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 Sujet du message: The Wrestler
MessagePosté: Mer 18 Fév 2009 20:12 
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Le 4 Février, Deu$ a écrit:
J’ai hésiter à mettre « chef-d’œuvre », mais on peut pas sortir ça à la légère quand même et donc je préfère le garder pour The Wrestler.


Et donc, The Wrestler est un chef-d'oeuvre.

La dernière réalisation du génie surdoué Darren Aronofsky à qui l'on doit notamment (petit rappel pour les incultes) le bouleversant Requiem For A Dream et le fascinant The Fountain. Inutile de préciser qu'il fait partie de mes réalisateurs préférés et c'est donc avec une réelle impatience que j'attendais son nouveau film.

A l'époque, quand j'avais vu les premières news et informations à propos du film, avec Nicolas Cage dans le rôle titre et tout ça, je me suis dit que ça serait encore un film génial, un voyage magnifique et étrange dans le monde du catch après celui de la drogue et de la vie/mort.

Que Nenni!

Rien d'étrange ou de bizarre dans ce film, rien que la vie, le quotidien, de Randy "The Ram" Robinson, anciennement star du catch, véritable vedette avec des jeux vidéos, des figurines etc à son image, mais qui contrairement à des types comme Hulk Hogan and co. est tombé complètement dans l'oubli et n'est plus qu'aujourd'hui qu'un vieux fossile, dernier vestige d'une époque révolue.

J'avoue que j'étais un peu sceptique lors du visionnage de la bande-annonce il y a quelques mois et aussi un peu déçu, mais finalement après avoir vu toutes les critiques, les nominations, les récompenses etc, je me suis dit que merde quoi, on tient un grand, très grand film.

Darren Aronofsky contre tout attente quitte son monde onirique ou cauchemardesque au choix, pour nous offrir un film à première vue simple, mais terriblement puissant. Filmé caméra à l'épaule, donnant ainsi un petit côté documentaire, on suit ainsi cet homme qui a tout perdu, qui est passé de super-star à simple petit employé. Un homme complètement dépassé par le monde qui l'entoure, qui est resté prisonnier de l'ancien temps. Darren Aronofsky utilise d'ailleurs pas mal de très bonne idées pour accentuer cette idée (la musique, les jeux-vidéos...). Mickey Rourke offre une prestation tout bonnement hallucinante! Tout le monde parle de "résurrection", je crois plutôt que c'est une naissance, la naissance d'un des acteurs les plus marquants, touchants et bouleversants qui soit. Un peu comme pour Heath Ledger et le Joker, ce n'est pas un acteur qui joue un personnage, mais juste un personnage, un être humain. Le rôle semble d'ailleurs être fait sur mesure pour Mickey, vu que Randy pourrait être lui: ils ont tous les deux connus la notoriété, le succès, pour ensuite retomber complètement dans l'oubli. Je pense d'ailleurs que le rôle a dû être à la fois facile et difficile pour Mickey Rourke: facile, parce-qu'il a déjà été dans les mêmes situations que Randy et qu'il sait donc comment on réagit dans ces moments-là, qu'est-ce qui se passe dans notre tête etc et difficile, aussi et justement parce-qu'il a vécu ces moments difficiles et que ça a dû lui rappeler des souvenirs et des moments pas très joyeux. D'ailleurs il a suffit de voir la cérémonie des Golden Globes pour se rendre compte à quel point il était impliqué et combien ce film est important pour lui.

Les autres acteurs sont aussi tous très bons, avec essentiellement la belle Marisa Tomei en strip-teaseuses vieillisante, à la fois ami et confidente de Randy. Mais de totue façon, tout est génial dans ce film, le montage, les acteurs, la musique, la magnifique bande originale (pas pour rien que le morceau a obtenu le Golden Globe de la Meilleure Chanson) ayant d'ailleurs été composé gratuitement par Bruce Springsteen pour son ami Mickey, car pour lui, "Mickey devait revenir à la place qui est la sienne".

