Je joue les nécromancienne, préparez-vous à la résurreeectiooon du tooopic.
J'ai eue la chance d'assister à une séance d' Un Prophète en présence du co-scénariste, Thomas Bidegain et c'était une très bonne nouvelle. Il faut dire que lors de ce genre d'évènement j'ai été souvent déçue: les responsables du films qui, finalement, ne viennent pas, pour cause de flemme ou de cuite on ne sait pas. Ou des gens qui, finalement, n'ont rien à dire sur le film (combiens de bonus DVD hyper décevants ? Beaucoup trop)
La, Thomas Bidegain était clairement fier de son boulot, et trois ans après la sortie du film, semblait pouvoir nous en parler pendant les trois prochaines années. Donc une conférence passionnante durant laquelle j'ai pris quelques notes que je vais essayer de retranscrire au mieux. J'inclus des commentaires un peu plus persos dans une couleur différente, histoire qu'on fasse la différence entre ce qu'il a vraiment dit et ce qui relève de l'interprétation de ma part. Evidement, ça spoile méchamment le film, mais bon, ça fait trois ans, il a reçu plein de prix, il est super même s'il dure BEAUCOUP TROP LONGTEMPS : vous attendez quoi pour l'avoir vu ?Sur le personnage de Malick.Le cinéma c'est une histoire de représentation
On est en déficit de représentations. Donc trouver un truc nouveau à représenter, c'est déjà intéressant.
Il a commencé par cette phrase et déjà c'était un super début, que je vais pouvoir recaser dans TOUTES MES CRITIQUES DE FILM. TOUTES. Parce qu'il étant évidement représentation au sens social du terme, et donc l'idée de base du film, c'est bien avoir un héro arabe
(on ne voit pas ça souvent) dans une prison française (on ne voit pas ça souvent non plus).
"Thème connu: le film de prison. Mais les gens connaissent la prison américaine, beaucoup représentée (ou on prend les repas en commun, par exemple alors que les détenus français les prennent seuls dans leurs cellules) et pas du tout la prison française, très peu représentée, cachée parce que vétuste et surpeuplée. (
Renseignez-Vous sur ce sujet, le commissariat aux droits de l'homme fait des circulaires là-dessus) On rentre dans la prison avec Malick =/= d'avoir un plan aérien de la prison comme premier plan du film, comme ça se fait dans les films américains. Ces plans de skyline posent la question de "qui regarde au juste? Dieu ?" Ici on prend le point de vue de Malick donc pas de vue aérienne de la prison.
Malick est un héro qui part de rien et triomphe. Un récit classique de la construction du héro, donc.
Cette manière de voir les choses m'a interpellée parce que pour moi c'était un antihéros (meurtre, traffic, ect..) mais de son point de vue à lui, le film raconte un apprentissage par le Mal. Si Malick n'était pas allé en prison son espérance de vie était faible, il serait mort d'une overdose dans un squat avant 30ans. Là il y entre à 19 ans , alors qu'il n'est pas un bandit. Mais la prison le forme, et même si elle le transforme en bandit, c'est bon pour lui: Il en sort plus aguerri, plus intelligent, qu'il n'y est entré. Il en sort avec une famille (une femme, un fils et des amis) alors qu'il y est entré complètement seul.
Ce n'est pas un élément que j'ai trouvé très clair parce que je n'avais pas compris à quel point il n'avait rien en entrant. Mais il y entre illettré, sans famille (il a été élévé en foyer). Ce n'est pas une petite frappe quant il entre, c'est un sdf camé qui passe sa vie sur des bangs, dans des squats.
Cet élément de son parcours a été inspiré par les vrais détenus que lui et Jacques Audiard ont rencontrés lors que leurs visites de prisons. Plus que des hors-la-loi, ils ont eu le sentiment de rencontrer des gens vivant dans le plus extrême dénuement.
Dans le film, Malick à deux objectifs:
1/ devenir un être humain
2/ survivre
A la fin, plutôt que de monter en voiture il part avec la fille à pieds et fait signe aux voitures conduites par les membres de sa bande de rester à distance. C'est parce que L'objectif "devenir un être humain" à prit le pas sur l'objectif "survivre" qui était prédominant. Pour lui, ce changement intervient dans la scène ou il prend le bébé dans ses bras.
