(Bande annonce)

~ Avis ~

A en lire le résumé et à voir qui tient le rôle d'Alfred Puc (alias Fernandel), on pourrait croire que ce film est un film humoristique. Oui et non.
Oui, car on rigole de voir Alfred s'évertuer à vouloir chercher et trouver cette fameuse armoire où est enfermée sa pauvre grand mère. Même si effectivement, sa grand mère lui faisait vivre un petit calvaire avec son caractère bien trempée, il l'aimait bien et en prenait bien soin (cf vidéo ci-dessous). Pour preuve, il lui demande à plusieurs reprises avant son voyage, si elle ne veut pas qu'il y aille à sa place par ce froid pareil). Et cet amour se répercute sur la volonté - une fois appris qu'elle était bel et bien morte de froid, de vouloir l'enterrer dignement. Le fait déjà de la savoir dans l'armoire lui cause déjà des soucis, mais s'il faut rajouter que cette armoire a été volé (en même temps que le camion dans lequel elle se trouvait) et que sa grand mère se balade n'importe où, il a de quoi être vraiment inquiet ! Ce français moyen se retrouve vite fait aux prises avec l'absurde.

Le pauvre ne sait plus où aller, où chercher, où donner de la tête. On se demande d'ailleurs si tout le monde n'est pas ligué contre lui - tant ce qui lui arrive peut paraître invraisemblable (cf aussi avec la gardienne commère et ses suspicions). On peut même penser que les péripéties qui lui arrivent semblent "vaudevillesques" (l'armoire se dérobe toujours. Mieux, il y en a plusieurs, toutes semblables). Que de rebondissements en rebondissements. On en arrive même (avec humour) à se demander lorsque l'on voit une armoire à glace : "Est-elle dedans ?", "Est-ce la bonne cette fois?" ... "Eh bien, non ! Perdu !" On compatit certes, mais c'est aussi tellement drôle de le voir chercher et se donner tant de mal ... ^__^

Bref, comme je vous le disais le film est certes teinté d'humour (vu les situations rocambolesques qui ne cessent d'arriver à Alfred), mais c'est tout de même de l'humour noir. Humour noir pour plusieurs raisons. Tout d'abord, déjà le fait que la grand mère se retrouve morte dans une armoire à glace, qui plus est armoire qui se fait voler ...
Que l'on mette un cadavre dans une armoire, ça peut se concevoir; mais si on rajoute la fait que cet armoire se fait voler et se met à voyager par-ci, par -là ! C'est certes amusant au point de vue de l'aspect et de la mise en scène que le film donne, mais il faut bien avouer que la situation peut paraître étrange ...
Cet étonnant personnage qu'est Alfred est pris dans une aventure qui se révèle pour lui cauchemardesque. Il se retrouve balloté au gré des événements qui se déroulent sous ses yeux (et sous les yeux des spectateurs). Tout au long du film, malgré les péripéties et autres situations drôles qui se passent, on ressent rapidement - de part la mise en scène et la composition en noir et blanc des images - un climat d'inquiétude latente et d'humour noir qui peut paraître extrêmement curieux dans le cinéma français de cette époque. D'où le fameux sentiment de malaise et de cauchemar qu'est en train de vivre Alfred ...





~ En plus ... ~


► Une histoire pas si imaginaire que cela ... :

L'armoire volante sort le 29 octobre 1948. Il s'agit d'une nouvelle variation sur le thème du cadavre qui se déplace. Sauf que cela s'inspire d'une histoire vrai. Le réalisateur l'a lu dans un journal quelques années plus tard. Pendant l'exode de 1940, une vieille dame meurt dans la voiture de son petit fils. Pris de cours, celui ci enfuit le corps dans un tapis, place le tapis dans le porte bagage et reprend sa route. Épuisé, il s'arrête le soir dans un auberge pour passer la nuit et quand il se réveille le lendemain matin, la voiture a disparu.

Selon les spécialistes, la prestation de Fernandel dans l'armoire volante fait parti des 10 plus étonnantes de sa carrière. Cependant, malgré cette prestation étonnante de Fernandel et saluée par les critiques , le film ne sera pas plébiscité par le public. En effet, le public habituel de Fernandel a été déconcerté par sa composition et par l'aspect insolite de l'oeuvre.
Pourtant l’acharnement des ciné-clubs ont réussi à ce que l’armoire volante se mette à jouir d’un certain prestige...