Bref, un film à l'image de son acteur principal, puissant, émouvant, magnifique.
Un film qui confirme le talent de son réalisateur et surtout marque la (re)naissance d'un grand, très grand acteur.
Je le répète, un chef-d'oeuvre tout simplement.
Vous me croyez si je vous dis que j'ai terminé le film les larmes aux yeux?


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MessagePosté: Sam 7 Mar 2009 02:21 
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Je sors tout juste de cinéma, faut donc pas trop m’en demander. En tout cas, me voilà enfin réconcilié avec Aronofsky ! Certains le savaient déjà : je n’ai jamais aimé Requiem for a dream, et j’ai toujours considéré The Fountain comme l’un des films les plus moches de ces dernières années. Enfin bref, qu’importe ! car, c’est incontestable, The Wrestler est (enfin) un très bon film !

Le réalisateur nous offre une plongée remarquable dans la vie de Randy qui ressemble plus à une mise à mort qu’autre chose. Tout particulièrement, durant tout le film, je me suis demandé quel pouvait être le sens de ces travellings longs, centrés exclusivement sur le catcheur, toujours de dos. Jusqu’à ce que la réponse se livre d’elle-même : Randy poursuit un passé fuyant, cette gloire perdue, qui le regarde de plus près qu’on ne pourrait jamais le croire, qui le suit, narquois, fixant attentivement ses déboires.

Chose étrange qui ne fait qu’accentuer cette sensation de malaise patente : ces travellings en question ne font surface que lorsque Randy, d’une manière ou d’une autre, se retrouve confronté au monde du catch, cette passion qui a autant fait sa renommée que sa chute. Comme pour ne pas oublier ces vestiges d’un temps devenu poussière, il s’accroche désespérément à son nom, à son titre, ainsi que l’attestent les passages de la pharmacie ou de l’hôpital. « Randy », un surnom, semble être l’essence de sa vie : le catcheur y tient plus qu’à son identité véritable. Ce n’est plus une couverture, il est, en fin de compte, rongé par son obsession. En un mot, au fil des ans, il est devenu un être prisonnier, esclave de cette drogue. Comme on dit, qui vit par le catch mourra par le catch.

Néanmoins, il tente, tant bien que mal, de se sortir de cet étau qui le consume : essayant d’abandonner cette identité factice, il veut entrer dans la vraie vie. Mais pour en arriver là, une blessure du cœur lui sera nécessaire, tant métaphoriquement que physiquement. Alors, il cherche à renouer avec sa fille, elle aussi – tiens donc ! – meurtrie par une blessure du cœur, mais dans une expression différente. Au fond, le seul espoir pour Randy de quitter cet enfer pour retrouver un peu d’air, c’est de tirer un trait sur sa passion. Remarquons à cet effet que c’est justement lorsqu’il fléchit et décide de laisser de côté son entêtement qu’il parvient à soutirer un sourire à sa fille, puisque c’est grâce à la stripteaseuse qu’il va pouvoir gagner son pardon. Mais comme un mauvais sort, le passé finira par rattraper le malheureux catcheur : quand sa fille lui dit qu’un dîner serait possible le samedi, Randy marque un temps d’arrêt, une infime hésitation qui se révèlera décisive : tout sauf le week-end, car il y a le catch.

Destins croisés : Pam hésite elle aussi entre son « client » et son travail, qui, s’il n’est pas une passion pour elle, reste une attache conséquente. A cause de cette fermeture d’esprit, la stripteaseuse laissera passer sa chance ; et sa volte-face finale arrivera, fatalement, trop tard. De même, parce que Randy, sur un énième long travelling avant, filmé de dos, combien même ne fera qu’ « assister » à un combat de catch, se perdra dans la fureur d’une nuit torride, concluant à la rupture irréversible entre sa fille et lui-même. Le plan marquant son départ de la maison de Stéphanie est gonflé de mélancolie et de tristesse : toujours filmé de dos, la caméra, cette fois-ci, ne le suivra pas. Le mal est déjà fait : Randy est condamné. Pas besoin de surveiller un mort.

