grand écran qui arrive quand même à taper méchamment fort le spectateur là où il ne l'attend pas. J'attendais de voir ce film pour plusieurs raisons. La première, c'était de voir si Tarantino allait, dans une filiation même lointaine, réaliser un nouveau Les Douze Salopards bien funky sur les bords et bien évidemment à sa sauce. La seconde, c'était de constater de mes propres yeux les bases des énormes écarts d'opinion qu'a engendré le film depuis sa première à Cannes cette année. Le sujet de base du film étant en plus un truc auquel j'aime bien m'y plonger (la Seconde Guerre mondiale, décaniller les gens n'étant pas mon sport régulier \o/), l'attrait du film était bien conséquent.

Le film commence et on se retrouve comme l'a écrit précédemment Ange Bleu devant une « arnaque » en règle : moi qui avait vu la bande-annonce du film il y a à peine deux semaines, je me suis demandé si c'était pas osé de chez osé de tromper à ce point le spectateur, qui plus est doublé d'un consommateur pour le coup. En effet, la bande-annonce déballe à foison le contenu des scènes d'action du film, tend à montrer que l'on se retrouve devant un film qui fait la part belle à ces séquences, et il n'en est finalement rien ou presque. Honnêtement, je comprends très facilement les personnes qui ressortiront déçues de la séance en y allant dans cette optique, c'est déplacé de vendre comme cela le film alors qu'il n'en a nul besoin... Mais bon, ce serait moins vendeur bien-sûr. Et puis, le plus fin des fins, c'est le coup des Bâtards. Ils sont tellement mis en avant depuis le début de la promotion du film que l'on se retrouve à constater... que ce ne sont pas les héros du film et qu'ils sont loin de monopoliser l'écran. OK, sur le plan marketing, Brad Pitt attirera toujours plus sur une affiche des gars comme moi que l'illustre inconnu Christoph Waltz (le mieux, c'est que si on regarde sa filmographie, on se demande comment un acteur pareil à pu émerger de ce genre de séries TV germaniques que nos aînés regardent sur France Télévision chaque après-midi...) mais quand même, Brad Pitt est tellement la figure de proue attendue du film que l'on se demande où il se cache durant ce dernier. Pour le coup, ces à-côtés du film, bien qu'ils ne jouent pas sur sa valeur, ont quand même tendance à ne pas valoriser sa réputation.

Mais voilà, contre toute attente, moi allait voir normalement un film bourrin et stylé avec une pincée de longs dialogues propres au sieur Tarantino ; j'ai découvert le Chapitre 1. Et là, c'était juste surréaliste. Le bocage normand se transforme sous sa coupe en paysage des Midlands américains. Le fermier ressemble à l'archétype du pionnier du Far-West, le chasseur de Juifs à celui du méchant pas beau de la région qui veut toujours quelque chose qui appartient au brave monsieur. Et là, pour moi, c'était juste d'une puissance décapante de reprendre avec autant de minutie les codes du western spaghetti pour les coller sur un tel film. Un peu plus, et on aurait pu avoir Terence Hill et Bud Spencer qui passaient dans le coin pour coller des marrons aux nazis que cela n'aurait pas choquer. ^_^ Le Chapitre 1 est pour moi l'une des meilleures surprises du film dans sa composition, car au delà de l'enrobage bien amené, il y a le colonel Landa, le gars qui te fait faire dans ton pantalon et qui tient le film presque à lui tout seul. La tension dramatique autour de ce premier dialogue était juste terrifiante, et la conclusion du chapitre malsaine à souhait. Une superbe introduction pour le film est l'un de mes meilleurs souvenirs que je garderai de celui-ci.

En parlant de traitement purement stylistique, Tarantino s'en sort plutôt bien avec sa touche donnée à cette période évoquée. À l'instar du Marie-Antoinette de Sofia Coppola, le mélange des genres tant dans les ajouts graphiques que la musique passe bien, même si honnêtement je m'attendais à ce qu'il aille plus franchement dans cette voie, mais peut-être que cela aurait conduit à un excès indigeste qui sait. Bon point pour le film, c'est assez barré dans le style sans être trop oppressant. Vient ensuite l'intérêt des diverses histoires pour apprécier ou non le film. Celle qui m'a le plus filé les jetons est celle de Shoshanna. Le personnage traine une telle noirceur autour d'elle que l'ambiance est très lourde quand arrive ses séquences. Pour ça, je garderai l'impression donnée par la scène de dégustation des Strüdels qui jalonne bien un chemin très tortueux vers une conclusion qu'il l'est bien plus. Quant aux Bâtards, outre leur présence pas très marquée dans le récit, je retiens surtout qu'ils servent plus de liants à certains moments qu'autre chose, même si le comique qui est lié à certains d'entre eux marche bien dans un film où les occasions d'avoir des choses légères sont rares. Avant que j'oublie, j'ai bien apprécié le personnage campé par Diane Kruger qui donnait quelque peu de glamour à une histoire très sombre et violente.

