Comme plus ou moins promis à Bullzor, je me suis donc maté "Kick-Ass", ceci expliquant ma présence sur cette page...
Commentaire à moitié à froid, je me suis donné le temps de lire le sujet en entier. Ma foi, je rejoint largement Leto. Il serait faux de dire que c'est une déception, vu le peu que j'attendais du film. Comme pour faire un pied de nez à l'
establishment, j'ai été au contraire globalement rassuré, ce que j'imaginais dans ma tête mauvais l'a été, ce que je pensais bon de même et quelques 'tites surprises pour pimenter.
Globalement, le problème exposé par Leto, d'un film qui hésite de par son quatuor de héros entre deux styles, je l'ai parfaitement retrouvé. Kick-Ass et Red Mist sont les mauvais héros dans les actes; ceux qui ne font pas grand choses ou mal les choses, mais sauve d'une certaine manière la morale (après tout Red Mist se rend compte de sa connerie, un peu). Kick-Ass est trop minable pour mal tourner et Red Mist fait plus "Joe Dalton en gosse" qu'autre chose. De l'autre côté du spectre, la
Badass Family qui envoie du pâté, trop, puisque le décalage avec les deux ado est à mon sens
too much.
Puisque j'en suis ici, un point intéressant que j'ai dégagé dans ma petite tète et qui est plus ou moins amené dans le film. La scène sur le parking et la réplique de Kick-Ass en prenant son avant-dernier joujou ("Pas de pouvoirs, pas de responsabilités, mais en fait non...") m'a paru fort juste dans les États-Unis, où je rappelle, la "non assistance à personne en danger" est un délit qui n'existe pas. Cette conception de l'héroïsme est en fait un peu minable, mais c'est la seule qui vaille. Big Daddy et sa gosse sont mille fois plus efficaces, mais ils ne le font pas avec de bonnes raisons et pas avec une once de légitimité, pire, ils sont de réels ennemis, comme Batman peut être ressenti par exemple (on ne se substitue pas à l'état dans son rôle souverain de justicier.
period). Après, c'est mon propre trip, mais j'ai bien aimé retrouver pour moi cet état de fait dans le film.
Maintenant...
Le début est pas trop mal. Il se voit bien. Dave est cliché, comme dit précédemment, ce qui gâche un peu, d'autant que dans le comic, il est nettement plus
bôgoss que ça. La première tentative héroïque est très
light par rapport au Comic, qui est une boucherie. En général, le film est vraiment "petit pied" vis à vis du Comic. Les personnages secondaires sont malheureusement de mauvaises qualités selon moi, que ce soit les deux geeks, les deux filles et les quelques autres qui trainent dans le tas. Ils n'apportent rien qu'un décor et m'ont paru simplement de mauvais usage. Pour les héros, Kick-Ass tient la route, à part sur la fin (le "combat" contre Red Mist rattrape un peu). Il tient la route justement parce qu'en tant que héros dans la mentalité, il ne sert vraiment pas à grand chose et reste dans son rôle avec brio (à part donc quand il se saisit du Jet-Pack-Gatling qui m'a fait pleurer de douleur). Red Mist est à mon gout sans le moindre intérêt, je n'ai rien à en dire. Comme prévu, j'ai trouvé Hit-Girl insupportable (petite fille + flingues =
Big No). Elle m'est totalement sortie des yeux et j'ai trouvé chacune de ses actions et apparitions à se flinguer. Je déteste ce genre de perso, c'est dit.
Reste les bonnes surprises et la bonne confirmation. Mark Strong fonctionne très bien avec sa gueule d'Andy Garia en moins suave et en plus brutal. Il fait un bon parrain, un peu dépassé par les événements mais qui ne se décourage pas. Il n'est ni surjoué et ridicule, ni trop faiblard dans sa caractérisation. Un vrai bon méchant en somme. Sa scène de Kung Fu avec la gosse est même regardable (j'ai vraiment eu des sueurs froides en le voyant s'entrainer avec le mannequin de Wing Tsun...).
Big Daddy porte tout de même le reste des personnages du film selon moi, c'est le meilleur perso et de très loin. Je suis très déçu de voir que tout le monde le rapproche de Batman alors que le Punisher semble être un choix nettement plus judicieux. Non seulement il fait vraiment son
serious guy (protections "
North-Hollywood style"; arsenal de prime abord ridicule, mais finalement rationalisé; pragmatique à l'extrême;
trench knife FTW !), mais en plus sa mentalité est assez au point. Dans le Comic, il est nettement plus flippant et tordu que cela, mais on reste dans une bonne fibre ici. Nicolas Cage est étonnamment efficace, son look fait vraiment penser au syndrome du "Michael Keaton est Batman" : Personne ne penserait à ce qu'il soit un tel bonhomme ! Big Daddy reste la valeur sûre : surarmé, complètement taré (même si son background est m*rdé),
Badass Normal. Sa scène de baston dans l'entrepôt est proprement EPIC (et pas si irréaliste en plus).
En dehors des perso, comme déjà souligné, les références balancées le sont de manière assez grossières, raté donc. Comme déjà dit, les quelques tentatives cinématographiques originales font plus gadgets qu'autre chose (dommage car le passage en BD est très sympa). Bref la forme fait trop "J'ai plein d'idées mais je sais pas comment me dépatouiller donc je vais les foutre à la chaine". Mauvaise idée donc.
Pour le reste, j'ai finalement bien aimé le principe du : "l'héroïsme, c'est pas forcément grand chose et si vous voulez aboutir à des vrais résultats, y a de bonnes chances pour que vous deveniez complètement cintré". Par contre la violence "cool" déployée par Hit-Girl m'a logiquement insupporté et pour rebondir sur le Tarantinesque (réalisateur que je n'aime plus), il me semble qu'il en ait repris la forme sans se galérer à avoir de fond. Le résultat est pire que Kill Bill. De fait, les meilleurs scènes d'actions sont celles avec Kick-Ass et dans le hangar avec Big Daddy.
J'ai l'impression d'avoir fait un joyeux fourre tout avec ce post. M'enfin. Kick-Ass reste un film à mon sens médiocre, qui hésite sans savoir où il va, où les personnages sont mal menés, qui balance avec lourdeur et qui n'arrive pas à échapper à des poncifs que je ne supporte pas. Pas bien surprenant, heureusement que Nick Cage fait son "
Who's your Daddy !?" pour sauver la chose.
Le comic me parait déjà plus abordable, sans être l'horreur qu'avait été pour moi "Wanted" (le seul autre truc de Millar que j'ai lu - en sachant que ce n'est pas représentatif). Sur ce, moi, je retourne à
Mes Boys.