► C'est une idée dans l'air du temps...
Dom Cobb est l'homme le plus doué dans son domaine. Son job ? S'immiscer dans le subconscient des gens pendant qu'ils rêvent afin de leur voler leurs idées. Le talent de Dom lui vaut d'être souvent débauché par des entreprises ou des organisations peu scrupuleuses afin qu'il se livre à de l'espionnage industriel dans l'esprit des cibles. Ce talent est aussi une malédiction car Dom est recherché aux États-Unis pour ses méfaits, ce qui l'empêche de retrouver sa famille. Une nouvelle proposition risque de changer la donne, un employeur lui proposant comme contre-partie à ses services de laver son casier judiciaire grâce à ses divers contacts, lui permettant de retrouver sa famille sans être inquiété d'une quelconque arrestation. Dom va devoir relever le plus grand des challenges pour retrouver sa famille : il ne va pas devoir voler une idée dans l'esprit d'une personne, mais l'a lui suggéré à même son subconscient.
► Rêve éveillé ou cauchemar ambulant ?
La première impression que pourrait laisser
Inception une fois la séance terminée, c'est...
Ou une réflexion similaire, tant, à mon sens, c'est la claque estivale qui nous a été promise auparavant que nous tenons là. C'est peu fréquent qu'un tel film, vendu de la sorte, parvienne à me combler au delà de mes espérances, surtout nées d'une telle promotion (j'y reviendrai, mais surtout quand on m'attire par des « Par le réalisateur de
The Dark Knight).
Inception a réussi le coup de cet été 2010 : faire suggérer l'idée qu'il y a un immanquable dans les salles obscures en ce moment et faire en sorte que cette idée soit terriblement crédible pour le spectateur.
Inception, c'est tout d'abord à mes yeux une énorme victoire de Christopher Nolan sur mes a priori. De ce réalisateur, je ne connais que les films sur Batman, des films que je trouve certes bons et plaisants, mais des films dont je ne comprenais, et c'est bien là l'une des rares fois, l'énorme engouement qu'ils suscitaient. Notamment
The Dark Knight, très bon film en soi dont je ne captais pas l'essence qui faisait de lui « le film de toute une génération ». Eh bien, après des acteurs qui varient du très bon à l'excellent, un scénario béton et un imaginaire lâché comme peu souvent dans
Inception, j'ai compris que Christopher Nolan en avait sous le pied pour justifier un paquet de superlatifs qui lui étaient attribués ces dernières années. Bon point d'entrée pour le film à mon sens, il change assez nettement ma vision du bonhomme derrière la caméra.
On y vient, on y vient... Ce qui est très appréciable avec
Inception, c'est qu'il tape juste là où il clamait haut et fort de taper : c'est un film de science-fiction qui fonctionne à plein régime et de très belle manière. Le concept de la visite du subconscient à travers le rêve est quelque chose de sympa sur le papier, mais c'est surtout de la manière dont c'est traité qui donne son intérêt à l'ensemble. Je ne saurai affirmer si ça va au bout du bout de toutes les idées du concept (subjectivement, je ne le pense pas car ça me semble difficilement conciliable avec un seul et unique film), mais ce qui est présent est très consistant et, en plus d'avoir un rendu ô combien appréciable à l'écran, est intelligible.
Très importante cette dernière notion, je n'ai carrément pas ressenti un blocage par rapport à cet univers qui nous est ici présenté car la narration permet de s'y faire très facilement, que ce soit sur le plan des concepts qui régissent selon
Inception le monde du rêve que sur le plan des implications avec le monde matériel. Là où je ne rejoins pas non plus diverses critiques sur le film, c'est sur sa confrontation dans le domaine avec
Matrix. Que
Inception devienne une référence instantanée comme ce dernier, j'attends de voir, mais de là à écrire que Nolan enterre la fratrie Wachowsky sur la question de la narration, notamment pour expliquer les codes d'un univers où « tout est permis »... non, absolument pas de mon point de vue. D'ailleurs, une fois
Inception vu, je ne comprends pas trop le rapprochement fait entre ces films, si ce n'est pour sortir la barre de fer envers
Matrix : pourquoi développer de nouveau un argumentaire où ce film se noie comme un grand dans des thématiques tirant vers la philosophie alors que je n'ai pas eu l'impression que
Inception essayait de tendre vers ce style de cinéma voire même une visée analogue ? La simple dualité dans
Inception des concepts de réalité et de fiction vaut que l'on tape sur ce qui s'est fait il y a plus d'une décennie afin de mieux le glorifier ? Je ne le pense pas, ce n'est pas rendre justice à ces films. Parce qu'il faudrait que je reprenne un peu le fil du début, je pense qu'il faut retenir au final que, niveau narration,
Inception se permet d'être très prenant tout au long du film et ce bien évidemment jusqu'à sa fin, tout en restant compréhensible avec ses divers concepts.
