► À l'heure où l'on parle des retraites...
Serge Pilardos a 60 ans, l'heure de la retraite est arrivée pour lui. C'est avec un peu de dépit qu'il prend la nouvelle, car les perspectives d'une vie de retraité ne lui apparaissent pas comme des plus passionnantes. À la caisse de retraite, Serge apprend peu de temps après qu'il lui manque quelques justificatifs pour toucher sa pension, il doit aller retrouver ses anciens employeurs pour leur demander des preuves de son emploi chez eux. Serge décide de ressortir sa Munch Moto de 1973 pour accomplir, comme dirait sa femme Catherine, son premier voyage de retraité.
► Le Road-Movie selon des auteurs de Groland.
Cette critique de
Mammuth va être l'une des plus brèves que j'ai pu faire : c'est un film tout ce qu'il y a d'expérimental qui peut tout autant susciter l'admiration que le rejet selon la sensibilité du spectateur. Personnellement, j'ai bien accroché à la démarche de Gustave Kervern et de Benoit Delepine, mais je conçois très aisément que l'on peut trouver
Mammuth risible à cause de sa nature. C'est assez étrange à écrire, mais ce duo d'auteurs de Groland s'est aventuré du côté du cinéma d'essai et livre un Road-Movie qui peut autant émouvoir qu'ennuyer selon la sensibilité de chacun.
Mammuth, c'est presque un film anti-contemporain : un grain démentiellement élevé à l'écran à cause de l'emploi d'une caméra DV, une action minimaliste, un scénario inexistant. Ici, il n'est question que de fuite en avant, de rencontres improbables et loufoques ainsi que d'introspection farfelue. Gérard Depardieu crève littéralement l'écran dans ce film avec une partition très touchante, c'est l'un des points qui justifierait à lui tout seul de voir le film. Le reste du casting, très riche, est au diapason : voir se mélanger la fine fleur du cinéma d'expression française avec une partie des figurants typiques de l'univers de Groland donne un aspect détonnant à l'ensemble. On peut noter aussi que
Mammuth donne l'impression de lorgner beaucoup vers
The Wrestler dans la mise en scène, Gérard Depardieu ayant une similarité troublante à l'écran avec Mickey Rourke. Du côté du contenu, on retrouve des thèmes assez récurrents pour peu que l'on suit Groland comme la faiblesse du simple face à l'influent dans la société ou encore le fun supposé d'une vie alternative. Dans l'absolu,
Mammuth mérite d'être vu pour la performance magique de Gérard Depardieu, mais il faut néanmoins faire attention : le film peut aussi bien se faire aimer que détester, étant d'une nature qui ne laisse pas de place à l'entre-deux. Pour ma part,
Mammuth m'a surpris agréablement et j'en garderai un bon souvenir.