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 Sujet du message: Melancholia
MessagePosté: Jeu 11 Aoû 2011 09:40 
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La Mélancolie de Suzumiya Justine

Afin de célébrer leurs noces, Justine et Michael convient leurs invités dans une luxueuse demeure, demeure qui appartient à la sœur de la mariée, Claire, et à son mari, John. Alors que les nouveaux époux arrivent en retard pour leur fête et se confondent en excuse vis-à-vis du non-respect du planning des réjouissances, Justine jette un coup d'œil au ciel et y voit quelque chose d'intéressant : un point rouge scintillant qui lui est inconnu.

The Legend of Denmark : Lars von Trier's Mask

Melancholia est le premier film de Lars von Trier que j'ai pu voir jusqu'ici. Si la publicité de ce long-métrage s'était résumée aux sorties étranges et très discutables du réalisateur lors du dernier festival de Cannes, je pense que j'aurais été tenté de faire comme d'habitude vis-à-vis de ses œuvres : ne pas m'y intéresser plus que ça. Néanmoins, un élément a retenu très vite mon attention et m'a obligé à voir ce film : Kirsten Dunst. Au delà du fanatisme douteux que je peux dédier à cette actrice, cela faisait quelques années que les différents aléas éloignaient cette dernière des lumières du monde du cinéma et en conséquence, j'attendais de pied ferme le premier film significatif où elle jouerait après cette période. C'est donc tombé sur Melancholia, à raison supplémentaire quand j'ai appris que Kirsten Dunst avait gagné le prix de l'interprétation féminine lors de la Quinzaine grâce à ce rôle.

Après une introduction à la gloire de l'inaltérable Kirsten, je dois bien avouer, et ce très vite, que j'ai été très agréablement surpris : autant je m'attendais à un film pompeux bon à séduire un public trié sur le volet, autant je me suis pris dans les faits une bonne claque avec un film efficace et très bien mené. C'est réducteur mais rien que le pré-générique de Melancholia, d'entrée ça mérite que l'on s'achète une place de cinéma pour vivre une expérience singulière (esthétique, wagnérienne et assez sensorielle – merci les bruits sourds) : il me tarde de revoir le film pour cette séquence là en particulier, car j'aimerais bien voir si l'on peut davantage la comprendre, de même que sa portée, à la lumière de la trame du film dans son intégralité. Passée cette introduction, le film se découpe en deux parties tout aussi intéressantes l'une que l'autre pour ma part : ces parties ayant l'avantage de traiter de sujets bien différents dans la forme, j'imagine que chacun pourra s'y retrouver avec au moins l'une d'entre elles pour apprécier la mise en abîme qu'offre le film tout du long. Si l'intrigue en soi ne va pas vous cramer le cerveau (tout est mis en place pour que ce soit un fil rouge plus qu'autre chose, et encore... - rigole en voyant la classification « Science-Fiction » du film dans certains cinémas), c'est du côté des acteurs et de l'écriture des personnages qu'il va falloir se tourner pour trouver l'intérêt imparable du film. Le film bénéficie d'un casting cinq étoiles qui sert beaucoup son écriture. En effet, j'ai trouvé que l'on se prenait facilement au jeu des doutes et crises des personnages grâce à des acteurs renommés qui font très bien le travail. Bien-sûr, et ce n'est pas une surprise vu son prix, c'est Kirsten Dunst qui crève l'écran tout au long du film mais les autres ne sont pas en reste et parviennent à imprimer aisément leur marque (Charlotte Rampling ! \o/).

Pour ne pas gâcher la surprise de la découverte, la suite concernant les deux parties du film est placée sous le sceau de la confidentialité.

Spoiler: Montrer
J'ai préféré au final la première partie autour de Justine, même si le film dans son ensemble m'a plu. J'ai beaucoup apprécié cette peinture d'une soirée qui doit être idyllique mais qui vire au cauchemar sans crier gare. Des sorties méga-douteuses de la mère à la tête que tire constamment Justine, j'ai trouvé que l'on nous baladait bien pour comprendre là où le film voulait en venir. Je pense même à la vue de cette première partie que cette histoire de planète Melancholia était peut-être dispensable dans le fond, laissant le film s'axer autour de la révélation progressive sur le spleen de Justine et la vacuité de son entourage. La première partie, c'était du très bon pour ma part.

