Tu aimes les trolls ? Moi aussi.
• Synopsis :Un groupe d'étudiants cherche à faire un documentaire sur le braconnage d'ours. Pour cela, ils suivent un supposé braconneur, Hans, à travers la forêt. Lorsqu'ils tentent de l'interviewer, il leur ordonne de partir, mais ils insistent. Alors qu'ils le suivent plus profondément dans la forêt, ils aperçoivent des éclats de lumière et entendent les grognements d'une créature bien plus grande qu'un ours. Hans court alors vers son véhicule en hurlant : "Troll !". Ils se réfugient tous dans sa voiture, car le véhicule des étudiants a été retrouvé sur le dos avec les pneus déchiquetés. Après quoi, ils demandent à Hans s'ils peuvent le rejoindre dans sa chasse aux trolls et la filmer. Le chasseur accepte.
• De bonnes idées, bien exploitéesTroll Hunter se divise en deux parties. D’abord le (d’ailleurs fort charismatique) personnage de Hans est pris en filature par les jeunes cinéastes. Un homme assez âgé, barbu, plutôt costaud. Il sera d’abord exaspéré par les jeunots, les chassant, se montrant agressif. Ces derniers ne s'avoueront pourtant pas vaincus et le suivront jusque dans la forêt où ils feront leur première rencontre avec un troll, rencontre de laquelle certains ressortiront blessés. C'est à ce moment là que Hans décide d'accepter d'être suivi dans le cadre de leur reportage. Déjà on nous blinde de détails très sympathiques ; en fait dans les premières 45 minutes du film on apprendra absolument tout ce qu'il y a à savoir sur les trolls : ils sentent très mauvais, laissent une espèce d'ectoplasme sur leur passage, sentent les chrétiens à l'odeur, peuvent se voir pousser plusieurs têtes et surtout craignent la lumière du soleil. Ainsi, lors de leur deuxième expédition, Hans aura recours à des projecteurs géants pour les transformer en pierre, ou mieux : les faire exploser (à l'écran c'est encore plus fun que vous ne l'imaginez je vous assure !). C'est à ce moment que le film débute réellement, en effet les trolls apparaissent enfin à l'image.
Le ministre de l'environnement arrive alors, s'opposant clairement au fait que les jeunes hommes conservent les vidéos qu'ils ont tournés. Ce dernier reviendra d'ailleurs à de nombreuses reprises, jusqu'au clap final. Il représente bien entendu le Gouvernement qui souhaite faire taire les témoins; sur ce qu'il essaye depuis si longtemps de cacher. Troll Hunter introduit ainsi de nombreux personnages exprimant des avis diverses : Hans qui pense que les Trolls sont des abominations, la vétérinaire moralisatrice pour laquelle il ne s'agit que de malheureux animaux (et qui d'ailleurs donnera une explication scientifique pour à peu près tout ce qui concerne les extravagantes caractéristiques des trolls), le gouvernement qui souhaite garder le secret sur les trolls, par peur d'attirer le mauvais oeil de la population et des autres États, et enfin les jeunes adolescents qui trouve ces histoires de trolls
excitantes et font ainsi de bons personnages principaux. C'est alors un vrai petit monde qui se dévoile, sur une base scénaristique qui aurait pourtant pu très vite être décrédibilisée par le spectateur.
On suit alors ce petit groupe à travers leurs escapades nocturnes à la découverte des trolls. Et on découvre en même temps que ces derniers; un background
extrêmement varié. Hans risquera plusieurs fois sa vie, il se munira ainsi d'une lourde armure faite-maison et d'une seringue géante pour prélever le sang d'un troll. Ils mettront en place un piège avec des moutons vivants pour attirer la créature. Après avoir essuyé un puissant coup et être tombé dans le coma, Hans sera qualifié par les reporters en herbe "
d'héros pour la Norvège", ce à quoi il répondra que son boulot et vraiment pourri et qu'il est payé une misère. C'est là que Troll Hunter réussit. Le film ne tombe jamais dans les pièges faciles, ou dans le cliché, les dialogues importants ne sont jamais enjolivés ; toujours abordés avec un second degré assumé et une véracité criante.
• Un pied de nez à l'effervescence actuelle des docu-fictionsDepuis quelques années vous aurez sans doutes relevé la notoriété grandissante de ce genre encore très méconnu il y a quelques années. Blair Witch, District 9, REC, Cloverfield, Paranormal Activity, pour ne citer que les plus connus, ces films sont tournés à la la vue subjective, par un des personnages. Troll Hunter a su assimiler tous les mécanismes du
faux-documentaire pour mieux les exploiter et le plus souvent, pour mieux les tourner en dérision.
On aura ainsi droit à une (désormais incontournable) introduction dans le style :
ce document authentique a été récupéré par l'armée blah blah blah (la BBC dans Troll Hunter) ; un long prologue qui se noie dans des scènes anodines de la vie de tous les jours pour ajouter de la crédibilité au document ; une bande de personnages principaux audacieux qui vont continuer à filmer malgré tous les risques encourus ; une fin sans fin puisqu'on ne sait pas ce que sont advenus les personnages ou les créatures, et qui conclut le plus souvent le film comme il a commencé, sur des explications ajoutés par les possesseurs de la cassette.
Tout ça nous pouvons le trouver dans Troll Hunter avec un second degré évident. N'y a-t-il pas d'ailleurs, juste après le générique de fin, un extrait du journal télévisé norvégien, ou le premier ministre informe la population de l'existence des trolls d'une manière assez burlesque (faisant plutôt penser à une private joke). Le fait que la BBC soit mentionné du début à la fin du film est là-aussi en tant que clin d’œil, sinon à but purement parodique. La multiplication d'explications extravagantes au sujet des trolls elle aussi saura faire sourire. D'autre part, à l'image de la plupart des docu-fictions, l'importance surdimensionnée que les personnages donnent à la pellicule (plus importante que leur propre vie), n'est ici qu'à pur but parodique. En effet, qui n'a jamais poussé un hurlement d'incompréhension en voyant le gars de Cloverfield se précipiter dans les crocs acérés du monstre pour récupérer sa caméra ? Ici c'est pareil, le film se conclut sur l'image du jeunot, en train de fuir les agents du Gouvernement pour sauver la pellicule.
• Ce qu'on en retiendraThe Troll Hunter est une vraie brise d'air frais qui m'a passionné, et se moque avec raison d'un genre cinématographique qui se prend souvent trop au sérieux. Il n’en reste pas moins un film subtil, qui sait parfaitement doser la quantité et ne tombe jamais dans le lourd ou le cliché. Certainement ma plus agréable découverte en cette année 2011. Un film malheureusement peu connu mais qui m'aura fait vibrer du début à la fin.