Mais le souvenir qui restera le plus marquant pour moi à propos de ce film (en dehors du fait que j'ai compris qu'il en fallait peu pour me visser sur mon fauteuil d'horreur avec les scènes d'exécutions, de scalps ou de « marquage »... ^_^;), c'est sa conclusion. Lors du final du film où tout le gotha nazi est massacré dans le cinéma, j'ai été littéralement traumatisé par cette scène. OK, on est tous contents que les nazis s'en prennent plein la figure à la fin mais quand même, j'ai presque trouvé le tout insupportable à cause de sa violence. OK, c'est peut-être dû au fait que je sois une petite nature, mais quand même, j'ai trouvé que Tarantino nous ouvrait presque les portes de l'enfer avec cette scène. L'incendie, le chaos qui s'ensuit, l'arrosage aux mitrailleuses, les explosions et le fantôme d'une martyre qui donne la monnaie de leur pièce à ses bourreaux... c'était personnellement assez traumatisant dans la traduction de l'horreur de la situation. Et puis, voir cette scène a automatiquement réveillé mes réflexes de pseudo-historien : je ne sais pas si d'autres personnes l'on perçu comme ça mais en dehors de son inscription dans le film, cette scène ressemble presque à la scénarisation d'un désir qui n'a jamais pu être concrétisé, comme si cette uchronie avait plus de valeur symbolique que la volonté de Tarantino de s'affranchir au final des limites de l'Histoire. J'imagine ainsi que le réflexe qu'a le personnage d'Eli Roth, l'Ours juif, avec le cadavre de Hitler s'inscrit clairement comme l'expression d'un fantasme qui sera à jamais inassouvi des sociétés occidentales (toi au fond qui n'a pas écouté tes cours d'Histoire avec attention, ou du moins j'dis ça à EnOd histoire que tu te casses pas la tête à comprendre ce délire trop débile pour être vrai, va regarder la fiche Wikipédia de cette honte de l'Histoire et remémore toi qu'elle était la condition de la découverte de son cadavre lors de la bataille de Berlin par l'Armée Rouge ^_<). Symbolique ou non voulue par Tarantino, je n'en sais absolument rien, mais j'imagine sans mal les mécanismes qui ont pu amener une telle scène, c'est ce pourquoi j'aimerais bien lire dans les mois qui viennent un papier d'un vrai historien qui tient la route sur le sujet.

De très grosses digressions de part et d'autres pour écrire, et vous l'aurez très certainement compris si vous avez survécu jusqu'ici, que j'ai bien aimé l'aventure que nous livre Tarantino dans ce contexte si particulier. Je n'irais pas jusqu'à crier au génie pur pour l'ensemble du film, néanmoins, certaines scènes sont à coup sûr des références à venir dans sa filmographie, et la polémique autour du film aidant, on en entendra encore je pense beaucoup parler par la suite. Un film atypique qui vaut au moins que tout à chacun se fasse une opinion dessus.

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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 21:21 
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Bullzor a écrit:
Lors du final du film où tout le gotha nazi est massacré dans le cinéma, j'ai été littéralement traumatisé par cette scène. OK, on est tous contents que les nazis s'en prennent plein la figure à la fin mais quand même, j'ai presque trouvé le tout insupportable à cause de sa violence. OK, c'est peut-être dû au fait que je sois une petite nature, mais quand même, j'ai trouvé que Tarantino nous ouvrait presque les portes de l'enfer avec cette scène. L'incendie, le chaos qui s'ensuit, l'arrosage aux mitrailleuses, les explosions et le fantôme d'une martyre qui donne la monnaie de leur pièce à ses bourreaux... c'était personnellement assez traumatisant dans la traduction de l'horreur de la situation.


Ma scène préférée ! Franchement je pense qu'il ne faut pas se poser de questions, en tout cas je ne m'en suis pas posé dans ce cas là. Il faut profiter du peu de "prises de liberté" qu'il y a dans ce film et c'est sur ce genre de scène que je prends mon pied. D'ailleurs, je comprends cela mais c'est limite que ça m'étonne à chaque fois que je lis où j'entends qu'après tout, ce genre de scène choque.