La deuxième partie m'a moins marqué sur la longueur, néanmoins, c'est de la qualité tout de même, par exemple grâce à un final assourdissant. J'ai ressenti quelques longueurs parfois, notamment quand Claire/Charlotte Gainsbourg n'arrête pas de retourner la question de la planète Melancholia sous toutes les coutures pour se convaincre d'une réponse ou d'une autre au début de cette partie. Mais bon, cette fuite en avant était bien organisée et m'a pris à la gorge pour une fin qui était annoncée pourtant dès le départ. J'ai trouvé cette fin triste et très désespérante, mais juste pour donner une tonalité singulière et bien trouvée par ce film. Ce que j'ai bien apprécié aussi, c'est le travail réalisé sur la bande-son quand débute l'observation attentive de la planète Melancholia. J'ai trouvé ça très bien joué d'accentuer les bruits sourds, comme dans le pré-générique, au fur et à mesure que la planète se rapproche dangereusement vers la Terre, ça en rajoute efficacement à l'ambiance apocalyptique du film.


Melancholia est un film que j'ai beaucoup apprécié, contre toutes mes attentes. Pour mon grand plaisir, Kirsten Dunst assure à l'écran et justifie les récompenses relatives au film avec une composition bien sentie pour son rôle, très dérangeant mais aussi très sensible. Attention : Melancholia n'est pas un film à voir si vous êtes en période de dépression ou fatigué de la vie, le long-métrage de Lars von Trier sera bien loin de vous remonter le moral.
:Zoro nargueur:

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 Sujet du message: Re: Melancholia
MessagePosté: Lun 15 Aoû 2011 13:14 
Ô-Totoro
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> Kirsten Dunst nue sous les rayons lunaires de Melancolia : une place de cinéma d'art et d'essai.
> Ne pas avoir droit à Jack Bauer disant "On the ground, NOW!" : deux heures de film.
> Vouloir baffer jusqu'à la fin des temps Charlottes Gainsbourg et Rampling : ça n'a pas de prix.

Certainement l'un des films de LVT les plus réussis d'un point de vue visuel. La série de plans du début, un peu vaines narrativement (d'autant plus lorsqu'on se rend compte que TOUTES les photos de promo du film en sont tirées), se justifie parfaitement par sa beauté. De même, ce plan sur le jardin du chateau éclairé par la lumière de la Lune et de Melancholia a de quoi émerveiller. On se dit méchamment et sans fondement que LVT a vu The Tree of Life de Terrence Malick et a voulu faire pareil tant ses plans cosmiques ont un grain et une beauté identiques.
Au niveau du rythme, j'ai trouvé que Melancholia s'en sortait parfaitement, malgré des passages apparemment à vide, on ne s'emmerde pas une seule seconde, notamment par l'ajout de petites touches d'humour surprenantes mais plaisantes (ne serait-ce que ce début... sur une limousine bloquée dans un virage).

Ce qui fait, enfin, que le film est très réussi, c'est que par rapport à son style habituel, LVT ne cherche pas à créer un propos en filigrane, une réflexion ou une idée qui imprégnerait l'ensemble de la narration, mais cherche justement à raconter une histoire, avec quelques sous-intrigues un peu étranges (le type qui cherche à soutirer le slogan à Dunst), mais à rester dans de la narration (mis à part la première séquence). Et ça fonctionne !
Deux petits points faibles que je retiens : j'ai toujours un peu de mal à entrer immédiatement dans un film qui utilise un peu trop la caméra à l'épaule, mais j'ai réussi à passer outre dans la seconde partie ; et un dernier plan d'apocalypse où l'avancée de Melancholia sur la Terre fait un peu cheap et ramolli la fin (qui n'en reste pas moins bonne).
Un peu arty par son point de vue sur la fin du monde et sa manière de filmer, ça n'essaye pas non plus de péter plus haut que son arrière-train.

Encore un très bon film pour cette année ! seleniel devrait pouvoir se remettre à LVT !

