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Auteur: | EnOd [ Mer 30 Mar 2011 21:49 ] |
Sujet du message: | Tesis |
![]() Vous ai-je deja dit qu'Alejandro Amenabar etait un realisateur assez genial bien qu'encore tres jeune ? Je n'ai pas vu son Agora, chaleureusement descendu par les uns, froidement soutenu par les autres (quant a moi, j'emets des doutes le concernant), mais a l'oppose de son dernier film, le premier de son repertoire est une valeur sure. Ca oui, et pas qu'un peu ! Loin de la touche baroque observee dans The Others et de l'ecriture hallucinee d'Abre los ojos, Tesis (1996) est, comme son titre l'indique, une these. Ca parle de cinema et de reportage, d'ecran, en somme, qu'il soit grand ou petit. Angela est une etudiante un peu bizarre, passionnee si ce n'est obsedee par la violence audiovisuelle. Tant et si bien qu'elle en a fait son sujet de these ; parce que la violence lui fait peur, ca la fascine, et il faut donc l'etudier pour savoir jusqu'ou on peut aller et surtout, pourquoi les gens aiment ca. Son tuteur de these, un beau jour, meurt foudroye par la violence infinie d'un mysterieux film. Angela, la premiere a decouvrir le corps, dans un trouble irreel, comme aspiree par une volonte inassouvie et incontrolable, vole la cassette du drame et s'en va vers d'autres cieux. Alors commence pour elle et son nouvel ami Chema, un porc fan de gore, un veritable cauchemar sous forme d'enquete policiere dans le milieu universitaire. Partant de ce postulat, notons aussi que le budget alloue au film est vraiment derisoire quand on sait les sommes vertigineuses aujourd'hui consenties. Mais meme avec juste un peu plus de 600 000 euros en poche, il faut le dire, Amenabar sait ce qu'il fait et la maitrise de l'ensemble est simplement superbe. Pour casser un mythe d'emblee, ce n'est pas un film gigantesque. C'est un film sans une pretention demesuree, sur les snuff movies, un genre vulgaire et inhumain, dont le but est de montrer les souffrances et/ou les viols suivis de l'execution d'une victime, le tout sans trucage ni montage. Heureusement, dans la vie reelle, ce n'est pas exactement pareil que dans Tesis. Des l'ouverture du film, je me suis dit que ca promettait d'etre un sacre spectacle, dans le plus pur style des thrillers les plus insoutenables. Angela est immediatement presentee comme une adolescente qui ne rentre pas dans le rang, differente et pour ca, interessante. Dans un train, une voix annonce qu'un homme s'est jete sur les rails et qu'il a ete litteralement coupe en deux. On demande donc aux usagers de ne pas etre morbides et de quitter les lieux sans manifester de curiosite malsaine. Presque chacun s'y plie sauf bien sur Angela. Bercee par une utilisation millimetree de la musique, cette premiere scene est deja une perle. Simple mais inquietante. L'homme coupe en deux ne sera pas montre a l'ecran, apportant, au commencement, une premiere reponse a Tesis : la violence n'est pas bonne a montrer en images. La musique est une des cles de Tesis a n'en pas douter. Preuve en est sur cette seule scene, magnfique, ou Angela fixe du regard Chema, a quelques metres de la, chacun d'eux ayant un casque visse aux oreilles, chacun d'eux ecoutant une musique differente, douce pour la premiere, soutenue pour le second. La jeune fille veut demander a Chema de lui faire voir des films sur l'ultra-violence afin qu'elle ait de la matiere pour sa these. Au fur et a mesure que les deux protagonistes se rapprochent l'un de l'autre, la musique douce d'Angela s'immisce dans les ecouteurs de Chema et inversement, comme si leur univers etait deja entre en collision, et que l'un et l'autre allaient decouvrir leur monde respectif pour n'en faire plus qu'un. La suite du film en temoigne sans mal : desormais, suite a la mort du tuteur de these, leur combat devient commun. Cependant, les motifs dessines tout au long du long metrage ne cesseront de varier, de se contredire et de balancer tantot dans la lumiere et tantot dans l'ombre. Angela, apres avoir vole la cassette qui a tue son professeur, hesite a la regarder par apprehension, c'est-a-dire qu'elle sentait, instinctivement, que le vent tournerait si elle se permettait cette extravagance. Alors elle coupe l'image et n'ecoute que le son. Horrifiee, elle est prete a tout laisser tomber. Chema choisit alors ce moment pour persuader son amie de lui montrer la video. Chema fournit ainsi l'image qu'il manquait a Angela. Le puzzle des crimes du snuff, ne cessera ainsi d'etre complete, etape par etape. C'est passionnant. Et dans le meme temps, les personnages vont souffler le chaud et le froid, se construire tout en se deconstruisant, variant, presque concomitant, brouillant les pistes qui menent a la resolution finale. En tant que spectateurs, nous sommes comme Angela, perdus. Amenabar est quand meme un sacre realisateur ! Et du coup, ca me fait super peur de voir Agora... |