Citation:
Et puis, voir cette scène a automatiquement réveillé mes réflexes de pseudo-historien : je ne sais pas si d'autres personnes l'on perçu comme ça mais en dehors de son inscription dans le film, cette scène ressemble presque à la scénarisation d'un désir qui n'a jamais pu être concrétisé, comme si cette uchronie avait plus de valeur symbolique que la volonté de Tarantino de s'affranchir au final des limites de l'Histoire.


C'est vrai c'est ce que j'ai ressenti aussi, et ça par contre je me suis posé la question. Ok la nazis ont fait des horreurs mais sur le coup cela amène les juifs sur le même plan que leurs ennemis : les massacrer sans vergogne. Et ce n'est vraiment pas glorieux. Mais c'est un film de Tarantino donc bon... Je ne sais pas ce qu'en pensent les juifs qui ont vu Inglorious Basterds mais ce serait intéressant d'avoir un autre point de vue.

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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 21:39 
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D’un autre côté, Tarantino a bien pris soin de localiser cette fameuse scène dans un cinéma, sous-entendu évident d’après moi. D’ailleurs, je parlais aussi du dialogue entre le réalisateur et le spectateur : bien entendu, il ne s’agit que de mise en scène. Le fantasme, à la base, c’était de voir du "maravage" extrême de nazis – plaisir jouissif suggéré par la bande-annonce (dont on ne retrouvera même pas toutes les scènes il me semble). Inglourious Basterds se montre quand même très frustrant à ce niveau ; et à ce titre, sa conclusion se présente plus ou moins comme une libération de toute la frustration accumulée pendant toute la projection. Ça me rappelle un peu Dogville en fait.

Je n’en mettrais pas ma main à couper, et comme on insiste, je ne suis sans doute, une fois encore, pas le mieux placé pour en parler, s’agissant d’histoire, mais pour moi, Tarantino n’a voulu proposer qu’une vision alternative, quelque chose de différent de ce que l’on voit habituellement sur les écrans. Je me répète mais il s’essaie à la Liberté, peut-être la plus grande de sa carrière.


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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 22:03 
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La liberté prise sur l'Histoire ou même sur le présent "réel" est une des grandes caractéristiques de la série Z et du cinéma de "vidéo-club" qu'affectionne QT.
Une grande part de l'oeuvre de QT consiste à rendre grand public ce "sous-cinéma", considéré comme non-noble et comme de la sous-culture dans tout son sens péjoratif - de lui apporter une vraie reconnaissance auprès des "huiles" et de montrer que c'est de l'art véritable.
En vrac et non exhaustif :
Pulp-fiction : on réhabilite les pulps qui ont toujours été considéré comme de la sous-littérature de bazar - et Lovecraft en sait quelque chose...
Jackie Brown : hommage à la blaxploitation
Kill Bill : Film de karate en général
Boulevard de la Mort : le slasher mécanique de vidéo-club par excellence
Inglourious Basterds : le récit de guerre de série Z ou de comic (DC comic regorge de ce genre d'histoires).

Bref au vu de cet aspect de son travail, la conclusion d'Inglourious Basterds n'a rien de spécialement surprenante : elle s'inscrit dans une continuité de genre que QT affectionne.

D'ailleurs certains commentaires à Cannes que j'avais entendu me paraissent éloquents. En synthèse => "Ce film est génial comme tous les autres mais quand est-ce que Tarantino va faire un vrai film ?"

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MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 22:30 
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Je me suis peut-être mal exprimé précédemment mais je n'ai pas de problèmes quant au fait que Tarantino prenne des libertés plus qu'énormes avec l'Histoire dans son final, il choisit les directions artistiques qu'il souhaite à ce sujet. ^_^

Quand j'écris que la scène m'avait traumatisé, c'est uniquement à cause de sa mise en scène, qui est carrément horrifique à mes yeux. Je vais rarement voir des films ne serait-ce que interdits aux moins de 12 ans et en conséquence, la violence de l'action relatée par Tarantino dans cette scène touchait à son but avec moi en tant que spectateur, à savoir que ça m'a horrifié même si le film légitime une telle chose.

Ce qui m'intéressera donc de lire dans les mois à venir, je le répète, c'est la lecture d'historiens de cette fameuse scène pour voir dans quel contexte de pensée contemporaine il s'inscrit ; car bien évidemment au delà de l'artiste il y a l'homme et c'est toujours intéressant de comprendre les influences de l'homme dans son temps qui se sont glissées dans le travail de l'artiste.