(Mais je n'ai pas trouvé ça clair du tout)Malick nous intéresse parce qu'il apprend.
WYSIWYGWhat you see is what you get. Tout ce que Malick fait, on le voit l'apprendre avant. Que ce soit tuer, parler Corse, monter un trafic. C'est apparemment un procédé très utilisé par les frères Cohen.
Slow Préparation, fast exécution: la mise en place de l'action est plus intéressante que l'action elle-même.
On pourrait voir les bandit préparer leur attaque de banque pendant des plombes et enchainer sur un cut des mecs qui courent avec les flics au cul: l'attaque de la banque, osef.
Humaniser Malick: jamais il en devient un tueur, sinon c'est foutu, l'objectif "devenir un être humain" est foiré. Ce devient un film à la
Scarface, ect …
Il fallait montrer qu'il a une conscience, et pour ça, souvent on montre le héros pensif à sa fenêtre, qui regarde la pluie tomber. Or le film dure 7ans : ça fait trop de fenêtres. D'où la présence du fantôme.
Il en profite pour ajouter qu'il beaucoup entendu louer le film pour son réalisme, la retranscription de l'univers carcéral "on s'y croit", mais que "c"est quand même un film avec des fantômes et des biches qui volent"
"Cette France ou nous vivons ou le Pacte Social est malmené" est l'environnement du film, et c'est dans cet univers que Malick, parce qu'il n'est "rien", donc mobile et non-affilié, va savoir jouer cette carte entre des gens qui eux sont très communautaires : les Corses, qui sont Corses à mort, mangent du saucisson de sanglier, parlent Corse, rêvent corse, et les "Barbus", là aussi très Barbus. (Voir la scène ou l'un d'entre eux met un bonnet de Père Noël et ou un autre le lui arrache ). Ces gens s'enferment.
CÉSARPrincipe de cinéma: "LE PREMIER MENSONGE"
>>Le cinéma, c'est pas la réalité. C'est l'illusion. Notamment celle de faire passer un acteur danois blond aux yeux bleus pour un mafieux corse crédible.
(Ou la scène de fusillade avenue Courcelles pas hyper réaliste, mais problème des scènes d'action: c'est difficile. On avait même fait des story-board, mais…)
Eviter la relation paternelle entre César et Malick: difficile, c'est quand même une histoire d'apprentissage. Pour cela, à chaque fois qu'il se mettent d'accord sur un truc c'est un "deal" âprement négocié : tu fais ça pour moi, je fais ça pour moi…. César c'est le Diable. lorsqu'il va se passer un truc bien il te met une tarte d'abords, mais lorsqu'il est gentils, c'est que ça va mal se passer.
EnvironnementLa prison est un décor inspiré par la vraie de Fleury Merogis et d'autres prisons. Comme celles qu'ils ont visité, ils l'ont voulu moderne mais déjà délabrée.
Ils ont eu beaucoup de mal à obtenir l'autorisation de visiter des prisons. L'univers carcéral est fermé est honteux. Différents dans d'autres pays ou les prisons étant bien gérées, il n'ya pas de problème pour les visiter.
Tous les figurants sont des anciens détenus, ça pose l'ambiance. Les acteurs sont pas tentés d'en faire trop.
Un Prophète ?Bob Dylan "
I know my song tell before i sing it" à mettre en parallèlele avec la Sourate du Coran que cite le fantôme: un épisode ou le prophète va sur la montagne pour chercher les écritures et ou il réalise qu'il n'a qu'à les réciter, qu'elles sont déjà en lui.
Parrallèle avec Malick: il avait déjà un potentiel, une intelligence, en lui. La prison lui permet de le réaliser.
À Propos du Titre: "déjà "
Un Prophète" c'est un bon titre. "
Le Prophète" c'était le titre du scénario de base qui traînait dans le milieu et ils l'on gardé presque à l'identique. Dans ce scénario, écrit par deux autres scénaristes, le héro était en prison pendant la première demi heure et puis, il sortait et là ça devenait un film de mafieux plus classique. Thomas Bidegain a eu le post de scénariste en proposant la réécriture que nous connaissons, que tout le film se passe plutôt en prison.
Ils ont donc inclus la scène de la "prophétie", (rêve bizarre et biches qui volent) un peu parce que ça permettait de recaser le titre. Je me disais aussi...(Voilà, maintenant le topic peut re-mourir)