Bullzor a écrit:
rigole en voyant la classification « Science-Fiction » du film dans certains cinémas

http://www.vodkaster.com/actu-cine/Comm ... diens-1249
lol


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 Sujet du message: Re: Melancholia
MessagePosté: Jeu 18 Aoû 2011 22:52 
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Si Tree of Life abordait la vie, plus particulièrement le début de celle-ci puis de son évolution, Melancholia a choisit comme thème la mort, la fin de toute existence. L’un s’étendant littéralement du début de la vie, du premier battement de cœur, avant de se détourner vers plusieurs futurs, plusieurs vies et plusieurs souvenirs, jusqu’à un présent douloureux ; le tout dans un rythme saccadé de scènes relativement triviales et quasi-épileptiques. L’autre est relativement court dans sa narration et ne dure que quelques jours (une bonne partie du film ne tient que sur une soirée), mais les scènes s’étendent jusqu’à l’infini. Les deux films sont pour moi indissociables et se complètent. Non seulement parce qu’ils ont le même esthétisme, des plans similaires et la même qualité artistique- bien que cela joue pour beaucoup-, mais aussi et surtout parce qu’ils abordent les mêmes sujets, sous des angles et contextes différents, voire opposés.

Comment affronter son futur ? Peut-on changer le cours des choses et peut-on se changer soi-même ? Est-on déterministe ou existentialiste ? Est-on Claire ou Justine ? Est-on Jack ou son père ? Vers qui se tourner ? Vers la Nature ou Dieu ? La Science ou l’instinct ?

Ce film m’a bouleversé, tout simplement. Je citerai tout d’abord les acteurs qui sont tous excellents. Mais alors vraiment. C’était une orgie cézarienne et oscardienne des meilleurs seconds rôles, des meilleurs acteurs et meilleurs actrices. Kirsten Dunst est juste parfaite, est-ce parce qu’elle-même a vécu une forte dépression en 2008 qui lui a fermé les portes d’Hollywood ? Charlotte Gainsbourg était magnifique, et jouait avec un talent immense ce rôle ambigu de la sœur protectrice et de la parano dépendante. Jack Bauer, Charlotte bis et John Hurt étaient à la fois hilarants, éblouissants et haïssables.

En ce qui concerne le film en lui-même, certains moments m’ont laissé perplexes :
Spoiler: Montrer
la scène du ‘’viol’’ du gamin engagé par le patron qui m’a surpris de par sa spontanéité, et c’est peu dire
…, mais je pense qu'elles sont essentielles pour mettre le spectateur mal à l'aise.
Aussi, je contredis Bullzor qui affirme que le film est simple dans son synopsis. A mon avis, si en effet l’histoire est ‘average’ (la fin du monde, thème abordé par dix mille réal ‘), LvT explore bieeeeen plus les personnages et l’histoire qu’un simple SF movie, en laissant le spectateur douter grâce aux ambiguités inhérentes à la première partie, et créant de ce fait un film à multiple interprétations. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé:

Spoiler: Montrer
    Que le film soit divisé en deux parties: l'une se concentrant essentiellement sur Justine, l'autre sur Claire, avec leur propre point de vue pour la plupart du temps. C'est présenté de manière très discrète, mais on sent bien un décalage brutal entre les deux personnages une fois la perspective inversée: Claire se montre comme une soeur autoritaire au début du film, puis on la découvre sous un tout autre jour: c'est une grande protectrice. Justine est d'abord et avant tout une fille frivole, lunatique et rêveuse, ensuite elle est essentiellement une grave dépressive barrée dans un autre monde. Certes, on retrouve un peu de tout dans les deux parties, mais c'est de cette façon que je l'ai ressenti en tant que spectateur sur le coup.

    Le parrallèle Justine/Claire et leur évolution asymétrique: Justine passe de saine et joyeuse à folle dépressive dans la première partie. Claire passe de mère et soeur chaleureuse et attentionnée à une peureuse déboussolée et perdant tous ses moyens.

    Le dernier plan. Voilà quoi. J'étais dans une salle toute mini, le sol a vibré comme lors d'un tremblement de terre. *___*
    Et le meilleur à propos de ce plan ? Que Claire lâche la main de son fils et de Justine pour se cacher le visage. Sublime. L'image remplace le dialogue, le geste passe de l'implicite (ce qui ne peut être exprimé) à l'explicite.


Bref, masterpiece.

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