Comme espéré, le monde du rêve dans
Inception surprend. On en a quelques aperçus dans les bandes annonces, mais c'est vraiment plus appréciable une fois dans le feu de l'action, et ça ne donne pas trop l'impression de jouer indéfiniment la carte de la surenchère. J'irai chasser du côté du Spoil qu'à la fin de ce message, je me contenterai donc d'écrire ici que les astuces avancées pour permettre les plus improbables situations sont satisfaisantes. Petit point noir ici tout de même, j'ai eu l'impression de retrouver une sensation similaire aux films autour du Chevalier Noir : je n'ai pas ressenti une force monstre des différents tableaux traversés, c'est encore une fois les personnages avant tout qui évoluent dans un cadre qui n'est pas là pour les supplanter. Dommage, la diversité introduite par les possibilités du monde du rêve aurait pu permettre quelque chose de beaucoup plus fort dans le domaine.
Difficile de faire la fine bouche,
Inception justifie les zéros présents sur le chèque de la production avec une telle brochette de comédiens qui livrent des performances très appréciables. Bien évidemment, Leonardo DiCaprio tire encore son épingle du jeu de façon admirable, à croire que ce genre de rôle lui réussit très aisément ces derniers temps (comme par exemple dans
Shutter Island cette année). Marion Cotillard aussi s'en sort très bien, il faut avouer qu'elle bénéficie d'une écriture qui met facilement à l'honneur les qualités qui lui ont ouvert ces dernières années de nombreuses portes. Dans le rayon des très bonnes surprises, Ellen Page : on ne doutait pas de la revoir dans des films d'envergure, mais elle se voit ici créditée d'une ligne très honorifique sur son jeune CV. Après, les acteurs habituels sous la direction de Nolan présents dans
Inception s'en tirent bien eux aussi et participent à la réussite de l'entreprise (vu l'absence de Christian Bale, j'vais commencer à croire à une possible malédiction autour de lui comme pourrait le formuler EnOd \o/).
Inception justifie amplement le buzz autour de sa sortie, en bien vu les qualités que propose ce film de science-fiction divertissant. Après, quitte à savoir si ce film va devenir un classique instantané pour rejoindre en autres les
Blade Runner et autres
Matrix comme l'écrivent certaines critiques... Le temps nous le dira, mais ça me semble une tâche très difficile malgré tout le bien que je pense du film. Dans tous les cas, c'est à ne pas louper,
Inception ajoutant une bien belle pierre à l'édifice de son genre.
La fameuse question à cent billets de Inception : alors, à la fin, Dom est dans une cinquième strate du rêve ou il a bien retrouvé sa famille dans la réalité ? Terrible la question, on sent que Nolan a été à bonne école pour voir ce qui peut contribuer à la légende d'un film de science-fiction de cet acabit... Personnellement, j'aimerais croire que Dom est bel et bien de retour dans la réalité et que tout roule pour lui. Mais bon, objectivement, tout y est dans la réalisation pour que l'on se dise que c'est une nouvelle strate du rêve : on ne sait pas comment la séquence s'enclenche dans la réalisation et le totem de Dom n'a pas l'air d'indiquer un arrêt... Qui sait, la présence à l'aéroport d'un homme portant une pancarte où il y a marqué « Fisher », homme même pas remarqué par ce dernier qui est à peine à quelques mètres, peut peut-être suggérer que le subconscient de ce dernier tente de le sauver une ultime fois de la menace du commando de Dom. À voir si une réponse claire se dégagera un jour, mais c'est une fin qui a eu un effet monstre pour ma part.