Auteur: | Donnie Darko [ Dim 3 Avr 2011 14:07 ] |
Sujet du message: | Re: Tesis |
Assez déçu pour le coup. La première partie étant géniale, avec toutes les scènes que tu as merveilleusement décrites, soit celle du métro et celle de l'échange musical- je rajouterai pour ma part la première visite de l'appartement de Chema et le visionnage de la cassette; mais j'ai ressenti dans la deuxième partie un ennui considérable dû à la lenteur de la progression (régression?) de l'intrigue. Le suspect n°1 est découvert dès la première demi-heure pour ne plus être lâché par la suite; on s'en contentera, pour les 3/4 du film, de ce personnage bien trop classique, trop "facile". Les personnages sont stéréotypés ou pas assez développés: Chema a les cheveux longs, porte des habits de couleur ternes et des lunettes, donc c'est un fan de porno et de gore; A aucun moment le réalisateur tente de nous expliquer, alors que cela aurait été interressant, la raison pour laquelle Angela fait cette thèse (le discours tenu à son remplaçant étant proche du niveau CE2); le suspect n°1 est beau-gosse, a un regard malsain et un sourire au coin des lèvres, donc il est louche... Pourtant le début promettait beaucoup: au niveau cinématographique, pour les techniques utilisées assez bluffantes, au niveau du scénario, pour la multitude de questions posées et de possibilités de dénouements. Mais le réalisateur arrête subitement ses essais de plans ou de bruitages magnifiques, puis restreint toutes ses intrigues à une seule principale, dénuée d'orignalité et d'intérêt. Ce qui est dommage c'est la façon dont les suspects arrivent tour à tour, à la manière d'un bouquin chapitré, et leur redondance (d'abord A, puis B, puis A puis B). Angela ne soupçonnera qu'une personne à la fois, puis une autre, puis une autre... Bref c'est très "simple" et on voit que le réalisateur ne veut surtout pas donner du fil à retordre au spectateur. Résultat: on ne réfléchit pas, on ne s'y intéresse pas trop non plus, on est tout juste réduit à l'état de... et bien de spectateur justement. Là où justement ce genre de film se doit de captiver notre attention et faire fonctionner nos neurones, on nous évite toute activité cérébrale. En revanche je dois avouer que si le scénario tourne autour du pot et se répète, les scènes, elles, sont maîtrisées à la perfection: Quand Angela prend en filature l'assassin pour la première fois, la poursuite devient très vite lassante. Mais au moment même où je commençais à m'ennuyer, Angela est, à son tour, poursuivie par le présumé tueur. Si suivre un suspect peut désintéresser le spectateur (puisqu'il n'y a aucune preuve qu'il est à l'origine du massacre, il n'y a aucune tension dans l'air), le réalisateur arrive à faire un coup de génie: sans utiliser la parole, la musique ou l'image, il renverse la situation et confirme nos soupçons. Bref, là-dessus, rien à dire. Brève conclusion: Un film qui n'est pas mauvais en soi, juste déséquilibré dans son évolution narrative et maladroit à utiliser ses personnages. Je regrette de ne pas avoir eu à faire à un thriller casse-tête alors que je suis un grand fan de ce genre. Au fait, Snuff Movie, ça n'inclut pas du porno ? Parce que si ma mémoire est bonne, j'ai lu dans le dictionnaire que la personne était violée et torturée. Dans ce film, j'ai plus eu l'impression de n'avoir vu que de la torture. Mais bon, on s'en fout. PS: Certains dialogues de la scène où Chema et Angela marchent dans l'obscurité sont repris mot pour mot dans LES AUTRES, j'ai aimé ce clin d'oeil ^_^ PPS: Chema ressemble à Johnny Depp O_o |
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