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MessagePosté: Mer 26 Aoû 2009 08:42 
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Bon ben j'ai beaucoup aimé. Mais bon, je suis très bon public avec Tarantino, un des réalisateurs que j'ai adoré ado, et que je continue d'aimer énormément maintenant. La question qu'on peut se poser, c'est de savoir s'il a bien là réaliser son "master piece" comme le dit la dernière réplique du film ou non. Je dis ça juste pour Leto - ça fait longtemps qu'il a pas bisqué - parce que Pulp Fiction est pour moi, rétrospectivement, peut-être le moins bon des Tarantino (en fait simplement pas encore mature. En faisant un peu abstraction des longeurs d'un Deathproof pas dans son format idéal).

Ce qui m'a plu, c'est comme d'habitude, et là je rejoins complètement ce qui a été dit, ce sont les qualités de Tarantino: la musique (rendre la lettre à Elise supportable dans un film, fallait le faire), les dialogues (monstrueux), la direction d'acteur (géniale), la narration (chapitrée, pour pas changer), et la mise en scène (dernière scène: l'écran de fumée, idée sublime).

A ça on rajoute la question des langues, la jubilation des corps et tout le jeu sur les codes cinématographiques, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas normalement devant une caméra, on secoue, et ça fait un très bon film, un pur Tarantino pour moi.

Reste de très bizarre et "problématique" le potentiel discours du film. Non pas que je pense que Tarantino tienne un discours autre que cinématographique dans ce film (pour moi c'est une grosse parabole sur ce qu'est le monde du cinéma pour lui, avec son orthodoxie etc., mais surtout les pouvoirs d'illusion du cinéma: fiction ou réel?, comme dans le jeu de l'identité dans la cave), mais il y a un contexte historique qui entraine une lecture "politique" au sesn large. J'aurai tendance à penser que Tarantino se moque de nous, là, mais bon, il y a un côté presque génant dans cet affrontement monstrueux nazis/juifs. Et Tarantino semble s'en sortir par le grotesque et la surenchère.

Je reviens là-dessus, pas que ce soit ce qui m'intéresse le plus, mais parce que je pense que ce doit être un des trucs qui doit susciter des réactions. Et pour prolonger ce que dit EnOd, il y a bien une dimension cathartique dans la scène finale, mais pour moi pas du tout comme chez Lar von Trier. Je ne suis pas gêné par Tarantino parce que d'une part c'est grotesque et parce que d'autre part ce n'est pas son propos premier, mais plutôt une fausse piste. Par contre, chez Lars von Trier, je suis souvent embarrassé, très mal à l'aise. Passons le cap du point Godwin: Lars von Trier serait du côté des facho, pas Tarantino, en tant que cinéma.

Je passe le point, parce que je me demande si justement il n'y a pas de ça dans le film de Tarantino: se foutre de ce cliché de la comparaison, en la jouant à fond monstrueuse dans ce film, en "confondant" presque bourreau et victimes au moment de la Shoah.

Pour finir, je répète le plaisir que j'ai eu à voir ce film, qui réaffirme qu'en plus de l'image et du son, un film c'était une langue dans laquelle pensait le réalisateur. Et là, Tarantino nous fait un truc énorme. La fin et cet écran de fumée!! Il me semble que l'expression est la même en anglais (les anglicistes, si vous pouvez confirmer/infirmer). Dans un cinéma, ça prend(rait) une portée assez magnifique!!

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MessagePosté: Mer 26 Aoû 2009 09:47 
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Par rapport au message de seleniel. Pour moi, je dirais que c'est son masterpiece, rien que parce que je persiste à dire que c'est un film complètement à contre-courant de ce qu'a l'habitude de faire Tarantino (par exemple, le récit est certes découpé en chapitres comme à son habitude, mais la narration se veut linéaire, contrairement à ses habitudes ; du coup, j'ai l'impression que c'est plus une feinte qu'autre chose).

Pour Pulp Fiction, qu'est-ce que tu entends par "pas encore mature", seleniel ? Je te demande ça parce que je ne pense pas que tu fasses référence à sa place temporelle dans la filmo de Tarantino, vu que ce point précis, je ne crois pas que ça puisse toujours signifier grand-chose (le premier exemple me venant à l'esprit est Tobe Hooper, réalisateur dans ses débuts d'un des plus grands films expérimentaux de tous les temps avant de s'éteindre). En plus, je ne cache pas que je l'aime plutôt bien Pulp Fiction moi, même si j'ai un faible pour Jackie Brown.

Et pour revenir très rapidement sur Lars von Trier, si ça m'était destiné, je tiens à préciser que je n'ai jamais comparé Tarantino au cinéaste danois. A peine ai-je dit qu'Inglourious Basterds me rappelait Dogville, et encore, dans les très grandes largeurs. Sinon, j'aime beaucoup LVT, tout d'abord en tant que réalisateur à proprement parler.


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