Entre la gloire et la vie, il faut choisir. Encore que la gloire pourrait faire vivre, précisément. Du moins, c’est ce qu’en conclut Randy, qui, dans un ultime sursaut décide de se perdre une dernière fois, juste une dernière, dans sa passion : le catch. Pour ce faire, il démissionne… de la vie. Le voilà sur un ring, là où est sa place. Pam le regarde de loin avant de partir. Avant que Randy ne parte à son tour, esclave à jamais du catch. Or, pour les esclaves, il n’y a pas d’autre liberté que la mort elle-même.

Chapeau !


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MessagePosté: Sam 3 Oct 2009 20:58 
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Inscription: 06 Avr 2006
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Le genre de film que… que… que j’adore, tout simplement. En voyant maintenant cette nouvelle production d’Aronofsky, j’m’en veux encore plus de ne pas m’être déplacé au cinéma. D’autant que j’en ai beaucoup entendu parler, aussi bien dans l’univers du catch, qu’en-dehors.

Je ne serai pas aussi précis qu’EnOd ou Deu$ dans mon ressenti et compte-rendu de ce que j’ai visionné, j’n’en ai pas le niveau. Et puis, ils ont déjà bien expliqué ce qui faisait l’essence du film : personnages et acteurs magiques, réalisation au service du propos, thème de l’addiction… Je me permets juste de revenir sur le côté documentaire, le détail qui m’a le plus accroché.

Partons d’un constat simple : The Wrestler possède des aspects de documentaire. En effet, la caméra, portée à la main, donne déjà cette impression, cette incursion forte dans le réel. On suit régulièrement Randy, à la manière d’un portrait qui serait fait de l’homme, et principalement lors des scènes ayant pour sujet le monde de la lutte. Lors des combats en eux-mêmes, la caméra se place à l’intérieur du ring, de manière peu ordinaire pour ces évènements, gagne en intensité et en puissance, à la manière de la caméra de Martin Scorsese dans Raging Bull. Le public, scandant « USA ! USA ! » renforce l’immersion incroyable (seul défaut : les cris auraient pu être gardés en anglais ^^). Jamais un spectateur ne pourra dire qu’il était autant dans le match, que lors de ces passages.

Les références sont légions, et dispersées aux quatre coins du film. The Ram assouvit sa passion à la CZW, fédération hardcore particulièrement sanglante (utilisation d’agrafeuses, de barbelés, de poubelles au programme, habituel dans la dite-fédération) : les posters du vestiaire en témoignent, tout comme les extraits d’un Extreme Rules Match, ou le tapis du ring. La ROH apparaît en fin de film. Les séquences d’avant et d’après affrontement, en coulisses, reflètent autant ce côté vraisemblable que veut se donner la réalisation : sont mises en exergue les entrevues entre futurs adversaires, se décidant quant à la manière de se fracasser, quelques dizaines de minutes plus tard. Les petits trucs apparaissent alors à l’écran : les heel qui s’arrangent pour se faire détester de la foule, la partie du corps sur laquelle tel ou tel catcheur va se centrer, les lames de rasoir cachées au niveau du poignet… L’apparition de véritables catcheurs nous est offerte, bien que je n’aie reconnu que R-Truth, personnellement (dans les crédits sont nommés Tony Atlas, Jimmy Superfly Snuka… M'enfin, ils ne doivent être nommés que pour apport hors-caméara, je pense que je les aurai reconnus ^^).

Tous ces détails, et j’en passe, permettent à l’amateur de catch de passer un moment formidable, dans l’intimité des professionnels. Cette raison d’apprécier le film peut paraître enfantine ou gamine. Il n’empêche que je ne peux qu’adorer cette plongée dans le milieu. Couplée à un scénario plus que réussi, et à des prestations d’acteurs d’un niveau spectaculaire, rien à dire : The Wrestler est un très grand film.

_________________
« No gods or kings. Only man. »


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